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les signes du Croissant; et comme les ancêtres des barbares avaient autrefois renversé les églises, on démolit les minarets des mosquées.

Ces représailles, quoique tardives, n'en étaient pas moins légitimes; car il était juste que tout emblème du mahométisme disparût d'une terre autrefois l'apanage du Dieu inconnu, qui y eut des autels honorés des plus purs sacrifices, jusqu'au temps où les Scythes du Caucase portèrent le deuil et l'esclavage dans la cité consacrée de toute antiquité à la sagesse éternelle.

Ce n'était pas ce que pensait un témoin oculaire qui répandait le venin de la calomnie la plus dégoûtante contre les aréopagites et les chrétiens (1). L'insensé!.... Une fausse philosophie avait depuis trop long-temps flétri son cœur pour lui permettre un élan de générosité envers ceux qui invoquaient la divinité du Christ à leur secours.

Sans doute, comme il le disait, les aréopagites étaient aussi étrangers aux affaires publiques que le peuple grec était barbare, pauvre, avili, ignorant; mais l'aveu que les Hellènes faisaient à la face du monde (2), de ces restes de leur servitude, prou

(1) Voy. le no 48, 19 avril 1822, du Spectateur Oriental. (2) Voici ce qu'écrivait à ce sujet Thanos Kanacaris, viceprésident du gouvernement exécutif à un de ses amis à Pise :

« Τό φιλικόν της ἔλαβον εἰς τὰ * τέλη Φεβρουαρίου, γεγραμμένον ἐν « Πείσαις τῆς Τοσκάνας, καὶ ἔγνων * τὰ γραφόμενα. Επιθυμῶ νὰ εὑρίσ« κωνται πολλὰ τέκνα τῆς μητρός

J'ai reçu, vers la fin de février, la lettre que vous m'avez écrite de

Pise en Toscane. Je fais des vœux pour que la Grèce puisse trouver dans son sein beaucoup de fils sages et vertueux. Du moins, fasse le ciel

vait qu'ils étaient dignes des bienfaits de la civilisation, à laquelle ils aspiraient. Qui n'aurait compati à leurs misères? Hélas! il est des temps de larmes et d'épreuves, où la vertu la plus pure n'est pas à l'abri de l'injure. Les Grecs depuis plus de quatre siècles avaient attendu d'en-haut leur libération. Ils étaient restés sans armes, dans les fers, et toujours suppliants. L'Europe connaissait leurs

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« μας Ελλάδος ἀγαθοφρονοῦντα καὶ ἐνάρετα· καὶ εἴθε νὰ τὰ ἀποκτήσῃ! « ἐπειδὴ ἡμεῖς, γεννηθέντες εἰς δουλείαν, καὶ συνανατραφέντες καὶ γηράσαντες μὲ τοὺς τυράννους μας, « δυσκόλως μεταβάλλομεν τῆς συνειθισμένης ζωῆς μας τὴν ἕξιν καὶ * τῆς σκλαβικῆς χρήσεως τὰς ἰδέ «ας.... Εἶναι χρέος ἀπαραίτητον, ἀδελφοὶ, τοῦ κάθε πατριώτου νὰ « συντρέχῃ μὲ τὸ δωρηθὲν αὐτῷ παρὰ « θεου τάλαντον, ὁ μὲν μὲ τὴν ἀνα δρίαν, ὁ δὲ μὲ τὴν φρόνησιν, ἄλλος μὲ τὸν πλοῦτον, καὶ ἄλλος μὲ τὴν σοφίαν καὶ μάθησίν του· ὅτι, κατὰ « τὸν ἔνδοξον ποιητὴν Όμηρον, Οὔπω απάντ ̓ ἅμα θεὸς ἔδωκε. Συντρέξετε λοιπὸν προθύμως, ἀδελφοί... Συντρέχω καὶ ἐγὼ τὸ κατὰ δύναμιν εἰς βοήθειαν τῆς πατρίδος· « ἐμβαίνω εἰς τοὺς μεγαλητέρους κινδύνους μὲ στῆθος ἀνοιχτὸν, εἰς « τὴν ὁρμὴν τῶν ἐχθρῶν, πολεμικῶς, « καὶ κατὰ τῶν θελόντων διαστρέφειν τὰ ἀγαθὰ φρονήματα τῶν πατρι« ωτῶν, πολιτικῶς· καὶ φονάζω πάν« τοτε τὸ, ἄριστα ἂν π πόλις οία κοῖτο, ὅπου πλέον τῶν ἀδι«κουμένων ἀγανακτοῖεν οἱ μὴ ἀδικούμενοι, κ. τ. λ. »

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qu'elle puisse un jour en obtenir de tels ! Car pour nous, qui sommes nés dans l'esclavage, et qui avons vieilli avec nos tyrans, il nous sera difficile de changer les habitudes contractées pendant notre vie, et les idées que l'habitude de l'esclavage nous a données..... C'est donc, ὃ mes frères, un devoir indispensable pour chaque ami de sa patrie, de venir la secourir par tous les talents que Dieu nous a accordés, l'un par sa bravoure celui-ci par

l'autre par sa prudence,

sa fortune, d'autres par leur sagesse et leur instruction, puisque, ainsi que le dit l'immortel Homère :

Nul ne reçut des dieux tous les dons en partage. Venez donc tous avec ardeur à son secours, o mes frères. . . Pour moi, je me suis dévoué entièrement à sa défense, et c'est la poirrine découverte que je me présente au devant

des perils les plus imminents; j'em

ploye les armes contre la férocité de nos ennemis, et la politique contre tous ceux qui veulent corrompre les nobles sentiments inspires par l'amour de la patrie; enfin partout je fais entendre que, pour que le gouvernement d'un état soit bon, il faut que les témoins d'une injustice qui ne saurait les atteindre, éprouvent tous une indignation plus forte que ceuxlà même qui en sont les victimes.

longues infortunes, et elle y était demeurée insensible, lorsque la voix de l'éternel leur cria par l'organe de ses ministres: Aide-toi, nation trop longtemps avilie, et mon bras tout-puissant t'assistera. Ne crains pas la mort et tu seras immortelle! Les cieux sont ouverts à tes défenseurs, les palmes du martyre leur sont acquises; tu servis trop long-temps sous l'Assyrien, ton insurrection est légitime et sacrée comme la Croix qui la sanctifie.

Sans s'inquiéter des vaines clameurs de leurs antagonistes, les aréopagites, continuant leur mission, prirent le chemin des Thermopyles, au moment où l'on annonçait qu'une escadre ottomane, commandée par un renégat nommé Ismaël Gibraltar, était en vue du cap Sunium.

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CHAPITRE V.

Arrivée de l'escadre ottomane dans la mer Égée. — Stratagème

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des Hydriotes. Débarquement des Turcs à Navarin; — ils sont battus par le général Norman ; — relâche à Zante; cueil qu'elle y reçoit; sa composition. Bruits répandus par la police. Se dirige vers Patras. - Apparition de la commandée l'amiral Miaoulis. par

grecque,

flotte
triarche d'Alexandrie.

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- Vœux qu'il fait pour les Bourbons et pour le Pape. Sommation de Khourchid adressée aux Acarnaniens et aux Étoliens. Leur réponse, Fuite et défaite des Turcs. Leur escadre revient à Zante. . Bulletin du président Mavrocordatos. Acte par lequel il proclame le blocus. — Évènements maritimes.- Espion anglais.

-

Le consul français de Patras délivre plusieurs individus. - Fureur de Khourchid contre les Acarnaniens, — qui battent ses lieutenants. Alarmes des Chamides. - Partialité révoltante des Anglais en faveur des Turcs;-ils empêchent l'entreprise des Hydriotes contre Syvota. - Avantage obtenu sur les mahométans par Marc Botzaris à Régniassa. — Vasiliki et les secrétaires d'Ali envoyés à Constantinople. - Mort d'Abdin bey de Larisse. Exil d'Ismaël Pachô bey. — Dé

vouement magnanime des Souliotes.

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UAND les Grecs n'auraient eu d'autres leçons que les tombeaux de leurs aïeux, ils suffisaient pour tracer leur devoir: Mourir pour la patrie, Θνήσκειν περὶ Πατρίδος ! Ces paroles sublimes de Spiros Alostros mourant (1) avaient retenti depuis les rives du Pruth jusqu'aux bords de l'Eurotas. Eu

(1) Liv. V, ch. II de cette Histoire.

rotas! Eurotas! la voix de la religion et de la patrie annonça la victoire dans tes vallées, aux premiers jours de l'insurrection! L'expérience et le malheur devaient consolider son ouvrage, en appelant la sagesse aux conseils de la Grèce qui renaissait, en quelque sorte, avec les vieux héros de la fable et de l'histoire.

J'ai rapporté les principales dispositions des Hellènes. Effrayés des préparatifs maritimes des barbares, plusieurs habitants des îles avaient songé à se réfugier sur le continent. Les insulaires de Spetzia s'étaient hâtés d'évacuer leur pays, pour se retirer à Hydra, en se contentant de laisser un poste d'observation dans leur île; et quelques-uns des plus riches Hydriotes songeaient à s'embarquer pour passer en Italie. Comme il était dangereux de laisser enraciner une pareille idée, qui était, dit-on, fondée sur les intrigues de l'épouse d'un nommé Constantin, que les Turcs tenaient aux fers, un homme aussi prévoyant que le fut Thémistocle, lorsque la flotte des confédérés se trouvait réunie dans le détroit de Salamine, qu'elle se proposait d'abandonner pour se rendre à l'isthme de Corinthe, usa d'un stratagème à peu près pareil pour sauver la Grèce. (1). On ignore encore par qui fut transmis à l'amiral turc l'avis « qu'il existait un parti à Hydra qui

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(1) Voy. Hérodote, Uranie, c. LXXv. Les journaux du temps out fait mention du dessein des principaux armateurs d'Hydra, de se retirer en pays étranger. Nous sommes encore trop près des évènements, pour qu'il me soit permis de nommer celui qui remplit à cette époque le rôle de Thémistocle,

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