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torze jours dans les fers, pour avoir baptifé le fils d'un Roi contre la volonté de fon pere. Chaque MARS 17. jour, continue-t-il, je m'attendois à de pareils traitements, & même au martyre. Mais je ne redoutois aucun danger, parce que mon efpérance étoit dans le ciel, & que je me jettois avec confiance dans les bras du Tout-puiffant. Auffi ne craignit - il point d'augmenter le nombre de fes ennemis, en donnant le baptême à une jeune fille de qualité, très-belle & en âge d'être mariée. Quelques jours après, cette fille vint lui dire qu'un Ange lui avoit ordonné de faire le facrifice de fa virginité, afin de devenir plus agréable aux yeux de Dieu. Il en rendit graces au Seigneur, & reçut lui-même les vœux de cette époufe de JefusChrift, fix jours feulement avant qu'il inférât ce fait dans fa Confeffion.

Notre faint Miffionnaire tint plufieurs Conciles, pour établir une bonne difcipline dans l'Eglife dont il étoit le Fondateur; & nous avons les actes authentiques du premier (i). Les Canons qu'on y trouve, ont pour objet divers réglements pleins de fageffe, & qui concernent principalement la pénitence. On croit, d'après faint Bernard & la tradition du pays, que le Saint fixa fon Siege

(i) Quant au fecond Concile | publié parmi les Ouvrages de qui porte le nom de S. Patrice, S. Auguftin & de S. Cyprien, il paroît qu'on doit l'attribuer à fon neveu. On trouve dans le Spicilege de D. d'Achéry & dans les Anecdota de D. Martene, T. 4. part. 2. plufieurs Canons qui portent auffi le nom de faint Patrice; mais ils font de quelques-uns de fes fucceffeurs. Voyez Wilkins, Conc. Britan. & Hibern. T. 1. p. 3.

Le Traité des douze Abus

eft attribué à faint Patrice dans
d'anciens monuments, & fur-
tout dans un recueil d'Ordon-
nances Eccléfiaftiques, qu'Arbe
doc fit en Irlande dans le hui-
tieme fiecle. Le ftyle de cet
Ouvrage est élegant; ce n'eft
peut-être qu'une traduction d'un
Original Irlandois. Ware publia
les Quvres de faint Patrice à
Londres, en 1658, in-8°.

primatial à Armagh. Il paroît par les Actes de MARS 17. fon Concile, & par d'autres anciens monuments, qu'il ordonna des Évêques pour l'Irlande.

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Nous omettons plufieurs particularités de fa Vie, rapportées par fes Hiftoriens ou parce qu'elles ne font pas affez certaines, ou parce qu'elles font peu effentielles. Nous ajouterons feulement les faits fuivants. Saint Patrice ofa, la premiere année de fa Miffion, prêcher Jefus-Chrift au milieu de l'affemblée générale des Rois & des États de toute l'Irlande, qui fe tenoit tous les ans à Tarah ou Themoria, dans la province de l'Eaft-Meath. C'étoit-là que réfidoit le principal Roi, appellé Monarque de toute l'ifle. La ville de Tarah étoit encore la principale demeure des Druides, & comme le chef-lieu de la Religion du pays.

Le fils de Neill, qui étoit alors Monarque, fe déclara contre le Saint & contre la doctrine qu'il annonçoit mais cela n'empêcha pas le fruit de fes difcours. Plufieurs Princes fe convertirent, entr'autres le Pere de faint Benen ou Bénigne, qui fut le fucceffeur immédiat de S. Patrice fur le Siege d'Armagh. Leur converfion fut fuivie de celles des Rois de Dublin, de Munster, & des fept fils du Roi de Connaught. Enfin le Ciel répandit des bénédictions fi abondantes fur les travaux de Patrice, qu'il eut, avant fa mort, la confolation de voir prefque toute l'Irlande adorer le vrai Dieu.

Il fonda trois Monafteres, dont l'un étoit à Armagh (k), & remplit l'Irlande d'Eglifes, & d'Ecoles où la piété & les bonnes études fleurirent long-temps. Ces Écoles devinrent fi célebres, que

(k) Le fecond s'appelloit l'Eglife de faint Patrice; & le Domnach-Padraig, c'est-à-dire, troifieme, Sabhal-Padraig.

durant

les étrangers y accoururent de toutes parts plufieurs fiecles; & l'Irlande, que les autres peu- MARS 17. ples avoient traitée de pays barbare, fut comme le rendez-vous général de tous ceux qui vouloient cultiver leur efprit par les fciences, & fe former aux maximes d'une haute perfection.

Saint Patrice mourut en paix vers l'an 464, & fut enterré à Down en Ultonie, dans une Eglife qui depuis prit fon nom (1). On y trouva fon corps en 1185. Sa fête eft marquée au 17 de Mars dans le Martyrologe de Bede & dans plufieurs autres Martyrologes fort anciens. Sa mémoire a toujours été en grande vénération dans l'Eglife d'Irlande (m).

(1) On lit dans l'Histoire des | mais il étoit à Dublin en 1360, Bretons par Nennius, qui étoit comme nous l'apprenons de Abbé de Bangor en 620, que Ralph Higden. Voyez fon Pole vrai nom de notre Saint étoit lichronicon, publié par M. Gale. Maun, & qu'il ne prit celui de Le Purgatoire de S. Patrice, Patrice qu'après fon facre. Cet dont Denys le Chartreux & Auteur rapporte plufieurs mi-plufieurs autres Écrivains ont racles opérés par faint Patrice dit tant de chofes fauffes, durant le cours de fes miffions. comme Bollandus l'a démontré, Voyez fon Hiftoire des Bretons, j étoit une caverne fituée dans publiée par le favant Thomas une petite ifle du lac Dearg, Gale, c.

fur les frontieres du Comté de
Fermanagh dans l'Ultonie. Le
Pape fit fermer cette caverne en
1497, pour arrêter le cours de
certains contes fuperftitieux qui

c. 55. 56. 57. 58. 61. (m) C'est une tradition populaire en Irlande, que S. Pa trice par fa bénédiction délivra | cette ile de toute efpece de bêtes venimeufes. Du moins eft-prenoient parmi le petit peuple. il certain qu'on n'y en voit aucune, non plus que dans les ifles d'Yviça & de Malthe.

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Mais on la rouvrit peu de temps après. Elle fut fermée une feconde fois par l'ordre de Henri Il paroît que le bâton de Jefus,¦ VIII. On ne laiffa pas de la visifur lequel les Hiftoriens Irlan-ter encore pour y prier & y dois ont débité tant de mer- pratiquer les austérités de la péveilles, n'étoit autre chofe que nitence, à l'imitation de faint le bâton paftoral de S. Patrice Patrice & de plufieurs autres & des premiers Archevêques Saints, qui fe retiroient foud'Armagh. On le gardoit an- vent dans ce lieu & dans des iennement dans cette ville; endroits écartés, pour y vaquer

On est étonné en confidérant les fruits mer

MARS 17. veilleux que produifirent autrefois les prédications de faint Patrice & des autres hommes apoftoliques : & cet étonnement augmente encore lorfque l'on réfléchit fur le peu d'utilité que l'on retire aujourd'hui du miniftere de la parole. Cette différence vient fans doute de ce que les auditeurs de notre temps ne font pas dans les mêmes difpofitions que ceux des premiers fiecles, c'est-à-dire, de ce qu'ils entendent la parole de Dieu, fans avoir un vrai défir d'en profiter. Mais ne doit-on pas auffi s'en prendre aux prédicateurs ? Il en est qui compofent des fermons avec autant d'art que d'efprit, & qui poffédent dans un degré fupérieur le talent de charmer les oreilles par les beautés de l'éloquence. A la bonne heure qu'ils faffent ufage de tous ces moyens; Dieu ne les réprouve point, pourvu qu'ils foient rapportés à fa gloire. Le malheur eft qu'ils ne penfent point affez à ce qu'il y a de plus effentiel, à acquérir les difpofitions faintes où étoient les hommes vraiment apoftoliques. Jamais Dieu ne bénira leurs travaux, à moins qu'ils ne deviennent des hommes d'oraifon, qu'ils n'agiffent par des motifs purs, qu'ils n'allument l'amour divin dans leurs cœurs par la méditation fréquente des vérités éternelles, qu'ils ne foient embrâfés de zele pour le falut des ames, qu'ils n'aient une grande défiance d'eux-mêmes & de leurs lumieres, qu'ils ne s'appliquent continuellement à mourir au monde & à tous les

plus librement aux exercices de petit peuple eft capable, & com la contemplation. On ne peut bien il eft facile qu'il abufe de donner le titre de fuperftitieufes ces fortes de dévotions. Voyez aux perfonnes qui s'en tiennent Bollandus, Tillemont, p. 787. la. Mais les premiers Pafteurs Alemand, Hift. Mon. d'Irlande; n'en font pas moins obligés à la & Thiers, Hift, des Superft. vigilance. On fait de quoi le T. 4.

désirs de la nature corrompue, qu'ils ne vivent dans la pratique d'un recueillement perpétuel, MARS 17. qu'ils ne travaillent enfin à fe perfectionner de plus en plus dans la science des Saints.

LE MÊME JOUR.
SAINT JOSEPH

D'ARIMATHIE.

SAINT Jofeph, dit d'Arimathie, du nom de la
ville où il avoit pris naiffance, étoit membre du
Sanhedrin des Juifs. Nous lifons dans l'Evangile
que c'étoit un homme jufte, & du nombre de ceux
qui attendoient le royaume de Dieu. Il n'avoit
point confenti à tout ce que les Juifs avoient
entrepris & fait contre Jefus-Chrift; il étoit
même difciple du Sauveur, fans ofer toutefois fe
déclarer ouvertement, par la crainte qu'il avoit
de ceux de fa nation. Mais il donna les plus
fortes preuves de fon amour pour Jesus-Chrift
lorfqu'il eut expiré fur la Croix. Il alla hardiment.
trouver Pilate, pour lui demander fon corps,
afin de l'embaumer & de l'enfevelir. Ayant obtenu
la permiffion de l'enlever, il le defcendit de la
Croix, puis, après l'avoir enveloppé dans un
linceuil, il le dépofa dans un fépulcre où per-
fonne n'avoit encore été mis. Il fut aidé dans
cette œuvre de piété, par Nicodeme,
difciple de Jefus-Chrift. Une pareille démarche
annonçoit fans doute beaucoup de courage de fa
part, puifqu'elle l'expofoit à toute la fureur de
fes compatriotes, & par conféquent à la perte
de fes biens & de la haute confidération dont il
jouiffoit dans fon pays. Le culte de ce Saint étoit

autre

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