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de lui présenter les bases sur lesquelles le nouvel édifice du Capitole devait être assis. Il m'a donné l'occasion d'être témoin de l'intelligence et du zèle que déployèrent les membres de cette commission à qui l'on est redevable de la promptitude et de la perfection du travail que nous avons déposé aux pieds du Saint Père et que Sa Sainteté a accepté avec tant de bienveillance. Aujourd'hui je m'estime plus heureux encore, puisque je suis appelé à présider, sous les auspices des paroles encourageantes de notre souverain adoré et ceux de la joie universelle, cette imposante assemblée, le premier conseil de la métropole sainte. Ces quelques paroles du saint pontife ont servi à vous faire comprendre l'importance de la charge dont vous êtes revêtus et les obligations qu'elle vous impose.

« Ce serait abuser de votre indulgence et consumer un temps précieux que d'y en ajouter d'autres pour vous engager à remplir dignement vos devoirs. Je me permettrai seulement de vous rappeler que chacun de vous doit considérer comme ayant une très-grande portée l'acte par lequel vous allez inaugurer vos fonctions. Vous devez donner à Rome un premier magistrat digne de son estime et de sa confiance, capable de protéger et de faire fleurir de plus en plus ses intérêts légitimes, et digne en même temps de la confiance du souverain.

<< En vous assurant de la constance et du zèle

que j'apporterai sans cesse à vous prêter aide et appui, je réclamerai de vous, messieurs, en retour, du calme dans les discussions, une prudence éclairée dans vos décisions, afin que la modération, d'une part, et la sagesse de l'autre, servent d'exemple, concourent à la gloire de notre patrie commune, et soient la récompense de notre souverain, le restaurateur de la représentation romaine.»

La nomination d'un sénat était l'acte qui devait inaugurer l'entrée en fonctions des membres de la municipalité. Leurs voix se portèrent sur le prince Corsini, respectable par son nom, son âge et son immense fortune, dont il compte faire un noble usage.

Sur ces entrefaites, le pape, représentant des idées d'ordre, de justice, de vrai progrès, en un mot, bouclier de la civilisation chrétienne, publiait un nouveau motu proprio relatif à la constitution du ministère et du conseil des ministres.

Après l'institution de la consulte d'État et de la municipalité romaine, il fallait, pour que tous les rouages du gouvernement correspondissent à un centre unique, ainsi que le souverain le dit luimême, il fallait réformer les divers règlements devenus inutiles par suite de ces deux décrets, il fallait mettre le conseil des ministres lui-même en rapport avec les nouvelles institutions. Par ce troisième édit, complément des deux précédents, le

pape voulant donner à chaque ministère une sphère d'action qui lui fût propre, lui imposa avec l'indépendance une responsabilité qui, en descendant des fonctionnaires les plus élevés jusqu'aux employés les plus subalternes, donnait au gouvernement la garantie générale à laquelle doivent être soumis tous ceux qui concourent à l'administration de la chose publique. Par ce système, le gouvernement présentait, dans son ensemble et dans ses détails, l'application d'une théorie politique, uniforme et rationnelle.

Au conseil de ses ministres, le pape adjoignit un corps d'auditeurs composé d'hommes habiles et expérimentés dans le maniement des affaires. Toutes les administrations de l'État se trouvèrent réparties dans les ministères suivants :

Les affaires étrangères; l'intérieur; l'instruction publique; le département de grâce et justice; les finances; le commerce, les beaux-arts, l'industrie et l'agriculture; les travaux publics; la guerre; la police.

Les chefs de ces divers ministères composèrent le conseil des ministres et dévinrent responsables pour toutes les questions qui regardaient la direction, la marche et l'administration de leurs départements respectifs; enfin, chaque fonctionnaire subalterne assuma la même responsabilité pour la partie exécutive qui lui fut confiée.

Ce dernier acte, monument de sagesse et fruit. de sérieuses méditations inspirées par la prière, couronna magnifiquement la fin de 1847, cette année si belle! si productive, si bien remplie du côté du souverain de l'État, chef visible de l'Église! Durant cette longue année, la seconde de son pontificat, le caractère du successeur de Grégoire XVI ne s'est pas démenti un seul jour. Si nous examinons ses actes depuis le décret de l'amnistie jusqu'au motu proprio du conseil des ministres, nous les trouvons tous empreints du même langage, du même esprit. Dans chacun d'eux, le pape se révèle tel qu'il est; sa parole devient en quelque sorte l'écho de son âme; souverain paternel, les moyens violents répugnent à la bonté de son cœur; est-il obligé de sévir? il le fait en père de famille; s'il considère la répression comme un devoir, il la tempère par la miséricorde qu'il regarde comme le plus doux attribut de son autorité. Prince pieusement libéral, Supérieur aux alarmes, aux prières, à l'intimidation des uns, aux caresses, aux flatteries, aux ovations des autres, il ne cède rien à la violence, il accorde volontairement tout ce qui lui paraît équitable, légitime, indispensable dans la mesure des besoins des temps. En même temps que la tendresse de son cœur déborde en bienfaits sur son peuple, sa main vigoureuse, soutenue par le bras de Dieu,

recule jusqu'au-delà des mers la frontière morale du catholicisme que les démolisseurs de l'ordre social appelaient l'asile clos des idées mortes. En faisant resplendir d'un éclat immense les conditions de sa vie et de ses développements, il prouve ainsi que l'Église est toujours le centre vivant de la civilisation humaine. Aux ennemis du christianisme qui prétendent que l'esclavage, les ténèbres et l'abrutissement sont inévitablement adhérents au pouvoir théocratique, il répond en remplissant le monde du bruit de son nom et en l'illuminant par les rayonnements de sa mission divine.

Tous ses actes sont marqués du sceau de la mansuétude, de la force et de la piété. Au-dessus de la louange aussi bien que de la menace, il n'agit que d'après sa conscience et son amour pour le peuple. Dans la sérénité de son âme, il fait tout pour la justice qui le guide, rien pour la popularité qu'on lui impose.

En deux années, dans les mains du pape, Rome aurait avancé d'un siècle, si la fatalité des événements, réagissant de l'intérieur à l'extérieur, n'avait bouleversé les calculs de sa politique.

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