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lui, que des aumônes des Fideles. Cette petite Communauté n'avoit pour fe loger que des cel- AVRIL 13. lules taillées dans le roc. Le nombre de ceux qui fe rangeoient fous la conduite du Saint, augmentant tous les jours, il fut obligé de bâtir un Monaftere plus régulier (a). Il y vécut pendant plus de foixante ans dans une application conti nuelle à tous fes devoirs. Son éminente fainteté le fit juger digne d'être élevé au Sacerdoce. Dieu l'honora du don des miracles; & l'on compte parmi ceux auxquels il rendit la fanté d'une ma niere furnaturelle, Florent, pere de S. Grégoire de Tours. Il mourut vers l'an 525 ou 530, & fut enterré dans la Chapelle de fon Monaftere. On l'honore en Auvergne le 13 Avril.

Voyez Saint Grégoire de Tours, Vit. Patr. c. 14. Il a compofé la Vie du Saint, d'après les relations de ceux qui l'avoient connu particulié

rement.

SAINT CARA DEU,

PRÊTRE ET HERMITE EN ANGLETERRE.

CARADOC

+1124 ARADOC ou Caradeu, iffu d'une famille illuftre du pays de Galles, naquit dans le Comté de Brecknock. Il reçut une éducation conforme à fa naiffance. Rées ou Réfus, Prince des Gallois méridionnaux, l'ayant connu, l'honora de fa confiance, & lui donna une place diftinguée à fa Cour. Mais il eut enfuite le malheur de déplaire à ce Prince pour un fujet affez léger. Cette difgrace lui fit fentir combien peu on doit compter

(a) Ce n'est plus qu'un de faint Allyre de Clermont. Prieuré dépendant de l'Abbaye

fur la faveur & la protection des Grands du monde. AVRIL 13. Il réfolut donc de s'attacher au service du Roi des Rois, dont les promeffes font infaillibles & les récompenfes éternelles. I s'engagea par vœu à vivre dans une continence perpétuelle, & à embraffer l'état religieux.

S'étant enfuite retiré à Landaff, il reçut de l'Évêque du lieu la tonfure cléricale, & fervit Dieu quelque temps dans l'Eglife de faint Théliau. Mais comme il vouloit vivre dans une entiere féparation du commerce des hommes, il fe bâtit à l'écart une petite cellule, où il paffa plufieurs années. Il alloit faire fa priere dans une Eglife qui avoit été dédiée fous l'invocation de faint Kined, & qui étoit alors abandonnée. La réputation de fa fainteté fe répandit bientôt par tout le pays. L'Archevêque de Ménévie ou de faint David, informé de fes vertus, le fit venir & l'ordonna Prêtre.

Le Saint, accompagné de quelques perfonnes pieufes, paffa dans l'ifle d'Ary, pour n'y vaquer qu'à la contemplation des chofes céleftes. Sa folitude fut troublée par des pirates de Norwege, qui l'enleverent lui & fes compagnons. Mais ces Barbares, frappés de la crainte des jugements de Dieu, les remirent le lendemain fur le rivage, fans leur avoir fait aucun mal.

Caradeu, par l'ordre de l'Archevêque de Ménévie, fe retira dans le Monaftere de S. Hifmaël, vulgairement appellé Yfam, & fitué dans le Pays de Roff. Henri I, Roi d'Angleterre, ayant chaffé de ce pays les anciens Bretons qui l'habitoient, le Saint & fes Religieux eurent beaucoup à fouffrir des nouveaux colons envoyés par le vainqueur, & fur-tout de Richard Tankard, le plus puiffant d'entr'eux. Celui-ci étant tombé dange

reufement malade, eut recours au Saint, qui par fes prieres lui obtint une parfaite guérifon. Il fut AVRIL 13. toujours depuis le protecteur du Monaftere, & lui fit reffentir les effets de fa libéralité.

Saint Caradeu mourut le 13 Avril 1124, & fut enterré avec honneur dans l'Eglife de faint David. Il s'opéra plufieurs miracles à fon tombeau. Son corps ayant été trouvé plufieurs années après fans aucune marque de corruption, on en fit la tranflation avec beaucoup de folemnité. .. Voyez dans Capgrave la Vie du Saint, écrite par Giraldus Cambrenfis, qui fut Évêque de faint David peu de temps après fa mort. Voyez auffi Guillaume de Malmesbury, &c.

AVRIL 14.

XIV. JOUR D'AVRIL.

SAINT TIBURCE,

S. VALÊRIEN ET S. MAXIME,

MARTYRS.

Voyez les Actes de fainte Cécile, & les Remarques d'Henfchénius, ad 14, April. T. 2. p. 203.

220.

L'AN 229.

LES
Es noms de ces faints Martyrs ont toujours
été en grande vénération dans l'Eglife (a). Valé
rien ayant épousé fainte Cécile, fut converti par
fes inftructions à la Foi de Jefus-Chrift, & con-
fentit dès le premier jour de fon mariage, à vivre
avec elle dans une parfaite continence. Il avoit
un frere nommé Tiburce, qu'il tira des ténebres
du Paganisme, pour le faire jouir ainfi que lui,
des avantages qui fuivent la connoiffance de la
vérité. Cécile fut le principal inftrument dont il
fe fervit pour opérer cette bonne œuvre.

Valérien & Tiburce ayant été arrêtés comme Chrétiens, furent conduits devant le Magiftrat, qui les condamna l'un & l'autre à perdre la vie. L'Officier qui les menoit au fupplice & qui fe nommoit Maxime, fut fi touché de leurs difcours & de leur courage, qu'il renonça aux fuperftitions du paganifme, pour confeffer Jefus-Chrift avec eux. Ils reçurent tous trois en même-temps la

(a) C'est ce qui fe prouve | faint Grégoire, par le Marty par l'ancien Calendrier de Fron-rologe attribué à S. Jérôme, &c. teau, par le Sacramentaire de

couronne du martyre, en 229. Quelques Auteurs difent qu'ils fouffrirent en Sicile, mais il eft plus AVRIL 14, probable que ce fut à Rome. On les enterra dans le Cimétiere de, Prétextat, qui prit enfuite le nom de Tiburce. Il étoit contigu à celui de Calixte. Le Pape Grégoire III rétablit en 740, le tombeau des faints Martyrs; & fur la fin du même fiecle, Adrien I bâtit une Eglife fous leur invocation. Leurs corps furent transférés à Rome par Pafchal I, avec ceux de fainte Cécile & des faints Papes Urbain & Luce. On retrouva en 1599 leurs Reliques qui s'étoient perdues par le malheur des temps. Les Cardinaux Baronius & Sfondrate, qui les vifiterent par l'ordre de Clément VIII, les jugerent véritables, après un mûr examen. Leur culte n'eft pas moins célebre chez les Grecs que chez les Latins.

Ce fut fur-tout à la priere que nos faints Martyrs dûrent ce courage qui les fit triompher des ennemis de leur falut. Pourrions-nous après cela ne point aimer ce faint exercice? I eft un des plus puiffants moyens de falut que la miféricorde du Seigneur nous procure; difons mieux, on ne fe fauvera jamais fans la priere. Si nous aimons. Dieu véritablement, avec quelle joie ne devonsnous pas lui payer un tribut d'adoration & de louanges, pour le dédommager en quelque forte des outrages que reçoit tous les jours fon infinie majefté? Penfons, lorfque nous nous mettons à prier, que nous allons faire fur la terre la fonction des Anges, & que nous devons par conféquent entrer dans les difpofitions de ces efprits bienheureux. Si nous avons foin de graver profondément cette pensée dans nos efprits, on nous verra dans la priere recueillis, modeftes, refpectueux; nous

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