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Mais non, fur la voûte éternelle,
Les dieux vous ont reçû, dit-on,
Et vous ont mis entre Apollon
Et le fils joufflu de Sémèle.
Du haut de ce divin canton,
Defcendez, aimable Chapelle.
Cette familière oraison,
Dans la demeure fortunée,
Reçut quelque approbation;
Car enfin, quoique mal tournée,
Elle était faite en votre nom.
Chapelle vint. A fon aproche,
Je fentis un transport foudain;
Car il avait fa lyre en main,
Et fon Gaffendi dans fa poche;
Il s'appuyait fur Bachaumon,
Qui lui fervit de compagnon
Dans le récit de ce voyage,
Qui du plus charmant badinage
Fut la plus charmante leçon.

Gaffendi avait élevé la jeuneffe de Chapelle, qui devint gtand pattifan du fyftême de philofophie de fon précepteur. Toutes les

Je

fois qu'il s'enyvrait, il ex-
pliquait le fyftême aux con-
vives; & lorfqu'ils étaient
fortis de table, il continuair
la leçon au maître-d'hôtel.

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Je lui demandai, comme il s'y prenait autrefois dans le monde,

Pour chanter toujours fur fa lyre
Ces vers aifés, ces vers coulans,
De la nature heureux enfans,
Où l'art ne trouve rien à dire ?
L'amour, me dit-il, & le vin,
Autrefois me firent connaître
Les graces de cet art divin:
Puis à Chaulieu l'épicurien
Je fervis quelque tems de maître,
Il faut que Chaulieu foit le tien.

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REPONSE

A LA

PRECEDENTE.

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E n'aurais jamais cru qu'un homme comme vous, monfieur, eût pû croire aux efprits & moins encor ajouter foi à ce qu'ils difent quand ils veulent bien revenir, je ne fais pas d'où. La fecte des philofophes, où vous avez la bonté de m'affocier de votre autorité, m'a fait douter, grace au ciel, de l'apparition de Chapelle, & m'a préfervé des coquetteries de fon ombre, de votre politeffe, & de la com

plaifance

plaifance de mon amour- propre, que vous avez tâché fi galamment de mettre de la partie. Parmi toutes les bonnes raifons que vous devez avoir de vous défier un peu de cette apparition, vous en avez une effentielle en vous, qui doit vous déterminer à ne la pas croire, & qui m'y a, en mon particulier, entiérement déterminé.

D'une ombre qui vous dit de me prendre pour
Ne croyez pas l'illufion.

maître

Quand avec vos talens le ciel vous a fait naître,
Il n'est pour vous de maître qu'Apollon,

Voilà en trois mots ce que je puis répondre à la plus jolie lettre du monde, que vous m'avez écrite, trop flateufe pour l'écouter

trop brillante d'imagination pour me hazarder à y faire une réponse en forme, qui ferait indigne peut-être d'un élève de Chapelle, à qui vous pourriez la montrer dans le commerce étroit où je vous vois avec lui quarante ans après fa mort.

Mais fi je me défie de mon efprit, je fuis toujours fûr de mon cœur ; & je vais répondre au fentiment d'eftime & d'amitié que j'ai pour me demandez une marque dont vous effentielle, qui eft de vous dire avec la fincérité dont je fais profeffion, ce que je penfe de la petite affaire dont vous me faites ouverture

vous,

&c.

A Paris ce 26. Juillet 1717.

A MONSIEUR

LE PRESIDENT HENAUT,

AUTEUR D'UN OUVRAGE EXCELLENT

SUR L'HISTOIRE DE FRANCE.

A Cirey ce 1. Sept. 1744.

Déeffe de la fanté,

Fille de la fobriété,

Et mère des plaifirs du fage,

Qui fur le matin de notre âge

Fais briller ta vive clarté,

Et répans ta férénité

Sur le foir d'un jour plein d'orage.
Q déeffe, exauce mes vœux;

Que ton étoile favorable

Conduifé ce mortel aimable:

Il eft fi digne d'être heureux.
Sur Hénaut tous les autres dieux
Verfent la fource inépuisable

De leurs dons les plus précieux,
Toi, qui feule tiendrais lieu d'eux,'
Serais-tu feule inexorable?

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Ramène à fes amis charmans,
Ramène à fes belles demeures
Ce bel-efprit de tous les tems,
Cet homme de toutes les heures.
Orne pour lui, pour lui fufpens
La courfe rapide du tems,
Il en fait un fi bel ufage:
Les devoirs, & les agrémens,
En font chez lui l'heureux partage.
Les femmes l'ont pris fort fouvent
Pour un ignorant agréable;
Les gens en as pour un favant,
Et le dieu joufflu de la table
Pour un connaiffeur fi gourmand.
Qu'il vive autant que fon ouvrage;
Qu'il vive autant que tous les rois,
Dont il nous décrit les exploits,
Et la faibleffe & le courage,
Les mœurs, les paffions, les loix,
Sans erreur & fans verbiage.

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Qu'un bon eftomac foit le prix
De fon cœur, de fon caractère,
De fes chanfons, de fes écrits.
Il a tout, il a l'art de plaire
L'art de nous donner du plaifir,
L'art fi peu connu de jouïr:

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