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posé de Mamiani à l'extérieur, l'abbé Rosmini à l'instruction publique, avec la présidence, Galetti à l'intérieur, Sterbini au commerce, Campello à la guerre, Lunati aux finances, et Sereni à la justice. Puis d'une voix ferme quoique émue il ajouta ces paroles • «< Messieurs, je suis ici comme emprisonné. On a voulu m'enlever ma garde et me mettre entre les mains d'autres personnes. Ma conduite en ce moment où tout appui matériel me fait défaut, est basée sur ma détermination d'éviter à tout prix qu'une seule goutte de sang fraternel soit versée pour ma cause. Je cède tout à ce principe; mais je veux en même temps que vous sachiez, messieurs, et que l'Europe entière sache, que je ne prends, même de nom, aucune part au nouveau gouvernement auquel je prétends rester complétement étranger. J'ai défendu qu'on abusât de mon nom et qu'on n'eût plus même recours aux formules ordinaires. »

que

Pendant que les représentants des puissances de l'Europe entouraient le pape de nouvelles protestations d'amour et de dévouement, Galetti, rendant compte de sa mission, annonçait à l'insurrection Pie IX s'en était remis à la sagesse des Chambres. Au même instant des applaudissements couvrent sa voix, les cris de vive l'Italie! se font entendre. Les troupes de ligne et les gardes civiques déchargent leurs armes en signe de ré

jouissance, et la foule insensée qui ne voit pas que de ce jour datera pour Rome une longue série de malheurs, la foule aveugle évacue la place pour se répandre dans la ville et raconter à la lueur des torches son triomphe dans les divers quartiers de Rome.

Telle fut la fin de cette déplorable journée. L'histoire n'aura pas assez de stigmates pour flétrir la lâcheté et l'ingratitude d'un peuple passant sur le cadavre d'un ministre assassiné pour monter en armes au calvaire du Quirinal.

Ce jour-là, tous les Romains ont été coupables, les uns en assumant sur eux, comme autrefois les Juifs de Jérusalem, la responsabilité de l'action, les autres en laissant faire. Quelques prêtres, un ou deux laïques et les ambassadeurs des puissances étrangères ont seuls été nobles et dignes. L'histoire leur tiendra compte de leur courage et de leur dévouement: en attendant, courbons-nous devant les décrets mystérieux de la Providence, qui a voulu que le représentant de Dieu sur la terre, après lui avoir ressemblé dans ses triomphes, lui ressemblât dans ses souffrances; qui a permis que la couronne d'épines de la passion remplaçât la palme du dimanche des rameaux. En effet, comme Jésus, Pie IX a été cloué à la croix des épreuves, comme le Fils de Marie l'immaculée, il a eu sa grande semaine, comme l'Homme-Dieu il a bu le

calice des douleurs jusqu'à la lie; mais comme le divin Crucifié sortit triomphant de son sépulcre, Pie IX devait ressusciter dans l'amour et dans le repentir de son peuple.

CHAPITRE XI.

Joseph Galetti, ministre.-Ses premiers actes. - Désarmement des gardes suisses. — Aurore boréale.— Programme du nouveau ministère. Scission entre les révolutionnaires victorieux.

Pie IX. Sachetti.

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Départ de

Arrivée à Gaëte.--Détails. Lettre du pape au marquis
Proclamation des ministres. État des esprits à Rome.

Joseph Galetti, chef nominal du ministère imposé par la force brutale de l'émeute aux répugnances légitimes du souverain, est le fils d'un barbier de Bologne, qui demeure sous l'arcade du séminaire, près l'église de Saint-Pierre. Celui qui devait dans l'avenir, par surprise à la vérité, présider les conseils du chef de la catholicité, a reçu le jour dans une boutique de Figaro, en l'an de grâce 1800.

Souple, fin et rusé, possédant toutes les qualités de l'emploi, le jeune Joseph entra dans la vie sous l'écume de la savonette odoriférante. Son premier métier consista à repasser les rasoirs de la boutique et à présenter l'aqua fresca aux mentons de

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ses clients. Désireux de posséder un savant dans sa
famille, le barbier, qui du reste avait remarqué de
grandes dispositions dans son fils, lui fit faire ses
études à l'université renommée de Bologne. L'éco-
lier devint bientôt un habile jurisconsulte; mais
un jour abandonnant ses livres de droit et la chi-
cane de la basoche pour l'épée et les troubles des
révolutions, il se jeta en aveugle dans les événe-
ments de 1831. Alors, aussi brave soldat qu'il était
avocat distingué, il tint quelque temps la campa-
gne. A la tête d'une colonne armée, il s'empare
d'assaut de la petite ville de Cento, il se mesure à
Rimini avec un corps d'Autrichiens, il reçoit une
blessure à Cesena, puis, arrêté tout à coup par la
mauvaise fortune, il se retire sur la terre étrangère
revenir douze années plus tard diriger une
pour
nouvelle conspiration, dont le but secret, disait-on,
était la mort du vénérable pontife qui, sous le nom
de Grégoire XVI, occupait alors le siége ponti-
fical.

Quoi qu'il en soit, arrêté avant l'exécution de cet odieux projet, il est chargé de fers, conduit à Rome, jugé, condamné aux galères à perpétuité, et jeté en commutation de peine dans les prisons des États romains. C'est là qu'en 1846 le généreux décret du 16 juillet vint lui rendre la liberté. Sa reconnaissance pour le souverain Pontife fut alors telle, que Pie IX, pour réprimer l'exagération de

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