à-dire, en 1183, il fut choisi pour occuper le Siege Epifcopal de Bobio. Mais fa modeftie lui AVRIL S fit imaginer mille difficultés qui fervirent à prolonger la résistance qu'il apportoit à son élection. Pendant ce temps-là l'Evêché de Verceil vint à vaquer ; & comme il n'avoit point encore été facré Evêque de Bobio, il fut obligé de l'accepter. Il gouverna cette Eglife pendant vingt ans avec une vigilance & une capacité extraordinaires. Son humilité & fes autres vertus lui attirerent la vénération de fes Diocéfains, qui s'empreffoient à l'envi d'imiter les exemples de leur Pasteur. Il avoit donné en plufieurs occafions des preuves éclatantes de fa prudence, de fa droiture & de fon habileté dans les affaires : ce qui engagea le Pape Clément III & l'Empereur Frédéric Barberouffe à le choifir pour arbitre de leurs différends. Henri VI, fucceffeur de Frédéric, le créa Prince de l'Empire, & en fa confidération accorda diverfes faveurs à l'Eglife de Verceil. Le Pape Célef tin III le combla auffi de bienfaits. Innocent III qui penfoit à son égard comme fes prédéceffeurs, l'employa avec fuccès dans des négociations importantes. La réputation du B. Albert étoit parvenue jus qu'en Orient. Monaco, onzieme Patriarche Latin de Jérufalem, étant mort en 1204, les Chrétiens de la Palestine nommerent l'Evêque de Verceil pour lui fuccéder. Le Pape Innocent III applaudit à ce choix, perfuadé qu'Albert étoit plus propre que perfonne à conduire une Eglife qui fe trouvoit dans des conjonctures fort critiques. Il le fit venir à Rome, confirma fon élection, & lui donna le Pallium. Le ferviteur de Dieu fe rendit d'autant plus volontiers à ce que le Souverain Pontife exigeoit de lui, que le Patriarchat l'expofoit à ➡des perfécutions, peut-être même au martyre. Il AVRIL 8, s'embarqua fur un vaiffeau Génois pour la Terre Sainte, où il aborda en 1206. Il établit fa réfidence dans la ville d'Acre, parce que les Sarrafins s'étoient rendus maîtres de Jérufalem. Le nouveau Patriarche vécut en Palestine dans un martyre continuel. Il joignoit aux travaux & aux perfécutions du dehors les auftérités de la pénitence, & confacroit à la priere tous les moments qu'il pouvoit dérober à fes occupations extérieures. Si les Chrétiens l'honoroient & l'aimoient comme leur pere, les Sarrafins ne pou voient s'empêcher de le refpecter à cause de fon éminente fainteté. Entr'autres bonnes œuvres qu'il fit, il donna une Regle aux Carmes. Ces Religieux étoient primitivement des Hermites qui vivoient fur le Mont-Carmel. Ils regardoient le Prophete Élie comme leur Fondateur & leur modele, parce qu'il avoit vécu fur la même montagne, ainfi qu'Elifée fon difciple. Un nommé Bertold réunit ces Hermites en corps de Communauté. Brocard, qui en étoit Supérieur en 1205, ou plutôt en 1209 (a), s'adreffa au Patriarche Albert pour lui demander une Regle (b). Le (a) Le P. Papebroch prouvezieme fiecle; qu'ayant alors obqu'il faut s'en tenir à cette derniere date. tenu une Regle du Patriarche Albert, ils introduifirent en (b) Quelques Écrivains ont Europe leur Ordre connu sous effayé de prouver que depuis le nom de Carmes. Le P. PapeÉlie & fes fucceffeurs les en-broch, l'un des plus favants fants des Prophetes, il y avoit Continuateurs de Bollandus, toujours eu des Hermites fur le traita de chimere cette grande Mont-Carmel jufqu'à la venue antiquité, & foutint qu'il n'y du Meffie; qu'ils embrafferent avoit point eu d'Hermites fur avec ardeur la Religion Chré-le Mont-Carmel avant le doutienne; qu'ils continuerent lej zieme fiecle. Les Carmes tâmême genre de vie qu'aupara-cherent par divers Écrits de ¿vant jusqu'au douzieme ou trei- venger la gloire de leur Ordre faint homme dreffa pour cet Ordre des Conftitutions pleines de fageffe. Il y étoit ordonné aux AVRIL S. Freres de prier nuit & jour dans leurs cellules, à moins qu'ils n'en fuffent difpenfés par des occupations légitimes; de jeûner tous les jours excepté les Dimanches, depuis l'Exaltation de la Croix jufqu'à Pâques; de ne jamais manger de ⚫ viande; de s'appliquer au travail des mains; de garder le filence depuis Vêpres, jufqu'à Tierce du lendemain, &c. Les Commiffaires nommés par le Pape Innocent IV en 1246, firent des additions à cette Regle, qu'ils adoucirent en quelques points. Le nouvel Ordre s'accrut confidérablement en peu de temps (c). quelques Anglois qui avoient qu'ils croyoient attaquée. Le (c) Ce ne fut qu'en 1285. que les Carmes prirent le Scapu laire, & qu'en 1288 qu'ils commencerent à porter le manteau Le B. Albert avoit été invité par le Pape InnoAVRIL 8. cent III au Concile Général de Latran qui fe tint en 1215; mais il ne put y affifter. Il fut affaffiné dans la ville d'Acre, le 14 Septembre 1214, étant à la Proceffion de la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix. Il reçut le coup mortel des mains d'un fcélérat qu'il avoit repris & menacé pour fes crimes. Il eft honoré en ce jour parmi les Saints de l'Ordre des Carmes. Voyez les Mémoires concernant le B. Albert, que le P. Papebroch a recueillis, April. T. 1. p. 769. Exhibitio Errorum quos Dan, Papebrochius fuis in notis ad Acta SS. commifu, per Sebaft. à S. Paulo, Coloniæ Agrip, 1693.4°. It. Examen Juridico-Theologicum Preambul. Sebaftiani à S. Paulo ad Exhibitionem Errorum Dan. Papebroc. ab illo imputatorum, Aut. Nic. Rayao, cum Refponfionibus Dan, Papebrochii. Antuerp. 1698, 4 v. in-4°. Hélyot, Hift. des Ordres Relig. T. 1. p. 313. & Stevens, Monaft. Anglic. T. 1. p. 156. d'un an, ils retournent dans des plus beaux Hermitages des Carmes eft celui que Louis XIV fit bâtir à une lieue de Louviers en Normandie, 1 X. JOUR D'AVRIL. STE. MARIE D'ÉGYPTE. Tiré de fa Vie, écrite par un Auteur grave & contemporain, lequel ne fit que fuivre la Relation des Religieux du Monaftere de Zozime qui avoit vu la Sainte. Cette Hiftoire fut citée peu de temps après par plufieurs Ecrivains de l'Eglife Grecque & Latine, comme Evagre, 1. 2. c. 7. &c. Le feptieme Concile général la cita auffi avec éloge. Voyez le P. Papebroch, ad diem 2. Apr. T. 1. p. 67. & M. Jof. Affémani, Comm. in Calend. ad 1. Apr. T. 6. p. 218. Sous.le Cinquieme fiecle. Ous le regne de Théodofe le Jeune, il y avoit en Palestine un Moine de grande vertu, nommé Zozime. On alloit le confulter comme un oracle, afin d'apprendre de lui la vraie maniere de pratiquer la perfection Religieuse. Son émi nente fainteté l'avoit fait élever au Sacerdoce. Ayant fervi Dieu cinquante-trois ans dans le même Monaftere, il lui vint dans l'efprit qu'il avoit atteint la perfection de fon état, qu'il n'avoit plus. rien de nouveau à apprendre, & qu'il pouvoit se paffer des inftructions de qui que ce fût. Dieu, pour lui découvrir les pieges du Tentateur, & pour le convaincre que l'homme, quelque vertu qu'il ait, peut toujours avancer dans les voies de la perfection, fe fervit d'un moyen extraordinaire.. Il lui ordonna dans une révélation de quitter fon Monaftere, & de fe retirer dans un autre, fitué |