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dont plufieurs étoient engagés dans les ténebres MARS 29. de l'Idolâtrie, ou dans les erreurs de Photin &

de Bonofe, qui nioient la divinité de Jesus-Christ. La réputation de fa fainteté étoit fi bien établie, qu'un grand nombre de Saints, même parmi les Evêques, ne fe conduifoient que par fes avis. II mourut en 625. Il eft nommé dans le Martyrologe d'Adon, & dans le Romain.

Voyez dans les Bollandiftes & dans Mabillon, la Vie du Saint, écrite par Jonas de Bobio, Auteur contemporain.

Quelques Grecs mettent au nombre des Saints de ce jour, Marc, 'Evêque d'Aréthufe en Syrie. C'étoit un de ceux qui avoient fauvé la vie à Julien dans fon enfance, en le dérobant au maffacre qui fe fit de prefque toute fa famille. Il étoit depuis long-temps haï des Païens, parce que fous le regne de Conftance, il avoit arraché beaucoup de monde aux fuperftitions de l'erreur, & démoli un temple confacré au culte des Idoles. Il avoit même fait bâtir une Eglife fur les ruines de ce temple; ce que les Païens regarderent comme une nouvelle infulte faite à leur Religion.

L'Empereur Julien ayant ordonné aux Chrétiens de rebâtir à leurs frais les temples démolis fous les deux regnes précédents, les Païens d'Aréthufe, fiers de la protection du Prince, tomberent avec fureur fur leurs ennemis. Marc voulut d'abord s'enfuir, conformément au précepte de l'Évangile; mais fachant que l'on avoit pris à fa place quelques perfonnes de fon troupeau, il revint & fe livra lui-même aux perfécuteurs. Ceuxci fe faifirent de lui, le prirent aux cheveux, &

le traînerent par les rues, fans égard pour fa vieilleffe. Ils le dépouillerent ignominieufement, le MARS 29. fouetterent par tout le corps, & le jeterent dans des cloaques infects. Ils l'en retirerent enfuite & l'abandonnerent à une troupe d'enfants, auxquels ils dirent de le percer avec leurs ftilets à écrire. On lui ferra les jambes avec des cordes qui entrerent jufqu'aux os; on lui coupa les oreilles avec du fil; & dans ce miférable état, les Païens le balotoient en fe le jettant les uns aux autres. Après cela, ils le frotterent de miel, le mirent dans une espece de cage, & le fufpendirent en l'air au fort de l'été & au foleil du midi, afin d'attirer fur lui les guêpes & les mouches, dont les piquures font très-douloureuses dans ce payslà. Le vénérable vieillard montroit une férénité inaltérable au milieu de fes fouffrances; il railloit même ses bourreaux, en leur difant que tandis qu'ils rampoient fur la terre, il étoit élevé vers le ciel.

Les Païens, qui avoient d'abord exigé qu'il rebâtît leur temple, fe relâcherent peu-à-peu, & finirent par lui demander une fomme très-modique. Marc leur répondit toujours qu'il ne vouloit point fe rendre coupable d'impiété, en contribuant de la moindre chofe à la réédification d'un temple d'Idoles (a). Enfin l'admiration ayant fait place. à la fureur, on le mit en liberté. Plufieurs Païens fe firent inftruire des maximes d'une Religion, capable d'infpirer une patience fi héroïque. Marc paffa tranquillement le refte de fa vie, & mourut fous les Empereurs Jovien & Valens. On ne

(4) Marc avoit raifon ; mais il d'injuftice en démolifant le faut convenir en même temps temple des Païens, s'il n'y cût qu'il fe feroit rendu coupable été autorisé par la loi du Prince.

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trouve point fon nom dans le Martyrologe Ro main, & l'Eglife ne l'a jamais honoré d'un culte public. Il avoit été long-temps engagé dans les erreurs & les factions des Sémi-Ariens; mais les éloges que faint Grégoire de Nazianze, Théodoret & Sozomene lui donnent en parlant de fes fouffrances, ne permettent pas de douter qu'il ne fe fût réuni aux Catholiques, fur la fin du regne de Conftance.

XXX. JOUR DE MAR S.

SAINT JEAN CLIMAQUE,
ABBÉ.

Tiré de fes Ouvrages, & de fa Vie qui fut écrite
peu de temps après fa mort, par Daniel, Moina
de Raithe. Voyez la Vie du même Saint, que
M. le Maître a donnée en françois, & qui fa
trouve à la tête de la traduction de l'échells
fainte, par M. Arnaud d'Andilly; Bulteau,
Hift. monaft. d'Orient, p. 808. M. Affémani,
in Calend. Univ. ad 30 Mart. T. 6. p. 213.
L'AN 605.

SAINT Jean Climaque (a), que l'on croit originaire de la Palestine, naquit vers l'an 525. MARS 30. Il fut élevé avec foin, & les progrès qu'il fit dans les fciences furent fi rapides, qu'on lui donna dès fa jeuneffe le furnom de Scolaftique (b). Mais à peine eut-il atteint l'âge de feize ans, qu'il facrifia tous les avantages qu'il pouvoit efpérer du monde. Il se retira fur le Mont-Sinaï, où plufieurs' Solitaires menoient une vie angélique, depuis. que les difciples de faint Antoine & de faint Hilarion avoient peuplé les déferts. Il ne voulut point demeurer dans le grand Monaftere, bâti fur le fommet de la montagne, de peur d'y trou-.

(a) Le furnom de Climaque qui étoit alors fort honorable, fut donné au Saint à caufe de ne fe donnoit qu'à ceux qui fon Livre, intitulé Climax ou avoient beaucoup de talents & Echelle. de connoiffances.

(6) Le furnom de Scolastique,

ver des fujets de diffipation; il alla vivre dans un MARS 30. Hermitage écarté, où il fe mit fous la conduite d'un vénérable vieillard, nommé Martyrius. Un filence rigoureux fut le moyen qu'il employa pour Le garantir d'un vice ordinaire aux perfonnes ha biles, c'eft-à-dire, de cette démangeaifon de parler de tout, qui provient d'une vanité fecrete. Humble d'efprit & de cœur, il faifoit le facrifice de fes lumieres, fans contredire ni difputer. II s'affuroit par l'obéiffance le mérite de fes actions; & il porta fi loin la pratique de cette vertu, qu'il fembloit ne point avoir de volonté propre. Par cette foumiffion à fon Directeur, il apprenoit à éviter les écueils contre lefquels il eût infailliblement échoué, s'il avoit voulu se servir de pilote à lui-même (c). De cette montagne vifible qu'il habitoit, il prenoit faintement fon effor pour s'élever jufqu'au Dieu invifible, dont la volonté faifoit fon unique étude: auffi obfervoit-il avec attention tous les mouvements de la grace, pour y correfpondre avec fidélité,

Le fervent Novice employa quatre ans à s'éprou ver & à s'inftruire, avant que de faire la Profeffion monaftique. Il penfoit, & il l'a fortement inculqué dans fes Ouvrages, qu'un pareil engagement exige un âge mûr & des épreuves férieufes, Quand il vit approcher le jour de fon facrifice, il s'y prépara par le jeûne & la priere, afin de lui donner tout le degré poffible de perfection. La confécration folemnelle qu'il fit à Dieu de luimême, fut fuivie des plus précieux fruits de la grace. Martyrius voyoit avec admiration fon difciple avancer de jour en jour dans les voies du falut.

(c) Voyez les paroles du Saint, Grad. i,

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