Images de page
PDF
ePub

A

gne avoir de moi. Il a la qualité de prince de trop, & s'il n'était qu'un fimple particu

lier, on fe ferait un honneur de vivre avec lui en fociété. Je vous porte envie, monfieur, d'en jouir; & vous félicite d'autant plus, que vous ne le devez qu'à vos talens & à vos fentimens, &c.

REPON

REPONSE

D E

MONSIEUR DE VOLTAIRE

A MONSEIGNEUR

LE CARDINAL DE FLEURY.

J'ai

'Ai reçu, Monseigneur, votre lettre du 14. que monfieur le marquis de Beauveau m'a remife. J'ai obéi aux ordres que votre éminence ne m'a point donnés. J'ai montré votre lettre au roi de Pruffe; il eft d'autant plus fenfible à vos éloges, qu'il les mérite; & il me paraît, qu'il fe difpofe à mériter ceux de toutes les nations de l'Europe. Il eft à fouhaiter pour leur bonheur, ou du moins pour celui d'une grande partie, que le roi de France & le roi de Pruffe foient amis. C'est votre affaire. La mienne eft de faire des vœux, & de vous être toujours dévoué avec le plus profond respect.

A Berlin

ce 26. Novembre 1740.

LETTRE

LETTRE

DE

MONSIEUR

LE CARDINAL ALBERONI

A MR. DE VOLTAIRE.

A Rome

le 10. Février 1735.

It m'eft arrivé affez tard, monfieur, la con

naiffance de la vie que vous avez écrite du feu roi de Suède, pour vous rendre bien des graces pour ce qui me regarde. Votre prévention & votre penchant pour ma perfonne vous a porté affez loin, puifqu'avez votre style fublime vous avez dit plus en deux mots de moi, que ce qu'a dit Pline de Trajan dans fon pa-. négyrique. Heureux les princes, qui auront le bonheur de vous intéreffer dans leurs faits! Votre plume fuffit pour les rendre immortels. A mon égard, monfieur, je vous protefte les fentimens de la plus parfaite reconnaiffance; & je vous affure, monfieur', que perfonne monde ne vous aime, ne vous eftime & refpecte plus que le cardinal ALBERONI.

au

REPON

REPONSE

DE

MONSIEUR DE VOLTAIRE.

L

MONSEIGNEUR,

A lettre dont votre éminence m'a honoré eft un prix auffi flateur de mes ouvrages, que l'eftime de l'Europe a dû vous l'être de vos actions. Vous ne me deviez aucun remerciment, monfeigneur ; je n'ai été que Vorgane du public en parlant de vous. La liberté & la vérité, qui ont toujours conduit ma plume, m'ont valu votre fuffrage. Ces deux caractères doivent plaire à un génie tel que le vôtre. Quiconque ne les aime pas, pourra bien être un homme puiffant, mais ne fera jamais un grand homme. Je voudrais être à portée d'admirer de plus près celui à qui j'ai rendu juftice de fi loin. Je ne me flate pas d'avoir jamais le bonheur de voir votre émi nence. Mais fi Rome entend affez fes intérêts pour vouloir au moins rétablir les arts, le commerce, & remettre quelque fplendeur dans un pays qui a été autrefois le maître de la plus belle partie du monde, j'efpère alors que je vous écrirai fous un autre titre, que fous celui de votre éminence, dont j'ai l'honneur d'être avec autant d'eftime que de refpect, &c.

PRE

[blocks in formation]

Quoique je n'aye pas la fatisfaction de vous

connaitre perfonnellement, vous ne m'en êtes pas moins connu par vos ouvrages. Ce font des trésors d'efprit, fi l'on peut s'exprimer ainfi, & des piéces travaillées avec tant de goût, que les beautés en paraiffent nouvelles chaque fois qu'on les relit. Je crois y avoir reconnu le caractère de leur ingénieux auteur, qui fait honneur à notre fiécle & à l'efprit humain. Les grands hommes modernes Vous auront un jour l'obligation, & à vous uniquement, en cas que la difpute, à qui d'eux ou des anciens la préference eft due, vienne à renaître, que vous ferez pencher la balance de leur côté,

[ocr errors]

Vous ajoutez à la qualité d'excellent poëte, une infinité d'autres connaiffances, qui à la vérité ont quelque affinité avec la poëfie, mais qui ne lui ont été appropriées que par

« PrécédentContinuer »