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J. G. DENTU, IMPRIMEUR-LIBRAIRE,

rue des Petits-Augustins, no 5 (ancien hôtel de Persan).

1819.

Δ

Fr 1642.62

HARVARD COLLEGE LIBRARY

FROM THE LIBRARY OF

COMTE ALFRED BOULAY DE LA NERO
APRIL 1927.

LE

DRAPEAU BLANC.

LORSQUE de toutes parts s'élèvent des tréteaux où les charlatans révolutionnaires débitent leurs drogues funestes, pourra-t-on trouver inutile ou superflu le soin d'ouvrir une nouvelle tribune à la raison, à la bonne foi, au courage, qui veulent, en signalant le danger, indiquer à la fois le mal et le remède? ·

Chaque jour voit paraître d'infâmes libelles, où tout ce qu'il y a de sacré parmi les hommes, est outrage avec une audace qui ressemble au délire, et une impunité qui a l'air de l'encouragement. On dirait que ces empoisonneurs publics sont munis d'une patente, et qu'ils n'exercent qu'avec licence des supérieurs: on a pu voir s'ils ont su exploiter ce privilége.

Pendant long-temps ces professeurs de révolution, ces prédicateurs d'athéisme et de révolte, ont parlé seuls et sans contradicteurs. Si quelque défenseur de la religion et de la morale publique se hasardait à élever la voix, cette voix isolée était perdue, étouffée au milieu des vociférations. Les hommes honnêtes et timides, qui ont assez de raison pour discerner le bien, assez de vertu pour le désirer, mais trop peu de force pour combattre lé mal, espéraient toujours que l'autorité, qu'ils sup

posaient plus particulièrement intéressée à empêcher le progrès de doctrines ennemies de tout devoir légitime, sentirait enfin la nécessité d'opposer un frein à ce dévergondage révolutionnaire, dont sa ruine devait être l'inévitable résultat. L'autorité, je ne dirai pas complice, mais imprévoyante, quoique sans cesse avertie par les craintes des bons et les espérances peu déguisées des méchans, l'autorité, frappée d'un esprit de vertige et d'aveuglement, demeura dans une oisive indifférence. La contagion s'étendit.

Quelques jugemens rendus par les tribunaux, loin de réprimer l'audace des ennemis de l'autel et du trône, ne servirent qu'à faire éclater davantage leur impudente opiniâtreté. Pendant qu'on leur demandait compte d'un délit, ils en commettaient un autre; sous le prétexte de justifier la brochure séditieuse, ils en publiaient une plus séditieuse encore; "souvent même les discours des avocats étaient plus téméraires, plus dangereux que les écrits des cliens. La punition sembla encourager et multiplier les coupables; la police correctionnelle vit à chaque audience de nouveaux candidats briguer l'honneur d'une condamnation dérisoire qui leur donnait, aux yeux du parti, l'attitude intéressante de la persécution; et dans cette lutte scandaleuse de libelles et de plaidoyers séditieux et de jugemens inutiles, les factieux ne perdirent rien de leur audace ni de leurs espérances. Les tribunaux gagnèrent-ils quelque chose en considération?

Nos juges, qui ne sont pourtant pas des Hercules, voient se réaliser la fabuleuse allégorie de l'hydre aux têtes renaissantes; et l'on peut prédire que,

malgré tout le zèle qui les anime, leur main se fati guera plutôt de signer des jugemens, que celle des écrivains factieux de tracer des libelles.

Si les dépositaires de l'autorité royale eussent bien entendu leurs intérêts, bien connu leurs droits, bien rempli leur devoir, cette arène ne se fût point ouverte; les juges eussent été exempts de ces corvées quotidiennes, et les coupables eux-mêmes préservés malgré eux. Il n'y aurait point eu de condamnation, parce qu'il n'y aurait point eu de délit. Le parti révolutionnaire, qui tremble dès qu'il n'a pas l'espoir de faire trembler, se fût condamné ausilence sous un gouvernement ferme, conséquent, qui eût prouvé, par des actes d'une vigoureuse administration, l'intention bien prononcée de se faire aimer des honnêtes gens, craindre des malveillans, el respecter de tous.

Si quelqu'incendiaire avait osé secouer encore le brandon de la révolte, il eût été promptement et sévèrement puni, et son châtiment eût averti ceux qui auraient pu être tentés d'imiter sa criminelle extravagance. Les punitions ne sont utiles que quand elles sont rares; l'exemple trop répété perd de sa force ; les peines prodiguées n'effrayent plus. Multipliez les bourreaux, ils n'inspireront plus tant d'horreur.

Qui voudrait d'ailleurs se livrer à des projets dont le péril serait certain, la peine inévitable et le succès impossible?

Mais la marche incertaine et vacillante d'un ministère qui n'a montré quelques velléités de vigueur que contre les vrais amis de la monarchie légitime, excita, encouragea ses ennemis. Trahir le secret de

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