. Aux frontières de nos provinces, Colbert, toi qui dans ta patrie De Louvois, dont la main terrible Et qui fous la mer irritée, Que Louis, jufqu'au dernier. âge, Fut des peuples l'heureux modèle, Et lui le modèle des rois. ODE ODE AU ROI DE PRUSSE, SUR SON AVÉNEMENT AU TRONE, 'St-ce aujourd'hui le jour le plus beau de ma vie? Est-ce Ne me trompai-je point, dans un espoir fi doux ? Vous régnez. Eft-il vrai que la philosophie Va régner avec vous ? 糕 Fuyez loin de fon trône, impofteurs fanatiques, Vils tyrans des efprits, fombres perfécuteurs ; Vous dont l'ame implacable, & les mains phrénétiques Ont tramé tant d'horreurs. 糕糕 Quoi! je t'entens encor, abfurde calomnie! C'eft toi, monftre inhumain, c'est toi qui poursuivis Et Defcartes & Bayle, & ce puiffant génie, * Succeffeur de Leibnitz. Wolf chancelier de l'univerfité de Hall. Il fut chaffé fur la dénonciation d'un théologien, & rétabli enfuite. Voyez la préface de Tu l'hiftoire du Brandebourg où il eft dit, qu'il a noyé le Systême de Leibnitz dans un fatras de volumes, & dans un déluge de paroles. Tu prenais fur l'autel un glaive qu'on révère, Pour frapper faintement les plus fages humains. Mon roi va te percer du fer que le vulgaire Adorait dans tes mains. Il te frappe, tu meurs, il venge notre injure; La terre élève au ciel une voix libre & pure, Et vous de Borgia déteftables maximes, Science d'être injufte à la faveur des loix, Art d'opprimer la terre, art malheureux des crimes, Qu'on nomme l'art des rois. 糕糕 Périffent à jamais vos leçons tyranniques; Le crime eft trop facile, il eft trop dangereux. Un efprit faible eft fourbe, & les grands politiques Sont les cœurs généreux. Ouvrons du monde entier les annales fidelles, Voyons-y les tyrans; ils font tous malheureux; Les foudres qu'ils portaient dans leurs mains criminelles Sont retombés fur eux. Ils font morts dans l'oprobre, ils font morts dans la rage, Mais Antonin, Trajan, Marc-Aurèle, Titus, Tout fiècle eut fes guerriers; tout peuple a dans la guerre Signalé des exploits par le fage ignorés. Cent rois que l'on méprise ont ravagé la terre. On a vu trop longtems l'orgueilleufe ignorance. Infulter aux talens, aux arts, à la science, Avec un ris moqueur, avec un ton de maître, Un esclave de cour, enfant des voluptés, S'eft écrié fouvent, Eft-on fait pour connaître ? Il n'en eft point pour vous, ame ftupide & fière. ODE SUR LA MORT DE L'EMPEREUR CHARLES VI. 2. Novembre 1740. L tombe pour jamais, ce cèdre dont la tête Et dont les grands rameaux ombrageaient tant d'états. Sa racine eft coupée Voilà ce roi des rois, & fes grandeurs fuprêmes : Un refte de pouffière Eft ton feul monument. Son nom même eft détruit; le tombeau le dévore; Et fi le faible bruit s'en fait en tendre encore, Mélanges &c, I On |