Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]

pourvoyoit en même-temps à leurs befoins fpiriMARS 20. tuels & corporels. Il prenoit avec zele le parti de la juftice, mais fans rien perdre de la tranquillité de fon ame. Accoutumé à voir Dieu en tout il ne s'étonnoit point des divers événements de la vie. Il étoit fupérieur à toutes les épreuves, & y trouvoit même une fource de joie. Le don des miracles que Dieu lui accorda, le fit furnommer le Thaumaturge de la Grande Bretagne. On rapporte entr'autres chofes, qu'il guérit avec de l'eau bénite plufieurs perfonnes dont les maladies étoient réputées incurables. Il connut par révélation, & découvrit le moment précis où le Roi Egfrid fut défait & tué par les Pictes en 685.

Lorfqu'il fentit que fa fin approchoit, il renonça à l'Epifcopat, dont il avoit exercé les fonctions pendant deux ans, & fe retira dans l'ifle de Farne pour se préparer à la mort. Deux mois après, il tomba malade. Héréfrid, Abbé de Lindisfarne alla le vifiter, & lui laiffa deux de fes Moines, pour le fervir & l'affifter. La maladie paroiffant incurable, il demanda le Viatique du Corps & du Sang de Jefus-Chrift, qu'il reçut des mains de l'Abbé Héréfrid. II mourut le zo Mars 687. Son corps fut porté au Monaftere de faint Pierre de Lindisfarne, & enterré à la droite du grand Autel. Bede rapporte qu'il fe fit plufieurs miracles à fon tombeau. Il ajoute que les Moines ayant levé de terre le corps du Saint onze ans après sa mort, ils le trouverent fans aucune marque de corrup→ tion; les jointures en étoient encore flexibles, & les vêtements dont on l'avoit enveloppé, paroif foient auffi entiers & auffi frais que le jour qu'on l'avoit enterré (1). On le mit dans un cercueil

(1) Bede, Hift. l. 4. c. 30.

tout neuf qui fut élevé au-deffus de l'ancien tom

beau. Quatre cents quinze ans après, on le trouva MARS 20. encore fans corruption à Durham où tout le

monde le voyoit (2). Les Moines de Lindisfarne l'emportoient avec eux toutes les fois qu'on étoit menacé de quelque incurfion de la part des Danois. Enfin ils le dépoferent fur une montagne couverte de bois, & prefque entiérement environnée de la Were, dans la perfuafion que leur tréfor feroit en fûreté dans un lieu que la nature elle-même avoit pris foin de fortifier. Ils y bâtirent une Eglife, dont Aldhune, Evêque de Lindisfarne, fit la dédicace en 995. On porta folemnellement le corps du Saint dans cette Eglife; & le Siege Epifcopal de Lindisfarne fut transféré à Dunelm ou Durham, capitale du pays (c).

Plufieurs Princes donnerent des biens confidérables au Monaftere & à la Cathédrale de Durham, que l'on avoit bâtis en l'honneur de S. Cuthbert. Différents Rois, par un motif de dévotion envers le Saint, accorderent à l'Evêque de Durham le titre de Comte Palatin, & une Jurifdiction civile fort étendue (d). Le plus grand bienfaiteur de l'Eglife de Durham, fut le Roi Alfred, qui honoroit faint Cuthbert, comme fon principal Patron, & qui attribuoit à fon interceffion la plupart des victoires qu'il avoit remportées, ainfi que plu hieurs autres graces qu'il avoit reçues (e).

Le corps du Saint étoit encore entier, lorfque Henri VIII fit piller & détruire la Châffe qui le

( 2 ) Malmesb, l. 4. Pontif. | la Cathédrale de Durham, par Angl. Dugdale & par Brown-Willis. La Cathédrale qu'on voit au jourd'hui, fut bâtie en 1080.. (e) Voyez Hickes, Thefaur. Linguar, Septent, præf. p. &

(c) Dunelm eft un nom compofé de deux mots Saxons; Dun, montagne, & Holme, lieu fitué au milieu des eaux.

(4) Voyez les Histoires de

renfermoit (f). On le traita avec plus de respect MARS 20. que les autres Corps Saints, & il ne fut point brûlé comme ceux de S. Edmond, Roi & Martyr, de faint Thomas, &c. Les Officiers du Roi ayant emporté tout ce qui leur avoit paru mériter leur attention, le laifferent enterrer à l'endroit au-deffus duquel avoit été la Châffe. Le Lord, Vicomte Montaiguë, donna l'Anneau du Saint, dont la pierre étoit un faphir, à l'Evêque de Calcédoine (g) qu'il avoit retiré chez lui durant la perfécution fufcitée contre les Catholiques (h). L'Evêque de Calcédoine en fit préfent aux Religieufes Chanoineffes Angloifes de Paris.

Lorfqu'on ouvrit fon tombeau, on y trouva une copie de l'Evangile felon faint Jean, faite d'après l'exemplaire de faint Boifil. Le Comte de Litchfield qui en étoit poffeffeur, en a fait préfent à M. Thomas Philips, Chanoine de Tongres, & Miffionnaire en Angleterre. On ne peut douter de l'authenticité de cette piece, du rapport même des plus habiles Antiquaires d'entre les Protestants qui Pont examinée avec foin

[ocr errors]

La vie de faint Cuthbert étoit une priere prefque continuelle. Rien ne pouvoit le diftraire de ce faint exercice; il y confacroit le jour & une grande partie de la nuit. Son efprit étoit fans ceffe

(g) Voyez les Flores Hift. Ecclef. p. 120.

(f) Nous apprenons ceci de qui avoit été attachée à la Reine Harpsfield. Marie, & qu'elle accorda à fa maison un privilege tacite, en ne permettant pas qu'on y fit des recherches pour le fait de Religion. Plufieurs Prêtres Catholiques s'y cacherent, & il s'y en trouva jusqu'à soixante en même temps.

(h) M. l'Évêque de Calcédoine (Richard Smith) rapporte dans fon Hiftoire de la Vie de Marguerite Montaiguë, que la Reine Elizabeth eut toujours de grands égards pour cette Dame!

Occupé de Dieu & des chofes céleftes; il eût regardé comme perdu le moment dont l'emploi MARS 20. n'eût pas eu pour fin la gloire du Seigneur. Il ne ceffoit de méditer fur les attributs de la Divinité, fur le myftere ineffable de l'Incarnation, fur la doctrine, les actions & les fouffrances de JesusChrift. Par-là il purifioit de plus en plus les affections de fon cœur ; il entretenoit cette foif infatiable des biens éternels; il acquéroit cette union intime avec Dieu, dans laquelle on trouve un avant-goût des chaftes délices du ciel. Tel eft le propre de la contemplation. Elle éleve l'ame au-deffus des fens, & lui découvre un nouveau monde, dont les richeffes & la beauté la raviffent hors d'elle-même. Sainte Thérefe avoit coutume de dire au fortir de la priere, qu'elle venoit d'un monde, auquel mille mondes comme celui-ci ne pouvoient être comparés. Saint Bernard ne fe prêtoit qu'avec regret à la néceffité de converfer avec les hommes; il craignoit que l'attachement aux créatures n'arrachât fon ame des chaftes em braffements de fon célefte époux.

LE MÊME JOUR. SAINT MARTIN DE DUME, ARCHEVÊQUE DE BRAGUE en Galice, & aujourd'hui en Portugal.

+580

CE Saint, qui étoit originaire de Pannonie,

fe

rendit fi habile dans les fciences, qu'au jugement de faint Grégoire de Tours, il furpaffoit tous ceux de fon fiecle. Il fit un pélerinage en Palestine pour vifiter les Lieux Saints; après quoi il paffa dans

[ocr errors]

la Galice où les Sueves, infectés de l'héréfie MARS 20. Arienne, avoient établi leur domination. Il y inftruifit dans la Foi le Roi Théodomir, qui avoit été guéri de la lepre par l'interceffion de faint Martin de Tours. Par fes prédications le nouvel Apôtre ramena cette partie de l'Espagne à l'unité catholique. Il y bâtit vers l'an 560 plufieurs Monafteres, dont le principal fut celui de Dume. près de la ville de Brague, aujourd'hui en Portugal. Il prit la conduite de ce Monaftere. Les Evêques de la Province l'érigerent en Evêché par refpect pour le mérite extraordinaire du Saint, qu'ils éleverent fur le nouveau Siege en 567. Les Rois des Sueves voulurent que Martin fût l'Evêque de leur Cour; ce qui l'a fait appeller Evêque de la famille royale, par l'Auteur d'une ancienne Notice du pays. Il continua fon premier genre de vie, & gouverna toujours fes Religieux avec une parfaite régularité.

Il fut enfuite élevé fur le Siege de Brague, Métropolitain de toute la Galice (a). Il a toujours été regardé comme une des plus brillantes lumieres de l'Eglife d'Espagne, & comme un des plus beaux ornements de l'état monaftique. Fortunat, qui lui a adreffé les premiers vers de fon cinquieme livre, dit de lui qu'il avoit hérité du nom & du mérite de faint Martin de Tours. Il n'a pas moins fervi l'Eglife par fes Ecrits que par fes vertus (b). Il mourut le 20 Mars 580, & eft

matie de toute l'Espagne. L'Évêché de Dume fut réuni à celui de Brague dans le feptieme fiecle.

(a) Ou des Eglifes des Sueves en Espagne. La ville de Brague avoit reçu de bonne heure les Lumieres de la Foi ; & fut depuis délivrée des premieres du joug (b) Les Écrits de S. Martin des Sarrafins. C'eft pour cela que de Dume font: 1°. une Colfon Archevêque a difputé long-lection de quatre-vingt-quatre Ca temps à celui de Tolede la Pri-nons. Elle est adressée à Nitigius,

« PrécédentContinuer »