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La reine régenté d'Espagne vient de nommer ministre de l'intérieur M. le comte d'Ofalia ambassadeur à Paris.

Le roi de Hongrie, prince héréditaire d'Autriche, a été atteint subitement d'une maladie qui avoit fait désespérer de ses jours. Il a reçu les sacremens de l'Eglise. D'après les dernières nouvelles de Vienne, il y a beaucoup d'améliora– tion dans sa santé.

Le 9.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

la chambre admet MM. Isambert et André Koechlin, et reçoit la démission de M. Garet, député du Gers.

L'ordre du jour est la discussion des articles de la loi sur l'organisation dépar tementale. La commission propose de maintenir dans chaque département, outre un conseil-général, des conseils d'arrondissement. M. Bérard demande qu'on n'admette que des conseils de canton. Cet oratenr essaie en vain, ainsi que M. de Podenas, d'appuyer cette modification. Le bruit des conversations est intolérable, et M. Piscatory, qui obtient la parole pour le rappel au réglement, se plaint vivement de cet inconvénient.`

M. Bresson combat et M. de Rambuteau défend la suppression des conseils d'arrondissement. Ce dernier rappelle l'opinion de la commission qui avoit examinė la loi départementale de 1829. M. Gillou, rapporteur, insiste sur le maintien du système actuel. M. de Gérando, commissaire du gouvernement, signale des inconvéniens dans l'institution des conseils cantonnaux, et répond aux objections dont les conseils d'arrondissement ont été l'objet. M. Salverte réfute ces observations.

M. le comte d'Argout voit des dangers dans la juridiction nouvelle que propose M. Bérard. M. Odilon-Barrot réplique. M. Mauguin, qui ne partage pas aujourd'hui son avis, se prononce pour le maintien des conseils d'arrondissement.

L'amendement de la commission est mis aux voix et adopté, et l'établissement de conseils cantonuaux repoussé. On adopte ensuite sans discussion le second paragraphe de l'article premier, portant que nul ne pourra être à la fois membre de plusieurs conseils d'arrondissement ou d'un conseil-général et d'un conseil d'arrondissement.

Sur l'opinion publique.

Définissons, c'est le seul moyen de s'entendre. Ce principe du philosophe auteur de tous nos maux (1), ne peut pas être rejeté, même par les républicains les plus forcenés. C'est pour en avoir négligé la pratique que, depuis quarante-quatre ans, nos écrivains politiques s'occupent à créer des fantômes pour en épouvanter leurs crédules lecteurs. L'opinion publique est la reine du monde, a dit Raynal dans son Histoire philosophique; et sur sa parole, chacun de se prosterner aux pieds de cette illusoire majesté sans prendre la peine de la définir ni même de constater son existence.

Pour obtenir sa définition, j'ouvre le vocabulaire de Wailly qui est toujours (1) Voltaire.

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sur mon bureau, et auquel je ne rougis pas d'avoir souvent recours, J'y lis Opinion, jugement d'une personne ou d'une chose publique qui appartient à tout un peuple. » L'opinion publique est donc le jugement de tout un peuple sur une personne ou sur une chose. Voyons maintenant s'il y a en France unanimité de jugement sur les personnes et sur les choses. Quels sont les organes de la prétendue opinion publique? Les journaux proclament tantôt qu'ils le sont eux-mêmes, tantôt que c'est la chambre élective, d'autres fois que ce sont les jugemens des jurés.

Pour que les journaux fussent les organés de l'opinion publique, il faudroit d'abord qu'ils fussent toujours d'accord entre eux, ensuite, que tous les abonnés partageassent aveuglément les opinions des rédacteurs. Il n'est pas nécessaire de démontrer que chaque journal a des nuances qui le sépare même de ceux d'une couleur semblable. La Gazette est en opposition, tantôt avec la Quotidienne, tantôt avec le Courrier de l'Europe; le Constitutionnel combat le National; les Débats ne sont pas toujours de l'avis du Temps; il n'y a d'accord qu'entre les journaux ministériels, parce qu'ils puisent à une même source.

Abonné depuis dix ans à la Gazette de France, je ne suis cependant rien moins que partisan du vote universel; mais je partage ses opinions sur beaucoup d'autres points. Je ne suis sûrement pas le seul qui se soit réservé le droit d'avoir une opinion à lui.

Je sais que la ruajeure partie des lecteurs de feuilles périodiques, soumis exclusivement à leurs maîtres, attendent, pour penser, que leur jourual soit arrivé ; ils n'ont que des pensées à quatre sous et demi, mais alors le journal est créateur de l'opinion et non son organe. Les dociles abonnés n'ont jamais l'idée de révoquer en doute les oracles qui leur sont dictés; est-ce là être organe de l'opinion ou la créer, en éblouissant les lecteurs par le prestige du style et plus souvent par des Sophismes?

L'opinion d'un journal n'est réellement que celle de ses rédacteurs, soumise à l'approbation des abonnés, qui, par paresse, ne combattent point des principes qu'ils désaprouvent, et qui souvent mème sont tellement dominés par l'empire de l'habitude, qu'ils restent abonnés à une feuille dont ils n'approuvent pas l'o pinion.

Que ferons-nous de cette masse inerte qui ne lit jamais de journaux et qui ne conçut de bonne opinion que celle qui la rend heureuse? Cette masse compacte est cependant la plus nombreuse et a autant de droit que la minorité de la nation à juger les personnes et les choses. Ecoutons la Gazette de France du 11 juin 1831: « La presse est l'aveugle instrument des opinions les plus disparates, l'incohérente expression des passions les plus contraires, et on pourroit la nommer l'image du chaos, s'il étoit possible que le chaos eut une image... La féodalité du journalisme, cent fois pire que l'autre, écrase sous son jong de fer, intérêts et principes, hommes et choses, réputations et droits acquis.

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Le National dit sagement dans le courant de ce mois : « Tous les partis, hors le parti national, répètent sans cesse : la France veut ceci, la France veut

cela. Hé, mon Dieu! au lieu de lui prêter votre langage, que ne la laissez-vous p ler elle-même? Cela mettroit fin, une bonne fois pour toutes, à tant de vanteri de déceptions, de sophismes et de bavardages.

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La chambre des députés seroit l'organe de l'opinion des électeurs, si auçu brigue n'avoit amené les choix; mais tout le monde sait que si, même à for d'intrigues, il est difficile d'obtenir une nomination, celui qui n'a que son méri pour recommandation, est bien sûr de ne jamais sortir de l'obscurité. Il faudre en outre qu'il y eût unanimité dans les votes pour trouver dans la chambre électi l'organe de l'opinion des électeurs; mais en admettant que cette unanimité exis quelquefois à peu près, de quel droit priverons-nous la très-grande majorité d la nation qui n'a point pris part aux élections de l'avantage d'être comptée dan l'opinion publique ?

« La représentation, an lieu d'être l'organe du vœu public, n'a jamais été qu l'expression des passions qui avoient conquis le pouvoir. (1) »

Les jugemens par jurés, s'ils sont un organe de l'opinion, en sont un bie versatile, car tel accusé, condamné un jour, eût été acquitté si sa cause avoit ét remise au lendemain. Il seroit absurde de vouloir appeler publique l'opinion d douze citoyens.

Les hommes changent d'opinion à mesure que l'âge les murit; ils ne pensen pas de même aux différentes époques de leur vie : obstacle invincible à l'unanimit des jugemens. La mode entraîne la jeunesse à la suite d'opinions ardentes qu flattent la fougue de son imagination. La tenace vieillesse ne voit de bien que ce qu'elle idolâtroit dans son jeune âge. Comment accorder des élémens aussi contraires?

Les journaux représentent les opinious diverses des seuls rédacteurs: la chambre des députés la plus grande force de l'intrigue : les arrêts des cours d'assises l'opinion d'un petit nombre d'individus. Est-ce là l'unanimité de jugement de tout le peuple?

L'opinion publique est donc une idée vide de sens, inventée pour faire illusion. Il est et sera toujours vrai que tot homines quot sensus, et par conséquent qu'il n'existe point d'opinion publique.

Mareuil-lez-Meaux, le 22 novembre 1832.

Julien DUJAY,

(1) Gazette de France du 28 juillet 1831.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

Cours des effets PUBLICS.-Bourse du 9 janvier 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 dèc., ouvert à 72 fr. 50 c. et fermé à 72 fr. 50 c. Cing pour 100, juss, du 22 sept., ouvert à 100 ir, 85 c. et fermé à 101 fr. 00 o. Actions de la Banque.

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1670 fr. 00 c.

IMPRIMERIE D'AD, LE CLERE ET COMP".

49

SAMEDI 12 JANVIER 1833.

(N° 7040

Réponse de l'Ordinariat archiepiscopal de Fribourg, en Brisgat à un Mémoire de 11 pretres du Doyenné d'Offenbourg, grand duch de Bade, sur des questions touchant les Réformes ecclésiastiques.

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(Fin du numéro précédent.)

L'administration du sacrement de pénitence ne vous donne ucune satisfaction. Permettez-nous de vous demander à qui il faut en attribuer la faute? Ce sacrement est une des plus belles institutions du catholicisme. Vous savez, ou du moins vous devez savoir dans quel esprit vous devez l'administrer. Ce sacrement est entièrement lié au but sublime du christianisme, c'est-à-dire, à la civilisation du monde, et la seule voie au moyen de laquelle, sans recevoir de rapports étrangers, sans la rumeur publique, on puisse parvenir de la manière la plus noble à la connoissance de l'état moral d'une paroisse. Il vous indique où le mal se dispose à pénétrer, ou à prendre le dessus, quelle en est la source et l'occasion, quelle est la partie qui réclame vos soins, de quel côté vous devez tourner votre sollicitude pastorale. Il vous ouvre un champ vaste et fertile pour les instructions privées, qui sont une partie marquante de vos devoirs. Là, il s'offre des passions à déraciner, des ennemis à réconcilier; là, vous êtes à même de rétablir la paix dans les ménages, d'empêcher des injustices, ou, si elles ont déjà été commises, de les faire réparer; vous pouvez, par de salutaires avis, améliorer l'état moral de chacun en particulier, et accélérer le bien-être de toute une paroisse. Le cœur humain se livre de luimême à vous, si vous savez l'interroger et si vous ne trouvez pas qu'il vous en coûteroit trop de peine pour en sonder les profondeurs et en pénétrer les replis.

» Il n'y a donc sur ce point rien à réformer, si ce n'est les fautes que vous commettez dans l'administration du sacrement de pénitence. Jusqu'ici vous devriez vous apercevoir sans peine que, le plus souvent, vous prononcez votre propre condamnation, et qu'au moyen de la presse, vous vous êtes vous-même déclarés fort coupables aux yeux des personnes sensées.

Venons-en maintenant à celles de vos réclamations qui paroissent mieux fondées. Nous observerons cependant que quelques - unes d'entre elles demandent ce qui est au-dessus de la portée de nos pouvoirs. Donnez-vous la peine de repasser attentivement votre plan de réforme à introduire dans l'Eglise catholique, et alors vous ne pourrez manquer de vous apercevoir que, ne composant pas seuls l'Eglise catholique, il ne dépend pas de nous d'y satisfaire. Nous vous conjurons encore une fois de ne pas oublier jusqu'où s'étendent les bornes de l'autorité, Tome LXXIV. Ľ’Ami de la Religion.

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de ne pas confondre les pouvoirs, mais bien plus, d'en distinguer les diverses branches, conformément à l'ordre hiérarchique établi. Vous nous demandez un catéchisme diocésain, et en cela vous avez raison. D'autres ne s'en tiendroient pas seulement là, mais y mettroient la main et partageroient ce travail avec nous. De trèsvénérables prêtres nous ont déjà fait part de leur jugement critique sur le cathéchisme actuellement en usage; d'autres nous ont envoyé des esquisses et des plans à suivre, et d'autres enfin nous ont fait parvenir des cathéchismes entièrement achevés.

» Vous désirez un Rituel; les conférences pastorales de plusieurs chapitres ont déjà statué sur cette proposition: ils ont examiné ce que le Rituel existant renferme de suranné, ce qui n'est plus approprié à nos temps, ou bien quelles sont les qualités et les avantages que présentent ceux qui ont paru successivement dans l'intervalle, et ce qu'ils y trouvent à redire.

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Vous demandez un Bénédictionnal particulier. Il fera partie du Rituel. Vous demandez un livre de chant: on a rassemblé les livres de chant des différentes parties de diocèses, qui sont incorporés à l'archevêché pour s'instruire de ce que chacun d'eux renfermoit d'utile pour ne pas retrancher au peuple, sans nécessité, ce à quoi il est depuis long-temps accoutumé. Vous demandez pour l'office divin on se serve de la langue allemande; vous êtes donc les seuls qui ignorez que la langue allemande est déjà plus ou moins autant que faire se peut en usage dans l'exercice du culte. Nous rendons justice à vos observations touchant l'éducation des étudians aspirans au sacerdoce. Il est vrai de dire, qu'il n'est pas rare que des jeunes gens qui veulent se vouer à l'état ecclésiastique, déjà peu civilisés sous le rapport religieux et moral, fréquentent les hautes classes où ils doivent poursuivre leurs ésudes théologiques. Ici ils grandissent sous l'impulsion tumultueuse, oseroit même dire, sous l'influence et l'impulsion déréglées de la vie universitaire; on sait quels en sont les suites. Nous ressentons tout cela plus vivement qu'aucun particulier du clergé diocésain, et vous connoissez l'influence que nous exerçons sur les dispositions arrêtées par le gouvernement.

on

» Dans ces circonstances, c'est sur votre appui, chers confrères, que nous comptons pour nous consoler. Il en est plus d'un auquel le séminaire diocésain a donné sa mission parce qu'il n'osoit le retenir plus long-temps, qui en est sorti, nous laissant en proie à des craintes que nous n'osions manifester, et qui, sous la conduite d'un bon curé dont il partagea les fonctions, a obtenu la grâce de s'assurer qu'il étoit vraiment appelé.

» En continuant l'oeuvre imparfaite de l'éducation cléricale touchant laquelle, vu les circonstances, nous ne pouvons rien prescrire, vous pourrez vous rendre le consolant témoignage d'avoir acquis à l'Eglise un serviteur fidèle. Si vous vous pénétrez une

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