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remarque deux types bien distincts, ou plutôt l'on arrive à trouver l'homme, derrière le personnage hiératique peu

à

peu créé par l'imagerie religieuse et par la dévotion des fidèles.

Toutes les icones, qu'elles soient religieuses ou laïques, qu'elles servent au culte catholique ou au culte révolutionnaire, finissent par prendre chacune, suivant leur spécialité, une allure identique. Quand on a vu par centaines des portraits de saints, on est fatalement amené à confondre tous les personnages jetés dans le mème moule et qui ne se distinguent les uns des autres que par quelques attributs spéciaux. Tel, par exemple, saint Roch et son chien, de même que, très souvent, l'on verra apparaître saint François de Sales soit avec sainte Jeanne

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de Chantal, soit avec plusieurs religieuses de l'ordre de la Visitation. Donc, si tous les saints parviennent peu à peu à se fondre dans une seule donnée hiératique, à plus forte raison les portraits du même personnage prennent très facilement cet air de famille qu'on pourra remarquer ici.

Il convient, toutefois, d'établir une exception à cette règle pour les deux œuvres reproduites en héliogravure en tête de chacun des volumes de cette édition, représentant le prélat revétu de ses ornements épiscopaux, la main levée avec le geste de la prédication, l'une mettant au jour une physionomie remarquable par son expression de douceur, l'autre une figure plus rude, plus austère; toutes deux avec une recherche de l'individualité bien éloi

gnée du type hiératique que je viens de décrire.

A côté de l'estampe destinée à représenter sous toutes les faces, le saint en oraison, le saint écrivant, le saint revêtu de ses ornements épiscopaux, il y a les portraits de l'homme pris sur le vif et répondant réellement au signalement donné soit par Charles-Auguste, soit par ceux qui ont étudié sa physionomie.

François de Sales est bien découplé; c'est un Allobroge, c'est un montagnard carré sur sa base, aux traits fortement accentués, à la démarche pesante, le visage à la fois agréable et profond. Pour tout dire, le type ici reproduit, d'après une peinture qui ne manque pas d'une certaine allure, qui a même des habiletés dignes de l'école

espagnole, qui nous met en présence d'un homme vivant, observé dans toute sa rondeur, dans tous ses détails particuliers. Comme métier et comme expression, c'est bien réellement l'œuvre à retenir, l'œuvre qui a tenu compte de l'enveloppe humaine et qui permet de pénétrer jusqu'à l'âme du sujet.

vais plus loin; c'est l'œuvre qui doit servir de point de départ, c'est le portrait pris sur le vif avec je ne sais quelle saveur dont on arrivera à faire le François de Sales à la physionomie douce et agréable, aux traits d'une finesse remarquable, au teint d'une délicatesse exquise, aux cheveux beaux et blonds châtain, le Saint correct, officiel, à l'usage des maisons religieuses, au regard contemplatif et en

communion avec le ciel, le Saint qui procèdera toujours, plus ou moins, du portrait conservé à la Visitation de Turin.

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La question ainsi élucidée au point de vue iconographique pur, il convient, maintenant, d'examiner les documents historiques, d'autant plus que ceux-ci sont quelque peu en contradiction avec les documents peints ou gravés. En effet, d'après les premiers, le Saint n'aurait jamais consenti qu'une seule fois << à se laisser tirer »,-à plusieurs épreuves, il est vrai, — tandis que les œuvres portant l'indication « peint à tel ou tel âge de sa vie » sont encore assez nombreuses et que, d'autre part,

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