'LXVI. LETTRE. Du Comte de Bully à Madame de Scudéry. A Bufy, 6ć 7. Juillet 1680. ENfin, Madame, nous voici arrivez en lieu de repos. Je vous assure que nous en avions besoin. Nous avons fait cent lieuës à marcher tous les jours; cela lasse le corps & la bourse. Je me trouve trop heureux maintenant de mę lever card, de bien manger , & de ne plus compter avec mon hôte. Recommençons notre commerce, Madame , je suis prêt à vous prêter le colet. Je serai ici tour le mois d'Aoust, après quoi j'irai à Chaseu ; Car je ne compte de retourner à Paris qu'au Printems, Cependant croïez bien que personne ne vous honore ne vous estime de ne vous aime plus que je fais , & n'eft. plus que moi, vôtre, &c, LXVII. LETTRE. , De Monsieur de Corbinelly au Comte de Bussy. A Paris , ce 1. Septembre 1680. pris de vos nouvelles , Monsieur ; j'avois sçû par Monsieur de Cressy que vous aviez passé par Liesse pour voir Madame de Rabutin. Nous parlâmes fort de vous & d'elle , & le bon hom. me est charmé de tous deux. Vous voilà maintenant à gofiter les plaisirs du beau tems & du repos. Si Madame de Colligny vient à Paris cer Hyver, je la rencontrerai , ou pour mieux dire je la chercherai louvent au Palais , où elle va faire merveille pour Monsieur son fils, je croi que j'y passerai aussi mon Hyver, étant ré. solu de plaider à outrance & d'emporter un Arrest. Je croi que je m'accoûtumerai à ce maudit genre de vie quand je verrai que Madame votre fille fera la même chose ; l'indignation nous aidera à subsifter. C'est un plaisir de pouvoir haïr ses Juges ou sa Partie, Au reste, je rencontrai l'autre jour Mademoiselle d'Epeüilles , elle ne me reconnut pas. Je la saluai d'un air qui méritoit un peu de réminiscence , mais elle me prit pour une homme qui s'a. dressoit à une aucre. Je ne defpere pas encore d'aller à Buffy. On m'a parlé d'accommodement, nous avons pris huit jours pour de faire. J'aurai gagné à la poursuite de ce procès un talent de chicane dont ail n'y a que vous & Madame de Cole digny qui puissiez me défaire. Je l'elpere fort, & je le defire encore davantage. L XVIII. LETTRE. Du Comte de Bussy à S. A. R. Mademoiselle, A Antun, ce 17. Janvier 1681. LE Marquis de Busly me vient de mander que Votre Alteffe Rorale, Mademoiselle , avoir gagné son procès avec Mademoiselle de Guife , & que vous lui aviez commandé de me le*crire. Je vous rends mille très-humbles graces, Mademoiselle , ide ce que vous mc me croïez assez dans vos intérêts pour m'en réjouir , & je vous assure aufli que vous avez raison. Messieurs de , Barail & de Rolinde n'en sont pas plus aises que moi. Si je sçavois quelqu'un qui aimât plus qu'eux V. A. R. Ma. demoiselle, je ne l'aurois pas oublié; car sur le chapitre du respect & de l'attachement que l'on peut avoir pour vous, je vais aussi loin qu'on peut aller, LXIX. LETTRE. СЕ De Madame de Scudéry au Comte de Bussy. de nos Veuves & de nos De: moiselles font des avances à notre ani le Duc de Saint Agnan, c'eft que lors qu'il s'agit de s'établir & d'avoir un rang, on ne trouve rien de honteux pour y parvenir. Notre ami dit qu'il est jeune, elles ne le croïent pas, elles croient seulement qu'il est Duc, & c'ex aslez pour elles. Pour moi je croi qu'il ne se mariera que par inclination, & qu'un mérite connu le touchera plus Tome VI. E qu'une grande beauté. C'est en verité un galant homme , l'on pourroit mener une vie fort douce avec lui ; le bien ne le touche point, il ne sera queftion que de lui plaire. C** eft mort fort chrétiennement. On demanda au coucher du Roy s'il n'avoit point fait de testament, le Comte de Grammont répondit qu'oüi , & qu'il avoit fondé un Hôpital pour les Ducs ruinez par leur faute , qui se disposoient à y aller. Il y a quelque tems que l'Ambassadeur d'un Prince Etranger aïant fati, gué le Roy par une harangue impertinente, Sa Majefté après qu'il fut for. ti dit au Comte de Grammont , qu'il s'étonnoit qu'on n'eût pas trouvé dans un Roïaume un plus habile homme à lui envoïer. Le Comte lui répondit que c'étoit apparemment le parent de quel que Ministre. Adieu , Monsieur le Com te , je suis tout à vous. |