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été prefcrit. Son amour pour la mortification frapAVRIL 10. poit toutes les perfonnes qui vivoient avec elle. Jamais elle ne flattoit fon corps; & quoiqu'elle fût d'une complexion très-délicate, elle s'interdifoit l'ufage de la viande & du vin. Son humilité lui faifoit éviter tout ce qui auroit pu fentir l'oftentation: elle prenoit même autant de foin pour cacher fes vertus, que les autres en prennent ordinairement pour cacher leurs vices.

Elle ne voulut point fortir de la folitude; & quand elle fut en âge de fe confacrer à Dieu par des vœux, elle fit Profeffion dans le Monaftere de Rodersdorff. Quelque temps après, on l'envoya à Dieffen en Baviere, où elle devint Supérieure du Monaftere de ce nom (b). Elle y introduifit bientôt la pratique des plus fublimes vertus. Perfuadée qu'on ne peut atteindre à la perfection monaftique fans une exacte obfervation de tous les points de la Regle, elle exhortoit fes. Sœurs à s'y conformer avec promptitude, & à anticiper plutôt fur le temps marqué pour chaque exercice, qu'à fe permettre le moindre retardement par négligence.

Le Monaftere d'Ottilfteten ou d'Edelftetin en Souabe (c), étoit alors tombé dans un grand relâchement. Les Evêques du pays voulant y introduire la Réforme, ordonnerent à Mechtilde de s'y retirer, & de fe charger de cette bonne œuvre. Mais la Sainte employa diverfes raisons

(b) Il étoit auprès du lacrieure. Il avoit été fondé en d'Ambre. Quoiqu'il ait été long- 1132 par Bertkold, Comte temps deffervi par des Chanoi-d'Andechs. Saint Othon, Évêneffes Régulieres de faint Au-que de Bamberg, lui donna des guftin, il paroît qu'on y fuivoit biens confidérables.

la Regle de S. Benoît lorfque

la B. Mechtilde en étoit Supé

(c) Entre Ausbourg & Ulm.

pour s'en difpenfer; elle eut même recours aux larmes & aux prieres: tout fut inutile; il fallut AVRIL 10 obéir. Étant arrivée dans fa nouvelle Communauté, elle y rétablit en peu de temps l'efprit d'une parfaite régularité. Perfonne ne put réfifter à la force réunie de fa douceur & de fes exemples. Auftere pour elle-même, elle étoit pleine de bonté pour les autres. Elle favoit faire aimer la Regle en la faifant obferver, & tenir ce jufte milieu qui confifte à ménager la foibleffe humaine, fans élargir les voies évangéliques. Ses instructions étoient toujours accompagnées de cet efprit de charité & d'infinuation qui rend la vertu aimable. Elle obligeoit fes Soeurs à la plus exacte clôture, & les tenoit éloignées de tout commerce avec les gens du monde. Par-là elle les préfervoit de la diffipation, dont l'effet ordinaire eft de refroidir la charité & d'éteindre la ferveur.

Elle n'avoit d'autre lit qu'un peu de paille. Sa nourriture étoit fort groffiere; encore ne mangeoit-elle que pour foutenir fon corps. Elle partageoit tous fes moments entre la priere, la lecture & le travail des mains. Elle obfervoit le filence le plus rigoureux. L'efprit de componction dont elle étoit animée, fourniffoit à fes yeux une fource continuelle de larmes. Elle ne fe crut jamais difpenfée de la Regle, pas même à la Cour de l'Empereur, où elle avoit été obligée d'aller pour les affaires de fon Monaftere. Lorfque la maladie la forçoit à garder le lit, fa plus grande douleur étoit de ne pouvoir affifter avec les autres Sœurs, à la Priere & à l'Office de la nuit. Elle mourut à Dieffen le 29 Mars, quelque temps après l'an 1300, & avant fainte Gertrude fa fœur (d).

(d) Cette derniere Sainte parle dans fes Écrits de la mort de fainte Mechtilde.

Son nom n'a jamais été inféré dans le MartyroAVRIL 10. loge Romain; mais on le trouve dans plufieurs Calendriers fous le 10 d'Avril, le 29 de Mars, & le 30 de Mai (e)..

Voyez fa Vie par l'Abbé Engelhard qui l'avoit connue, ap. Canif. Lect. Antiq. & Chastelain, Mart. Univ. fous le 30 de Mai.

Tritheme, in Chron. Spanheim, ad eumd. an. Fabricius, Bibl. med. & infimæ ætat. l. 12. p. 193. & quela ques autres Auteurs, ont confon du mal-à-propos Ste Mechtilde de Spanheim avec celle de Dief

(e) Tritheme, in Chron. Hirfaug. ad an. 1154. p. 136. edit. Freher. parle d'une autre Sainte, nommée Mechtilde. Elle vint de Saint-Alban à Spanheim, où elle mena la vie d'une Reclufe, & mourut, en 1154, dans une fen. La premiere eft plus an grande réputation de saintetë, 'cienne que la feconde.

XI. JOUR D'AVRIL.

S. LÉON LE GRAND,

PAPE.

Tiré des Conciles, T. 4. des Ecrits du Saint, edit. Rom. & des Hiftoriens contemporains. Voyez Tillemont, T. 15. p. 141. & Ceillier T. 14. p. 316. qui tous deux ont fuivi les Mémoires concernant la Vie de faint Léon, lefquels ont été donnés par Quefnel, Differt. 1. in Op. S. Leon. T. 2. On doit corriger ces Mémoires, fouvent fautifs, en les comparant avec les remarques du P. Cacciari, qu'on trouvera dans les Exercitationes de cet Auteur fur les Œuvres de S. Léon, & fur-tout dans les Exercitationes de Hærefi Pelagianâ, & de Hærefi Eutychianâ. L'AN 461.

SAINT AINT Léon, furnommé le Grand, fortoit AVRIL 11. d'une des premieres familles de Tofcane; mais il naquit à Rome, comme nous l'apprenons de lui-même & de faint Profper (1). La pénétration de fon efprit & la maturité de fon jugement fe manifefterent par les rapides progrès qu'il fit dans fes études. Il acquit une grande connoiffance de toutes les parties de la Littérature, & fur-tout de l'éloquence. Il étoit trop éclairé pour s'en tenir là; il ne regarda les fciences profanes que comme un préliminaire à l'étude de la Théologie & des Livres Saints. « Dieu, dit un ancien Concile gé» néral en parlant de lui, Dieu qui l'avoit def(1) Ep. 27. ad Pulcher. c. 4.

»tiné à remporter des victoires éclatantes fur AVRIL 11.» l'erreur, & à foumettre la fageffe du fiecle à » la vraie Foi, avoit mis dans fes mains les ar» mes de la fcience & de la vérité (2) ».

Étant entré dans l'état eccléfiaftique, il fut fait 'Archidiacre de l'Eglife Romaine, & eut beaucoup de part aux affaires fous le Pape Célestin (a). Ce fut avec le fecours de fa pénétration & de fon zele, que Sixte III, fucceffeur de Céleftin, découvrit les artifices & rejetta la fauffe pénitence de Julien le Pélagien, qui employoit mille manœuvres fourdes pour rentrer dans le fein de l'Eglife Catholique. Perfonne ne parut plus propre lui à terminer le différend furvenu entre Aëtius & Albin, lequel pouvoit avoir des fuites trèsfâcheufes; il fe tranfporta dans les Gaules, où étoient ces deux Généraux, & vint heureusement à bout de les réconcilier.

que

Pendant fon abfence, le Pape Sixte mourut vers le milieu du mois de Juillet de l'an 440. Le Clergé de Rome jetta les yeux fur Léon pour le remplacer. Il jugeoit avec raifon qu'on devoit placer fur la premiere Chaire de l'Eglife, celui que fa fainteté, fa prudence, fon favoir & fon éloquence rendoient le premier homme de fon fiecle. Ce choix ne pouvoit manquer d'avoir l'approbation de tout le monde chrétien. En effet Léon réuniffoit en fa perfonne, & dans un degré éminent, toutes les qualités & toutes les vertus, dont l'affemblage eft regardé comme une espece de prodige. Auffi conçut-on de lui les plus hautes efpérances il les remplit, & les furpafla même.

(2) Conc. T. 4. p. 820.
(a) C'est ce que l'on apprend
par le témoignage de S. Profper;

par une lettre que 3. Cyrille lui écrivit, & par le Livre de Caffien contre Neftorius.

par

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