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du Christ: «Mon royaume n'est pas de ce monde,» s'écrie :

« Italiens! Dieu a créé tous les hommes

égaux. Apprenez que ce qu'on appelle le libéralisme a pour but de vous remettre en possession de vos droits inaliénables. Il y a des hommes qui veillent pour vous, et pour qui la régénération de l'Italie est le stimulant de leur âme. Ils se hâtent de faire luire le jour où elle devra s'accomplir. Dans ce jour fatal, rappelez-vous que la valeur l'emporte sur la force et que l'audace se rend maîtresse du sort. Maintenant que les événements graves approchent, que la catastrophe va éclater, il faut que chaque Italien ait un cœur qui sente, un visage qui dissimule, une main qui agisse.

<«< Honneur à la confédération italienne!... Oh! je le vois... Voyez comme il est terrible, et comme il resplendit d'une lumière sanglante, ce jour gros de la colère de Dieu et de la vengeance des peuples. Terrible catastrophe, le parjure aura sa récompense aussi bien que la tyrannie. Dieu écrit sur les trônes renversés: ce n'est pas en vain qu'on enfreint les

lois de la vérité, de la justice et de la reli

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Point de doute. Les trônes signalés ainsi à la vengeance des peuples devaient être ceux de Pie IX, de Ferdinand II, de Léopold de Toscane, de Charles Albert, ceux enfin des princes régnant sur les autres États de l'Italie. Plusieurs de ces trônes se sont effectivement écroulés; mais le bras de Dieu, secondé par celui des hommes, les a relevés bientôt, après s'être tourné contre les démolisseurs.

Un autre petit volume paraît à Lugano le 25 octobre 1833. Nous y trouvons à toutes les pages les mêmes intentions, les mêmes idées; chaque ligne est une menace, chaque mot un cri de vengeance; l'encre est du sang et le signet un poignard.

Dans les premiers jours de juin 1846, Ricciardi, littérateur de mérite, mais athée par calcul, d'accord avec cet axiome politique: «<les écrivains sont les pionniers des révolutions »; Ricciardi prend la plume et recommande à ses compatriotes, l'union, la réunion en un seul faisceau de toutes les opinions di

verses. Vous n'avez rien à attendre des princes, leur dit-il; puis il ajoute, que lors même que les princes voudraient faire le bien, leurs peuples devraient exiger avant toute chose l'indépendance de l'Italie. Il est plus explicite encore; écoutez-le: « Pour acquérir cette indépendance, il faut la révolution et la guerre ; il

faut mettre de côté toutes considérations dérivant du progrès des lumières, du progrès de la civilisation, du progrès de l'industrie, de l'accroissement des richesses et de la prospérité publique » (chap. V).

Dans son chapitre VI, l'écrivain, après avoir fait le procès de tous les princes italiens, attaque la papauté corps à corps; il efface l'histoire d'un trait de plume; il déchire les pages empreintes de cette lutte immense qui a laissé derrière elle les noms impérissables des Guelfes et des Ghibelins; enfin, il ment à la conscience des peuples en rendant les papes responsables de tous les maux que l'Italie a soufferts depuis Constantin.

Dans le chapitre VII, alliant le cynisme du mensonge à l'effronterie de l'ignorance, il pré

tend que l'alliance entre Rome et Vienne, entre les empereurs et les souverains pontifes, a été, de tous temps, le plus grand obstacle à la régénération de l'Italie.

Dans le chapitre XI, l'écrivain, initié aux mystères de la secte, compare l'Autriche à la statue de Nabuchodonosor, composée de métaux divers et reposant sur des pieds d'argile. Il devient prophète, et prévoit, dans un avenir rapproché, de terribles commotions, qu'il appelle de tous ses vœux, mais qui ne répondront point à ses espérances.

Le chapitre XII dévoile le secret des hommes dont Mazzini est le grand-prêtre. Ricciardi appelle à son aide l'autorité du scepticisme fait homme; il recommande aux révolutionnaires. d'épargner à Grégoire XVI la médecine violente recommandée jadis par Machiavel (page 84). « Je crois, dit-il, je crois que notre cause sainte serait tachée par l'assassinat d'un vieillard, outre qu'il ne suffirait pas d'étouffer le pape, car il faudrait assassiner jusqu'au dernier cardinal, jusqu'au dernier prêtre, jusqu'au dernier religieux de tout l'univers catholique.'»

Plus loin il ajoute, et notre plume frémit en reproduisant ces horribles paroles : « La plante funeste née en Judée n'est arrivée à ce haut point de croissance et de vigueur que parcequ'elle fut abreuvée de flots de sang. Si vous desirez qu'une erreur prenne racine parmi les hommes, mettez-y le fer et le feu!!! Voulez-vous qu'elle tombe, faites-en l'objet de vos moqueries.» Est-ce clair?

Dans le chapitre XIII, il recommande aux libéraux d'embaucher les officiers de l'armée; il se fait un auxiliaire de la trahison. Après avoir pressé l'organisation des sociétés secrètes, il indique dans le chapitreXVII les moyens de commencer les insurrections: c'est d'abord contre les Autrichiens qu'il faut diriger tous les coups et engager une guerre d'extermina

tion.

Dans son chapitre XIX, Ricciardi jette le masque, il se montre visage découvert; l'écrivain devient tribun, le tribun se fait tyran, il arrache le pouvoir aux mains du peuple souverain auquel il dénie le droit de se gouverner. Pour conduire le peuple, dit-il, « il ne s'agit

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