Adieux à l'Angleterre, par le comte Achille de Jouffroy (1). L'auteur étoit allé en Angleterre pour observer et étudier les mœurs de ce pays; il n'en a pas rapporté une idée riante, et ses Adieux n'obtiendront pas les éloges des journaux anglais. Il parcourt les institutions et les coutumes de nos voisins, et les fronde toutes impitoyablement. Sa critique est toujours spirituelle et piquante, mais quelquefois aussi elle charge un peu les tableaux, et paroît plus inspirée par l'humeur que par l'équité. Le gouvernement, l'industrie, la taxe des pauvres, les prisons, la religion, les églises, le spleen, les assemblées populaires, la réforme, tels sont les sujets que l'auteur considère successivement. Armé du fouet de la satire, il n'épargne aucun ridicule et châtie rudement les désordres et les vices qu'il rencontre sur son chemin. Il ne flatte point, entre autres, le clergé anglican, et prend la liberté de se moquer des Sociétés bibliques, qui font gagner de l'argent à leurs employés et à leurs imprimeurs, mais qui, dit le poète, ne servent aux Malais et aux Indoux qu'à faire des cigares avec les Bibles qu'on leur distribue. Ces Sociétés bibliques, suivant M. de Jouffroy, ne sont autre chose qu'une spéculation de commerce pour faire écouler les marchandises anglaises : O peuple sans pudeur, Nous citerons encore le portrait du pasteur anglican : A moins qu'un soin plus grave en ce moment le touche, Luther en délivra la riche humanité. (1) In-8°. A Paris, chez Méquignou, rue Belle-Chasse. Le Gérant, Adrien Le Clerc. COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 21 décembre 1832. Trois pour 100, jouissance du 22 dèc., ouvert à 68 fr. 40 c. et fermé à 68 fr. 60 c. Cinq pour 100, jouissance du 22 sept., ouvert à 98 fr. 85 c. et fermé à 99 fr. 00c. Actions de la Banque. 1697 fr. 50 c. IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP. MARDI 25 DÉCEMBRE 1832. (No 2041) Rapport sur l'œuvre des Orphelins par suite du cholera. : L'œuvre des Orphelins par suite des ravages du cholera continue à exciter un vif intérêt, elle tient toutes les semaines des réunions que M. l'archevêque préside constamment. Jeadi dernier, le prélat a présidé aussi une réunion de mes gut avoient été convoquées pour entendre un rapport sur Felalde l'œuvre. Ce rapport a été lu et distribué dans l'assemblée ; nous allons le mettre sous les yeux du lecteur. Un des membres du conseil de l'œuvre, M. Etienne, procureur-général des Lazaristes, a prononcé un discours sur l'œuvre. Le lieu prêtoit aux mouvemens les plus touchans l'assemblée se tenoit dans la chapelle des Filles de la Charité, rue du Bac. Les reliques de saint Vincent de Paul étoient exposées, et le saint sembloit présider à cette réunion commé à tant d'autres tenues dans le 17° siècle, et où sa présence et ses discours avoient provoqué des efforts extraordinaires de zèle et de charité. M. Étienne su intéresser tout son auditoire par des rapprochemens heureux et par des exhortations pleines d'ame et de piété. M. l'archevêque a parlé aussi avec cet accent et cette sensibilité qui pénètrent le cœur. Cette réunion a été un prélude encourageant de celle qui doit avoir lieu vendredi à Saint-Roch. Nous donnerons le texte du rapport: « Les ravages du choléra - morbus sont encore présens à tous les Souvenirs; il est peu de familles qu'ils n'aient plongées dans le deuil. Mais les douleurs, que le temps et la résignation peuvent adoucir, ne sont pas les seules traces qu'ait laissées cet horrible fléau : il a rendu Orphelins un grand nombre d'enfans don't le sort inspire la plus vive sollicitude. →→ La religion qui a couvert le monde, et la France principalement, d'une multitude d'asiles destinés au malheur, devoit encore montrer dans cette triste circonstance ce dont elle est capable. » A la voix du premier pasteur du diocèse de Paris, une OEuvre s'est formée, sous l'invocation de saint Vincent de Paul, en faveur des enfans de ce diocèse que le choléra-morbus a privés de leurs pères et mères, ou de l'un d'eux. a Il n'est pas question, » dit la Lettre Pastorale du 6 mai 1832, de fonder un ou plusieurs établissemens dont les frais absorbe Tome LXXIV. L'Ami de la Religion. A a 49 » roient les facultés particulières. Il n'y a ni édifices à construire, ⚫ ni dotation à perpétuer : il ne s'agit que d'une sollicitude tempo» raire, que d'un intérêt de quelques années, que de sacrifices qui » finiront nécessairement avec les besoins qui les auront fait naître. » » Le conseil chargé de la direction et de la surveillance de l'OEuvre, trouvant dans ces paroles la règle de sa conduite, s'est abstenu de tous frais d'établissement. Il a fait plus il s'est imposé le devoir de ne grever l'OEuvre d'aucune dépense étrangère à l'assistance directe des Orphelins. Toutes les ressources mises à sa disposition sont appliquées, sans exception, à leur soulagement. Aucun prélèvement n'a lieu pour les détails d'administration, ni même pour les déboursés d'impression ou autres. En confiant au conseil des moyens de secours, on acquiert donc l'assurance de leur emploi intégral à l'objet auquel ils sont destinés. » La formation de l'OEuvre étoit à peine connue, que la plus ardente et la plus ingénieuse charité s'est empressée d'y prendre part. Elle a su se multiplier sous toutes les formes. Aucune offre n'a été refusée. Dons en argent, souscriptions pécuniaires pour des époques périodiques, remises d'objets pour habillemens, linge, coucher, etc., et même prêt temporaire des effets de cette nature, tout a trouvé son application. Mais le conseil a trouvé surtout une ressource bien précieuse dans les offres qui lui ont été faites pour le placement d'enfans dans des institutions particulières. Rien ne pouvoit lui être plus utile que cette facilité de remettre ses Orphelins dans des mains sûres, et il aime à payer ici le tribut de sa reconnoissance aux personnes qui ont si généreusement reçu un grand nombre de ces infortunés, bien souvent d'une manière toute gratuite, mais au moins pour des pensions bien modiques acquittées sur les fonds de l'OEuvre. C'est là que les enfans, en recevant une éducation modeste, en y puisant les principes d'une religion consolante et d'une pure morale, trouvent en même temps une préparation aux travaux industriels, nécessaires, pour la suite, à leur subsistance. D'autres, soit en raison de leur bas-âge, soit par l'insuffisance des places dans les maisons d'éducation, reçoivent des secours à domicile. Enfin, à mesure que leur âge le permet, ils sont placés en apprentissage. » Dans l'application de ces divers secours à chaque orphelin, le conseil s'est prescrit la règle invariable de ne rien faire que du consentement des parens ou des autres personnes sous la puissance desquelles les lois civiles ont placé les enfans, et de maintenir les relations entre eux et leurs familles. Ainsi les orphelins placés dans es maisons d'éducation, peuvent toujours être visités par leurs parens, aux jours et heures fixés par la règle de chaque maison. Les parens sont toujours libres de les retirer. Le placement dans ces maisons est sans doute le genre de secours le plus direct et le plus efficace. Malheureusement la nature des pensionnats pour les garçons offre à cet égard bien moins de ressources que pour les filles. Tel est le premier motif de la différence qu'on ne manquera pas de remarquer dans le nombre des enfans de chaque sexe assistés par l'OEuvre. Une autre cause influe encore sur cette différence. Les dangers auxquels les filles sont exposées réclament pour elles une protection toute spéciale. A l'égard des garçons, le conseil, obligé de se borner presque exclusivement à leur fournir des secours à domicile, porte tous ses soins à en surveiller et assurer le bon emploi. Le nombre des orphelins, dont l'OEuvre est aujourd'hui chargée, donne l'idée des ressources qui lui ont été fournies. assistés à domicile, soit chez le père ou la mère survivant, soit chez les personnes auxquelles la garde des enfans est confiée. Nombre dans chaque sexe. Garçons. Filles. 154 2 pas osé se flatter En commençant ses travaux, le conseil n'eût d'obtenir en si peu de mois un pareil résultat. Cependant, il ne doit pas le dissimuler: il est loin d'avoir répondu à toutes les demandes, qui se sont élevées à 1,100; il est même loin d'avoir satisfait aux besoins qu'il a reconnus les plus urgens. Le concours de la charité lui est encore nécessaire, non-seulement pour soutenir et continuer son ouvrage, mais pour lui donner une extension indispensable. La charité ne laissera pas imparfait ce qu'elle a si bien commencé. C'est donc avec confiance que, conformément au nouveau mandement publié le 26 novembre (1), le conseil adresse aux personnes charitables de toutes les classes les plus vives instances, pour les conjurer de vouloir bien s'intéresser à une OEuvre sur laquelle la Providence a déjà répandu sa bénédiction, et pour provoquer des offrandes et souscriptions, soit d'argent, soit d'effets en nature, tels... que linges, étoffes pour vêtemens, lits, meubles, etc. (1) Ce Mandement de M. l'urchevêque de Paris, ainsi que sa Lettre Pastorale du 6 mai, et le réglement du conseil de l'CEuvre, se trouvent chez Adrien Le CLERE ET C, imprimeurs-libraires, quai des Augustins, no 35. « Le tout peut être adressé directement à M. l'Archevêque ou à MM. Ies curés. » Les dons en argent peuvent être aussi remis à M. Bréton, trésorier de l'OEuvre, rue du Faubourg-Poissonnière, no 6; » Pour les garçons, à MM. les prêtres de saint Vincent de Paul, dits Lazaristes, rue de Sèvres, no 95; Pour les filles, à la maison-mère des Filles de la Charité de saint Vincent de Paul, rue du Bac, no 132. » Les membres du conseil de l'OEuvre, JALABERT, DESJARDINS, BOUDOT, Vicaires-généraux, archidiacres, vices-pré sidens; BRETON; Sylvain CAUBERT; comte de CHABROL VOLVIC; duc de DOUDEAUVILLE; ÉTIENNE, procureur général de la congrégation de saint Lazare ; HOUSSARD, économe du séminaire Saint-Sulpice; DE LA CALPRADE, chanoine, vicaire général; LEMERCIER, chanoine, vicaire général; PARDESSUS, QUENTIN, chanoines; SALANDRE, chanoine, vicaire général; comte de TASCHEr. SURAT, chanoine honoraire, et LAURAS, secrétaires. » NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. PARIS. Il n'y a point encore de messe de minuit cette année. On a cru qu'il y auroit trop d'inconvéniens à tenir les églises ouvertes toute la nuit dans un temps où trop d'esprits sont encore agités de passions impétueuses, et où l'on avoit à craindre des désordres, des insultes et des profanations, qui, en supposant même que l'on fût parvenu à les réprimer, auroient été un sujet de gémissement pour la piété des fidèles. - Le samedi 22, qui étoit le samedi des Quatre-Temps, M. l'archevêque a fait l'ordination dans l'église des Dames Carmélites de la rue de Vaugirard. Elle a été nombreuse eu égard aux circonstances; les ordinands de Versailles s'étoient joints à ceux de Paris. Il y a eu 17 prêtres, dont 2 seulement pour Paris et 11 pour Versailles; 48 diacres, dont 16 de Paris et 7 de Versailles; 12 sousdiacres, dont 2 de Paris et 5 de Versailles; 18 minorés, dont 9 de Paris et 2 tonsurés. Il y avoit dans ce nombre plusieurs Irlandais et Ecossais. Le vendredi 28, jour des saints Innocens, il y aura, à deux heures précises, une assemblée de charité, dans l'église SaintRoch, pour l'OEuvre des orphelins, dite de saint Vincent de Paul. M. l'archevêque fera le discours. Il y aura ensuite salut et bénédiction du saint Sacrement. Les quêteuses seront mesdames la princesse de Beauffremont, Bréton, les marquises de Clermont-Ton |