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CHAPITRE V.

Considérations sur la cause des Grecs;

ils surprennent un

Cypre, évène

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convoi turc. Mouvements maritimes.

ments.

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Mar

Femme française mariée au pacha de Jérusalem. Couvent catholique du mont Carmel détruit. Les Anglais favorisent ouvertement les Turcs. Arrivée de leur escadre à Zante; elle débloque le capitana - bey. tyre de l'évêque de Coron, et de Timothée, diacre de Messénie; - de sa sœur et d'un jeune enfant. Victoire des Thermopyles. Déroute des Turcs. Combats partiels devant Patras. La flotte turque, pilotée par le bâtiment anglais la Zénobie, attaque et détruit Galaxidi. - Siége de Tripolitza, dirigé par des officiers français. Leurs noms. - Mavrocordatos est envoyé en Etolie.-Cantacuzène quitte la Morée. D. Hypsilantis, trompé, se rend à Calavryta.— Elmas bey et ses toxides capitulent. - Avidité de plusieurs chefs grecs. Mécontentement de leurs soldats. Bombardement de Tripolitza. Assaut et prise de la ville par les Grecs. Versions diverses à ce sujet. Doutes relatifs au rapport de M. Voutier.

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Départ des Schy- Massacre horrible des

petars; - leur attitude menaçante. Turcs et des Juifs; Joseph, évêque d'Andréosa, délivré, prie pour ses ennemis. Affaires de Zante. Assassinat d'un anglais. Émeute, ses conséquences funestes. - Allées et venues de la flotte ottomane; -elle fait voile vers

le Levant.

-

VICTORIEUSE ou anéantie, les couronnes de la gloire étaient réservées à la Grèce. Le sang de ses martyrs, les succès éclatants que ses escadres, couvertes du pavillon de la Croix, avaient obtenus à Sygrium et à Mycale, avaient porté la terreur parmi les barbares, deux fois battus à l'attaque de Samos,

où ils perdirent l'élite de leurs soldats; car c'étaient des Asiatiques de Trébizonde, de Synope et de Cérasonte, qu'on avait embarqués à Constantinople dans la persuasion que les chrétiens ne pourraient pas soutenir la férocité de leurs regards. Les têtes d'un grand nombre tapissaient la plage de Vathi, sur laquelle ils avaient abordé; et le capitan pacha, témoin de leur défaite, avait depuis cinglé vers Rhodes. Il y préparait de nouveaux armements; et le bruit, généralement répandu, qu'il se proposait de tirer vengeance des Samiens, lui fournissait des recrues, qui lui arrivaient avec assez de facilité, depuis que les Grecs avaient évacué le poste de Château-Rouge. Il reçut aussi les divers contingents des grands feudataires de la Lycie, qui habitent entre le promontoire Sacré et l'embouchure du Calbis. Après cette opération, il mit à la voile, afin de prendre sous son escorte plusieurs vaisseaux, que les agas d'Eski - Hissar, de Mélassos, d'Assem Kalési, d'Upha-Baphi, de Kapousch, d'Ortaki, de Guzel Hissar, de Thyrra et d'Akhissar ou Thyatire, avaient chargés de troupes destinées à servir sous ses ordres.

Smyrne, impatiente de se délivrer d'une soldatesque effrénée, qui campait, depuis plusieurs mois, à l'entrée de sa rade, avait de son côté nolisé des vaisseaux, sans s'inquiéter du sort de ceux qu'on y entassait. Malgré le désir qu'on avait de se défaire de semblables hôtes, les préparatifs de l'expédition s'exécutèrent avec une telle lenteur, que cette division navale n'appareilla qu'au moment où des

courriers vinrent annoncer l'approche de la flotte ottomane. Les hordes qu'elle devait convoyer sortirent aussitôt du golfe Herméen. Elles étaient escortées par une goëlette et un trabacolo de la marine algérienne, qui n'eurent pas plus tôt gagné le large, que les Barbaresques revirèrent de bord, en faisant leurs adieux et des souhaits de bon voyage à ceux qu'ils n'osaient pas se risquer d'accompagner plus loin.

Ils les avaient quittés en vue des Spalmadores; et les bâtiments de transport, trouvant devant eux une mer nette, s'exhalaient en bravades. Un vent propice les poussait; lorsqu'après avoir doublé le cap septentrional de Chios, ils aperçurent une flottille grecque de douze bricks, qui portait sur eux toutes voiles dehors. Il était également impossible de rétrograder et de gagner le mouillage de Chios. Les Turcs, effrayés de leur position, manœuvrèrent aussitôt vers la terre ferme, dans l'intention de s'y échouer; mais les Grecs, gagnant de vitesse, les suivirent et les attaquèrent, sans leur laisser le temps d'exécuter leur dessein ni de se préparer au combat.

La canonnade commença par pelotons. Les Turcs, ranimés par le courage du désespoir, y répondirent avec vivacité; plusieurs fois même, ils se présentèrent franchement bord à bord avec leurs adversaires, qui, profitant du mouvement de la vague, lorsqu'elle découvrait la carène des vaisseaux ottomans à leur artillerie, y causaient de grands dommages. Enfin, ceux-ci se trouvant, après un enga

gement de deux heures, dans l'impossibilité de résister, se jetèrent dans leurs embarcations, en mettant le feu aux navires qu'ils abandonnaient. Un grand nombre se noyèrent en cherchant à gagner la terre; les blessés devinrent la proie des flammes, et les Grecs restés maîtres du champ de bataille, ayant repêché les canons des vaisseaux ennemis, s'en emparèrent, en faisant retentir la plage des cris mille fois répétés de: Victoire à la Croix.

Les barbares, qui abordaient en cet instant à la côte d'Asie, n'eurent pas plus tôt repris haleine, qu'ils fondirent sur les paysans grecs, occupés aux travaux des champs, et égorgèrent tous ceux qu'ils purent atteindre. Puis, prenant la direction de Scala Nova, ils entrèrent dans cette ville, pour y signaler leur rage par de nouveaux massacres; et ils seraient retournés à Smyrne, si le capitan pacha ne se fût empressé de les embarquer.

Cependant sa flotte, enchaînée par la frayeur, divinité non moins puissante et peut-être la même que celle qui retenait l'armée d'Agamemnon au port d'Aulis, restait tranquille spectatrice du désastre de ses convois. En vain les vents propices s'élevaient, quand deux brûlots lancés par les Grecs, le cinq septembre, étant arrivés jusque sous sa poupe, il se décida à appareiller. Le six, il faisait route vers la Morée; et les insurgés ayant donné le signal de dispersion, le bruit se répandit à Smyrne qu'ils avaient pris la fuite devant la flotte ottomane; mais il n'en était pas ainsi. Les Turcs naviguant dans un ordre serré, presque toujours beaupré sur poupe,

attestèrent que la crainte était de leur côté. Ils agirent avec la même réserve, lorsqu'ils s'approchèrent de Coron et de Modon, qu'ils ravitaillèrent, et jusqu'à Zante, où ils mouillèrent le quatorze septembre, à six heures et demie du soir, au nombre de trente-quatre voiles.

Pendant ce temps, les vaisseaux grecs de Psara cinglaient vers Cypre, dans l'intention de secourir leurs frères qui tombaient en détail sous le glaive des Asiatiques. Une affreuse anarchie dévorait cette île, naguère si paisible. Les firmans obtenus à la sollicitation de la légation de France à Constantinople, afin d'y rétablir l'ordre, n'avaient pas été écoutés; le coupable visir qu'on devait destituer avait été maintenu dans ses fonctions à l'époque du renouvellement des barats. Les villages étaient déserts; les récoltes se trouvaient abandonnées sur le terrain; les Grecs, réduits au désespoir, allaient être poussés à la révolte; les Turcs indigènes s'exaspéraient; les troupes étrangères attendaient avec impatience le signal ou le prétexte de quelques insurrections, quand la gabare française la Lionne, commandée par le capitaine Ferrand, arriva pour sauver encore une fois Larnaca d'une ruine qui semblait inévitable.

Le consul du Roi, M. Méchain, avait seul fait tête à l'orage. Il aurait sans doute succombé, car le commandant turc de la ville, l'aga des janissaires, et le trésorier, étaient ainsi que lui inscrits sur les listes de proscription du pacha. Leur crime était de s'être montrés favorables aux chrétiens, en déro

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