'Ourmont, vous, & les Dudeffans, C'est-à-dire les agrémens,
L'efprit, les bons mots, l'éloquence, Et vous, plaifirs, qui valez tout, Plaifirs, que je fuivis par goût, Et les Newtons par complaifance; Que m'ont fervi tous ces efforts De notre incertaine fcience, Et ces quarrés de la diftance Ces corpufcules, ces refforts, Cet infini fi peu traitable? Hélas! tout ce qu'on dit des corps Rend-il le mien moins miférable? Mon efprit eft-il plus heureux Plus droit, plus éclairé, plus fage Quand de René, le fonge-creux, J'ai lû le romanefque ouvrage ? Quand avec l'Oratorien *
Je vois qu'en Dieu je ne vois rien, Ou qu'après quarante escalades Au château de la Vérité,
Sur le dos de Leibnitz monté, Je ne trouve que des monades? Ah! fuyez, fonges impofteurs, Ennuyeufe & froide chimère; Et puifqu'il nous faut des erreurs, Que nos menfonges fachent plaire. L'efprit méthodique & commun Qui calcule un, par un, donne un, S'il fait ce métier importun,
C'est qu'il n'eft pas né pour mieux faire. Du creux profond des antres fourds De la fombre philofophie,
Ne voyez-vous pas Emilie S'avancer avec les amours? Sans ce cortège qui toujours. Jufqu'à Bruxelles l'a fuivie, Elle aurait perdu fes beaux jours, Avec fon Leibnitz qui m'ennuye.
Evers Pâque on doit pardonner Aux chrêtiens qui font pénitence:
Je l'ai fait un fi long filence
A de quoi me faire damner. Donnez-moi plénière indulgence. Après avoir en grand courier Voyagé pour chercher un fage, J'ai regagné mon colombier Je n'en veux fortir davantage; J'y trouve ce que j'ai cherché ; J'y vis heureux, j'y fuis caché. Le trône, & fon fier esclavage, Ces grandeurs dont on eft touché, Ne valent pas notre hérmitage.
Vers les champs Hyperboréens, J'ai vû des rois dans la retraite, Qui fe croyaient des Antonins; Mélanges Sc.
J'ai vu s'enfuir leurs bons deffeins Aux premiers fons de la trompette. Ils ne font plus rien que des rois. Ils vont par de fanglants exploits, Prendre ou ravager des provinces: L'ambition les a foumis ; Moi j'y renonce. Adieu les princes, Il ne me faut que des amis.
SUR LE MARIAGE DE MR. LE DUC
DE RICHELIEU AVEC MADEMOISELLE
prêtre, un oui, trois mots latins, A jamais fixent vos deftins;
Et le célébrant d'un village, Dans la chapelle de Montjeu, Très-chrêtiennement vous engage A coucher avec Richelieu, Avec Richelieu, ce volage, Qui va jurer par ce faint nou D'être toujours fidèle & fage. Nous nous en défions un peu;
Et vos grands yeux noirs pleins de feu, Nous raffurent bien davantage
Que les fermens qu'il fait à Dieu. Mais vous, madame la ducheffe Quand vous reviendrez à Paris, Songez-vous combien de maris
Viendront fe plaindre à votre alteffe? V 2
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