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vient de prouver combien elle désavoue les manifestations du libéralisme. L'ol cier Suary, compris dans l'amnistie, ayant illuminé dans la nuit du 25 octobre maison à Barcelonne, et ayant donné lieu à des cris séditieux, la reine s'est empr sée de donner l'ordre de le traduire devant un conseil de guerre, et de faire ju par les tribunaux compétens les autres perturbateurs, dont plusieurs avoient trouvés nantis d'armes et de proclamations.

Quelques Lettres sur le Choléra-Morbus, par A. de Mey (1).

Ces Lettres ont été écrites dans le premier mois de l'invasion du choléra : dit qu'elles ont d'abord circulé en manuscrit, mais l'auteur a cru devoir chois ensuite un mode de publication plus commode. Son ouvrage se compose de hu lettres, dont les sept premières sont toutes du mois d'avril. L'auteur y disting les différentes espèces de choléra, avec les variations de leurs symptômes et méthodes de traitement à appliquer suivant les circonstances. Médecin lui-mêm il expose les résultats de son expérience, et s'appuie aussi sur l'avis de quelque uns de ses confrères. Il ne nous appartient pas de juger son ouvrage sous le rap port médical; nous pouvons dire seulement qu'on y trouve de la méthode, de clarté, de la simplicité. L'auteur ne paroît point charlatan : c'est un homme qu écrit en conscience et de bonne foi.

Il y a plus, M. Mey est un homine profondément religieux. Il envisage choléra comme un fléau de Dieu; il se moque un peu de la jactance des méde cins de Paris, qui prétendoient triompher en peu de temps de cette terrible ma ladie. Il accuse surtout l'autorité civile d'avoir négligé ou contrarié les précaution les plus indispensables. A cette occasion, il attaque la centralisation et la bureau cratie; il se borne cependant à traiter ces questions dans leurs rapports avec le choléra. Ces considérations sont le sujet de la huitième lettre, qui est bien posté rieure aux précédentes, et qui, pour le fond des choses et pour le ton et le style, rappelle tout-à-fait la manière de M. Mey dans un autre ouvrage dont nous avons parlé Le Christianisme en action en face de ses persécuteurs.

(1) In-8°, prix, 1 fr. 50 cent. et 2 fr. franc de port. A Paris, chez Bricon, rue du Vieux-Colombier, et au bureau de ce journal.

COURS DES EFFETS PUBLICS.

Le Gérant, Adrien Le Clerc,

Bourse du 16 novembre 1832.

Trois pour 100, jouissance du 22 juin, ouvert à 67 fr. 45 c., et fermé à 67 fr. 55. c.
Cinq pour 100, jouissance du 22 sept., ouvert à 96 fr. oo c., et fermé à 96 fr. 15 c.
Actions de la Banque.
. 1660 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP".

MARDI 20 NOVEMBRE 1832.

AL

ΤΟΥΛ

Du Journal des connoissances utiles AIX

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Ce Journal, qui se publie depuis l'année dernière, à été fondé par la société nationale pour l'émancipation intellectuelle ; plus de cent pairs et députés ont concouru à cette fondation. L'objet du Journal est d'indiquer, à tous les hommes qui savent lire, leurs devoirs, leurs droits, leurs intérêts. Leurs devoirs, il ne faut pas trop s'effrayer de cette annonce, le Journal ne les indique pas tous. Il ne parle point des devoirs du chrétien. Il annonce même qu'il ne s'occupera point de religion, et qu'il conservera une entière impartialité envers tous les cultes. Nous verrons bientôt si les rédacteurs ont rempli leur promesse. Ces rédacteurs sont des gens de lettres, des économistes, des médecins, qui traitent ou doivent traiter chacun des matières analogues à l'objet de leurs connoissances. Le secrétaire général du comité de rédaction est M. Emile de Girardin; c'est le gérant du Journal. Il paroît un cahier au commencement de chaque mois. L'abonnement est très-modique, puisque le prix n'est que de 4 francs par an, franc de port pour toute la France. Ce Journal est d'ailleurs très-favorisé, car le directeur-général des postes ayant affranchi du timbre de 35 cent. les reconnoissances au-dessous de io fr., cette diminution des frais d'envoi est un avantage pour les souscripteurs.

Nous avons quelques cahiers de ce journal sous les yeux; nous allons le parcourir. Dans celui du mois de mars dernier, il y a un portrait des curés par M. de Lamartine; ce portrait, qui a pour titre : Devoirs civils du curé, renferme de belles choses; cependant on y trouve aussi des choses inexactes ou déplacées.

Cet article est immédiatement suivi d'un article sur la liberté des cultes. L'auteur, M. Wilbert, avocat, blâme l'article 6 de la Charte, qui dit que les ministres des cultes chrétiens reçoivent des traitemens du Trésor public; il trouve que cet article n'est pas aussi sage que le précédent, il espère qu'on le revisera un jour. Sa grande raison, la seule même

Tome LXXIV. L'Ami de la Religion.

I

qu'il énonce, c'est que les cultes dissidens ont à supporter de doubles charges, c'est-à-dire de rétribuer les autres cultes et de soutenir le leur. Mais cette objection tombe d'elle-même, puisqu'il n'y a en France d'autre culte que des communions chrétiennes. Les juifs, qui formoient la seule exception, ont obtenu depuis des traitemens. L'auteur, dans sa discussion, dit: Martyrs aussi long-temps qu'ils furent en minorité, les premiers chrétiens devinrent persécuteurs aussitôt qu'ils se crurent assez puissans. Il faut le dire nettement, cela est faux. D'abord il est douteux que les chrétiens aient toujours été en minorité pendant les persécutions dirigées contre eux. Sous la persécution de Dioclétien notamment, il y a tout lieu de croire qu'ils n'étoient pas les moins nombreux, et cependant ils ne se montrèrent ni moins résignés, ni moins patiens. Ensuite il n'est point vrai qu'ils soient devenus persécuteurs comme on l'avoit été à leur égard. Les païens ne furent point traduits devant les tribunaux après la conversion de Constantin; on ne les condamna point à mort pour le fait de leur religion, comme cela s'étoit pratiqué si long-temps pour les chrétiens. Plus bas, M. Wilbert exagère les suites de la révocation de l'édit de Nantes; les protestans s'exiloient, dit-il, et comme ils étoient l'ame de l'industrie française, notre industrie s'exilu avec eux. Il y a dans ce peu de mots trois exagérations ; des protestans s'exilèrent, oui, mais non pas les protestans. Les protestans n'étoient point l'ame de l'industrie, ils avoient de l'industrie, cela est possible, mais ils n'en avoient pas exclusivement. Enfin il est faux que notre industrie se soit exilée avec eux, et le duc de Bourgogne remarque, dans son Mémoire, qu'on ne s'aperçut dans le temps d'aucune diminution dans les produits du commerce et dans les développemens de l'industrie. Voyez ce Mémoire, qui est très-bien fait, à la suite de la Vie du prince, par Proyart. Il ne faut pas trop s'étonner que M. Wilbert connoisse si mal l'histoire des temps passés, car il ne paroit pas fort au courant du temps actuel. Il dit sérieusement qu'aujourd'hui il n'est permis à personne d'attaquer la religion, les mœurs et les droits d'autrui. M. Wilbert ne lit pas apparemment les livres et les journaux qui insultent à la religion, et il ferme les yeux pour ne pas voir les horribles caricatures qui couvrent les quais et sont étalées dans les boutiques.

Dans le cahier de janvier de cette année, les rédacteurs du

Journal des connoissances utiles donnent un extrait du rapport de M. Odilon-Barrot à la chambre en faveur du divorce, rapport dans lequel il est dit, contre l'évidence des faits, que le divorce est favorable aux bonnes mœurs, qu'il est favorable aux enfans. Les rédacteurs réfutent-ils ces assertions? Ils s'en donnent bien de garde, ils y ajoutent même ce qu'ils appellent une observation utile; la voici :

« Les empereurs les plus vénérés par leur piété, les Constantin, les Théodose, les Justinien, ont porté des lois en faveur du divorce. Ce n'est que depuis le concile de Trente que la doctrine de l'Eglise sur le divorce a été fixée. Les Pères y lancèrent l'anathème contre quiconque soutiendroit que la violation de la foi conjugale de la part d'un des conjoints pouvoit entraîner la dissolution de leur lien. Mais ils sont en opposition manifeste avec l'Evangile, qui l'autorise précisément en ce cas. L'autorité du concile de Trente est grande sans doute; mais ne pourrions-nous pas rappeler que ses décrets n'ont jamais été reçus en France, parce qu'ils blessoient trop nos libertés gallicanes?...

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Ceci prouve, du reste, que les rédacteurs auroient sagement fait de tenir leur promesse, et de s'abstenir de toucher à ce qui regarde la religion; car, en voulant parler de ce qu'ils ne connoissent pas, ils n'ont pu s'empêcher de tomber en beaucoup d'erreurs. Il n'est pas vrai que les trois empereurs cités aient fait des lois en faveur du divorce; au contraire, l'ayant trouvé établi, ils ont fait des lois pour le rendre plus difficile, pour le restreindre à certains cas. Il est faux que ce ne soit que depuis le concile de Trente que la doctrine de l'Eglise sur le divorce a été fixée. L'esprit de l'Eglise, dit Bossuet (1), a toujours été de permettre la séparation pour cause d'adultère, mais non pas de se remarier. Saint Clément d'Alexandrie en est un bon témoin, quand il dit que l'Ecriture ne permet pas aux mariés de se séparer, et qu'elle établit cette loi: Vous ne quitterez point votre femme, si ce n'est pour cause d'adultère; mais qu'elle croit que c'est adultère à ceux qui sont séparés de se remarier tant que l'un des deux est en vie. Ce seul passage, ajoute Bossuet, prouve qu'on distinguoit dès ce tempslà la liberté de se séparer, d'avec celle d'épouser une autre femme. Il est assurément fort plaisant d'entendre un journaliste étranger aux choses de la religion décider que le concile

(1) Mém. sur la Bibl. eccl. de Dupin, édit. de Versailles, t. XXX, p. 495.

de Trente est en opposition manifeste avec l'Evangile. Effectivement, il est dit dans l'Evangile que l'homme ne sépare point ce que Dieu a uni; et comme les Juifs objectoient au Sauveur que Moïse leur avoit permis de répudier leurs femmes, il leur répond que Moïse ne le leur a permis qu'à cause de la dureté de leur cœur, et que, dans l'origine, il n'en étoit point ainsi. Les rédacteurs trouvent-ils que ce soit là autoriser le divorce? Ils prétendent que les décrets du concile de Trente n'ont jamais été reçus en France. Il est bon de leur apprendre que les décrets du concile sur le dogme ont toujours été reçus en France, et que ceux qui ne les recevroient pas ne seroient pas catholiques. La plupart des décrets sur la discipline avoient même passé dans notre législation. Avis à MM. du Journal des connoissances utiles, pour ne pas faire d'excursions sur un terrain qu'ils ne connoissent pas. Ces excursions sont non-seulement inutiles dans leur journal, mais elles sont encore déplacées; elles peuvent égarer des fidèles trop confians, et elles doivent déplaire souverainement aux ecclésiastiques qui reçoivent ce journal.

Dans le même numéro de janvier, on trouve que c'est un inconvénient que les ecclésiastiques distribuent des secours indépendamment du bureau de bienfaisance; et, pour prévenir l'abus grave qui en peut résulter, on les engage à remettre chaque semaine au bureau de bienfaisance la note des effets et sommes qu'ils auroient distribués, avec indication des individus secourus. Que cela est heureusement imaginé! Ainsi l'aumône, que l'Evangile nous recommande de faire en secret, seroit publiée sur les toits; ainsi un curé feroit connoitre les pauvres honteux de sa paroisse; il s'exposeroit au contrôle du bureau de bienfaisance, qui blâmeroit tantôt ceci, tantôt cela. Ce seroit un moyen d'arriver à tout concentrer dans les mains du bureau. Combien les pauvres auroient à s'en féliciter! Alors les aumônes seroient bien plus abondantes sans doute, les bureaux de bienfaisance jouissant tous, comme on sait, de l'entière confiance des personnes les plus charitables. Nous ne serions pas surpris que quelque jour les philanthropes ne réalisassent leur idée, et n'obligeassent les curés à rendre compte de leurs distributions. Ce seroit un excellent moyen pour dessécher la source des charités publiques.

Dans le même numéro se trouve encore un article infiniment

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