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LE MEME JOUR.
SAINT JULES, PAPE.

AVRIL 12

+352 JUL ULES, Romain de naiffance, fut élu Pape le 6 Février 337. Les Evêques Orientaux de la fecte des Ariens, & qu'on nommoit Eufebiens, à caufe d'Eufebe de Nicomédie, l'un de leurs principaux chefs, lui envoyerent auffi-tât des députés, pour accufer faint Athanafe de divers crimes fuppofés. Le faint Patriarche d'Alexandrie, informé de ce qui fe paffoit, envoya auffi des députés à Rome pour foutenir la justice de fa cause. Les uns & les autres eurent une conférence publique; mais les défenfeurs des Eufébiens furent honteufement confondus & réduits au filence. Ils demanderent pourtant un Concile, où l'affaire pût être examinée de nouveau. Le Pape, conformément à leur demande, en tint un à Rome en 341. Saint Athanafe, Marcel d'Ancyre, & plufieurs autres Evêques Catholiques d'Orient s'y trouverent. Pour les Eufébiens, ils n'y vinrent point, malgré les fommations qui leur furent faites. Ils affemblerent même un prétendu Concile à Antioche, où ils déclarerent faint Athanafe déchu

que l'on faifoit chauffer) tout à faint Zénon. Deux font de le corps de ceux que l'on bap- Potamius, Évêque grec. Ils font tifoit. Ce Saint eft auffi le feul cités dans une lettre écrite à Auteur qui parle de la coutume faint Athanase, & publiée par de donner une médaille à toutes D. Luc d'Achéry, Spicil. T. 34 les perfonnes baptifées. Voyez p. 299. Cing ont pour Auteur MM. Ballerini, Annot. in loc. faint Hilaire, qui étoit contemeit. p. 233.& in l. 1. Tract. 14. porain de faint Zénon. Il y en P. 108. a quatre autres qui ne font qu'une traduction de S. Bafile, laquelle paroît avoir été faite par Rufin d'Aquilée.

Ces habiles Critiques ont donné en forme d'Appendice, les Sermons fauffement attribués

AVRIL 12.

de fon Siege, & mirent en fa place un intrus de leur parti, nommé Grégoire.

Mais comme ils avoient retenu les Prêtres chargés des lettres du Pape, au-delà du temps qu'on leur avoit prefcrit pour comparoître au Concile, & cela, parce qu'ils ne vouloient point venir à Rome, ils tâcherent au moins de colorer le refus qu'ils avoient fait d'obéir. Ils écrivirent donc au fouverain Pontife une lettre où ils s'excufoient fur différents prétextes de n'avoir point comparu. Jules fentit toute la frivolité de leurs raifons. Il examina dans le Concile de Rome la caufe de faint Athanafe, qui fut déclaré innocent de tout ce dont les Eufébiens l'accufoient, & confirmé dans la poffeffion du Siege d'Alexandrie. Il reconnut auffi la catholicité de Marcel d'Ancyre, qui donna une profeffion de Foi orthodoxe. Il renvoya enfuite les Evêques d'Orient chez eux, avec des lettres pleines de vigueur, & leur rendit à chacun le gouvernement de leurs Eglifes, dont les Ariens les avoient dépouillés. En agiffant de la forte il exerçoit cette autorité que lui donnoit la prérogative de fon Siege fur l'Eglife universelle (a).

Le faint Pape écrivit auffi aux Orientaux, c'eftà-dire, aux Eufébiens, qui après avoir demandé un Concile, avoient refufé de s'y trouver. La lettre qui fut envoyée par le Comte Gabien, eft un des plus précieux monuments de l'antiquité eccléfiaftique (b). On y trouve un génie mâle, un jugement folide, une fermeté vigoureuse mais tempérée par la douceur & la charité. Voici comment le Saint s'exprime touchant la caufe de

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(a) Ce font prefque mot pour | 4. 12. n. 20. T. 3. p. 310. mot les expreffions de Socrate (b) Saint Athanafe l'a infé1.2. c. 15. & da Sozomene, l. 3. rée toute entiere dans fon Apoc. 7. Voyez Fleury, Hift. Eccl.\logie, p. 141 a

faint Athanafe & de Marcel : « S'ils étoient cou»pables, il falloit nous écrire à tous, afin que » le jugement fût rendu par tous; car c'étoient » des Evêques & des Eglifes qui fouffroient. En

core n'étoient-ce pas des Eglifes du commun, » mais celles que les Apôtres ont gouvernées par > eux-mêmes. Pourquoi ne nous écrivoit-on pas, » principalement au fujet de l'Eglife d'Alexandrie? »Ne favez-vous pas que c'eft la coutume de

nous écrire d'abord, & que la décifion doit » venir d'ici? En fuppofant donc qu'il y eût » des foupçons contre l'Evêque de ce Siege, il » falloit écrire à notre Eglife. Maintenant, fans > nous avoir informés, & après avoir fait ce qu'on a voulu, on exige que nous approu

vions fans connoiffance de caufe tout ce qui » s'eft paffé. Ce ne font pas là les ordonnances » de Paul; ce n'eft point là la tradition de nos » Peres; c'eft une nouvelle forme de conduite...... » Je vous déclare ce que nous avons appris du » bienheureux Apôtre Pierre ; & je le crois fi » connu de tout le monde, que je n'en aurois » pas parlé, fans ce qui eft arrivé ».

Cette lettre n'ayant fait aucune impreffion fur les Eufébiens, Jules engagea Conftant, Empereur d'Occident, à écrire à fon frere Conftance, Empereur d'Orient, afin que l'on pût remédier aux divifions de l'Eglife par la tenue d'un Concile général. L'ouverture s'en fit à Sardique en Illyrie, au mois de Mai de l'année 347 (c). On y dé clara faint Athanafe & Marcel d'Ancyre, orthodoxes & innocents. On y dépofa en même temps

(c) Baronius & le P. Alexan- | forme d'Appendice à celui de dre ont prouvé qu'on ne pou- Nicée, dont il ne fit que convoit douter de l'Écuménicité firmer les décrets concernant la de ce Concile. On l'a joint en Foi,

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quelques Evêques Ariens. On y fit auffi vingt-um AVRIL 12. canons de difcipline. Le premier défend les tranflations d'un Siege à un autre. On vouloit par-là fermer la porte à l'ambition, & garantir le fanctuaire des maux que faifoit craindre l'exemple d'Eusebe de Nicomédie. Le troifieme, le quatrieme & le feptieme canons affuroient à un Evêque déposé par un Synode de fa Province, le droit d'en appeller à l'Evêque de Rome.

Saint Jules mourut le 12 Avril 352, après avoir fiégé 15 ans, 2 mois & 6 jours. Son nom eft marqué en ce jour dans les plus anciens Calendriers que nous ayons de l'Eglife Romaine.

Voyez faint Athanafe, Hift. Arianorum ad Monachos, T. 1. p. 349. & Apolog. contra Arian, p. 142. 199. Tillemont, T. 7. p. 278. Fleury T. 3. Ceillier, T. 4. p. 484. Voyez auffi la lettre de Jules à Profdocius, & la lettre du même Pape à l'Eglife d'Alexandrie, avec les notes de Muratori. On a inféré l'une & l'autre dans le fecond Tome de la nouvelle édition des Conciles, donnée à Venise en 1759.

XIII. JOUR D'AVRIL.

SAINT HERMÉNIGILDE,

PRINCE VISIGOTH,
MARTYR EN ESPAGNE.

Tiré de faint Grégoire le Grand, Dial. l. 3. c. 318'
de faint Grégoire de Tours, Hift. 1. 5. c. 39%
& 1. 9. c. 16. de Mariana, Hift. 1. 3. c. 12.
du P. Florès, Efpana Sagrada, T. 5. c. 2. p. 200.
Voyez Henfchénius, T. 2. Apr. p. 134.

Lévič

L'AN 586.

ÉVIGILDE ou Leovigilde (a), Roi des = Goths en Espagne, eut deux fils de fa femme AVRIL 131 Théodofie. Leurs noms étoient Herménigilde & Récarede. Ils furent tous deux élevés dans l'Arianifme que leur pere profeffoit. Herménigilde, l'aîné des deux Princes, époufa Ingonde, Catholique zélée, & fille de Sigebert, Roi d'Auftrafie.

La couronne avoit toujours été élective chez les Goths d'Espagne. C'étoient les Grands qui choififfoient celui qui devoit la porter. Lévigilde voulant l'affurer à fes defcendants, affocia fes deux fils à la royauté. Il donna même à chacun

(a) Le P. Florès obferve que année de fon regne qu'il mit ce Prince est toujours appellé à mort faint Herménigilde. Ceci Linvigild dans les anciens Mff. fe prouve par une ancienne gothiques. Il commença à ré- Chronique que le P. Florès a gaer l'an 568 de Jefus-Chrift, publiée, Spaña Sagrada, T. », & le 666 de l'Ere d'Efpagne. p. 199. Ce fut dans la dix-huitieme

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