Esquisse d'une morale sans obligation ni sanction

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F. Alcan, 1905 - 254 pages
 

Expressions et termes fréquents

Fréquemment cités

Page 105 - ... à l'obéissance), et devant laquelle se taisent tous les penchants, quoiqu'ils travaillent sourdement contre elle ; quelle origine est digne de toi ? Où trouver la racine de ta noble tige, qui repousse fièrement toute alliance avec les penchants, cette racine où il faut placer la condition indispensable de la valeur que les hommes peuvent se donner à eux-mêmes...
Page 101 - Vie, c'est fécondité, et réciproquement la fécondité, c'est la vie à pleins bords, c'est la véritable existence. Il ya une certaine générosité inséparable de l'existence, et sans laquelle on meurt, on se dessèche intérieurement. Il faut fleurir; la moralité, le désintéressement, c'est la fleur de la vie humaine.
Page 252 - Nous sommes comme sur le Léviathan, dont une vague avait arraché le gouvernail et un coup de vent brisé le mât. Il était perdu dans l'océan, de même que notre terre dans l'espace. Il alla ainsi au hasard, poussé par la tempête, comme une grande épave portant des hommes : il arriva pourtant. Peut-être notre terre, peut-être l'humanité, arriveront-elles aussi à un but ignoré qu'elles se seront créé à elles-mêmes.
Page 50 - C'est d'abord l'image de la force dans ce qu'elle a de plus farouche et de plus indompté; c'est un déploiement, un luxe de puissance dont rien autre chose ne peut donner l'idée; et cela vit, s'agite, se tourmente éternellement sans but. On dirait parfois que la mer est animée, qu'elle palpite et respire, que c'est un cœur immense dont on voit le soulèvement puissant et tumultueux ; mais ce qui en elle désespère, c'est que tout cet effort, toute cette vie ardente est dépensée en pure perte;...
Page 98 - Nous ne sommes pas assez pour nous-mêmes; nous avons plus de larmes qu'il n'en faut pour nos propres souffrances, plus de joies en réserve que n'en justifie notre propre bonheur.
Page 181 - Tel est le problème, qu'on peut encore poser sous forme d'exemple en demandant : — Existe-t-il aucune espèce de raison (en dehors des considérations sociales), pour que le plus grand criminel reçoive, à cause de son crime, une simple piqûre d'épingle, et l'homme vertueux un prix de sa vertu? L'agent moral lui-même, en dehors des questions d'utilité ou d'hygiène morale, at-il à l'égard de soi le devoir de punir pour punir ou de récompenser pour récompenser ? — Nous voudrions montrer...
Page 87 - D'abord, elle est cause en même temps que fin, cause universelle de nos actes et fin universelle de ces mêmes actes : « Depuis le premier tressaillement de l'embryon dans le sein maternel jusqu'à la dernière convulsion du vieillard, tout mouvement de l'être a eu pour cause la vie en son évolution ; cette cause universelle de nos actes, à un autre point de vue, en est l'effet constant et la fin.
Page 107 - Toute force qui s'accumule crée une pression sur les obstacles placés devant elle ; tout pouvoir, considéré isolément, produit une sorte d'obligation qui lui est proportionnée : pouvoir agir, c'est devoir agir.
Page 246 - La vie, comme le feu, ne se conserve qu'en se communiquant. Et cela est vrai de l'intelligence non moins que du corps ; il est aussi impossible de renfermer l'intelligence en soi que la flamme : elle est faite pour rayonner.
Page 184 - Autre exemple : vous avez cédé à un accès d'intempérance; vous attendez avec inquiétude la « sanction de la nature » : quelques gouttes d'une teinture médicinale la détournera en changeant les termes de l'équation qui se pose dans votre organisme. La justice des choses est donc à la fois absolument inflexible au point de vue mathématique et absolument corruptible au point de vue moral. Pour mieux dire, les lois de la nature, comme telles, sont immorales ou, si l'on veut, a-morales, précisément...

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