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compagnon. La harangue de Sa Ma. jesté Britanique est bien foible. Il par. le de guerre à ses Sujets pour leur plaire. Son Parlement lui a répondu avec audace : que lorsque Sa Majesté aura fait un traité d'alliance avec tous les Princes, pour forcer la France à ren- . dre ce qu'elle a pris depuis le traité des Pirenées, il avisera quel secours il jugera à propos de lui donner. La fierce de cette réponse a d'abord fait croire que la guerre s'alloit allumer entre l'Ani gleterre & nous. Cela seroit fâcheux quoi qu'on dise que nous les baterions bien tous ensemble. Mais ce qu'il y a de seur, c'est qu'il n'y a rien à craindre de deux ans, de gens qui n'ont er. core ni vaisseaux ni troupes aguerries, pendant que nous serons en état de fai. re de grands progrès.

On dit même que les Anglois craignent de rendre leur Roy maître d'une grande Armée dont il pourroit fe servir pour les mettre à la raison, & qu'ils proposent déja d'en nommer les officiers ; d'où l'on conclud que leur Roy a fait une grande faute d'assembler fon Parlement, mais qu'il en fait encore une plus grande de les exciter à la guerre, L'Ambassadeur

A v

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d'Angleterre espere toûjours la paix , & ne fe cache pas de dire qu'il n'approu. ve pas la harangue du Roy son maitre. La nuit du second jour de marche les Dames de la Cour, comme par enchantement, demeurerent toutes em 1 bourbées & coucherent dans leurs carof, fes au milieu de la campagne.

VI. LETTRE.

1

Du Comte de Bussy au premier

President de Dijon.

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A Buffy, CC 21. Fevrier 1678. E ne sçai que penser de tout ce que je vois, Monsieur, concernant la

guerre, & je reviens toûjours à croire que le Roy ne le sçait pas lui-même. Il agira suivant que l'Angleterre se condui. ra avec lui, & la lenteur de sa marche montre bien qu'il attend quelque nouvelle pour se déterminer. Je ne dou. re pas que le Roy d'Angleterre n'ait toûjours agi d'intelligence avec le Roy, & c'est en consequence de cela Parlement qui en est encore mieux inforiné que moi, le traite fi mal. Comme

, les Anglois n'ont point encore levé le

que son

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masque, je prévoi que la défiance qu'ils ont de leur Roy les empêchera de lui mettre les armes à la main, ne sçachant pas s'il s'en serviroit à les rédui- . re à l'obéissance que des Sujets doivent avoir pour leur Roy. Les Dames en

: France ne font pas accoûtumées à sui. vre les armées comme en Allemagne, c'est grand pitié de voir de jeunes attraits embourbez,

VII. LETTRE.

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Du premier President de Dijon

au Comte de Bussy.

A Paris , ce II. Mars 1678. L'Emploie les derniets momens que j'ai

à être ici d'où je parts demain , pour vous apprendre, Monsieur, la prise de Gand; la résistance a éré médiocre & l'attaque vigoureuse. Le Roy y arriva le 4.

& la Place fe rendit le 9. Mom- . bron

y

a été mis Commandant. On ne sçait point encore où marche le Roy, fon Armée est de quarante mille hommes de pied en loixante-sept bataillons, & de vinge mille chevaux en cent qua- . ranire escadrons. Our parle de Bruges,

а

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de Dam, de Dixmude & d’Ypres plus que

d'aucune autre Place. Vous aurez été bien surpris aussi bien que nous d'apprendre, après tout ce qu'on a fait pour persuader qu’on alloit en Allemagne, qu'on soit enfin revenu en Flandre pour assieger & prendre Gand; Mons, Na. mur, Charlemont, Ypres & Gand furent investis en même tems , & Villahermosa reçût jusqu'à seize couriers en un jour des Gouverneurs de ces Places & d'autres encore qui lui demandoient du secours. Toutes les conquêtes que nous faisons portent l'Angleterre à la guerre , par la jalousie qu'elles leur donnent, à moins qu'elles ne nous fervent à remplacer Condé, Tournay & Valenciennes que nous avons résolu de garder. Si nous devenons plus fiers les autres s'échauferont davantage , & nous avons à craindre l'inconstance de la fortune.

Voilà le raisonnement de ceux qui voudroient

que l'on profitât de cette conjoncture pour faire la paix. D'autres toutefois croient qu'il n'y a rien à craindre à cause de la défiance qui est entre le Roy d'Angleterre & son Parlement. Que d'ailleurs les Espagnols ont sujet. d'appréhender que les Anglois & les Hollandóis ne mettent le pied en Flandre, & les Hollandois craignent que le Prince d'Orange foûtenu des Anglais ne veuille usurper la suprême 'puissance. Il paroît déja quelque chose de cette défiance dans une Lettre écrite de Londres d'un bon endroit , que j'ai vûë, qui porte que l'on est fi inquiet sur ce la que les Hollandois veulent que leur Armée Navalle jointe avec celle des Anglois, agisse plûtôt sur les côtes de France que sur celles de Flandre. Il y a à raisonner long-tems sur ces affaires

elles n'ont jamais été broüillées, mais l'état où elles font

peut changer en un moment. Cependant comme la prise de Saint-Guilain est cause du mouvement des Anglois contre nous, il est difficile de croire que celle de Gand ne les aigrisse pas da. vantage.

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