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présente, et ressortir assez la force des preuves pour qu'elles n'aient pas besoin de développemens étendus. Ce chapitre cependant nécessite une remarque qui n'est pas précisément une critique. M. de Cardaillac dit dans une note qu'il est des cas, mais fort rares, où la passion est si forte qu'elle nous contraint ou plutôt nous nécessite à agir. Il ajoute qu'il en est d'autres où la raison est si supérieure, qu'elle nous contraint ou plutôt nous nécessite à nous abstenir. Ainsi un roi, dit-il, ne peut pas venir avec son conseil danser au milieu de la place publique. Nous aimons à croire qu'en parlant des passions, dans le premier cas, M. de Cardaillac ne fait allusion qu'à ces mouvemens subits et irréfléchis qui préviendroient absolument la raison, et par leur violence même pourroient quelquefois en interdire l'usage; et que, dans le second cas, il ne parle pas d'une nécessité absolue, mais seulement d'une influence tellement efficace, qu'elle détermine presque infailliblement à s'abstenir, quoiqu'elle laisse toujours le pouvoir d'agir autrement. Tout autre sens nous paroîtroit établir une doctrine fausse, et transporter dans la philosophie une erreur analogue à celle que le jansénisme établissoit en théologie. Cette interprétation nous paroit d'autant plus conforme à la pensée de M. de Cardaillac, qu'il dit positivement, dans un autre endroit, que la grâce ne détruit point le volontaire, que la liberté reste entière, que le précepte ne peut jamais être relatif qu'à des objets dépendans de la volonté, et même d'une volonté libre.

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M. de Cardaillac divise les facultés de l'ame en facultés principales et en facultés secondaires, qui agissent simultanément, et concourent ensemble à toutes les opérations intellectuelles. Les facultés principales sont la raison qui domine sur les autres pour tout voir, tout juger, tout apprécier; et l'imagination, qui presque toujours vient se joindre à elle, et qui est mise sur la même ligne, parce qu'elle s'attache comme elle aux vérités générales et abstraites. Viennent ensuite comme facultés auxiliaires l'attention, la mémoire et la parole, lesquelles ne sont que des instrumens nécessaires aux deux premières, qui, seules, agissent proprement sur la vérité, en combinant de mille manières les idées fournies par l'attention, conservées par la mémoire et disposées par la parole. Cette théorie donne lieu, sur chacune des facultés, à des développemens intéressans, dont il nous seroit impossible de donner une idée suffisante, et pour

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lesquels nous aimons mieux renvoyer nos lecteurs à l'ouvrage lui-même. F. L.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 17 novembre, M. le cardinal Louis Ruffo-Scilla, archevêque de Naples et premier prêtre du titre de Saint-Martinaux-Monts, est mort à Naples. Il étoit né le 25 août 1750, avoit été nonce à Vienne, et avoit été fait cardinal le 23 février 1801. Buonaparte l'avoit forcé de venir en France en 1808, et le cardinal y resta jusqu'en 1814.

Le dimanche 18 novembre, M. le cardinal Franzoni sacra dans l'église des religieuses françaises de Saint-Denis M. PierreDominique-Marcellin Bonamie, évêque latin de Babylone. Ce prélat étoit de la société des prêtres de Picpus, et professeur de théologie à Tours. Son âge lui permettra de s'accoutumer au climat et d'apprendre la langue du pays, et le zèle et la piété qui le distinguent le rendront un digne successeur de M. Coupperic, qui a fait tant de bien dans cette contrée.

PARIS. Dimanche dernier, M. l'archevêque a assisté à la grand'messe à Notre-Dame. Après la messe, le prélat a entonné le Te Deum prescrit par le mandement du 26 novembre et a chanté l'oraison

- A la suite du même mandement (1) de M. l'archevêque, sont indiquées les indulgences accordées par le saint Père à l'OEuvre de charité établie à Paris en faveur des orphelins par suite du choléra, La note est ainsi conçue :

« Par un rescrit du 6 novembre 1832, N. S. P. le Pape Grégoire XVI a daigné accorder les indulgences suivantes aux membres du conseil de l'OEuvre dite des Orphelins de Saint-Vincent de Paul, par suite du choléra-morbus, ainsi qu'à tous les fidéles qui font ou feront par la suite partie de cette œuvre de charité, et qui par action, par conseil, ou de quelque autre manière que ce soit, contribueront à l'entretien et à la prospérité de cette OEuvre.

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1° Indulgence plénière à gagner une fois au jour de la fête de saint Vincent de Paul, ou l'un des jours de l'octave, pour les personnes ci-dessus désignées, qui, s'étant confessées et ayant communié ledit jour, visiteront une église ou une chapelle publique, et y prieront pendant quelque temps, selon les intentions de Sa Sainteté.

» 2o Indulgence plénière à gagner une fois par mois, au jour laissé au choix de chacun, et aux conditions ci-dessus prescrites.

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3o Indulgence plénière à gagner, à l'article de la mort, par les personnes susdites, pourvu que, saintement disposées, elles invoquent du moins de cœur, elles ne le peuvent de bouche, le très-saint nom de Jésus.

(1) Prix, 60 cent. A Paris, chez Adrien Le Clerc et compagnie, au bureau de ce journal.

» 4° Enfin deux cents jours d'indulgence à gagner, par les mêmes personnes, toutes les fois qu'elles feront avec un cœur religieux et pénitent une œuvre charitable en faveur des enfans orphelins.

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Les présentes indulgences, applicables aux ames du purgatoire, sont accorpour tout le temps que l'OEuvre susdite existera canoniquement.

A la fin du mandement se trouve encore un avis de M. l'archevêque à MM. les curés, en ces termes :

<< Il existe un projet qui nous a paru utile à la société elle-même, celui de faire un ouvrage sous le titre d'Histoire religieuse du cholera-morbus. Le but principal seroit de montrer quels services la religion a rendus et ceux que l'on peut attendre d'elle durant l'invasion de ce fléau. Nous nous proposons de recueillir de différentes contrées tous les matériaux capables de donner de l'intérêt et du prix à cet ouvrage; nous commençons par le diocèse de Paris, et nous prions MM. les curês de la ville et de la banlieue de s'occuper à rassembler, dans une relation Adèle et concise, les observations qu'ils auroient pu faire sur leurs paroisses, et de nous l'adresser. Les ecclésiastiques qui travaillent sous leur direction dans le saint ministère, et qui les ont si admirablement secondés de leur zèle durant l'invasion de l'épidémie; les Sœurs qui se sont employées au soulagement des malades, pourront les aider dans ce travail : il servira, nous n'en doutons pas, à la gloire de Dieu, à la consolation des fidèles, à l'affermissement et au triomphe de la foi. »

77.

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-- Une réunion de charité aura lieu dans l'église Saint-Sulpice, le jeudi 6 de ce mois, à deux heures précises, en faveur de l'établissement de Saint-Nicolas, qui est destiné à donner une éducation chrétienne à de petits garçons pauvres et orphelins. Le sermon sera prononcé par M. l'abbé Peyrol. La quête sera faite par Madame la vicomtesse de Flavigny et Mademoiselle Cécile de Noailles. Les enfans seront présens; ils sont en ce moment au nombre de personnes qui ne pourroient assister à la réunion sont priées d'adresser leur offrande à Mesdames les quêteuses, à M. le comte Victor de Noailles ou à M. Brunat, trésorier, rue Notre-Dame-desChamps, no 17. Dans un moment où les ressources de la maison se trouvent épuisées par suite des ravages du choléra, l'administration de l'établissement s'adresse avec confiance aux ames généreuses qui comprennent les besoins des pauvres, et qui savent combien l'œuvre pour laquelle on les sollicite a fait de bien, et combien elle en peut faire encore, si elle est secondée par leur charité.

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On a lu à Bordeaux, le dimanche 25 novembre, dans les églises, la circulaire suivante de M. l'archevêque aux curés de son diocèse :

Bordeaux, le 20 novembre 1832.

«Monsieur le curé, le choléra-morbus a cessé ses ravages dans ce diocèse, on peut espérer que bientôt il ne sera plus en France.

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» Si nous avons eu à déplorer les atteintes de ce fléau dans la ville de Bordeaux et dans quelques autres endroits, du moins it a sévi parmi nous moins rigoureusement, qu'ailleurs, et son intensité comme sa durée ont été bien au-dessous de ce que nous aurions pu craindre. Les sages mesures qui ont été prises ont contrihué sans doute à prévenir le mal ou à y porter remède, et on doit en savoir gré au zèle d'une administration vigilante et éclairée. Mais qu'auroient pu les précautions et les soins sans la protection de celul qui est le souverain arbitre de notre vie, et qui, selon la parole de l'Esprit-Saint, punit et sauve, conduit aux portes de l'abîme et en retire? (Toh. 13. 2.) Si nous avons été épargnés, et si la sécurité a succédé aux plus vives alarmes, qu'au Seigneur en soient rendues nos actions de grâces; car, si nous n'avons point été perdus, c'est l'effet des miséricordes du Seigneur, c'est parce que nous avons trouvé en lui un fond de bonté inépuisable. (Thr. 3. 22.)

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Ayant égard à la gravité des circonstances, j'avois cru de voir, à l'exemple de ce qui s'étoit pratiqué dans plusieurs autres diocèses, accorder une dispense temporaire de la loi de l'Eglise sur l'abstinence. Maintenant qu'une attente assez longue donne lieu de croire à l'entière cessation du choléra dans ce diocèse, je ne dois plus tarder à retirer les permissions que l'approche et l'invasion de ce fléau avoient paru rendre nécessaires.

- En conséquence, vous voudrez bien, M. le curé, prévenir vos paroissiens, par la lecture publique de cette lettre, que les dispenses de la loi de l'abstinence, accordées à l'occasion du choléra par ma circulaire du 15 avril dernier, sont expressément révoquées. Vous aurez également à cesser les prières publiques indiquées par la même circulaire, et vous pourrez vous abstenir de réciter à la messe les oraisons prescrites Pro vitandá mortalitate. »

- Le diocèse de Perpignan vient de faire une perte irréparable par la mort de François-Joseph-Emmanuel Birotteau, premier vicaire-général, décédé dans cette ville, le 3 octobre, à l'âge de 69 ans neuf mois. Ce digne prêtre montra dès son enfance une heureuse inclination pour la vertu, et un goût décidé pour l'étude. Il fit des progrès rapides dans les connoissances de son état. A l'âge de vingt-deux ans, il donna un éclatant témoignage de capacitě, en disputant avec distinction une chaire de théologie, quoiqu'il sût que son âge ne lui permettoit point encore de l'occuper. Trois ans s'étoient à peine écoulés, qu'une autre chaire de théologie étant devenue vacante, il se présenta au concours pour l'obtenir; et, après avoir brillé par la sagacité de son jugement, et par l'étendue de ses connoissances, il fut proclamé professeur de l'université de Perpignan, et élu, par son évêque, directeur du séminaire. Arrêté par la révolution au commencement de sa carrière, il n'écouta que la voix de sa conscience. Il publia divers écrits pour la défense de la foi; et, après avoir passé dix ans dans l'exil, il rentra dans sa patrie, qui fut toujours l'objet de son attachement. Appelé

au chef-lieu du diocèse, dont ce département faisoit partie, if y enseigna successivement la philosophie, la théologie et l'Ecriture sainte, et il se distingua par la solidité dans les principes, par la justesse dans les raisonnemens, et par la clarté dans l'expression. 11 étoit versé dans plusieurs langues, l'espagnol, le grec et l'hébreu, et il avoit une connoissance profonde de toutes les branches de la théologie. En 1818, il fut mis à la tête du séminaire de Carcassonne, dont il étoit depuis long-temps la lumière. En 1824, il se sépara, quoique avec peine, d'un prélat dont il étoit estimé, pour rentrer une seconde fois dans son pays, d'où il ne devoit plus sortir. Animé de l'esprit de Dieu, il a présidé jusqu'à son dernier moment, avec une rare prudence et un zèle infatigable, à toutes les œuvres de bien public. Ša vie a été pure et sans tache. Les personnes qui l'ont suivi depuis le berceau jusqu'à la tombe lui rendent cet hommage. Ses vertus distinctives furent la charité et l'humilité : jamais il ne porta la plus légère atteinte à la réputation d'autrui; et, sur le point de rendre son ame au Créateur, il disoit aux personnes qui l'entouroient: Soyez humbles, et Dieu vous bénira. Estimé de plusieurs évêques, honoré dans plusieurs diocèses, chéri de tous les lé-vites qu'il avoit formés, il a excité en mourant des regrets sincères et unanimes. Le dépôt de la science qu'il a confié au clergé de son pays, et le souvenir des vertus dont il a été le modèle, le feront survivre à lui-même.

Nous avons cité, il y a quelques mois, une circulaire du préfet de la Sarthe aux maires du département, pour leur faire différentes questions sur les curés. (Voy. n° 1974). Le sous-préfet de Neufchâtel (Seine-Inférieure) vient d'adresser une lettre semblable aux maires de son arrondissement. Cette lettre, qui est signée, montre à quel point, dans un temps qu'on dit être un temps de liberté et de légalité, on peut pousser l'arbitraire, l'inquisition et l'espionnage. La lettre est ainsi conçue : « Monsieur le maire, je vous prie de répondre aux questions ci-après. Quels sont les nom et prénoms de votre curé? Quel âge a-t-il....? Se conduit-il bien? Est-il animé de principes favorables au gouvernement de LouisPhilippe? Est-il sage dans ses sermons? Voit-il, reçoit-il beaucoup de monde? Je vous prie de répondre à ces questions. Cette lettre est confidentielle, et doit être tenue secrette; quand vous me répondrez, fermez le paquet comme celui-ci. Agréez... Le souspréfet, CoCAGNE.» Nous ne pouvons que reproduire ici les réflexions que nous fimes sur la circulaire du préfet de la Sarthe. Le souspréfet de Neufchâtel livre donc les curés à l'arbitraire des maires il invite ceux-ci à exercer une odieuse inquisition sur leurs pasteurs, à les épier dans leurs discours, à les observer jusque dans leurs relations les plus secrettes. Quel encouragement donné à des hommes ignorans et tracassiers, comme il y en a trop dans les campagnes! On dit pourtant que la plupart des maires de l'arrondisse

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