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il est vrai que, quoique large, elle est peu profonde. La gelée va dans ce climat jusqu'à 24 degrés. La ville en elle-même offre peu de ressources, la vie y est à bon marché, les articles fabriqués y sont à peu près comme en France. La noblesse est fort bien, dit-on; mais elle étoit encore dans ses terres au départ de la lettre d'où nous tirons ces détails.

Les exilés français mènent au Hradschin une vie aussi monotone que possible. Etrangers en tout, pour le langage comme pour les mœurs, ils ne peuvent jouir d'aucun des agrémens de la société. Charles X n'a presque pas quitté le lit depuis six semaines, il n'est pas sorti une seule fois depuis son arrivée ici. C'est le premier accès de goutte que le prince ait eu de cette violence. On ne peut se dissimuler que cette réclusion continue n'exerce une fâcheuse influence sur l'ensemble de sa santé. A 75 ans, cela pourroit être grave. Aussi le Roi, quoique bien chrétiennement résigné, est affecté de son état. Cependant aucun symptôme fàcheux n'autorise ses craintes et ne doit agraver les inquiétudes de ceux qui l'entourent. Ce qui se passe au loin leur donne assez de soucis; le sort d'une illustre captive suffiroit seul pour leur inspirer des alarmes. On peut juger avec quelle émotion ils ont appris qu'elle étoit tombée aux mains de ceux qui la cherchoient depuis si long-temps. Elle a pu néanmoins faire parvenir de ses nouvelles à madame la Dauphine. Celle-ci, en apprenant ce fatal événement, s'est montrée la femme forte de l'Evangile. Rien de plus noble et de plus touchant que ce qu'elle a dit à son neveu dans cette circonstance. Jamais mère n'a trouvé de plus fidèle interprète de ses sentimens, Après la première communication faite à l'enfant, un ecclésiastique judicieux a été chargé d'entrer avec lui dans les détails nécessaires pour lui faire apprécier cet événenement comme il convenoit, et pour diriger ses sentimens d'après son âge et la vivacité de son caractère. Cet ecclésiastique est le même qui avoit préparé le jeune prince à la première communion (*). Ou se rappelle avec quelle foi et quelle ferveur

(*) Peut-être sera-t-on bien aise de voir ici la lettre écrite à cet ecclésiastique par la mère du jeune prince, et dont une copie est tombée entre nos mains : Massa, 30 mars 1832.

J'ai reçu, M. l'abbé, la lettre où vous me parlez de la première communion de mon fils. Le compte que vous me rendez de la manière dont il a accompli

le royal enfant répondit aux soins de son directeur. Nous avons dans le temps donné les détails de cette belle cérémonie, qui paroit avoir laissé des traces profondes dans l'ame du prince. Ses sentimens ont été parfaits dans cette circonstance. Pas une parole de sens et de religion qui n'allât droit à son intelligence et à son cœur. Son émotion a été ce qu'elle devoit être. Il a même éprouvé deux ou trois jours d'indisposition, qui en étoient certainement la suite. Il se montre fidèle aux instructions qu'il a reçues dans une occasion mémorable, et qui continuent. On retrouve en lui le même empressement pour ces lecons et la même docilité. Ses analyses, les sentimens qu'il y exprime, le développement général qui s'opère graduellement dans son intelligence, tout est d'un bon augure pour l'avenir. Espérons que la Providence fera fructifier des germes si précieux, en dépit des obstacles multipliés que le temps peut en

core accroître.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Les Lettres apostoliques du Pape pour le jubilé de son exaltation commencent ainsi :

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Grégoire XVI, à tous ceux qui verront ces présentes lettres, salut et bénédiction apostolique.

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Après avoir pris possession solennelle du pontificat dans l'église de St-Jean

cette grande action si intéressante est bien satisfaisant, et me fait espérer qu'elle aura une heureuse influence sur toute sa vie. Il paroît, d'après ce que tout le monde me mande et ce que vous me dites, qu'elle se fait déjà ressentir. Vous en devez jouir plus qu'un autre, M. l'abbé, puisque cela est en grande partie, votre ouvrage. J'aime à vous devoir ce service important, et j'espère que mon fi's ne l'oubliera pas plus que moi. Je ne vous en' sais pas mauvais gré; mais vous redoublez les regrets que j'ai éprouvés de ne pas me trouver auprès de mon Henri dans un moment aussi solennel, en me disant que ce cher enfant a été přiné de mon absence. J'espère qu'on lui dit bien qu'elle est causée par l'espoir d'assurer son avenir et celui de sa sœur, dont je suis uniquement occupée; cela seu! peut me retenir si longuement loin d'eux, et me résigner à mener une vie aussi triste que fatigante. Mais toutes mes peines seront oubliées, si Dieu permet que je puisse triompher. Je vous charge particulièrement, M. l'abbé, de le lui dire. Vous avez déjà préparé son cœur à la vertu ; dites lui que, si je réussis, j'aurai des droits à sa reconnoissance, et que, si la Providence veut que j'y périsse, je mériterai ses regrets.

Agréez l'assurance de mon estime et de ma bien véritable considération,
MARIE-CAROLINE.

de-Latrán, nous écrivimes sur les maux de l'Eglise à nos vénérables frères, les patriarches, archevêques et évêques, et nous conjurâmes leur fidélité et leur religion de se tenir comme un rempart pour Israël, contre les efforts auxquels nous gémissons de le voir en butte, et de diriger tous leurs soins, leurs vœux et leurs conseils pour en triompher. C'est pour cela que nous les avertîmes de lever les yeux et les mains vers la montagne d'où nous attendons avec confiance que nous viendra le secours, sachant très-bien que le calme renaîtra en apaisant celui qui commande aux vents et à la mer, et que la miséricorde divine descendra dès qu'une humble prière montera vers elle.

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Mais comme la conjuration des méchans, se fortifiant de tout côté, excite encore la tempête, nous avons résolu d'ordonner des prières générales dans toute l'Eglise, et nous avons ouvert pour cela les trésors des dons célestes, afin que cœurs étant disposés à la piété et purifiés de la tache du péché, les supplications soient plus agréables à Dieu, et montent vers lui en odeur de suavité. Il est établi anciennement dans l'Eglise romaine, et il a toujours été d'usage parmi nos prédécesseurs que, non-seulement au commencement de leur pontificat, mais aussi dans la suite, quand Dieu affligeoit son peuple, l'on recourût au secours des prières communes, et que l'on excitât les fidèles à la pénitence, en leur offrant les ressources précieuses des indulgences, afin que, détestant leurs iniquités dans une humble confession, ils se présentassent avec confiance au trône de grâce, au Dieu qui est prompt à pardonner, et chez qui la colère n'arrête point le cours de ses miséricordes. Dans ce dessein', que nous recommandons par d'instantes prières au Père des miséricordes, nous annonçons aussi à l'univers catholique une indulgence à l'instar d'un jubilé universel, dans la douce espérance que les jours de tribulation seront abrégés par l'auteur de toute consolation, et que, l'orage cessant enfin, l'Eglise jouira d'une paix solide, et la félicité publique sera rétablie partout.

» C'est pourquoi nous confiant en la miséricorde du Dieu tout-puissant, et en l'autorité des bienheureux apôtres Pierre et Paul, en vertu de cette puissance de lier et de délier que le Seigneur nous a conférée, quelque indigne que nous en soyons, nous accordous, par les présentes, indulgence plénière et rémission de tous leurs péchés à tous et chacun des fidèles de l'un et de l'autre sexe, demeurant dans notre illustre capitale, ou y venant, qui depuis le 4" dimanche de l'Avent, 23 jour de ce mois, jusqu'au 13 janvier suivant, qui est le 1er dimanche après l'Epiphanie, auroient visité deux fois pendant ces trois semaines les basiliques de St-Jean-de-Latran, du prince des apôtres et de Ste-Marie-Majeure, ou quelquesunes d'elles, y auront prié dévotement pendant quelque temps, y auront jeûné les 4 et 6e féries de l'une de ces semaines, et, dans le même espace de temps, ayant confessé leurs péchés, auront reçu avec respect le sacrement de l'eucharistie et fait quelque aumône aux pauvres, selon que leur dévotion le leur suggérera. Quant aux autres qui demeurent hors de Rome, quelque part que ce soit, qui auront visité deux fois les églises désignées par les ordinaires des lieux, ou par leurs vicaires et officiaux, ou de leur ordre, et à leur défaut, par ceux qui y sont chargés du soin des ames (quand les présentes seront venues à leur connoissance),

ou du moins quelqu'une de ces églises dans l'espace de trois semaines, qui seront déterminées par les mêmes en même temps que les églises, et auront fait dévotement les autres œuvres marquées ci-dessus, nous leur accordons aussi par les présentes une indulgence plénière de tous leurs péchés, comme il est d'usage de l'accorder dans l'année du jubilé à ceux qui visitent certaines églises au-dedans et au-dehors de Rome. »

Le reste des Lettres apostoliques est dans la même forme que les Bulles du jubilé pour les voyageurs, pour les personnes vivant dans le cloître, pour le choix des confesseurs, pour la commutation des œuvres, etc. Nous ne croyons point nécessaire de reproduire cette suite. Ces Lettres apostoliques sont données à Rome, près l'église St-Pierre, sous l'anneau du pécheur, le 2 décembre 1832, seconde année du pontificat de Grégoire XVI. Elles sont signées pour le cardinal Albani par A. Picchioni, substitut de la secrétairerie des brefs, et ont été publiés à Rome le 4.

- Tous les gens sages gémissoient depuis long-temps de l'intrusion scandaleuse d'un prêtre qui s'étoit emparé de l'église et du presbytère de Clichy sans le concours de l'autorité ecclésiastique et avec un simulacre d'élection populaire. Cette intrusion étoit une source de querelles et de troubles dans la paroisse. Plusieurs fois il avoit été fait à ce sujet des réclamations auprès du gouvernement, et nous croyons savoir que le ministère avoit donné des ordres il y a déjà quelques temps pour ôter l'église au sieur Auzou. Mais à une époque où la capitale étoit en proie aux émeutes, on n'avoit pas osé mettre ces ordres à exécution. On avoit craint de fournir un aliment et un prétexte aux passions d'une multitude aveugle. Ainsi on souffroit à la porte de Paris ce que l'on empêchoit en province. Car on avoit chassé un autre prêtre de Châtel, de l'église de la Selle en Hermois, et on avoit pris la même mesure dans deux ou trois autres cas semblables. Cette anomalie ne pouvoit subsister. Le ministre de l'intérieur et des cultes donna des ordres le 10 décembre pour faire évacuer l'église et le presbytère de Clichy et pour y mettre les scellés afin d'empêcher qu'on ne détournất quelque chose du mobilier de l'église. On ne peut pas dire que la police ait mis trop d'empressement à faire exécuter cet ordre, puisqu'elle a attendu un mois. Peut-être ce délai fut-il commandé par quelques raisons de prudence et vouloit-on auparavant s'assurer de la disposition des esprits. Nous croyons savoir qu'Auzou avoit très-peu de partisans à Clichy. Le maire n'étoit pas pour lui, mais il ne vouloit pas, dit-on, se compromettre et il donna sa démission dès le premier signe de troubles. La majeure partie des habitans étoient dégoûtés des prédications fanatiques et de la conduite peu ecclésiastique de l'intrus. Mais il y avoit là un ou deux individus qui avoient épousé chaudement sa cause. Est-ce à eux qu'il faut

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attribuer les troubles qui viennent d'avoir lieu? C'est ce que nous ne nous permettrons pas d'affirmer. Quoi qu'il en soit, le commissaire de police de Saint-Denis étant venu mettre les scellés sur l'église le 9 janvier en présence du sous-préfet et des adjoints, et ayant invité le sieur Auzou à évacuer le presbytère le lendemain, dès le soir, un attroupement se porta sur l'église, brisa les scellés et sonna les cloches. Le 10, le conseil municipal fut convoqué et le sous-préfet se rendit sur les lieux. On essaya de désarmer la brigade, il y eut des charivaris et des essais de barricades. La majeure partie de la population n'étoit pour rien dans ces excès qui ne doivent être imputés, dit-on, qu'à des enfans, à quelques femmes et à de mauvais sujets. On s'étoit excité mutuellement au cabaret et ou vouloit aussi avoir la gloire de faire une émeute. Le 11 au matin, le procureur du Roi se transporta à Clichy avec un peloton de gendarmerie qui fut accueilli à coup de pierres, Des hommes montés dans le clocher sonnoient le tocsin. On arrêta huit individus et le tumulte s'apaisa. Les scellés furent rétablis sur les portes de l'église et une force suffisante resta pour les protéger. Depuis, tout est tranquille à Clichy. Des habitans ont fait une protestation en faveur de l'abbé Auzou; on ne donne point les noms des signataires. Les feuilles libérales ont, comme de raison, plaidé pour l'intrus; il faut encourager le schisme partout où il se montre. On fait valoir la liberté des cultes, comme si ce principe ne pouvoit pas aussi être invoqué par les fidèles soumis à l'église, et comme si la religion catholique ne devoit pas aussi être protégée. N'y aura-t-il donc de liberté des cultes que pour le premier venu qui s'empare d'une église et qui se fait autoriser par une poignée de factieux, ou par des imbécilles qu'on a enivrés? Le Moniteur a traité la question de droit, il dit, avec raison, que l'envahissement de l'église et l'occupation du presbytère sont une violation de la loi et une atteinte à une propriété publique que l'autorité doit faire respecter. La religion catholique a été mise en possession d'édifices qui ne doivent pas recevoir une autre destination. La Gazette des Tribunaux elle-même, qui n'est pas suspecte de trop favoriser le clergé, convient qu'aucune décision régulière n'avoit changé la destination de l'église et du presbytère, et qu'il y avoit lieu à les rendre à leur destination primitive; mais elle prétend qu'on a agi avec précipitation, quand au contraire l'autorité auroit peut-être à se reprocher d'avoir tant tardé à faire rentrer tout dans l'ordre.

Un suicide a eu lieu dernièrement à Issy, près Paris. L'enterrement n'a pu avoir lieu à l'église, M. le curé ayant déclaré qu'il ne lui étoit pas permis de s'écarter des règles établies; du reste, il n'y a eu aucun trouble. M. le maire s'est conduit avec beaucoup de prudence, et a accompagné le corps au cimetière. L'ordre le plus parfait a été maintenu. Dans le même temps à peu près, un

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