Il fait la mienne, & je me garde bien * Boileau. LE LE TEMPLE DU GOU T. a E Cardinal, oracle de la France, Non ce Mentor, qui gouverne aujourd'hui, Mais ce Neftor, qui du Prince eft l'appui, Vengeur du ciel & vainqueur de Lucrèce, ¿ Ce cardinal enfin, que tout le monde doit reconnaître à ce portrait, me dit un jour, qu'il voulait que j'allaie avec lui au Temple du Goût. C'est un féjour, me dit-il, qui ressemble au temple de l'Amitié, dont tout le monde parle, où peu de gens vont, & que la plupart de ceux qui y voyagent n'ont prefque jamais bien exa miné. Je répondis avec franchise; Mais pour moi, quand je vous entens, Débiter vos difcours brillans, Je vous croirais prefque infaillible. Ah! me dit-il, l'infaillibilité eft à Rome pour les chofes qu'on ne comprend point, & dans le Temple du Goût pour les chofes que tout le monde croit entendre. Il faut abfolument que vous fi veniez avec moi. Mais, infiftai-je encore, vous me menez avec vous, je m'en vanterai à tout le monde. Sur ce petit pélerinage Auffi-tôt on demandera Que je compofe un gros ouvrage : Un récit court, qui ne fera Et qui nous ment à chaque page. Cependant, comme il ne faut jamais fe refu fer un plaifir honnête, dans la crainte de ce que les autres en pourront penfer, je fuivis le guide, qui me faifait l'honneur de me conduire. Cher Rotelin, * vous fûtes du voyage, * L'abbé de Rotelin de l'académie Française. Nous Mélanges &c. X Nous rencontrames en chemin bien des ob ftacles. D'abord nous trouvâmes Mrs. Baldus, Scioppius, Lexicocraffus, Scriblerius; une nuée de commentateurs, qui reftituaient des paffages, & qui compilaient de gros volumes à propos d'un mot qu'ils n'entendaient pas. Là j'aperçus les Daciers c, les Saumaifes d, Le teint jauni, les yeux rouges & fecs, c Dacier avait une littérature fort grande; il connaiffait tout des anciens, hors "la grace & la fineffe: fes commentaires ont partout de l'érudition, & jamais de goût; il traduit groffiérement les délicateffes d'Horace. Si Horace dit à fa maîtreffe Miferi, quibus intentata nites: Dacier dit: Malheureux ceux qui fe laiffent attirer par cette bonace, fans vous connaitre. Il traduit: Nunc eft bibendum, nunc pede libero pulfanda tellus: C'est à présent qu'il faut boire, & que fans vien craindre il faut danfer de toute fa force. Mox juniores quærit adulteros: Elles ne font |