vérité tellement démontrée, même aux yeux des préopinans, que je me dispense de l'établir ici. » Je crois avoir prouvé que les alarmes des orateurs qui m'ont précédé étaient vaines et sans aucun fondement, que le projet était bon en lui-même, et qu'il devait être adopté. On a dit que, puisque la formation de la Légion pouvait n'avoir lieu qu'en l'an XII, il n'y aurait point d'inconvénient à renvoyer le projet à la session prochaine. Si vous adoptiez cette proposition, ce serait donner à croire que les objections par lesquelles on l'a combattue ont jeté quelques racines dans vos âmes. Comme je suis persuadé du contraire, j'insiste, au nom de la section dont je suis l'organe, sur la proposition que je vous ai faite, de voter l'adoption du projet. » Après avoir entendu Lucien Bonaparte, le Tribunat ferma la discussion, et procéda à l'appel nominal. L'adoption du projet de loi fut votée à la majorité de 56 suffrages contre 38. S'il faut en croire l'auteur des Mémoires sur le Consulat, ouvrage que nous avons déjà cité, l'imprudence du dernier orateur enleva beaucoup de voix au projet. En effet, Lucien Bonaparte manqua de mesure en voulant réfuter les objections de ses adversaires; et son discours était plutôt une sorte d'acte d'accusation contre eux qu'un plaidoyer en faveur du projet de loi qu'il s'était chargé de défendre. Cet oubli des convenances put indisposer quelques-uns des membres qui approuvaient l'établissement de la Légion-d'Honneur. Les paroles violentes, les récriminations injurieuses de Lucien exercèrent aussi une influence fâcheuse sur le Corps-Législatif. L'opposition s'y abstint de parler contre le projet, et ne se montra qu'au moment du scrutin. Les discours de Lucien Bonaparte, de Roederer, de Fréville, de Marmont, de Girardin et de Dumas, privé de l'intérêt d'une discussion contradictoire, ne furent guère que la reproduction des moyens et des argumens employés par les défenseurs du projet devant le Tribunat. Il ne fut adopté qu'à une faible majorité: le scrutin donna pour résultat 166 boules blanches et 110boules noires. L'assemblée se composait de 276 votans. CHAPITRE V. Organisation de la Légion-d'Honneur. - Divers arrêtés relatifs à son administration. Choix du grand-chancelier et du grand - trésorier de la Légion. Napoléon empereur des Français. Composition du grand-conseil de la Légion. — Les chefs des seize cohortes. Prestation du serment dans la chapelle des Invalides, le jour de l'anniversaire du 14 juil let 1789. 1809 - 1804. L'OPINION publique, que Bonaparte avait consultée avant de soumettre auTribunat et au CorpsLégislatif la loi sur la création d'une Légion. d'Honneur, en ratifia l'adoption légale par les suffrages et l'expression d'une plus vive sympathie pour le Gouvernement régénérateur. Tous les citoyens furent unanimes dans ce sentiment |