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ait été saisi. La tranquillité n'a d'ailleurs été aucunement troublée. Un grand appareil militaire avoit été déployé, et toute la police étoit sur pied. Le soir, il y a eu des patrouilles.

Madame la duchesse de Berri est arrivée à Blaye le 15 à sept heure

du soir.

M. de Preissac (ancien royaliste), préfet de la Gironde, M. Léon de Malleville, secrétaire-général, et M. Lebrière, commissaire central de police à Bordeaux, sont partis le 12 pour Blaye, afin de prendre les dernières mesures que nécessite la présence de madame la duchesse de Berri. M. Garin, conseiller de préfecture, a été chargé de l'intérim.

Louis-Philippe, pour récompenser la garde nationale de Nantes de sa conduite, et lui en prouver sa satisfaction, a fait connoître au colonel qu'il annuloit les décisions et jugemens rendus et à rendre pour délits commis par ladite garde.

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Le préfet de la Dordogne, M. Mourgues, a cru devoir annoncer l'arrestation de madame la duchesse de Berri par une proclamation. Il regarde cette arrestation comme un événement considérable, et il espère que désormais les institutions constitutionnelles seront impénétrables. Ce sont les expressions de M. Scipion Mourgues, qui avoit fait précéder sa proclamation de ce titre Capture de Caroline-Berry et autres conspirateurs.

Une pétition aux chambres, à l'occasion de l'arrestation de madame la duchesse de Berri, est déposée au bureau du journal le Revenant. Elle se couvre chaque jour de nombreuses signatures.

M. Guizot, ministre de l'instruction publique, a été réélu député à Lisieux, à la majorité de 359 suffrages contre 168, obtenues par M. Isambert, candidat des patriotes.

— M. Humann, ministre des finances, a été réélu député à Schelestadt, à une grande majorité,

- M. Guy, maire de St-Germain-en-Laye, a été élu député dans cette ville, ́en remplacement de M. Bertin de Vaux, élevé à la pairie. Les voix s'étant réparties entre 5 ou 6 candidats, il n'a obtenu que 214 suffrages sur 414. Les candidats de l'opposition étoient MM. Isambert, qui a obtenu 68 voix, M. Guillaume 47 voix, et M. Ev. Dumoulin 7.

M. Lemaire, de Nanteuil, a été élu député à Senlis, en remplacement de M. le maréchal Gérard, nommé à la pairie. Il l'a emporté d'environ cent voix sur M. Desormes, de Verberie, candidat de l'opposition.

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M. Piscatory a été élu député à Chinon en remplacement de M. Girod (de l'Ain), élevé à la pairie. Les candidats de l'opposition étoient MM. Lafond et Jules Taschereau.

M. Etienne Quatremère, membre de l'Institut, professeur de la chaire des langues hébraïque, chaldaïque et syriaque au collège de France, est nommé pro fesseur de langue persane à l'école spéciale des langues orientales vivantes, en remplacement de M. de Chézy, décédé.

M. Pillot, procureur du Roi à Avesnes, est nommé substitut du procurenrnéral près la cour royale de Douai.

-La chambre des députés a eu, le samedi 17, une réunion préparatoire. On tiré an sort la députation de vingt membres pour la séance royale. M. Duchâtel, byen d'âge, a occupé le fauteuil. Les fonctions de secrétaires sont remplies par quatre membres les plus jeunes de l'assemblée, MM. Girardin, Vigier, Bousquet et Giraud.

-Les députés de l'opposition se sont assemblés samedi soir, au nombre le 75, au nouveau local de la rue Neuve-St-Augustin, et ont nommé M. Salverte pour leur président. Ils ont pensé que la présidence de la chambre ne devoit pas are donné à M. Dupin, qui ne peut franchement être considéré que comme le candidat du gouvernement. Le choix s'est donc porté sur M. Laffitte, qui a diigé le compte-rendu. MM. Dupont (de l'Eure), Salverte, Odilon - Barrot et de Tracy ont été désignés comme candidats à la vice-présidence.

Une réunion de 43 députés des différentes nuances, qui concouroient souvent à former la majorité dans la dernière session, s'étoit donné rendez-vous la semaine dernière chez M. Ganneron: on a décidé que l'ancienne réunion Rivoli se recomposeroit, nonobstant des divergences d'opinion que l'on prévoit, Les réunions auront lieu à l'ancien hôtel Choiseul, rue Saint-Honoré, no 368.

— Le gouvernement a conservé l'usage des lettres closes pour inviter les députés à la séance royale. M. de Cormenin a renvoyé la sienne au ministre de l'intérieur, en lui déclarant qu'il se présenteroit à la séance en vertu de son droit député, et non par la permission de cette espèce de billet dont il n'a au

comme

tun besoin.

- La cour de cassation, statuant sur la demande formée par M. le procureurgénéral près la cour royale de Poitiers, a renvoyé de la cour d'assises de la Vendée à celle de la Dordogne, pour cause de suspicion légitime et de sûreté publique, l'affaire du sieur Ménager et consorts, accusés de chouannerie.

M. Cabet, député, poursuivi pour un écrit sur la révolution de 1830, et dont le procès avoit été remis au 16, ne s'est point présenté. M. Persil, procureur-général, s'étoit chargé de porter lui-même la parole contre son collègue. L'avocat de M. Cabet a demandé une nouvelle remise, en la motivant sur une lettre de son client qui est encore à Dijon. M. Persil a requis la cour de passer outre. La cour a condamné le prévenu, par défaut, à 5 ans de prison, 10,000 fr. d'amende, à l'interdiction des droits civiques, et à l'affiche du jugement, comme coupable d'offense envers Louis-Philippe, d'attaque contre la dignité royale, contre l'ordre de successibilité au trône, contre les droits que le prince tient du vœu de la nation, et contre son inviolabilité et son autorité. M. Cabet aura cinq jours, à partir de la notification de l'arrêt, pour y former opposition; mais le lundi 19 commence son inviolabilité comme législateur, et il ne pourra être poursuivi que sur l'autorisation de la chambre des députés.

-M. Meunier, auteur d'un écrit légitimiste, intitulé : Facéties de la comparu le même jour devant la cour d'assises, ainsi que

quinzaine,

a

M. Poussielgue, imprimeur, sous la prévention d'offenses envers la personne d Louis-Philippe. M. Meunier a fait observer que cet écrit n'est guère que la re production de plusieurs articles du Brid'Oison, qui n'avoient donné lieu à au cune poursuite. Sur la déclaration du jury, les prévenus ont été acquittés. MM. d Belleval et Lafargue avoient présenté leur défense.

- A la seconde section, le sieur Carpentier, cordonnier, accusé d'hornicid lors des évènemens de juin, a été condamné, eu égard à des circonstances atténuantes, à huit ans de travaux forcés. Le sieur Chappuis, accusé de pillage à la même époque, a été acquitté...

— M. Audry de Puyraveau, député, s'est présenté le 17 devant la chambr correctionnelle de la cour royale, à raison de sa mise en loterie d'immeubles. L ministère public s'est désisté de son appel à minimá. M. Odilon-Barrot a plaid de nouveau pour son collègue. La cour a réduit l'amende de 3000 fr. à 1000 fr. et a supprimé la disposition qui condamnoit à l'affiche du jugement.

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Le sieur Hotteaux, décoré de la médaille de juillet, convaincu égalemen d'homicide à cette époque, mais en faveur duquel ont été admises des circonstances atténuantes, a été condamné à dix ans de détention. Le nommé Courty maçon, qui étoit sous le poids d'une semblable accusation, a été acquitté.

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Le sieur Sugier, condamné à mort par contumace, pour avoir arboré le drapeau rouge le 5 juin, à la place de la Bastille, s'est volontairement constitué prisonnier le 16. Sa cause sera jugée au premier jour. Il est poursuivi aussi pour la publication du Mayeux.

Un ordre de l'état-major de la garde nationale de Paris oblige, depuis le 15, un bataillon de chaque légion de cette garde de se tenir prêt à prendre les armes au premier rappel.

On a saisi le 16, chez M. Dentu, libraire, un nouvel écrit de M. Magnant, intitulé: Madame, duchesse de Berri.

– Vidocq a été remplacé, comine chef de la brigade de sûreté, par M. Allard, ex-commissaire de police à Paris.

- C'est par erreur que l'on avoit annoncé le suicide et la mort de M. Guiltard, préfet du Cantal. Ce fonctionnaire est en pleine santé.

a pro

M. Demangeat, procureur du Roi à Nantes, de retour dans cette ville, cédé à la levée des scellés apposés dans la maison de mesdemoiselles Deguigny et y a recherché avec soin les papiers, l'argent et tout ce qui est présumé appartenir à madame la duchesse de Berri. Il a provoqué le renvoi à Nantes de mademoiselle de Kersabiec, embarquée avec la princesse, parce que cette dame seroit comprise dans l'affaire renvoyée à Blois. Une perquisition a été faite chez elle, ainsi que chez madame de Carcouet et M. Becdelièvre.

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- M. Duguigny, frère de mesdemoiselles Duguigny, a été arrêté le 14, au moment où il venoit visiter ses sœurs à la prison.

MM. de Laubepin, de Kersabiec et Guilloré, détenus à Nantes, sont partis le 12 pour Blois.

M. Guibourg, qui a été repris dans la maison où s'étoit retirée madame la chesse de Berri, et M. Merson, gérant de l'Ami de l'Ordre, sont partis 16 de Nantes pour Blois.

- M. du Temple a fait sa soumission, et s'est constitué prisonnier à Nantes. - L'armée française s'est mise en mouvement le 15, à cinq heures du matin. neuf heures, un corps de 6000 hommes faisant partie de la brigade Castellane franchi la frontière après avoir traversé Quiévrain. A quatre heures, les troupes oat arrivées à Mons, où elles ont été bien accueillies. Les militaires ont couché ans cette ville, à Courtrai et à Tournai. Le duc d'Orléans s'est porté le même jour à Ath, avec sa brigade. Le passage des troupes a continué le 16 et le 17. avant-garde et les princes sont entrés à Bruxelles le 17, et ont dû arriver deant Anvers le 19, jour de l'ouverture des chambres.

Le colonel anglais Caradock a été envoyé au quartier-général du maréchal Gérard, avec ordre d'accompagner, en qualité de commissaire anglais, l'armée française pendant ses opérations en Belgique.

Dans la séance du 15, la chambre des représentans de la Belgique a élu M. Raikem président, à la majorité de 38 suffrages contre 27, échus à M. Gendebien. MM. Fallon et Dubus ont été nommés vice-présidens; leurs concurrens étoient MM. Gendebien et de Theux. Les deux vice-présidens et M. Devaux ont été chargés de la rédaction de l'adresse.

- Dans la séance du lendemain, M. le général Goblet, ministre des affaires

étrangères,
a communiqué les pièces relatives aux négociations suivies depuis là
dernière session, sur les différens avec la Hollande, et, en particulier, les notes
par lesquelles le gouvernement belge a pressé la France de les terminer, et les
réponses qu'il en a reçues. Il a terminé en annonçant l'entrée des troupes françaises,
et en priant la chambre d'approuver la conduite du nouveau ministère. I

- Le général Evain, ministre de la guerre en Belgique, a publié, le 15 no-
rembre, une
proclamation pour annoucer l'entrée des troupes françaises en Bel-
gique et son but. Il a ajouté que l'armée belge se borneroit à garder l'intérieur,
et qu'elle n'agira que s'il y a agression du territoire par l'ennemi.

Un drapeau noir a été arboré sur l'église de l'hôpital civil d'Anvers, pour

indiquer que les bâtimens qui en dépendent doivent être épargnés en cas de bom

bardement.

- Le Palambang, navire hollandais, venant de Baltimore et se rendant à Amsterdam avec une cargaison américaine, a été capturé par les Anglais et con

duit à Falmouth.

Les chargé d'affaires de France et d'Angleterre étoient encore à La Haye le 14 novembre; ils attendoient de leurs gouvernemens l'ordre de partir.

Des réunions ont lieu dans les villes commerçantes de l'Angleterre, comme dans la cité, pour protester contre la rupture de l'alliance avec la Hollande.

-La Gazette officielle de Berlin, du 11 novembre, contient un article qui fait connoître les intentions du gouvernement prussien au moment de l'emploi de mesures coërcitives par la France et l'Angleterre contre la Hollande. Le roi de

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Prusse, conformément à ses déclarations précédentes, et d'accord avec l'A triche et la Russie, a signifié aux deux cours alliées que non-seulement il s'abs noit de toute coopération, mais qu'il refusoit son assentiment aux mesures don s'agit, et qu'il alloit ordonner la formation d'un corps d'observation sur la Meu pour être prêt à parer aux conséquences éventuelles de l'entrée des Français Belgique. Des ordres en conséquence ont été donnés sur-le-champ aux trou cantonnées dans la Westphalie et les provinces rhénanes.

Les journaux allemands portent à 60,000 hommes l'armée d'observati prussienne, el pensent que ces troupes pourront occuper Venloo, Limbot et Liége.

Ouverture des chambres, le lundi 19 novembre 1832.

A deux heures Louis-Phillppe, revêtu de l'uniforme de la garde nationale, s'e rendu à cheval et en cortège à la chambre des députés. La nouvelle salle avoit é disposée pour recevoir les pairs et les députés. La Reine occupoit une tribune aw sa belle-sœur et ses enfans. Le Prince s'est placé sur le fauteuil élevé à l'emplac ment de la tribune, et, après avoir dit : Messieurs, asseyez vous, il s'est couve et a prononcé le discours suivant :

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Messieurs, je me félicite de retrouver, après une longue séparation, vos mières et votre appui. Dans cet intervalle, mon gouvernement a été exposé à d graves épreuves. Il les a surmontées par sa propre force. Il a triomphé des fac tions.

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le

Trompées par la générosité de nos institutions, par notre respect pour garanties des libertés publiques, elles ont méconnu la force d'une politique lé gale et modérée. Dans Paris, au nom de la république; dans l'Ouest, au nom d la contre-révolution, elles ont attenté, par les armes, à l'ordre établi. La répu blique et la contre-révolution ont été vaincues.

» Les journées des 5 et 6 juin ont fait éclater la perversité et l'impuissanc des fauteurs de l'anarchie. Elles ont révélé combien seroit dangereuse toute poli tique qui ménageroit les passions subversives au lieu de les réprimer. La monar chie constitutionnelle a reconnu ses vrais amis et ses vrais défenseurs dans cett généreuse population de Paris, dans cette intrépide garde nationale, dans cett brave et fidèle armée, qui ont si énergiquement repoussé de tels attentats.

» J'ai été assez heureux pour que ma présence, en encourageant les bons ci toyens, hâtat le terme de la sédition.

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On a vu quelle force trouve, dans l'appui de la nation, un roi constitutionne contraint de recourir aux armes pour défendre la couronne qu'il a été appelé porter et les institutions qu'il a juré de maintenir.

» Nous avons eu à déplorer dans l'Ouest des soulèvemens et des crimes odieux La masse de la population n'y a point pris part; et, partout où la rebellion a éclaté, elle a été rapidement vaincue. Que les coupables auteurs de la vile qui a tant de fois désolé ces contrées, perdent donc tout espoir d'une contre

guerre

ci

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