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que les deux autres tiers seroient nommés par les princes catholiques, que le pape désapprouveroit la conduite des cardinaux qui avoient refusé d'assister au mariage de Buonaparte; enfin, que les cardinaux di Pietro et Pacca seroient exclus de l'amnistie, et ne pourroient se rapprocher du pape. Ces honteuses conditions avoient, disoit-on, été proposées au S. Père par M. Duvoisin, évêque de Nantes.

Au bout de quelques jours, le pape ordonna au cardinal Pacca de se disposer à aller à Paris pour saluer Buonaparte. Le cardinal fit quelques objections; mais le saint Père ayant dit qu'il ne pouvoit s'en dispenser, et que tous les cardinaux avoient fait ce voyage : Hé bien! très-saint Père, répondit le cardinal, je boirai ce calice amer jusqu'à la lie. Il vint à Paris le 20 février et fut présenté le 22 à Buonaparte, qui ne lui dit autre chose, sinon qu'il avoit signé la bulle d'excommunication. Les cardinaux Saluzzo, Galeffi et Consalvi étoient aussi à cette audience. Le cardinal Pacca visita les curiosités de Paris; il n'en paroit pas fort enthousiaste, ce qui n'est sans doute pas extraordinaire pour un Italien accoutumé à la magnificence des monumens de Rome. Le cardinal retourna le 27 février à Fontainebleau. Ici finit la seconde partie et le premier volume des Mémoires.

L'illustre auteur montre constamment dans cet ouvrage les sentimens les plus honorables. Non-seulement sa plume n'épanchre aucun fiel en racontant d'indignes procédés; mais sa sagesse, sa retenue et son courage éclatent dans tout son récit. Son esprit est calme au milieu d'une désolante captivité : pas de déclamations, pas de colère, pas d'humeur. Le captif est moins occupé de ses propres disgrâces que des maux de l'Eglise, des violences exercées envers son chef, et de la persécution opiniâtre sous laquelle gémissoient tant de ministres fidèles. Tant d'iniquités dont des Français se sont faits les instrumens ne rendent même point le généreux cardinal injuste envers la France; il rend volontiers hommage à ce qu'elle renferme de vertus estimables, au zèle du clergé, à la piété des femmes, au dévoùment de tant de bons chrétiens. Nous réservons, pour un autre article, quelques-uns de ces honorables témoignages, et nous nous bornons aujourd'hui à citer deux passages sur sentimens personnels de M. le cardinal et sur ses occupations à Fenestrelle. Après avoir peint l'horreur de sa prison, il ajoute :

les

Mais ces maux qui sont véritables étoient largement compensés par d'autres biens; je veux dire par la paix et le calme de l'ame qui se trouvent difficilement au milieu du monde, et dont on ne jouit presque jamais dans les dignités et les charges. Ils l'étoient encore par la pensée consolante que je souffrois pour la bonne cause.... Dieu dans son infinie bonté m'accorda cette année une santé beaucoup meilleure, de la gaîté et de l'enjouement; je sentois que cette humeur gaie et joviale étoit véritablement une faveur du ciel.... L'oisiveté eût été un tourment pour moi; mais l'amour de l'étude que j'ai eue dès mon enfance, et l'abondance des livres que des amis me procurèrent, me délivrèrent d'un si cruel ennemi. J'avois tellement partagé mon temps entre la religion et une lecture tantôt sérieuse, tantôt agréable, que je passois. sans ennui les jours et les nuits. »

M: le cardinal Pacca rend compte ici de ses lectures et de l'emploi de ses journées. Il lisoit habituellement l'Ecriture sainte et surtout les prophètes et les apôtres de saint Paul, les controverses de Bellarmin, quelques traités de Gerson, Bossuet, d'autres auteurs français, et Cicéron, qui lui procuroit un délassement utile, il ajoute :

«

Les tristes nouvelles qui nous venoient de temps en temps de la persécution contre le clergé de Rome et des autres villes d'Italie, jetoient quelques-uns de mes compagnons d'infortune dans une profonde tristesse et dans l'abattement, mais elles produisoient sur moi un effet tout opposé. Versé dès ma plus tendre jeunesse dans la lecture de l'histoire des premiers siècles du christianisme, je ne voyois arriver aucun événement sans le regarder comme la suite de ceux qui l'avoient précédé. J'en prévoyois le terme, et je me réjouissois d'avance de l'idée de la gloire future et du triomphe de l'Eglise.... Je regardois comme certain qu'au milieu de ces tribulations le cœur des fidèles s'affectionnoit davantage au chef suprême de l'Eglise catholique, qu'on découvroit la fausseté des calomnies des philosophes sur la conduite et les maximes des cardinaux et des prélats romains. C'étoit un trait de lumière pour les hérétiques, qui pouvoit leur faire discerner au milieu de tant de sectes chrétiennes la véritable épouse de Jésus-Christ.

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Le second volume de cette traduction vient aussi de paroître : nous en donnerons également l'analyse.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Nous donnons la suite des ecclésiastiques morts dans le diocèse de Paris depuis le dernier Bref; se sont: MM. FrançoisDominique-Etienne-Blanchandin le Chêne, ancien Capucin, curá

de Vincennes, mort le 5 décembre 1831, âgé de 76 ans; René Ducoté, ancien curé de Vaugirard, mort le 13 décembre, âgé de 71 ans; André-Antoine Plantier, aumônier des Gobelins, mort le 14 janvier de cette année à 76 ans; Jean-Baptiste de Virgile, ancien premier vicaire de Saint-Etienne-du-Mont, mort le 23 janvier à 78 ans; Jean-Pierre Paulet, mort le 29 janvier à 40 ans; Antoine-Laurent Paradis, Carme déchaussé de la maison rue de Vaugirard, mort le 28 mars à 84 ans; Jean-Baptiste Camus, Prémontré, premier vicaire-chapelain des Invalides, mort le 29 mars à 71 ans; Georges-Augustin-Guillaume Douay, ancien chapelain des Bénédictines du Saint-Sacrement, mort le 3 avril à 73 ans; Pierre-Marie Girollet, du clergé de Saint-Thomas-d'Aquin, mort le même jour à 73 ans; Jean-François Guercent, du clergé de la même paroisse, ancien curé de Caudebec, mort le 7 avril à 80 ans, Pierre Bobée, chanoine régulier, ancien prieur de Dozulé au diocèse de Lizieux, mort le 1er avril à 88 ans; Jean-Baptiste-Louis Gondreville, chanoine honoraire de Paris, mort le 13 avril à 81 ans; Joseph-Juvitte Sacco, du diocèse de Meaux, mort le 18 avril à 67 ans; Jean-Baptiste Bouillé, du diocèse de Chartres, mort le 20 avril à 62 ans; François Benoît, camaldule, diacre d'office à Saint-Merri, mort le 29 avril à 69 ans; Claude Gavoille, religieux du tiers-ordre, puis curé de Creteil, et, en dernier lieu, du clergé de Notre-Dame-de-Lorette, mort le 8 mai à 72 ans; Jean-Louis Rondeau, ancien Oratorien, du clergé de St-Séverin, mort le 3 juillet à 73 ans ; François Davignon, Dominicain, ancien aumônier des hôpitaux militaires, mort le 9 juillet à 82 ans; Jean Borgella Cortès, du diocèse de Carthagène en Espagne, diacre d'office à Notre-Dame-des-Victoires, mort le 16 juillet à 50 ans; Charles-Stanislas Lefebvre, ancien curé de Mours, diocèse de Ver sailles, mort le même jour à 75 ans; Jean-Baptiste Salles, premier vicaire de Saint-Laurent, mort le 21 août à 74 ans; Jean-Jacques Rocques, ancien curé d'Ivry, mort le 25 août à 80 ans; Jean-Vincent Longuemare, ancien curé de Pierrefique au diocèse de Rouen, en dernier lieu chapelain de l'ambassade de Naples, mort le 11 septembre à 78 ans; Jean-Pierre Laudreau, du diocèse de Tours, précédemment du clergé de Saint-Leu, mort le 15 octobre à 71 ans; Barnabé Sainton, premier vicaire de Saint-Leu, mort le 1 novembre à 68 ans; Jean Baptiste-Michel Hatton, ancien curé de Chatenay, vicaire de chœur à Notre-Dame, mort le 25 novembre à 58 ans, et un diacre, Basile-François Letourneur, mort le 22 novembre au séminaire des Missions-Etrangères, âgé de 23 ans.

Dans la nuit du 21 au 22 décembre, des voleurs ont escaladé les murs du cimetière de Courbevoie, près Paris. Ce cimetière se trouve à l'extrémité du village, mais sur un chemin très-fréquenté, et les murs sont en partie mitoyens avec plusieurs habitations. Les malfaiteurs ont brisé les barrières d'enceinte de quel

ques tombeaux, et en ont emporté les fers, après avoir dégradé les monumens. Ils ont tenté aussi d'enlever les croix en fer qui sont élevées sur un grand nombre de fosses particulières, mais ils n'ont pu y parvenir, ces croix étant scellées. On attribue ce vol audacieux et cette profanation coupable à une bande qui a déjà commis des dégâts dans des propriétés particulières. Il seroit temps que l'autorité s'occupât d'établir une surveillance spéciale sur les cimetières. La religion et les familles y sont également intéressées.

M. le cure de Bourgheuf, arrondissement de La Rochelle, se plaint d'un jugement du conseil de discipline de la garde nationálé du canton de la Jarrie, qui vient de condamner aux travaux de corvée le chantre de Bourgneuf pour avoir manqué à la revue du préfet un jour où elle se trouvoit en concurrence avec les offices de la fête patronale de la paroisse. Les excuses du chantre n'ont point été admises. En vain il a fait valoir ses fonctions à l'église, l'article de la Charte qui assure la liberté des cultes, et un arrêt de la cour de cassation sur les exercices et revues à l'heure de l'office divin; en vain il a allégué qu'il avoit demandé permission au capitaine. Celui-ci sans doute, par esprit de tolérance, a inpour que l'on condamnât le pauvre chantre. Ainsi il dépend des chefs de la garde nationale d'empêcher, dans tout un canton, la célébration des offices en forçant les chantres de se trouver à un exercice.

sisté

- A Saint-Victor de Batton, arrondissement de Nogent-leRotrou, diocèse de Chartres, on vouloit prendre une partie du presbytère pour loger un instituteur primaire. Des pétitions furent adressées à cet effet aux autorités et même à M. l'évêque. Comme elles n'eurent pas de succès, et que cet envahissement fut regardé partout comme aussi ridicule qu'injuste et arbitraire, on prit un autre moyen, et on organisa une petite émeute. Quelques vauriens furent mis en avant. Ils firent une irruption dans le presbytère, où le curé, M. Aubert, s'étoit vainement barricadé. Les portes furent brisées, le curé chassé de son domicile, les meubles enlevés. Le maire arrive avec des gardes nationaux; mais c'est pour être témoin muet du désordre. Le sous-préfet et le procureur du Roi, avertis de ces violences, se rendent sur les lieux, et font rentrer le curé et les meubles dans le presbytère. M. Aubert demande grâce pour les coupables, il l'obtient. Mais à peine les autorités sont-elles parties, que les auteurs du tumulte, fiers de l'impunité, recommencent et mettent de nouveau les meubles hors du presbytère. Le procureur du Roi est revenu, et a fait arrêter sept à huit de ces misérables. Le pasteur a été réinstallé dans son presbytère. La justice informe. N'est-il pas à désirer qu'elle réprime par un exemple salutaire ces odieuses tentatives?

Nous avions emprunté à un journal que nous croyions bien

informé le récit de quelques vexations contre des curés du diocèse de Nevers. M. Marlot, procureur du Roi à Cosne, a adressé à ce journal une réclamation: « Ce récit, dit-il, est de pure invention. Le maire de Raveau ne m'a jamais dénoncé le curé, que je n'ai jamais poursuivi. Par conséquent, le tribunal de Cosne n'a point rendu d'ordonnance de non-lieu; je n'ai pu appeler ni la cour confirmer. Il n'a pas été possible de me donner de mercuriale, et M. le curé de Raveau peut sans craindre la persécution continuer de recevoir ses amis. » Nous nous faisons un devoir d'insérer cette réclamation quoiqu'elle ne nous soit point adressée. Elle servira à rectifier ce que nous avons dit n° 2037. Il est étonnant qu'on envoie de telles plaintes à un journaliste; il y a assez de vexations réelles sans en imaginer de chimériques. Quant à nous, nous ne cherchons point à agraver les faits, et nous ne demandons pas mieux que de justifier l'autorité quand il y a lieu, ou d'atténuer ses torts quand cela est possible.

- Les journaux de la Belgique disent qu'on a vu dans la tranchée devant Anvers, un jeune ecclésiastique qui y donnoit ses soins aux blessés. Cet ecclésiastique est M. l'abbé Soulacroix, qui est Français, et du diocèse de Cahors. Il étoit depuis quelque temps en Belgique; et, dès le commencement du siége, il étoit allé offrir ses services au maréchal Gérard, qui les a acceptés. Il s'étoit établi à l'ambulance la plus voisine de la tranchée, et là il se dévouoit à assister tous ceux qui avoient besoin de son ministère.

-Le 26 novembre, on a ouvert à Valenza, dans la partie du Milanais qui appartient au roi de Sardaigne, un nouvel hôpital fondé aux frais du chanoine de la collégiale, Vincent Zuffi, qui est né dans cette ville. Cet hôpital est sous le titre de Saint-Vincent de Paul, et destiné pour les incurables des deux sexes. Le fondateur l'a doté de ses biens. L'ouverture s'est faite en sa présence, ainsi qu'en celle des autorités de la ville et des personnes de distinction. Deux femmes infirmes sont entrées ce jour-là à l'hospice, ce sont les premières que l'on y reçoit. Le fondateur les a accueillies, et elles ont été soignées, servies et mises au lit par plusieurs dames, parmi se trouvoient deux nièces du fondateur. On continue les travaux de construction qui seront terminés au printemps prochain. L'hospice est dans la plus belle position et en

bon air.

On a rouvert à Reggio, état de Modène, et rendu au culte divin, l'église de Saint-Pierre, qui avoit été fort endommagée pa les tremblemens de terre, et qui avoit besoin de grandes répa

rations.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. On n'a pas reçu depuis quelques jours de nouvelles de madame la cuchesse de Berry. La princesse n'a pas été aperçue sur les remparts de la citadel e,

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