Images de page
PDF
ePub

ordre de M. l'Archevêque, et qui choisit les articles qui prétoient le plus au plus lâche persifflage. Il épilogue sur tout, sur les aubes, sur les rochets, sur les reliquaires, sur les chasubles, sur les tableaux, sur les vêtemens même de M. l'Archevêque, sur le vin qui étoit dans sa cave, sur les provisions qui se trouvoient à l'office. Beau sujet de railleries! Quoi! on vous a pris vos soutanes, vos ornemens d'évêque, vos tableaux de famille, tout ce que vous aviez de cher et de précieux, combien cela est drôle, Monseigneur! On a bu tous les vins de votre cave, emporté votre sucre, votre café, vos confitures; que cela est amusant! Telle est au fond l'analyse de l'ingénieux et délicat article où le Constitutionnel passe en revue le mémoire des pertes, et s'adresse au prélat lui-même avec un ton de fatuité du plus mauvais goût. Il y a dans ce procédé quelque chose de si cruel, que le cœur en soulève. Ainsi, on semble jouir à la fois et de tout ce que le prélat a perdu, et du refus qu'on lui a fait de l'indemniser; double victoire, en effet, pour ses ennemis. Mais y joindre l'insulte et la moquerie, s'égayer sur l'émeute, et faire le facétieux sur un pillage, c'est un cynisme qui doit faire rougir les révolutionnaires eux-mêmes, et dont, je crois, un seul journal étcit capable.

Le même journal contenoit, dans le même numéro, un autre article dicté par le même esprit. Cet article est intitulé: Des Bals masqués et de la Fête de Noël. Est-ce pour se plaindre qu'il n'y ait pas eu de messe de minuit? Ah! vraiment, c'est bien là le souci du journaliste! Non, c'est pour se plaindre qu'il n'y ait pas eu ce jour-là de bals masqués à l'Opéra et à d'autres théâtres, et que l'autorité, qui avoit d'abord permis ces divertissemens, ait ensuite révoqué la permission. Quel a été le motif de cette révocation? Auroit-on craint quelque bruit? ou auroit-on senti combien il étoit indécent d'autoriser des bals masqués dans les théâtres le jour même où l'on interdisoit les messes de minuit? c'est ce que nous ignorons. Tant y a que le Constitutionnel se scandalise et s'indigne de la révocation; il ne doute point que le clergé ne soit cause de cette mesure: il voit là l'influence de M. l'Archevêque. En effet, cette influence est grande dans le gouvernement, et les ministres vont prendre les ordres du prélat. Va-t-on transférer à l'Archevêché, dit le journaliste-comédien, la division des beaux-arts et des théâtres? M. Véron doit-il compte de sa subvention

au ministère des travaux publics ou au chapitre de NotreDame? Que ces plaisanteries sont de bon goût en l'état présent des choses! Quelle risée que de telles questions et que ces terreurs affectées sur l'énorme influence du clergé! Est-ce que la comédie de quinze ans dure encore? Est-ce que l'on voudroit ressusciter les vieilles et tristes facéties de M. de Montlosier sur le pouvoir du parti-prêtre? Où s'arrêtera ce dévergondage de mauvaise foi?

Et ce qui rend cet acharnement plus odieux encore, c'est que les deux articles du journal ont paru trois jours avant la réunion de Saint - Roch pour les orphelins du choléra, comme pour en empêcher l'effet. Ainsi, quand M. l'Archevêque s'occupoit avec une nouvelle ardeur à recueillir des aumônes pour des orphelins, on s'occupoit avec ardeur aussi à étouffer cette œuvre, en insultant à celui qui la dirige avec tant de sollicitude. Des philanthropes travailioient à entraver le succès d'une quête dont on attendoit d'heureux résultats pour une classe si intéressante. Cela n'est-il pas bien philanthropique et bien généreux? Au surplus, leur zèle a échoué cette fois, et leurs efforts ont été en pure perte. La quête pour les orphelins, qui continue même après la réunion, et qui grossit encore chaque jour, est un éclatant démenti donné aux injures et aux calomnies des ennemis de tout bien.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 17 décembre au matin, le saint Père a tenu au Vatican un consistoire public pour donner le chapeau au cardinal Spinola, ci-devant nonce à Vienne; ce qui s'est fait suivant le cérémonial accoutumé. Dans cette circonstance, M. Lippi, avocat consistorial, a parlé dans la cause du vénérable serviteur de Dieu, Philippe de Velletri, Franciscain de l'Observance. Ensuite a eu lieu le consistoire secret où Sa Sainteté a proposé aux églises va

cantes :

A l'archevêché d'Urbin, Jean - Nicolas Tanara, transféré de Leucosie in part. à l'évêché d'Imola, Jean-Marie Mastai-Ferretti transféré de Spolète; à l'archevêché de Spolète, Jean-Ignace Cadolini, transféré de Foligno; à l'archevêché de Mytilène in part. Dominique Genovesi, chanoine de Saint-Jean-de-Latran; à celui d'Athènes aussi in part. Louis Teoli, chanoine de Sainte-MarieMajeure; à l'évêché de la Conception du Chili, Joseph-Ignace Cienfuegos, tranféré de Ritimna in part. ; à l'évêché de Cervia, Marien-Balthazar Médici, religieux de l'ordre de saint Dominique; à l'évêché de Mazzara, Louis Scalabrini, procureur général

des Carmes (1); à l'évêché d'Elvas, en Portugal, le père Ange de Notre-Dame de la Bonne- Mort, Franciscain de l'Observance réformée et missionnaire apostolique; à l'évêché de Pinhel, Leonard Brandao, de la congrégation de Saint-Philippe Néri; à l'évêché d'Yucatan, en Amérique, Joseph-Marie Guerra, archidiacre de la cathédrale de Saint-Ildefonse; aux évêchés in part. suivans, de Rodiopolis, Stanislas-Vincent Tomba, de la congrégation des Clers réguliers de Saint-Paul; de Ptolémaïde, François-René Boussen, chanoine de Gand; de Satala, Jean-François-Guillaume Tippman, chanoine de Prague, et au monastère de Saint-Etienne de Banolas, Bénédictin, prévot du monastère de Saint-Cugat, du même ordre.

A la fin du consistoire, le saint Père accorda le Pallium aux archevêques d'Urbin et de Spolète, et assigna des titres aux cardinaux nommés au mois de juillet. Ils ont été ensuite placés en diverses congrégations.

PARIS. Il est imposible dans l'éloignement de se faire une idée de l'état du diocèse d'Angoulême. Cet état est de nature à exciter les alarmes les plus vives chez les amis de la religion. Tout le monde sait dans le pays avec quel zèle le vénérable évêque travaille à fermer les plaies qu'une mauvaise administration avoit faites à la religion. Sans la révolution de 1830, il pourroit jouir aujourd'hui des résultats de ses soins. Hélas! Ies espérances que l'on avoit conçues se sont bien promptement évanouies. Nous ne citerons point ici le grand nombre de paroisses que l'émeute a successivement rendues veuves de leurs pasteurs, à commencer par les deux cures de la ville haute, dont l'une, la Cathédrale, est depuis deux ans sans pasteur, et l'autre est occupée par une espèce d'intrus. Il y en a même qui prétendent que l'administration n'est pas étrangère aux sourdes menées qui ont amené cet état de choses; sans admettre ces bruits, nous aurions cru qu'après une satisfaction éclatante, on auroit épargné de nouvelles hostilités au clergé. La bienveillance administrative vient encore de se signaler à son égard. On vouloit faire une économie afin de trouver le montant d'une allocation à l'enseignement mutuel. Cette économie, c'est encore le clergé qui l'a supportée. Le conseil municipal a décidé qu'à partir du 1er janvier 1833, les vicaires de la ville cesseroient de recevoir le traitement de 400 fr. qui leur avoit été jusqu'ici annuellement accordé. Or il est notoire que pour plusieurs de MM. les vicaires, les droits éventuels appelés casuel sont à peu près nuls; et dans ce moment, par suite de l'émeute de février 1831, il n'y a que deux des cinq cures qui soient pourvues de titulaires.

(1) Là étoient placés, dans l'ordre des promotions du consistoire, les évèques français que nous avons nommés dans le numéro précédent.

De plus, le petit séminaire, fermé à la même époque, n'a pu encore être rouvert et les ressources du diocèse se réduisent à 35 ou 40 jeunes gens, étrangers pour la plupart au département et recueillis au grand séminaire. Quand écoutera-t-on les vœux de tout un diocèse justement inquiet sur son avenir? Qui croiroit que dans un diocèse limitrophe de celui dont il vient d'être question, plusieurs ecclésiastiques d'un vrai mérite ne peuvent obtenir l'agrément du gouvernement pour des cures où l'absence de pasteur se fait vivement sentir? Comment ne pas s'étonner après cela qu'on' soit venu se plaindre à la tribune et ailleurs de l'obstination du clergé à méconnoître les douceurs du nouveau régime et la bienveillance marquée du gouvernement pour lui?

Il y a encore des sorciers, ou du moins des gens qui prétendent l'être : les uns par sottise, les autres par calcul font ce triste métier. Le 28 novembre dernier, on a jugé, en police correctionnelle à Agen, un sorcier nommé Ségalié, qui avoit beaucoup de réputation dans le pays, et qui avoit été surpris dans une carrière, la nuit du 13 juillet, au milieu de l'exercice de ses fonctions. Iĺ travailloit à faire venir le diable, et étoit entouré de tout l'appareil de la cabale et du sortilége. It fut arrêté parce qu'on le croyoit coupable d'escroquerie. Ce délit ne fut pas prouvé, et Ségalié fut mis en liberté; mais ensuite il a été accusé d'avoir déterré le cercueil d'un enfant pour en extraire des clous dont il croyoit avoir besoin pour ses opérations. Il a été condamné pour cela en police correctionnelle, à six mois de prison et aux dépens, et à appelé de ce jugement. Un journal, qui a rendu compte de cette affaire, et qui a voulu surtout faire rire par son récit, n'a cependant pas perdu l'occasion de jeter des insinuations malignes sur les prêtres. Je sais bien, dit-il, ce qu'il y auroit à faire pour extirper ces imbécilles opinions; il faudroit que tous les corps constitués, que tous les citoyens éclairés, que le clergé surtout s'y employ assent en toutes occasions. Mais quand le clergé le voudra-t-il ? Ce reproche est aussi ridicule qu'injuste. Ce n'est assurément pas la faute du clergé y a des sorciers, ou du moins des gens qui en jouent le rôle. Il n'est pas de caré qui, au besoin, ne cherche à détromper ses paroissiens de ces jongleries. La religion condamne à la fois, et les sorciers véritables, s'il y en a, et les prétendus sorciers qui trompent les ignorans et les simples. La religion condamne tout pacte avec le diable, comme toute escroquerie. Ce qui fait qu'il y a des sorciers, c'est la cupidité des uns et la crédulité des autres. Or, toutes les lumières du monde ne pourroient ni convertir tous les fripons, ni détromper tous les simples. Les premiers savent assez qu'ils font mal, et les seconds sont presque toujours d'autant plus opiniâtres qu'ils sont plus ignorans. Les curés perdroient donc leur Latin auprès des uns et des autres, et les corps constitués eux-mêmes, tous les citoyens éclairés, voire les avocats et les journalistes. ne

s'il

y aura

seroient pas plus heureux. Tant que le monde existera, il des passions et des superstitions, des hommes adroits et des dupes, des gens qui spéculeront sur la sottise pour gagner de l'argent, et des sots qui morderont au premier hameçon qu'on leur présentera. Toutes les écoles d'enseignement mutuel, toutes les académies savantes, tous les journaux réunis ne pourroient porter remède à ce double mal; la religion seule peut l'atténuer, parce que seule elle offre les véritables lumières. Ainsi ceux qui attaquent sans cesse la religion, qui la tournent en ridicule, qui travaillent à l'extirper du fond des cœurs; ceux-là favorisent, au contraire, la superstition, , parce qu'il est dans la nature de l'homme de croire, et que les simples à qui vous ôtez les appuis et les consolations de la foi cherchent ailleurs ce qui leur manque, et s'adressent, uns, aux sorciers, aux charlatans, aux diseurs de bonne aventure; les autres, à des imposteurs plus relevés, à Mesmer, à Cagliostro, à Swedemborg, et, de nos jours, aux Saint-Simoniens.

les

Les élèves du petit séminaire de Nantes ont aussi adressé au Rénovateur une lettre de remerciement pour les personnes qui ont bien voulu leur donner asile pendant l'occupation militaire de leur maison. Cette lettre, très-bien faite, est du 26 décembre; elle a été transmise au Rénovateur par M. S. Sagory, supérieur du petit séminaire, qui exprime aussi sa reconnoissance pour l'accueil empressé fait à ses élèves.

-A Kinsale en Irlande un soldat catholique du 69° régiment mourut, au mois d'avril dernier, après avoir été vísité dans sa maladie par le prêtre catholique du lieu. Il étoit d'usage en pareil cas d'avertir le prêtre de la mort et de l'heure de l'enterrement. On n'eut point cette attention pour le soldat ci-dessus, nommé Jean Bamber, et l'enterrement fut fait par un ministre protestant. M. M'namara, prêtre à Kinsale, réclama et ne put rien obtenir; le major du régiment répondit qu'on suivroit les usages du service. M. M'namara s'adressa à lord Hill, commandant en chef et se plaignit de cette atteinte à la liberté de conscience qui avoit excité de justes plaintes parmi les catholiques de Kinsale. Ils s'étoient réunis à cet effet et avoient adressé aussi un mémoire à lord Hill. Ils s'y montroient blessés de cette acte d'intolérance du major. Lord Hill répondit qu'il avoit donné des ordres pour prévenir de tels abus et que les soldats catholiques doivent être enterrés avec les cérémonies de leur église. Un journal irlandois dit qu'il faut donner de la publicité à une décision si équitable d'ailleurs, et qui peut prévenir de misérables tracasseries.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Un certain nombre de jeunes gens des écoles de Paris ont rédigé une adresse à madame la duchesse de Berry, pour lui offrir de lui former une liste ci

« PrécédentContinuer »