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assez long-temps. Le roi, après avoir vu ce qu'il y a de plus curieux à Rome, s'est mis en route le 12 pour Gènes où se trouve la famille royale de Savoie. Le prince doit épouser la princesse Christine de Sardaigne, quatrième fille du feu roi Victor-Emmanuel.

PARIS. Le Bulletin des lois du 3 octobre renfermoit une ordonnance du Roi qui portoit révocation de décret et ordonnance autorisant à Tours l'établissement d'une communauté de Sœurs de la Trinité. Cette révocation a alarmé quelques communautés éloignées qui ont cru voir là un acte d'hostilité contre de semblables établissemens. On nous a demandé quelques éclaircissemens à ce sujet; les informations que nous avons prises nous mettent à même d'expliquer la mesure prise à l'égard des Sœurs de la Trinité. Elles avoient été établies vers 1802 par une dame du Poitou, Madame Pulchérie Choblet, qui acquit l'ancien local des Ursulines. Cette dame avoit les meilleures vues et vouloit se consacrer à l'éducation des jeunes personnes. Le pensionnat fleurit d'abord, mais une maison d'Ursulines non cloitrées s'étant formée à Tours, ce nouvel établissement, qui inspiroit beaucoup de confiance et qui prospère encore aujourd'hui, fut cause que les dames de la Trinité perdirent de leurs pensionnaires. Cette maison déclina peu à peu; la mauvaise santé de Madame Choblet contribua à cette décadence; peut-être aussi peut-on l'attribuer à l'extrême proximité du cimetière général qui effrayoit bien des parens. M. de Barral, alors archevêque de Tours, avoit conseillé aux religieuses de s'unir aux Ursulines; elles s'y refusèrent. Plus tard, elles voulurent faire un arrangement avec les dames du Sacré-Cœur; mais ce projet, qui eût été avantageux à la ville, rencontra des obstacles. Cependant la maison de la Trinité éprouvoit des embarras de finances; il a fallu la dissoudre, et c'est ce qui a donné lieu à l'ordonnance de révocation; ordonnance qui, nous devons le dire, n'a rien d'injuste et de vexatoire. Les religieuses ont cédé leur maison à deux ecclésiastiques du diocèse qui veulent former en grand une maison d'éducation pour les jeunes gens. Ils ont annoncé leur projet par un prospectus brillant. Leur plan d'éducation est nouveau et sur une plus grande échelle. On doit souhaiter qu'ils soient plus heureux que les religieuses auxquelles ils succèdent.

La plupart des cours et tribunaux se sont abstenus cette année de toute cérémonie religieuse à l'époque de leur rentrée. L'Orléanais a fait à ce sujet, dans son numéro du 14 novembre, de trèsbonnes et très-sages réflexions. Autrefois à la messe de rentrée de la cour royale d'Orléans, un des conseillers faisoit une quête pour les pauvres, mais aujourd'hui la cour dédaigne d'implorer le secours du ciel, soit par des prières, soit par des aumônes; elle met également en oubli Dieu et les pauvres. La révolution de juillet a apparemment donné aux magistrats autant de trésors de lumières que de richesses et de bonheur aux peuples. En vain quelques eon

a

seillers réclament contre cette espèce d'athéisme judiciaire. On décidément adopté le principe d'un de leurs collègues, qui disoit, dans le Journal du Loiret du 4 août 1831, que la magistrature ne devoit étre d'aucune religion, ou plutôt qu'elle étoit de toutes les religions. Nous ne comprenons pas, dit avec raison l'Orléanais, comment on peut être de toutes les religions quand les uns nient ce que les autres affirment; ce seroit rendre hommage tout à la fois à la vérité et au mensonge. Celui qui adopte toutes les religions prouve par là qu'il les méprise toutes et qu'il n'en professe aucune. La religion des magistrats est la meilleure garantie de leur intégrité. Qu'attendre de ceux qui n'en parlent qu'avec mépris? Au nom de qui le magistrat qui n'a point de religion vient-il demander le serment? Quel Dieu attestera le témoin en sa présence? Est-ce le Dieu véritable ou Brama? Cela peut-il être indifférent à la magistrature? Ce seroit là un singulier moyen de faire respecter la sainteté du serment. Le serment, avec de telles doctrines, ne seroit plus qu'une momerie. Et cependant quel est celui qui peut être assuré que sa vie ne dépendra pas un jour de la véracité d'un témoiu et de la fidélité d'un serment? La Charte avoit promis de respecter la religion, et la magistrature devoit donner l'exemple de ce respect. Elle entend aussi mal ses intérêts que ses devoirs, en donnant l'exemple contraire. Nous regretons d'être forcé d'abréger cet article du journal, qui est plein de justesse, de logique et de force.

- Le 23 octobre dernier, les religieuses hospitalières de SaintThomas, qui desservent l'hospice de Saint-Remi, arrondissement d'Arles, trouvèrent à un des ragoûts destinés à leur souper une couleur extraordinaire. Elles font venir un pharmacien qui trouve dans le ragoût de l'arsenic et du vert-de-gris. Les religieuses se perdent en conjectures pour savoir qui a pu conjurer ainsi la mort de toute la communauté. Elles ne croyoient point avoir d'ennemi. Cependant, à force de réfléchir, la cuisinière se rappela qu'elle avoit trouvé à cinq heures un mendiant auprès des fourneaux et qu'il étoit sorti sans mot dire. Les religieuses ne parlèrent point de cet évènement, et l'autorité, instruite par hasard trois ou quatre jours après, n'a pu trouver le mendiant. Au mois d'août précédent, un crime semblable avoit été tenté à Aureille, dans le même arrondissement. On trouva dans le canal couvert qui amène les eaux aux fontaines publiques, un paquet d'arsenic. Heureusement on s'en apercut assez à temps pour que personne ne fût victime de cet attentat. Toutes les recherches pour en découvrir l'auteur ont été infructueuses. Mais comment ne pas rougir pour notre siècle qu'il y ait des hommes capables d'une si monstrueuse perversité?

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Nous avons à citer encore de nouvelles offres de service par quelques per

¿ sonnes dévouées à madame la duchesse de Berri. M. Nibelle, aucien avocat-géné→ Ural, a sollicité de la princesse l'honneur d'ètre admis au nombre de ses défenseurs; il a même offert sa vie et sa liberté, si l'on exigeoit des otages. M. le comte de Kergorlay, ancien pair, vient de lui écrire de la prison d'Aix une lettre pleine de marques de dévoûment; il réclame l'honneur d'être un de ses conseils. M. le baron Fondragon et M. le comte de Rochemore se sont adressés au gouvernement, pour obtenir aussi la permission d'offrir leurs services à S. A. R. Ces sollicitations ne seront sans doute pas mieux accueillies que celles de beaucoup d'autres. M. Thiers vient de repousser celle de M. le docteur de Mey, qui désiroit rester auprès de la princesse, afin de lui donner des soins. Ce médecin a exprimé ses regrets et son étonnement de ce refus dans une lettre du 20 novembre, qui a été adressée aux journaux. M. le docteur Laferrière, ancien aide - major de la gendarmerie royale de Paris, domicilié à Périgueux, avoit offert aussi à S. A. R. les secours de son art. Madame la comtesse Anquetil, qui avoit voulu se rendre auprès de Madame, a reçu un refus semblable de la part du président du conseil. On peut prévoir quel sera le résultat de la demande que viennent de faire dans le même but, à la reine elle-même, madame de La Flèche, née d'Hanache, et madame la comtesse d'Hanache, qui étoient l'une et l'autre attachées à la princesse. M. de Châteaubriand, qui avoit demandé au garde-des-sceaux l'autorisation d'être admis auprès de la princesse, a été renvoyé par ce ministre au président du conseil, qui a répondu que le gouvernement ne jugeoit pas convenable d'accéder aux demandes de cette nature. M. de Châteaubriand se proposoit d'indiquer au choix de S. A. R. MM. de Pastoret, Lainé et de Villèle, qui ont offert aussi leurs services dans cette circonstance solennelle. M. Prrdessus a adressé au ministre de la justice un double de sa lettre à la princesse, en le priant de la faire parvenir. M. Pardessus déclare que, dans cette circonstance, il n'agit que par religion et par conviction. Il a reçu la même réponse que M. de Châteaubriand. M. le marquis de Valory à Aix, qui a fait la même démarche, aura sans doute le même refus. M. de Conny a pris le parti d'envoyer la lettre qu'il destinoit à Madame à M. de Preissac, préfet de la Gironde, et son ancien collègue à la chambre des députés, M. Alph. Bergasse, procureur - général démissionnaire près la cour royale de Montpellier et neveu de l'ancien membre de l'assemblée constituante, s'est mis aussi sur les rangs pour défendre madame la duchesse de Berri. Enfin, un grand nombre d'habitans des villes de Montpellier, de Toulouse, de Nîmes, de Gignac et de SaintGilles (Gard) viennent de signer une protestation contre sa captivité. M. de Pignol, ancien sous-préfet domicilié à Sarlat, et M. de Josselin, ont inséré une semblable protestation daus la Gazette du Périgord.

M. Dupin s'y est pris d'une manière fort habile pour rassurer ceux de nos grands dignitaires qui pouvoient craindre de rencontrer en lui un compétiteur ambitieux, un convive capable d'engloutir ce qu'il y a de plus beau et de meilleur dans le budget. En arrivant au fauteuil de la chambre des députés, il s'est hâté d'annoncer qu'il étoit an comble de ses vœux, parce qu'il ne connoissoit rien dans l'Etat qui fût au-dessus de la dignité qu'il venoit d'obtenir. Nous

sommes persuadés que cette manière d'envisager les choses doit plaire à beaucoup de monde. D'abord elle plaît nécessairement à M. Dupin, puisqu'il reconnoît que son poste est tout ce qu'il y a de plus élevé dans le royaume. Malgré la hardiesse de l'expression, elle ne doit pas déplaire non plus au Roi citoyen, parce que, fort heureusement, cela ne retranche rien de la liste civile et des domaines de la couronne. Il est à présumer qu'elle convient aussi beaucoup à M. le président du conseil et aux autres ministres, par la raison que, dans ce temps-ci, il est peu dans la nature humaine de préférer un fauteuil de cinquante mille francs à un portefeuille de quarante mille écus. Enfin, il n'y a pas jusqu'au peuple souverain qui ne trouve également son compte dans cette affaire; car c'est à lui évidemment que M. Dupin rapporte tous les honneurs de son élévation, en la faisant dériver du vœu nationai, et descendre ainsi de la bonne source; de sorte qu'on ne voit réellement dans tout ceci que sujet de joie et d'enchantement pour les grands et les petits. Seulement on s'afflige, pour la royauté citoyenne, de l'embarras où elle se trouveroit vis-à-vis de M. Dupin, si elle avoit à lui proposer autre chose que ce qu'il a maintenant, comme qui diroit la présidence du conseil; car il est clair qu'on ne sait plus où le mettre sans le condamner à descendre. Cependant il ne faut désespérer de rien avec les grands citoyens. M. Dupin seroit homme à se sacrifier, et à se laisser faire premier ministre, si le salut de la patrie venoit à l'exiger impérieusement.

· Les préparatifs ́du siége de la citadelle d'Anvers ne vont pas si vite que l'imagination des journalistes de Paris, qui avoient d'abord fixé au 21 ou au 22 de ce mois, le commencement des hostilités. Ils ont calculé depuis que le matériel nécessaire pour l'attaque ne pouvoit guère être prêt que pour le 25 ou le 26. A présent on doit s'attendre d'un moment à l'autre à quelque chose qui mettra fin aux incertitudes, soit qu'il reste encore quelque espéranee d'accommodement, ou qu'il n'en reste plus. Les nouvelles ne se feront pas attendre, lorsque les grosses pièces de l'artillerie de siège auront commencé à jouer. Car il est probable qu'on les entendra de Lille et de Valenciennes, et que c'est par là qu'on apprendra d'abord l'évènement. Ce n'est pas ici un bruit de canonnade ordinaire; ce sont des mortiers du plus fort calibre, dont l'explosion étoit telle pendant le bombardement d'Anvers en 1814, qu'à six lieues de distance les vîtres des maisons en étoient brisées.

Une ordonnance du 21 institue un comité consultatif des gardes nationales du royaume, sous la présidence du ministre du commerce et des travaux publics. Ce conseil donnera son avis sur l'interprétation des dispositions législatives, sur les projets de loi, ordonnances, réglemens et instruetions concernant la garde nationale. Il est composé de MM. Decazes, de Choiseul, Mathieu Dumas, Zangiacomi, Allent, Gilbert des Voisins, Baudrand, pairs de France; le maréchal de Lobau, Jacqueminot, de Rambuteau, Ganneron, Durosnel, députés; Macarel, conseiller d'Etat; Ymbert, secrétaire. Les amis du général Lafayette sont indignés de ne pas voir son nom sur cette liste.

- M. le baron Trigand de Latour est nommé conseiller référendaire de seconde classe près la cour des comptes, en remplacement de M. de Monchassin, député.

· Des députations et des adresses ont été reçues ces jours derniers au château, à l'occasion de l'évènement du Pont-Royal.

- Un bataillon par chaque légion de la garde nationale de Paris et de la banlieué a été réuni dimanche sur la place du Carrousel. Le but de cette parade a été de témoigner les félicitations de la population à Louis-Philippe, pour avoir échappé à l'attentat dont il a été l'objet le 19.

- Les journaux continuent à faire des versions et des conjectures sur l'événement du Pont-Royal. Le rôle de la demoiselle Boury devient de plus en plus bizarre. Quoi qu'il en soit, deux individus sont poursuivis pour tentative d'assassinat sur la persoune de Louis-Philippe; ce sont les sieurs Girou, étudiant en droit, âgé de 22 ans, et Lambert. La cour royale a évoqué ces poursuites, ainsi que celles que l'on vient de commencer contre les sieurs Richard-Mongin. Bardou, Riduet, Benoît, Quentin, Desertines, Pinel, Hullin et Petit-Jean, membres de la Société des Droits de l'Homme, comme accusés de complot contre le gouvernement.

— Un étudiant en médecine, qui avoit proposé aux élèves du cours de M. Orfila de se rendre en députation aux Tuileries, à l'occasion de l'évènement dn Pont-Royal, a été hué, sifflé et presque chassé par ses camarades.

— Un certain nombre de jeunes gens se sont rendus chez M. de Châteaubriand pour lui exprimer l'admiration et la reconnoissance que leur inspirent sa conduite et ses actes à l'occasion de l'arrestation de madame la duchesse de Berri. Ils sont allés ensuite chez M. Hennequin, chez lequel se trouvoit alors M. Guillemin. MM. de la Jonquière et Albert de Bertier ont été les organes de cette députation. M. Hennequin, dans sa réponse, s'est félicité avec émotion du choix que la princesse a fait de lui pour sa défense.

M. le comte de Tocqueville, ancien pair de France, vient d'adresser une pétition aux deux chambres, relative à madame la duchesse de Berri. Il l'a livrée en même teinps à la publicité. M. de Tocqueville est le gendre de Malesherbes, et a partagé avec lui sa prison.

— La pétition déposée au bureau du Revenant, en faveur de madame la duchesse de Berri, avoit déjà reçu le 23 plus de 400 signatures.

- On a arrêté le 22 M. le chevalier de Lorriol, ancien introducteur des ainbassadeurs sous Charles X.

- Douze élèves égyptiens ont pris, à la Faculté de médecine, leur première inscription. Ils ne retourneront dans leur patrie que revêtus du titre de docteur. — Les sieurs Biètre, officier dans la garde nationale; Gigon, Boisselet et Mens, prévenus de complicité dans l'insurrection du 5 juin, ont été acquittés le 23. — Jusqu'à présent, les accusés qui ont figuré dans ces sortes d'affaires appartenoient au parti républicain; mais la cour d'assises a jugé à la même audience un individu que l'accusation représentoit comme ayant cherché, à cette époque, à renverser le gouvernement au profit de Henri V; c'est le sieur Boistay, ancien

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