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époque de votre histoire, que les enfants profitent des erreurs de leurs pères; souvenez-vous que toute stabilité et toute prospérité ont pour première raison civile, la concorde! que Dieu seul est celui qui unit les habitants d'une même demeure ; que Dieu n'accorde ce bienfait qu'aux hommes d'humilité et de mansuétude, à ceux qui respectent ses lois dans la liberté de son Église, dans l'ordre de la société, dans la charité envers tous. Souvenez-vous que la justice seule édifie, que les passions ne savent que détruire et que celui qui prend le nom de roi des rois, s'appelle aussi le dominateur des peuples.

<< Puissent nos prières monter devant le Seigneur et faire descendre sur vous cet esprit de prudence, de force et de sagesse dont la crainte de Dieu est le principe, afin que nos regards contemplent la paix sur toute cette terre d'Italie, que dans notre charité universelle pour le monde catholique nous ne pouvons pas appeler la plus chère, mais que Dieu, dans sa bonté, a voulu du moins placer plus près de nous. >>

Cette magnifique adresse, jetée à travers la chute des trônes et les peuples en armes, n'obtint pas les résultats qu'on devait en attendre. La grande voix de la papauté s'écriant: «< Malheur à qui dans cette tempête par laquelle sont agités, arrachés et

mis en pièces les cèdres et les roseaux, n'entend pas la voix du Seigneur!» cette voix prophétique se perdit dans la tourmente révolutionnaire. Les chefs du mouvement, aveuglés par le fanatisme d'une cause qu'ils considéraient déjà comme gagnée, compromettaient celle de l'Italie par leur inintelligence et leurs passions; ils transformaient l'espoir de la liberté en effroi.

CHAPITRE VI.

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Proclamation du général Durando. Protestation du Saint Père.Agitation.-Tactique des sociétés secrètes.-Prétentions du cercle romain.-Résistance du pape.-Encyclique du 29 avril.-Colères des révolutionnaires. — Désordres dans la rue.― Séance du club central.— Ultimatum du peuple. - Réponse des ministres. Sangfroid de Pie IX.- Nouveau ministère.-Mamiani. - Adresse de la garde civique. Programme ministériel. Renvoi de l'ambassadeur d'Autriche. Revers des armées italiennes. Journées du 15 mai à Paris, Vienne et Naples.

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Le premier acte du général Durando, à son arrivée à Bologne, fut d'adresser, à la date du 5 avril, la proclamation suivante aux troupes pontificales réunies sous ses ordres:

<< Soldats !

« Nous avons été bénis par la main d'un grand pontife, comme le furent nos ancêtres combattant sur la nobleterre lombarde; le saint, le juste, le bon parmi tous les hommes a compris que, pour celui qui foule aux pieds tout droit, toute loi divine et humaine, la raison extrême des armes est la seule juste, la seule possible.

<< Le moment est venu où la compassion habituelle à son coeur serait devenue une connivence coupable avec l'iniquité; car il a reconnu que l'Italie, si elle ne savait pas se défendre, était condamnée, par le gouvernement autrichien, au pillage, au viol, à la cruauté d'une milice sauvage, à l'incendie, à l'assassinat, à la ruine.

<«< Radetzki fait la guerre à la croix du Christ. <«< Pie IX a béni vos épées réunies à celles de Charles-Albert.

<< Vos épées doivent opérer l'extermination des ennemis de Dieu et de l'Italie, et de ceux qui ont outragé Pie IX et profané les églises de Mantoue et assassiné nos frères lombards. Cette guerre de la civilisation contre la barbarie n'est point une guerre nationale, c'est une guerre chrétienne.

<< Soldats! il convient dès lors et j'ai ordonné que tous nous portassions sur la poitrine la croix du Christ. Tous ceux qui appartiennent à l'armée d'opération la porteront sur le cœur comme je le fais moi-même.

<< Avec la croix et par elle, nous serons victorieux ainsi que le furent nos pères. Que notre cri de guerre soit Dieu le veut!»>

Profondément affligé de la manière dont le général Durando le faisait intervenir dans la question de la guerre qu'il repoussait avec tant d'énergie, le souverain Pontife protesta immédiatement

par l'avis suivant inséré le 10 avril dans la Gazette de Rome:

« Un ordre du jour de Bologne, en date du 5 août, adressé aux troupes, exprime des idées et des sentiments qu'il attribue au cœur et aux lèvres du souverain Pontife. Quand le pape fait des déclarations et manifeste des sentiments, il le fait de lui-même sans jamais recourir à la bouche d'un subalterne. >>

Pendant que les troupes autrichiennes ma nœuvraient sur l'Adige et sur le Mincio, divisées en deux corps d'armée, le premier sous les ordres immédiats du feld-maréchal Radetzki, le second sous le commandement du lieutenant-maréchal d'Aspre; tandis que l'armée du roi Charles-Albert, opérant le long du Pô, attendait les nombreux renforts qui surgissaient de tous les points de l'Italie, les membres des sociétés secrètes, restés à Rome pour y entretenir le feu de la révolution, ne laissaient échapper aucune occasion d'exciter le peuple contre l'ordre public.

L'agitation, renfermée d'abord dans la classe commerciale et la bourgeoisie, finit par se propager, sans motifs apparents, dans les classes inférieures de la société. Un grand nombre d'individus, la plupart armés, parcoururent les rues en criant: << Du travail et du pain! » Ciceruacchio, se mettant à leur tête, les conduisit chez monsignor Mori

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