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peuple: Je suis votre roi Joachim Murat, vous « devez me reconnaître 1.

c'est un

1 J'ai cru devoir insérer ici la proclamation qui fut trouvée sur l'ex-roi Murat, au moment de son arrestation au Pizzo; document dont l'histoire ne dédaignera pas de s'emparer.

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Proclamation trouvée sur l'ex-roi de Naples Joachim Murat, au moment de son arrestation au Pizzo.

<< Joachim Napoléon, roi des Deux-Siciles, à ses fidèles sujets. << Braves Napolitains,

<< Votre roi vous est rendu, il se trouve au milieu de vous; ses

peines et les vôtres sont terminées. Votre roi, en vous annonçant << son retour, ne vous parle pas de pardon..., vous ne l'avez jamais « offensć... ; mais il renouvelle à ses fidèles sujets le serment qu'il leur « fit de les rendre heureux. Il ne sera jamais parjure; et son cœur << que vous connaissez si bien, et votre fidélité constante, vous garan<< tissent que ses promesses ne sont point dissimulées, et qu'elles ne « diffèrent pas pour quelques instans (comme Ferdinand) l'époque << de la vengeance.

« Je vivais solitaire dans un de ces modestes asiles que l'on est tou<«< jours sûr de trouver chez les pauvres vertueux. Là, je méprisais le poignard des assassins, de ces cannibales qui, dans toutes les épo« ques de la révolution française, se sont baignés dans le sang de leurs « concitoyens.

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« J'étais déterminé à attendre dans ma retraite la fin de cette fièvre «< contre-révolutionnaire qui dévore la France, pour tenter la con« quête de mes états, et pour venir chercher dans vos cœurs un asile «< contre mes disgrâces et contre la persécution la plus inouïe et la plus injuste, quand je fus forcé de m'éloigner. Il me serait impossible d'exprimer quelle fut mon indignation en lisant la lettre écrite par <«< Ferdinand au lieutenant feld-maréchal baron Bianchi. Je ne pouvais << souffrir que ce prince, qui s'intitulait père et roi des bons Napolitains, « consacrât, par un monument solennel, le déshonneur national.

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« Je ne permettrai pas qu'il appelle bandes ennemies cette armée composée de la fleur de toutes les classes de la nation; cette armée « de braves dont j'ai été le créateur et le chef; cette armée qui avait « donné tant de preuves de courage et de fidélité, qui s'était couverte

«

« Ces paroles furent le signal d'une commotion générale on courut aux armes, Murat et sa

« de gloire, qui avait élevé la nation napolitaine au rang des nations, «<et qui ne dut ses derniers revers qu'aux proclamations des ennemis << (provoquant à la désertion) et aux récits mensongers que l'on s'était plu à répandre de la mort du roi.

«

<«< Alors je m'armai de nouveau de tout mon courage; je me jetai

<< dans une simple barque de pêcheur, et je débarquai en Corse, où

«

je trouvai l'hospitalité et les offres de service de tous ces braves qui

« avaient fait partie de l'armée napolitaine.

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<< Certain de l'amour de mes peuples, et plein de satisfaction en les

rappelant à ma mémoire, j'ai formé le projet de reconquérir mes « états, et de venger l'affront fait à la nation.

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<< Soldats et citoyens, vous tous qui possédez un cœur noble et qui êtes animés des sentimens du patriotisme, réunissez-vous à << votre roi; l'offense est commune, vengeons-nous : le prince qui appelle bandes ennemies les soldats napolitains, insulte la nation <<< entière.

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« Il a perdu tous ses droits au trône, et Ferdinand a prononcé son << abdication dans la lettre qu'il a écrite au baron Bianchi.

« Oui, braves et chers Napolitains, nous sommes offensés; et si « l'offense est générale pour tous, vous devez tous vous réunir à votre >> roi pour éloigner de votre territoire un prince qui a aussi souvent « oublié qu'il a prononcé de fois la promesse d'un pardon, et qui << s'est constamment montré animé du désir de se venger.

«Que le palais de Casalanza, que ce monument que Ferdinand « voulait ériger au déshonneur de la nation, soit détruit jusque dans «< ses fondemens, et que sur ses ruines s'élève une colonne qui porte << une inscription annonçant à la génération présente et à la postérité « la plus reculée, que dans ce même endroit l'armée nationale, après << avoir remporté des victoires signalées, ne pouvant résister au nom«< bre de ses ennemis, fut contrainte à souscrire une paix honorable, « et que Ferdinand, pour avoir érigé ce bien en fief du royaume, <«< comme un monument du déshonneur national, et pour avoir qua

<< lifié du titre de bandes ennemies l'armée nationale, a été déclaré <«< par la nation napolitaine, indigne de gouverner, et a perdu pour toujours le trône.

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suite, qui s'étaient mis en route pour Monteleone,

<< se voyant poursuivis par la population, se jetè

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Oui, la nation est offensée : quel est le Napolitain qui voudrait à l'avenir se qualifier tel, et qui oserait se montrer en public? « Aux armes ! aux armes! Que la nation se lève en masse ; que tous « les vrais Napolitains qui conservent des sentimens d'honneur accou<«<rent au camp; que les légions provinciales se réunissent; que << l'armée se réorganise; que mes soldats rejoignent leurs drapeaux; « que la brave et fidèle garde de sûreté de ma bonne ville de Naples « sauve une autre fois ma capitale.

«

« Mon palais royal, toutes les personnes et toutes les propriétés de <«< cette immense ville sont sous sa sauvegarde; que les braves et <«< fidèles Calabrois, que les peuples de la Basilicate, de la province << de Salerne et de celle d'Avellino, que les braves Samnites, que «<les peuples de la Pouille et de la Terre de Labour, qui m'ont toujours donné tant de preuves d'attachement, se réunissent à » leur roi, à leur général; que Ferdinand soit contraint d'abandon<«< ner une nation qu'il a si indignement outragée, qu'il rentre dans « l'île de Sicile. Marchons pour délivrer la capitale; et sous la dou<< ble enseigne de la croix et de la liberté, délivrons notre patrie, et << assurons pour toujours son bonheur et son indépendance! Fidèles << et courageux Napolitains, ne craignez pas que les puissances alliées <«< s'arment de nouveau contre votre roi; votre Joachim n'a jamais abdiqué; un échec militaire n'a pu lui faire perdre ses droits à la <«< couronne de Naples. En reconquérant son trône, il ne fait qu'imiter l'exemple des souverains qui ont reconquis les leurs.

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« La reine et la famille royale vous seront rendues; votre roi, loin d'inspirer à l'avenir des craintes à ses voisins, sera leur meilleur «< ami. L'empereur d'Autriche, qui, trompé sur la vraie politique du << cabinet de Naples, et croyant que votre Joachim fut d'intelligence << avec Napoléon, lui a fait une guerre si fatale, deviendra une autre «fois son allié, n'en doutez pas.

<«< Votre roi ne doit plus vous inspirer aucun sujet de crainte; on << ne peut lui supposer des projets d'agrandissement, ni sur les états <«< du pape, ni sur le reste de l'Italie; les autres souverains d'Europe << n'ont aucun intérêt à se déclarer ses ennemis. Ce serait un outrage «< à la loyauté du cabinet britannique de supposer qu'il ne chercherą

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<< rent précipitamment dans des montagnes escarpées, d'où ils tentèrent de s'ouvrir un chemin

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« pas à réparer le mal qu'il nous a fait en nous déclarant et en nous <«< faisant la guerre, quand, d'après nos conventions, les hostilités « n'auraient dû commencer que trois mois après la dénonciation de « l'armistice.

« Nous déclarons à l'Europe entière que nous devons les tristes « résultats de la guerre au système invariable que nous avions irré« vocablement adopté, de nous maintenir en paix avec l'Angleterre. « Nous ne commençâmes notre retraite qu'après avoir reçu une lettre «< de lord Bentinck, sous la date de Gênes, dans laquelle il nous « déclarait que Naples étant en état de guerre avec l'Autriche, it << se voyait dans la nécessité d'agir contre nous avec ses forces de << terre et de mer, s'il en était requis par le général en chef au<< trichien.

<< Il lui fut répondu que, ne voulant pas être en guerre avec l'Angleterre, j'ordonnais la cessation des hostilités, et que je me reti<< rais sur mes frontières.

« Le général anglais était invité à faire connaître cette démarche « au général autrichien; il fut surtout instamment prié d'employer << son intervention auprès de M. le maréchal comte de Bellegarde, « pour qu'il fit cesser de son côté les hostilités, et qu'il acceptât un « armistice que je me disposais à lui proposer.

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« En effet, je fis sur-le-champ commencer ma retraite; l'armistice << ne fut point accepté; et, nous osons le dire sans crainte d'être dé<< mentis, comme nous l'avons déjà dit, nous ne devons nos revers qu'à cette retraite volontaire. Il est en effet incontestable que « l'armée autrichieune ne nous aurait jamais attaqués dans nos an«< ciennes positions, et que le cabinet autrichien, convaincu que << nous ne les avions prises que pour agir de concert avec son armée, « aurait été le premier à faire cesser les hostilités, et à conserver une <«< alliance si naturelle entre l'Autriche et Naples. Que la confiance <«< renaisse, des jours plus sereins luiront de nouveau sur nous.

<«< Votre roi mettra en exécution, dans le sein de la paix, les pro« jets qu'il avait conçus et entrepris pendant la guerre. Les travaux publics, déjà suspendus, seront suivis avec vigueur, et toutes les

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<«< vers la côte, afin d'y chercher la barque qui les << attendait. Mais accablés par le nombre et par

<«< branches de l'administration, qui languissent déjà, reprendront «< toute leur activité ; les appointemens, la solde de toute l'armée et << de tous les employés civils et militaires, seront mis au courant.

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Que tous les fonctionnaires destitués depuis le 21 mai reprennent << leurs fonctions, et que tous es titulaires qui avaient obtenu, en ré«< compense de leurs services, des dotations, des donations dont ils «< auraient été dépouillés, rentrent en jouissance de leurs propriétés; << que tous les fonctionnaires publics nommés par Ferdinand depuis «<le 21 mai cessent leurs fonctions; en un mot, que tout rentre dans « l'état où il était quand j'ai quitté le royaume.

« Donné à..... le..... octobre 1815.

« J. NAPOLÉON. »

<< Joachim Napoléon, roi des Deux Siciles, nous avons décrété et « décrétons ce qui suit:

<< ART. 1er. La constitution aura son exécution à compter de 1er jan« vier 1816.

<< Des dispositions seront prises pour la prompte réunion à Naples «< du parlement et de la chambre des communes. Les membres du par«<lement et de la chambre des communes s'assembleront à..... Aussitôt « après avoir été avertis de notre débarquement, ils recevront l'ordre << de convocation.

<< 2. Tous les employés destitués depuis le 21 mai de la présenté « année, rentreront sur-le-champ dans l'exercice de leurs fonctions. «< 3. Tout individu employé par Ferdinand depuis l'époque susdite, <«< cessera ses fonctions du jour de la publication du présent décret, et << de la nouvelle de notre débarquement. Ceux qui, après cette publi<<< cation et cette nouvelle, s'obstineraient à exercer leurs emplois et << à ordonner quelques dispositions que ce soit, seront regardés comme <«< rebelles, traîtres à la patrie, et comme tels seront punis avec toute << la rigueur des lois.

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