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CHAMBRE DES PAIRS.

Le 24, M. Duperré et M. Bérenger font chacun un rapport favorable sur les projets de loi relatifs à la réception des capitaines au long-cours, et aux formes des récépissés qui engagent le trésor.

M. de Sussy et de Mortemart font un rapport de pétitions. Une réclamation de deux pensionnaires de l'ancienne liste civile est appuyée par M. de Dreux-Brézé, qui rappelle aux ministres leurs promesses. M. d'Argout annonce qu'une loi sera présentée, à ce sujet, sous peu. La pétition est renvoyée au président du conseil. La séance se termine par le renouvellement des bureaux.

CHAMBRE DEs députés.

Le 22, M. Bavoux lit une proposition tendant à rétablir le divorce. On fait un rapport de pétitions. La plupart sont écartés par l'ordre du jour. Parmi celles-ci, on en remarque une remplie d'extravagances du sieur Buchoz-Hitton, se disant colonnel du 1er régiment des volontaires de la Charte, une du sieur Deguerry à Lyon, pour solliciter des dispositions pénales contre la prostitution, une de la demoiselle Chanonat, mercière à Paris, qui demande une indemnité en réparations des dommages qu'elle a éprouvés dans les émeutes de juin, une du général Allix, pour réclamer de nouveau les arrérages de sa solde pendant le temps de sa procription et signaler différens abus.

La même mesure est prise à l'égard d'une réclamation de réfugiés italiens contre leur transport de Mâcon à Moulins et Montbrison. M. Salverte prenoit leur défense, mais M. de Kambuteau a rappelé la conduite que ces étrangers ont tenue dans cette première ville, où trois assassinats ont été commis par eux.

Le conseil municipal de Champignolles sollicite l'intervention de la chambre pour obtenir justice d'un acte arbitraire du préfet de l'Yonne. M. le ministre du commerce soutient que ce n'est point aux chambres, mais à lui, que les conseils municipaux doivent transmettre leurs réclamations. M. Larabit répond qu'on leur laisse bien faire des adresses. Ah! oui, sur l'horrible attentat, s'écrie-t-on des extrémités. L'ordre du jour est prononcé.

Il en est de même d'une réclamation de plusieurs fabricans de Lyon, créanciers de l'ancienne liste civile pour fournitures faites au garde-meuble en 1829. Cette pétition étoit appuyée par MM. Fulchiron, rapporteur, et Dugas-Montbel, mais M. Salverte a représenté qu'accueillir une semblable demande, ce seroit préjuger que le trésor est débiteur ou caution des dépenses de l'ancien gouvernement.

D'autres pétitions des fabricans de soie de Lyon et d'Avignon, relatives aux modifications qui se préparent dans nos relations avec l'Angleterre, sont renvoyées à la commission des douanes.

La chambre procède dans la mème séance au renouvellement mensuel de ses bureaux.

Le 24, la chambre s'est réunie dans ses bureaux pour nommer les trente-six membres de la commission du budget.

Voici le résultat de la réorganisation des bureaux :

Présidens. MM. Bedoch, Fournier, B. Delessert, Caumartin, J. Périer, Duchâtel, Bérard, Voysin de Gartempe, Lafayette.

Secrétaires. MM. Jaubert. de Montepin, de Las-Cases fils, Dintrans, Duver gier de Hauranne, Vigier, Arago, de Remusat, Dulong.

Commission des pétitions. MM. Defermont, His, Piscatory, Roul, Mallet Cam. Périer, Larabit, Thabaud-Linetière, Auguis.

Le Petit Mois de la sainte enfance, ou les premiers Mystères de la vie de Notre-Seigneur présentés à la jeunesse, par M. l'abbé Letourneur (1).

L'auteur expose, dans une lecture préliminaire, les motifs et les pratiques de cette dévotion. Il s'adresse à la jeunesse, et croit qu'un Dieu, qui a voulu passer par tous les degrés de l'enfance, n'en est que plus propre à faire impression sur ceux qui appartiennent à ce premier âge de la vie. Un dieu enfant, dit-il, doit mieux se faire entendre et parler, comme de plus près, au cœur des enfans. M. l'abbé Letourneur a donc réuni ici une suite de lectures, de pratiques et de prières, composées exclusivement pour la jeunesse, et destinées à lui rendre plus facile l'étude du divin modèle.

Après des prières pour la messe, tirées de Bossuet, l'auteur donne les litanies, de la sainte enfance, et celles des saints qui ont été dévoués à la sainte enfance. Il y a pour chaque jour une lecture, un entretien, une pratique et une prière. Ces exercices vont jusqu'au 25 janvier, et il y en a même un pour la fête du 2 février.

Nous pouvons nous dispenser de recommander cette nouvelle production d'un auteur qui se recommande assez lui-même par d'autres ouvrages de piété, ainsi que par ses succès dans la chaire. Le Petit Mois est d'ailleurs revêtu d'une` approbation de M. l'évêque de Soissons, dont M. l'abbé Letourneur est grand`vicaire. Le prélat approuve le livre comme pouvant étre très-utile pour former la jeunesse à la piété.

(1) In-18, prix, 1 fr. 50 cent. et 2 fr. franc de port. A Paris, chez Meyer, rue du Pot-de-Fer, et au bureau de ce journal.

COURS DES EFFETS PUBLICS.

Le Gérant, Adrien Le Clerc,

·Bourse du 24 décembre 1832.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 69 fr. 55 c., et fermé à 69 fr. 35 c. Cinq pour 100, jouissance du 22 sept., ouvert à 99 fr. 60 c., et fern:é à 99 fr. 40 c. Actions de la Banque.

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1697 fr. 50 c.

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP.

JEUDI 27 Décembre 1832.

(N 2042.)

1

Mémoires de M. le cardinal Pacca, contenant des notes sur son ministère et l'histoire de ses deux voyages en France; traduits de l'italien par M. l'abbé Jamet (1).

(Suite du n° 2004.)

Dans la première partie de ses Mémoires, M. le cardinal Pacca avoit tracé l'histoire de son ministère; dans la seconde, il raconte son voyage en France et sa captivité à Fenestrelle. Il présente d'abord dans une Introduction quelques réflexions sur les persécutions de l'Eglise, sur celle de Buonaparte, sur l'avantage dont il peut être pour la religion de laisser des mémoires particuliers touchant les faits dont on a été témoin, et sur les nombreuses erreurs de quelques écrivains modernes relativement à la dernière persécution. Tous les bons esprits applaudiront à la sagesse et à l'à-propos des observations de l'illustre auteur.

M. le cardinal reprend son récit à la sortie de Rome. Il étoit en voiture avec le Pape qu'on venoit d'enlever de sa capitale. C'étoit le 6 juillet 1809. Les deux voyageurs manquoient de tout. Ils n'avoient ni argent, ni linge, ni vêtemens de rechange, ni personne pour les servir. La chaleur au milieu du jour étoit étouffante; on leur défendoit d'ouvrir les rideaux, de peur qu'ils ne fussent vus par le peuple, et par surcroit de précautions, on les enfermoit même dans leur voiture. Un peu avant Florence, la voiture versa. A Florence, on sépara le pape du cardinal, et on les mena par deux routes différentes. Ils ne se rejoignirent qu'en Dauphiné, et arrivèrent ensemble à Grenoble, où on les sépara de nouveau. Le 1er août, on fit partir le pape par la route d'Avignon, et le cardinal par celle de Piémont, et bientôt celui-ci apprit qu'il alloit être pri

sonnier.

En effet, on le conduisit à Fenestrelle, forteresse bâtie sur la chaine des Alpes qui séparent le Piémont du Dauphiné. Ce

(1) Deux vol. in-8°, prix, 10 fr. et 13 fr. franc de port. A Caen, chez Poisson, et à Paris, au bureau de ce journal.

Tome LXXIV. L'Ami de la Religion.

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lieu est sauvage et affreux, la neige y règne constamment aut milieu de l'été. Le cardinal y arriva le 6 août, et fut mis au secret. On lui refusa la permission d'écrire, même pour annoncer à sa famille qu'il se portoit bien. Il ne pouvoit ni entendre la messe, ni se confesser. Le séjour seul de Fenestrelle étoit assez horrible, sans y ajouter de nouvelles rigueurs. La majeure partie des prisonniers étoient de bons ecclésiastiques, des seigneurs fidèles à leur souverain, ou des gens qui avoient déplu à Buonaparte. Il y avoit deux grands d'Espagne, le comte de Transtamare et le marquis de Santa-Cruz, et le chevalier de Vargas, ambassadeur d'Espagne à Rome. Le 16 août, on amena M. Tibère Pacca, neveu du cardinal, mais il ne communiquoit point avec son oncle.

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Le cardinal interrompit son récit en ce qui le touche, pour parler des affaires générales de l'Eglise. Il raconte la dispersion des cardinaux, qui eurent presque tous ordre de yenir à Paris à la fin de 1809. Ici il veut bien citer ce que l'on a dịt dans les Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique pendant le 18° siècle, dont l'auteur, ajoute le cardinal, été bien informé. Il est agréable, pour cet écrivain, de voir son récit confirmé par une si haute autorité. S. Em. présente aussi quelques réflexions sur la conduite des cardinaux à Paris. Elle regrette que plusieurs d'entre eux se soient montrés à la cour de Buonaparte et aient paru dans les cercles. Elle cite aussi l'auteur des Mémoires ci-dessus sur l'affaire du mariage de Buonaparte, et y ajoute quelques particularités. Enfin elle célèbre le dévoûment des fidèles et surtout des dames, qui contribuèrent généreusement à l'entretien des cardinaux. Mais revenons à Fenestrelle.

Le cardinal fut long-temps sans obtenir la permission de se confesser ni de dire la messe. Il trouva cependant moyen de de se confesser secrètement à un des prêtres détenus dans la pri son, et le même prêtre lui apporta ensuite la communion, mais avec de grandes précautions, pour ne pas être découvert. Ce n'est qu'au mois de juin 1810, au bout de dix mois de captivité que le cardinal obtint la permission de se confesser, et il dit la messe le 3 juin pour la première fois. Il partageoit son temps entre la prière, l'étude de la théologie et du droit canon, la lecture de Cicéron ou d'autres auteurs, et la prome nade dans l'intérieur du fort. Il vit arriver successivement dans

la prison plusieurs ecclésiastiques : l'abbé Danii, grand-vicaire capitulaire d'Asti, trois chanoines de la même église, trois chanoines de Florence, MM. Mancini, Barrera et Gobert; M. Soglia, chapelain du pape, aujourd'hui archevêque d'Ephèse, et quatre personnes de la maison de S. S., qui étoient successivement devenues suspectes à un pouvoir ombrageux. On y amena l'abbé Dominique Sala, de la daterie romaine; trois prêtres de Lombardie, M. l'abbé Pino, curé de Bastia en Corse; M. l'abbé Desjardins, curé des Missions étrangères à Paris; un prêtre du diocèse de Grenoble et M. Hannon, Lazariste; plus, trois prêtres espagnols. M. Desjardins ne resta que peu de temps à Fenestrelle; cependant M. le cardinal Pacca le distingua aisément : C'est, dit-il, un homme d'un très-grand mérite. M. Desjardins fut transféré au bout de quelques jours, non à Compiègne, comme le dit le traducteur, qui a beaucoup négligé la partie des noms propres, mais à Compiano, autre prison dans le duché de Parme.

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Le 4 août 1811, on mit en liberté M. Tibère Pacca, neveu du cardinal. Au mois de décembre, on amena à Fenestrelle le marquis Naro Patrizi, noble et pieux romain, dont le crime étoit de n'avoir pas voulu mettre ses fils dans un Lycée français; on le transféra ensuite au château d'If. L'année 1812 se passa sans aucun événement remarquable les prisonniers apprirent le désastre de la campagne de Russie. Le 31 janvier 1813 arriva à Fenestrelle un ordre de mettre le cardinal en liberté ; c'étoit à l'occasion de l'arrangement conclu à Fontainebleau. Le cardinal resta encore quelques jours à faire ses préparatifs de départ, et il sortit de Fenestrelle le 5 février, précisément trois ans et demi après y être entré. Il passa par Pignerol, Turin, Chambéry, Lyon, recueillant partout sur son passage des témoignages de respect de personnes de toutes les classes: il arriva le 28 février à Fontainebleau.

Pie VII y étoit comme dans une prison, ayant peu de serviteurs et ne voyant personne : tout étoit fermé avec soin. Le pape reçut le cardinal avec quelque embarras; il regrettoit d'avoir signé les articles du 25 janvier, et confia au cardinal qu'on avoit voulu encore lui faire souscrire quatre autres articles, mais qu'il l'avoit refusé. Ces articles portoient que les papes s'engageroient à ne rien faire contre les propositions de 1682, qu'ils ne nommeroient que le tiers des cardinaux, et

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