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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Nous apprenons que le 17 décembre, le saint Père a tenu un consistoire secret où il a donné des évêques à plusieurs églises. Les quatre évêques français y ont été préconisés, savoir: Pour Versailles, M. Louis-Marie-Edmond Blanquart de Bailleul, du diocèse d'Arras, grand-vicaire de Versailles; pour Verdun, M. Placide-Bruno Valayer, du diocèse d'Avignon, chanoine et grand-vicaire de Paris; pour Langres, M. Jacques-Marie-AdrienCésaire Mathieu, curé de la Madeleine à Paris; et pour Beauvais, M. Jean-Louis-Simon Le Mercier, chanoine de Paris. M. MarieNicolas-Sylvestre Guillon a été préconisé dans le même consistoire comme évêque de Maroc in part.

Il étoit difficile d'imaginer une réunion plus imposante que celle qui s'étoit portée à Saint-Roch le vendredi 28. Les abords de l'église étoient couverts de voitures. Dans l'intérieur, la grande nef de l'église étoit entièrement remplie, et l'affluence s'étendoit jusque sur les bas côtés. Beaucoup d'ecclésiastiques, de personnes de distinction, d'hommes de tous les rangs, de femmes de toutes les classes. M. l'Archevêque est arrivé à deux heures; son visage annonçoit quelque émotion. Peut-être que les souvenirs du passé se présentoient involontairement à son esprit et qu'en sortant d'une retraite si profonde et si prolongée la vue de cet immense auditoire lui fit une impression inattendue. Cette impression étoit partagée par un grand nombre des assistans qui ne pouvoient retenir quelques larmes en revoyant le pasteur au milieu de son troupeau après tant d'agitations, d'inquiétudes et d'orages. Le prélat avoit pris pour texte ces paroles de Saint-Paul aux Colossiens: Induite vos, sicut electi Dei, sancti et dilecti, viscera misericordiæ. L'exorde a été touchant et avoit principalement pour objet l'OEuvre des orphelins. Le prélat a considéré la miséricorde dans son précepte et dans son exercice. Il a rappelé les divers motifs qui doivent nous porter à la miséricorde, les besoins des pauvres, le précepte et l'exemple du Fils de Dieu, la nécessité d'expier nos péchés, etc. L'orateur a passé en revue les diverses œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle qui s'offrent à nous dans ces temps de détresse et de calamité. C'est pour les malheureux que le Fils de Dieu est venu sur la terre et nul précepte ne revient plus souvent dans l'évangile que d'être miséricordieux. Aussi la religion, fidèle aux instructions de son auteur, a toujours regardé l'indigence et le malheur comme l'objet particulier de sa sollicitude; et saint Paul, qui a si bien peint les merveilles de la charité, nous a appris à estimer la miséricorde çomme la plus belle et la plus touchante des vertus chrétiennes. Toutes ces pensées ont été développées par M. l'Archevêque avec autant de goût que d'onction. La péroraison

surtout a été pleine d'ame et de sensibilité. Les heureuses applications de l'Ecriture, la vérité des tableaux, les grâces du style, toujours aussi élégant que naturel, la noble simplicité du débit, tout contribuoit à l'effet moral de ce discours, qui a été constamment entendu dans un profond silence. La quête s'est montée à plus de 20,000 fr., en y comprenant ce qui a été recueilli hors l'église. Une seule personne a envoyé 500 fr. à chacune des sept quêteuses.

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On se souvient de ces quatre jeunes Chinois chrétiens qui vinrent à Paris en avril 1829 pour y achever leurs études et s'y préparer au sacerdoce. Ils excitèrent un vif intérêt, et beaucoup de personnes furent admises à les voir chez MM. de Saint-Lazare où ils demeuroient. Nous donnâmes quelques détails sur ces étrangers n° 1537. Ils devoient passer quelques années en France pour compléter leur éducation ecclésiastique. Mais après la révolution de 1830, on jugea prudent de les renvoyer en Orient ainsi que deux autres de leurs compatriotes qui ne venoient que d'arriver en France. Un de ces jeunes Chinois, celui qui s'étoit fait le plus remarquer par son intelligence, qui parloit le latin avec facilité et qui servoit d'interprète aux autres, étoit Joseph Ly; il est en ce moment à Macao et il vient d'écrire à un des MM. de Saint-Lazare à Paris. Sa lettre a été insérée dans la Tribune catholique, elle est datée de Macao le 14 mai dernier. Elle offre quelques incorrections de style qui n'ont rien de fort extraordinaire pour un Chinois qui n'avoit passé en France qu'un peu plus d'un an; nous nous contenterons d'en extraire ce qu'elle offre de plus intéressant. M. Ly avoit été ordonné prêtre le 9 avril de cette année, il demeuroit au séminaire des Lazaristes à Macao et étoit destiné à y rester comme maître. Quatre nouveaux prêtres chinois s'y trouvoient aussi, savoir: Florien Lo, Jean-Baptiste Kin, Jean Pe et Pierre Ngai. Parmi ces prêtres, Jean-Baptiste Kin paroît être le seul qui se trouvât à Paris il y a trois ans. Les quatre nouveaux prêtres devoient partir prochainement pour aller en mission. M. Ly dit peu de chose de l'état des missions en Chine. Dans les cinq provinces desservies par MM. de Saint-Lazare, savoir : Le Kian-si, le Kian-nan, le Honan, le Hou-pa et Pekin, il n'y a que 15 missionnaires chinois qui, dit M. Ly, travaillent lentement. Un autre confrère, Ignace Thoug, a été pris en 1830 et envoyé en exil pour cause de religion. M. Ly recommande qu'on prie pour lui ainsi que pour un autre confrère, Chin, pris dans la même persécution que le père Clet et envoyé en exil où il est mort. A présent, il n'y a pas de persécution en Chine de la part de l'empereur qui ne s'occupe pas de la religion, mais quelquefois, les mauvais chrétiens excitent quelque orage. A Macao, il y a 8 prêtres y compris les 5 que nous avons nommés. Les autres sont des Lazaristes français, M. Torrette, qui étoit parti de France en avril 1829, comme nous l'avons dit dans

le temps, et MM. Rameaux et Laribe qui paroissent être arrivés plus récemment. M. Ly prioit qu'on envoyât à Macao des objets de piété et des livres pour les chrétiens; tâchez, disoit-il, de nous procurer des missionnaires pour satisfaire les désirs des pauvres chrétiens. Il se rappeloit au souvenir de tous les MM. de la maison de Paris et étoit chargé de transmettre les salutations de ses confrères, MM. Tcheng, Khieou, Tchao et Lu, qui étoient avec lui à Paris en 1830. Cette lettre de M. Ly montre dans ce jeune misque de piété.

sionnaire autant de zèle

Nous avons cité dans ce journal grand nombre de rétractations de prêtres constitutionnels; elles sont devenues plus rares depuis quelque temps, sans doute parce que le nombre des prêtres qui ont appartenu à l'église constitutionnelle est aujourd'hui fort circonscrit. Nous en apprenons une nouvelle par le Journal des Villes et des Campagnes, auquel elle avoit été adressée par M. le curé d'Eton, diocèse de Verdun. Cette rétractation étoit entre les mains de M. le curé d'Eton :

« Je soussigné, Gabriel Roussel, ancien prêtre de la paroisse de Bethelainville, ayant eu le malheur de me séparer de la sainte Eglise catholique en prêtant serment à la constitution civile du clergé et en contractant un mariage scandaleux et sacrilége, malgré le lien de l'ordre qui m'en empêchoit, je rétracte entre les mains de M. le curé desservant d'Eton et en présence de plusieurs fidèles assem-blés, ce serment, et promets de vivre désormais et de mourir dans la véritable Eglise catholique, apostolique et romaine, et en outre je demande bien sincèrement pardon à Dieu et au prochain pour tous les scandales que j'ai malheureusement donnés.

» Eton, le 9 décembre 1832,

G. ROUSSEL, »

La ville d'Agde, si long-temps siége d'un évêché, aujourd'hui du diocèse de Montpellier, vient d'avoir de ces exercices religieux qui raniment la foi des uns et soutiennent celle des autres. Une retraite y a été donnée par un ecclésiastique zélé de Toulouse. Elle commença le 28 octobre à l'ancienne cathédrale. Les fidèles s'y portoient en grand nombre et bientôt on vit tous les âges et toutes les classes s'empresser auprès du saint tribunal. Après une suite de prédications, la fête de la Présentation de la sainte Vierge, le 21 novembre, fut célébrée avec pompe, l'église avoit été parée avec goût et la cérémonie fut très-édifiante. La retraite fut terminée le dimanche 25 novembre par une communion générale qui présenta un coup d'oeil très-consolant. Le soir, le prédicateur prononça le

discours de clôture et fit ses adieux. M. le curé de la Cathédrale lui témoigna sa reconnoissance et celle de tout le troupeau qui avoit joui pendant un mois des exhortations et des exemples du charitable et laborieux ouvrier.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Madame la duchesse de Berry a fait le 24 décembre une promenade sur les remparts de la citadelle de Blaye; elle paroissoit jouir d'une bonne santé. Eu outre de sa société habituelle, elle étoit accompagnée de M. le comte de Brissac, qui vient d'être admis dans l'intérieur. On ignoroit encore le jour où M. de Menars seroit retiré de la citadelle. M. l'abbé Descrambes, curé de Blaye, est allé dire la messe le jour de Noël dans cette forteresse.

Les réclamations en faveur de madame la duchesse de Berry ne se ralentissent point. Nous avons à mentionner aujourd'hui les adresses des habitans de Saintes, de Lorient, de Perpignan, d'Alby, de Mont-de-Marsan, de Lombez et Condom (Gers), de Limoux (Aude), de Lauzerte et St-Antonin (Tarn-et-Ga⚫ ronne), de Puy-Laurens et l'ile d'Alby (Tarn), de Josselin et Ploermel (Morbi han), de St-Lô, Avranches et Sourdeval (Manche), d'Alençon, de St-Salvadou (Lot-et-Garonne), de l'arrondissement de Falaise, des villes et arrondissemens de Mortain, Châteaudun et Joigny, des dames de Bayonne, de Lorient et Kerantré (Morbihan), de Dinan, d'Alençon, de Nancy, de St-Manehould (Marne), de Limoux, de Mortain, de Joigny, de Saintes, de Puylaurens, de Delpech et Sellessur-Lhers (Andes), de Josselin, de Redon. Les montagnards de Lacaune (Tarn), au nombre de 300, ont souscrit aussi une adresse. Les communes de Bouloire, Lavenay et Lachapelle-Gaugain (Sarthe), ont adhéré à l'adresse de St-Calais, et les habitans d'Eymet (Dordogne) à la protestation de Bergerac. Les habitans de l'arrondissement de Châteaudun, de Ploermel, et les dames de Lisieux, ont fait aussi une protestation. Les habitans d'Angers et d'Alençon out adressé une pétition à la chambre des députés au sujet de la détention de Madame.

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Les souscriptions en faveur de l'auguste captive de Blaye se multiplient dans le Midi. Il en a été ouvert aussi une à Poitiers, et une autre à Lyon, dans laquelle M. Forbin des Issarts figure pour 1,500 fr. En attendant que nous puissious faire connoître le résultat de ces nouvelles collectes, nous annoncerons que la souscription de Grenoble s'élève à 14,124 fr., celle de Draguignan à 2,871 fr., celle d'Avignon (3o liste) à 2,201 fr., celle de Grasse à 805 fr., celle de PontSt Esprit à 455 fr., celle de St-Jérôme-les-Marseille à 84 fr. De nouvelles sommes ont été recueillies à Marseille; les calfats de cette ville ont aussi donné 873 fr. Le total y étoit porté le 22 décembre à 26,877 fr.

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Quelques journaux ont répandu le bruit que le gouvernement renonçoit au projet de présenter une loi relativement à madame la duchesse de Berry, parce que les ambassadeurs des grandes puissances lui ont adressé des représentations à ce sujet. Les feuilles ministérielles démentent cette assertion. Le gouvernement, disent-elles, n'a entendu aucune parole diplomatique de ce genre. Les cabinets étrangers ne lui ont adressé aucune réclamation, et il n'en auroit admis aucune. Plusieurs pétitions relatives à madame la duchesse de Berry ont été examinées dans différentes réunions de la commission de la chambre des députés. Elles doivent être mises à l'ordre du jour de samedi prochain : c'est M. Sapey qui en fera le

rapport.

Un journal prétend que la liste civile s'ennuie déjà de payer la dépense de nadame la duchesse de Berry, et que, par cette raison, elle voudroit bien trouver moyen de se débarrasser de sa prisonnière en la faisant juger et renvoyer, hors du pays. Il y a beaucoup d'apparence que ce journal est mal informné. D'abord ce n'est pas la liste civile qui est chargée de pourvoir à l'entretien des prisonniers d'Etat; et, si cela étoit, probablement ce ne seroit pas elle qui se sentioit la plus ennuyée de l'affaire. D'ailleurs le caractère de madame la duchesse de Berry permet de croire qu'elle sauroit y mettre de la discrétion, et alléger autant que possible cette charge de famille pour ceux qui auroient à la supporter. Mais, en tout cas, il y auroit un moyen bien simple d'en débarrasser la liste civile ; ce eroit de laisser faire les personnes de bonne volonté qui pourroient être disposées prendre pour leur compte la dépense de l'auguste prisonnière de Blaye. Nous sons répondre à M. de Montalivet que c'est un chapitre dont il n'auroit plus à 'occuper, et qu'il pourroit d'avance, en toute sûreté, rayer des livres de dépense de la maison du Roi son maître.

Il faut qu'il y ait dans la pensée de la révolution de juillet quelque chose qui ne soit pas encore bien compris de tout le monde; car ceux de nos libéraux qui passent pour savoir le mieux ce qu'elle nous a voulu et ce qu'elle nous veut toujours, ne trouvent presque rien à leur gré dans toutes les variétés de régimes politiques dont on a essayé jusqu'à présent. Ils disent que, dans l'espace de quarante-trois ans, la France n'a eu de passable, en fait de gouvernemens de droit, que celui de la Convention nationale. Jamais assemblée, selon eux, ne fut plus légitimement investié de la représentation d'un pays libre. Elle étoit plus légitime que Louis XVI; plus légitime que la constituante, qui usurpa ses pouvoirs dans un jeu de paume; plus légitime que le cousulat et l'empire; plus légitime que la restauration et la Charte de Louis XVIII; enfin plus légitime..... ceci regarde la Charte de 1830 et MM. les députés de la réunion Laffitte, dont il faut savoir parler avec plus de respect que s'ils s'étoient constitués dans un jeu de paume. Mais toujours est-il que, pour avoir quelque chose de bon, de légitime et de régulier, qui puisse répondre à la pensée de la révolution de juillet, on est obligé de remonter jusqu'à la Convention nationale. On peut, du moins, conclure de là que ceux qui travaillent depuis près d'un demi-siècle à nous chercher un bon régime et un lit de repos ne sont pas encore très-avancés.

- Le Constitutionnel avoit commencé par prédire les choses les plus sinistres sur l'expédition d'Anvers, si le gouvernement s'obstinoit à y donner suite. Il annonçoit que toute l'Europe étoit là derrière le roi de Hollande, n'attendant que notre premier coup de canon pour nous tomber sur les bras. Maintenant que le voilà rassuré, il se signale par un grand empressement à offrir ses services et ses applaudissemens au ministère; le tout assaisonné de bravades et de forfanteries qu'il adresse à l'Autriche, à la Russie et à la Prusse, en les défiant d'oser désormais bouger contre la révolution de juillet. Mais il paroît qu'il a laissé passer le bon moment de complimenter MM. les ministres; ils ne veulent plus de ses félicitations et de ses offres de services, et ils lui font dire malhonnêtement, par les jour

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