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que Charles IX alla voir au gibet le corps de l'amiral de Coligny, et que, comme les courtisans se plaignaient de l'odeur que commençait à exhaler le cadavre, Charles, renouvelant l'horrible mot d'un empereur romain, leur dit : Sachez que le corps d'un ennemi mort ne sent jamais mauvais. -Jourdain Delisle, un des puissans seigneurs du xiv siècle, célèbre par ses brigandages et ses cruautés jusque-là impunis, s'avisa de faire périr un sergent du roi, qui lui signifiait un ajournement. Le haut, puissant et redouté baron fut arrêté, conduit à Paris et pendu (1). En 1591, Brisson, choisi par la ligue pour occuper la place du premier président de Harlay, qui était alors prisonnier à la Bastille, fut arrêté le 15 novembre, par la faction des Seize, et conduit au petit Châtelet, où il fut pendu à une poutre de la chambre du conseil, avec deux autres conseillers, Larcher et Tardif.

ILE DE FRANCE. On y pend les noirs esclaves pour le moindre vol.

ITALIE. Le supplice de la corde y était appliqué aux assassins et aux rebelles. En 1155, le fameux Arnaud de Bresse, disciple d'Abeilard, qui,

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(1) Le curé de Saint-Merry, instruit que ce brigand avait épousé la nièce du pape, s'empressa, pour faire sa cour au saint père, d'enterrer le corps de Jourdain Delisle dans son église; et, pour ne pas perdre le mérite d'une si belle action, il lui adressa une lettre dans laquelle il lui disait : « A peine votre neveu était-il pendu, qu'avec grand luminaire nous allâmes le prendre à la potence, et nous le fîmes porter en notre église, où nous l'avons enterré » honorablement et gratis.

dix ans auparavant, ayant excité une sédition contre le pape Eugène III, avait réussi à le faire chasser, fut livré à son successeur Adrien IV par l'empereur Frédéric, auprès duquel il s'était retiré lors qu'Eugène rentra dans Rome. Adrien condamna cet enthousiaste turbulent à être pendu et brûlé; il décida que ses cendres seraient jetées dans le Tibre, de peur que ses sectateurs n'en fissent des reliques. -En 1763, une femme est condammée à Crémone, comme complice de l'assassinat de son mari, à être pendue, et son corps jeté dans le Pô. Cette infortunée dément ce crime horrible; mais elle ne peut rendre compte de l'absence de son mari. On l'applique à la question; elle avoue le crime; elle est exécutéc. Quatre jours après, le mari se présente. Il cherche à justifier sa femme; mais on lui dit que, puisqu'elle a été pendue pour l'avoir fait mourir, il ne peut être qu'un imposteur.

JUIFS. La suspension ou la corde était en usage chez ce peuple; mais il n'est pas bien sûr qu'on pendît les coupables vivans. Les savans de cette nation disent qu'il n'y avait que les blasphémateurs et les idolâtres qu'on pendait ainsi : pour les autres, on leur ôtait apparemment la vie d'une autre manière, et l'on suspendait ensuite leur corps à un poteau ou à une croix.

MALABAR. Le traitement que le fameux conquérant Ayder-Kouli-kan faisait souffrir aux Malabares, dont les prisonniers étaient tous pendus par ses ordres, fait présumer que ce supplice était usité dans l'Inde, au moins dans les derniers siècles.

Peut-être avait-il été importé par les Européens, dont Ayder était l'allié.

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MAROC. Lorsqu'un malfaiteur est condamné, on le promène dans toutes les rues de la ville, les mains liées derrière le dos, et il doit lui-même annoncer au peuple le sujet pour lequel on le fait mourir. Arrivé au lieu du supplice, on le pend par les pieds à un gibet, et on lui coupe la gorge. Le cadavre reste ainsi suspendu un ou deux jours.

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MAZOVIE. En 1707, Charles XII, roi de Suède, se met à la tête de quarante-cinq mille hommes, et s'avance vers la Mazovie. Six mille paysans lui députent un vieillard de leur corps. Cet homme, d'une figure extraordinaire, vêtu de blanc, et armé de deux carabines, harangue Charles XII. Le monarque fait un signe et l'orateur n'est plus. Les paysans, désespérés, se retirent et s'arment. On les poursuit, on saisit tous ceux qu'on trouve, et on les oblige de se pendre les uns les autres. Le dernier est forcé de se passer lui-même la corde au cou, et d'être son propre bourreau.

ROMAINS. On peut considérer comme une véritable pendaison le supplice de la croix, surtout quand on y fixait le patient avec des cordes. Cette peine n'était guère infligée qu'aux esclaves ou aux barbares, c'est-à-dire aux étrangers. On l'avait cependant employé, dans certains cas, comme châtiment militaire.

RUSSIE. L'histoire de cet empire offre un exemple celèbre de ce genre de supplice, en la personne d'un Démétri, le quatrième des six, qui successi—

vement prétendirent être le Démétri ou Démétrius, fils de Jean Basilides, dont la mort avait été ordonnée, en 1584, par son frère Fédor, et qu'on prétendait n'avoir pas été tué. Ce quatrième Démétrius parut en 1610, et fut reconnu czar par la ville de Pleskou, où il tint sa cour pendant quelques années. Mais bientôt toute la Russie ayant reconnu Michel, fils de Fédor, Démétrius fut livré par les habitans de Pleskou, et finit par être pendu.

TURQUIE. Pour les crimes autres que l'assassinat, et qui méritent la mort, le supplice est d'être pendu. L'instrument qui sert à cette exécution, est une potence formée de deux poteaux joints à leurs sommets par une traverse. Des clous droits sont fixés sur la traverse et sur les poteaux. Le patient est amené par les bourreaux, et placé entre les deux poteaux, ayant une corde nouée au cou par une extrémité. Un des bourreaux jette la corde par l'autre bout sur la traverse, hisse le patient à deux pieds de terre, et attache la corde à l'un des poteaux. Le pendu, dont les bras sont libres, peut retarder sa mort, en saisissant la corde au-dessus de sa tête, et se retenir ainsi tant que ses forces le lui permettent; peut-être cette faculté n'est-elle qu'un raffinement de cruauté, car elle prolonge l'attente et la crainte du dernier moment, et par là double le tourment du criminel. Un chrétien surpris avec une femme ou une fille turque est pendu, à moins qu'il ne change son chapeau pour un bonnet. La femme ou la fille ses complices sont mises dans un sac et noyées; puis on expose

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