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notre Ecrivain emploie pour le peindre. Si M. de Pombal a rendu à fes Concitoyens les plus grands fervices, il leur a fait effuyer les plus défolans revers. Pour le voir dans le brillant de fa gloire, il faut le confidérer lors du tremblement de Lisbonne. La pru.dence, l'activité, le courage qu'il a apportés dans ce défaftre, lui ont mérité les éloges de la politique, de la Patrie & de l'humanité. L'Auteur trace d'un ftyle brûlant, la defcription de cette catastrophe fanglante, & les efforts étonnans que M. de Pombal a faits pour fauver la Capitale de fon Pays.

L'Ouvrage de M. le Comte d' Albon a fans doute quelques imperfections, que j'ai fait obferver dans mon premier extrait; mais il fuppofe dans fon Auteur, un coup d'œil: jufte, une tête forte, une imagination riche & brillante, une ame honnête & fenfible. On ne fauroit trop l'exhorter à continuer des travaux auffi utiles. En mettant au jour le réfultat de fes obfervations touchant l'Allemagne la Pologne & la Ruffie, il feroit fur

toute l'Europe un corps complet d'Ouvrage d'un genre neuf, & enrichiroit notre Littérature, appauvrie par la foule de ces productions fuperficielles, que notre fiècle a vu naître, & qui s'augmentent chaque jour.

LETTRE IX.

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Almanach Littéraire ou Etrennes d'Apollon. A Athènes ; & fe trouve à Paris, chez les Libraires des Nouveautés..

'ÉTOIT la mode, if y a quelques années, Monfieur, de mettre toutes les Sciences jufqu'à la Chymie, en Dictionnaires portatifs. Bientôt on a trouvé ces abrégés encore trop volumineux; & comme notre frivolité va toujours en augmentant, on eft obligé aujourd'hui de réduire toutes les connoiffances humaines en légers. Almanachs de poche. Après cela, fii le Public refte ignorant, ce ne fera pas la faute des Auteurs dont l'efprit ouple & complaifant a pris toutes les

formes poffibles pour essayer d'intérel fer le caprice, & de fixer l'inconftance.

M. Daquin femble y avoir réussi plus que perfonne. Depuis quelques années on attend toujours avec un nouvel empreffement fes Etrennes Littéraires, Sa reconnoiffance envers fes lecteurs l'empêche de faire languir leur avidité: il les fert un mois d'avance. Mais fi fes autres confrères les Rédacteurs d'Almanachs, s'avifent de fe piquer d'émulation, & d'anticiper les uns fur les autres, infenfiblement l'ordre annuel fe trouvera interverti, & les préfens de Janus fe feront dans la faifon de Cerès ou de Flore, jufqu'à ce que leur marche rétrograde ramène ces rivaux à l'époque dont ils s'étoient éloignés par un excès d'ardeur.

Au furplus, quoi qu'il en puiffe arriver, fachons gré à M. Daquin de fon zèle à fe montrer toujours le premier qui nous étrenne, fi le goût a préfidé à fon recueil, & s'il a fçu y mêler l'utile à l'agréable,: car ces deux mots doivent être la devife de ces fortes d'ouvrages. Parcourons ra

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pidement celui dont il s'agit pour nous affurer de fon mérite, & le garantir à ceux qui veulent bien s'en rapporter à nous.

Parmi les pièces qui le préfentent d'abord, & que par cette raifon l'Editeur appelle Variétés préliminaires, je: trouve le portrait d'un parvenu, par M. de la Louptiere, qui a fçu rajeunir affez heureusement un fujet rebattu., Le Nouveau Pigmalion, par M. Bret, vous plaira davantage. C'eft un amant, qui apoftrophe le bufte de fon infenfible Iris, & qui après quelques jolis. détails, finit ainfi :

Jamais dans fes tranfports brûlans,
En idolâtrant fa ftatue,

Pigmalion n'eut l'ame plus émue;

Si

Accablé des maux que je fens,

mon deftin me fait verfer des larmes ;

Je les répands fur vous & j'y trouve des

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Bufte chéri, vous êtes tout pour moi ;
Iris de l'amoureuse loi

Veut toujours défendre fon ame;
Je fuis forcé de lui cacher ma flamme.
C'eft à vous feul à recevoir ma foi.

Voici une moralité de M, Guyetand rimée avec affez d'aifance, & qui d'ail. leurs renferme un trait précieux pour les ames fenfibles.

Un gros Abbé dont la foie & l'hermine Enveloppoient mollement l'embonpoint, Rencontre un pauvre en forme de pourpoint,

Quatre haillons couvroient fa maigre

échine:

Tous deux enfemble ils fortoient du faint

lieu;

L'un en montrant fa face radieufe,

Très bien on fait que c'eft l'homme de

Dieu )

L'autre, fa mine have & cadavereufe.
Sous le portail le pauvre ofe approcher
Du gros élu, lui fait humble prière ;
Puis un barber qu'avoit le pauvre here,
Qu'en fon malheur il favoit s'attacher,
Et qui joyeux partageoit sa misere,
A fa façon veut auffi le toucher.

Ce que voyant l'heureux homme d'églife: - Un chien à toi! quand toi même n'as zien.

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