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M. Peyre s'étonne de ce que ceux qui trouvent que l'on n'ouvre pas de portes assez larges à l'élection, soient les premiers à proposer des exclusions. On se plaint de l'intolérance du clergé : comment se montre-t-on si intolérant à son égard? On veut que les prêtres comprennent leurs devoirs de citoyens, et on leur en refuse les droits. Pour qu'ils se rallient au gouvernement, il faut qu'ils apprennent à le connoître. Au surplus, le clergé de France ne présente-t-il pas autant de lumières que la plupart des électeurs que la chambre vient d'admettre?

M. Dupin aîné se hâte de céder le feuteuil à M. Etienne, pour appuyer à la tribune l'amendement. Il trouve la question très-grave. L'adoption du système de MM. Dubois et Peyre auroit, dit-il, les plus funestes conséquences. Le prêtre doit savoir qu'il ne peut être appelé à la direction des affaires du pays; il doit se borner à parler dans la chaire, et prier pour l'Etat au lieu de le gouverner. C'est l'irruption du clergé dans les emplois, et jusque dans les conseils du prince, qui a perdu l'ancienne dynastie. Si on le laisse rentrer dans les affaires publiques, il ne laissera pas de paix qu'il n'ait tout envahi.

M. Dubois (de Nantes) réplique. Il voudroit qu'il y eût pour tous cette égalité que l'on réclame si souvent; que le civil ne fût pas séparé du religieux; que le prêtre ne fût plus regardé comme un fonctionnaire salarié. M. Comte déclare alors qu'il n'a voulu parler que des ecclésiastiques salariés, seulement en considération de leur salaire, et non sous le rapport de la liberté religieuse. M. Renouard combat l'amendement au nom de la véritable liberté des cultes, et attendu que l'élection aux conseils-généraux est un droit pour tous ceux qui paient le cens. M. Dubois trouve fort bizarre l'exclusion que l'on propose, lorsqu'elle n'existe pas pour la chambre des députés. M. Dupin aîné, dans une courte réplique, persiste dans son opinion. L'amendement qui prononce l'exclusion passe à une foible majorité. Une grande agitation succède à ce débat.

M. Dupin, satisfait, reprend le fauteuil, et donne lecture de quelques articles que l'on adopte sans opposition. Ils portent que les membres des conseils-généraux, qui auront manqué à deux sessions, seront réputés démissionnaires; que l'on renouvellera les conseils tous les six ans; que le gouvernement aura la faculté de dissoudre les conseils-généraux.

On arrive aux conseils d'arrondissement. L'art. 18 établit qu'ils auront autant de membres qu'il y aura de cantons, sans que le nombre puisse être au-dessous de neuf. Adopté, après quelques débats.

Le 18, M. J. Lefèvre demande la parole sur le procès-verbal. On y a mis qu'au nombre des fonctionnaires exclus des conseils-généraux seroient les ministres du culte salarié par l'Etat. Le mot salarié a été mis au singulier, ce qui interdira l'entrée des conseils aux ecclésiastiques qui n'exercent aucune fonction rétribuée : telle n'a pu être l'intention de la chambre. Le mot salarié doit s'appliquer aux ministres et non au culte. (Oui, oui).

M. le président Dupin pense qu'il convient d'autant plus de faire droit à cette réclamation, que, dans l'amendement écrit par M. Comte, le mot salarié est au

pluriel, et qué ce député a rendu plus clairement son intention par une explication donnée dans le cours de la discussion. La rectification est ordonnée.

M. Glais-Bizoin se plaint, à cette occasion, de la manière très-inexacte dont le Sténographe reproduit les séances, et de ce que ce journal enfreint la convention de ne point s'occuper de politique, ni se faire l'appui de telle ou telle opinion:

M. de La Pinsonnière lit un rapport sur des projets de loi d'intérêts locaux. M. Dumon fait la proposition de rétablir le traitement des premiers présidens et procureurs-généraux tel qu'il étoit l'année dernière.

On reprend la discussion de la loi départementale. D'après les dispositions adoptées dans cette séance, les conseillers d'arondissement attribués à chaque canton seront nommés par les électeurs de ce canton. Ceux-ci seront en nombre égal, parmi les citoyens les plus imposés, au centième de la population de la commune. On sera éligible, pour les conseils d'arrondissement, en payant 100 fr. de contributions. Les membres des conseils - généraux et d'arrondissement seront tenus au serment. Il est interdit à ces conseils de délibérer sur des sujets étrangers à leurs attributions. Le préfet auroit la faculté de suspendre l'exécution de leurs décisions, sauf à en référer au gouvernement.

Après quelques débats, la chambre a rejeté un amendement de M. Larabit, tendant à rendre publiques les séances du conseil, à moins que cinq membres ne s'y opposent; et un de M. Baudet-Lafarge, laissant la faculté aux conseils d'ordonner l'impression des procès-verbaux de leurs séances.

Sur la proposition de M. Demarçay, il a été décidé que les conseils ne pourroient voler, si la moitié au moins des membres n'étoient présens.

AVIS.

MM. les Souscripteurs dont l'abonnement expire au 1er février prochain sont priés de le renouveler promptement, pour ne pas éprouver de retard. Ils voudront bien joindre à leur demande une de leurs adresses imprimées. Prix actuel de l'abonnement: Pour un an, 42 fr.; pour six mois, 21 fr.; pour trois mois, 11 fr. On ne reçoit que les lettres affranchies.

Le Gérant, Adrien Le Clerc.

COURS DES EFFETS PUBLICS.-Bourse du 18 janvier 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 dèc., ouvert à 73 fr. 05 c. et fermé à 73 fr. 10 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 sept., ouvert à 101 fr. 30 c. et fermé à 101 fr. 30 c. Actions de la Banque.

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1662 fr. 50 c..

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP".

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Claude de La Colombière étoit né en 1641 à St-Symphorien d'Ozon, près Lyon. Il entra jeune encore chez les Jésuites, et après avoir professé quelque temps dans les colléges, suivant l'usage, il se livra au ministère de la direction des consciences. On l'envoya en Angleterre comme prédicateur de la duchesse d'Yorck, belle-sœur de Charles II. Cette princesse étoit catholique, et avoit à Londres une chapelle qui portoit beaucoup d'ombrage aux protestans. Les lois pénales contre les catholiques subsistoient dans toute leur force, et les préventions et les haines étoient en quelque sorte plus violentes et plus redoutables que les lois. Il fallqit user de prudence pour ne pas effaroucher l'intolérance anglicane. Le Père La Colombière mena la conduite la plus propre à rassurer les ennemis du papisme. Loin de chercher à attirer les regards, il ne sortoit point, pas même pour voir ce voir ce qu'il y avoit de curieux à Londres. Il n'alloit même chez la princesse que lorsqu'elle le faisoit appeler, et se bornoit à ce qui étoit de son ministère. Il prêcha dans la chapelle de la duchesse pendant dix-huit mois. Son ministère ne fut pas stérile, et l'on assure qu'il parvint à ramener plusieurs Anglais à la foi de leurs pères, et à toucher plusieurs apostats. Il n'en fallut peut-être pas davantage pour éveiller les soupçons, dans un temps et dans un pays où la haine contre l'ancienne religion de l'Angleterre portée au dernier point. La reine, épouse de Charles Ier, avoit été forcée de congédier la plupart des prêtres qui l'avoient suivie; la duchesse d'Yorck éprouva les mêmes tracasseries." On ne rêvoit alors que conspiration de la part des catholiques; le Père La Colombière fut accusé d'avoir trempé dans le prétendu complot dénoncé par l'imposteur Oatès. Il fut arrêté et bánni par le parlement. Arnauld lui-même, dans son Apologie pour les catholiques, convient que l'accusation étoit absurde. La Colombière, de retour en France, fut envoyé à Paray-le

étoit

(1) Sept vol. in-12, prix, 15 fr. A Avignon, chez Seguin, et à Paris, chez Ad. Le Clere et compagnie, au bureau de ce journal,

Tome LXXIV. L'Ami de la Religion.

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Monial, en Bourgogne, où les Jésuites avoient une maison qu'il avoit déjà précédemment habitée. C'est là qu'il connut Marie-Alacoque, religieuse au monastère de la Visitation de Paray. Il l'encouragea dans sa dévotion au sacré cœur, et fut lui-même un des plus zélés pour répandre cette dévotion. La piété dont il faisoit profession et les vertus dont il donnoit l'exemple ne pouvoient qu'ajouter une nouvelle autorité à ses exhortations. Malheureusement une maladie de poitrine qu'il avoit contractée en Angleterre ne lui permit pas de rendre tous les services qu'on pouvoit attendre de ses talens. Il mourut à Paray le 15 février 1682, avec la réputation d'un religieux humble, laborieux et austère.

il

Ses OEuvres se composent de sermons, de réflexions chrétiennes, de méditations, d'une retraite et de lettres spirituelles. Les sermons ont été réimprimés plusieurs fois; en 1757, on en donna à Lyon une nouvelle édition, avec quelques corrections dans le langage. L'éditeur avoit voulu faire disparoitre le principal sujet de reproche que l'on faisoit à ces discours, où Y a du naturel et de l'onction, mais où il se trouvoit aussi des expressions surannées, et qui pouvoient nuire aux sages et solides réflexions du prédicateur. C'est cette édition qu'on a suivie dans celle que nous annonçons. Le Père La Colombière avoit prêché deux carêmes devant la duchesse d'Yorck, et tous les dimanches et fêtes pendant dix-huit mois ; il a aussi prêché les dominicales à Lyon, et prononcé d'autres discours dans des occasions particulières. Cependant on n'a point rangé ses sermons sous les divisions ordinaires d'avent, de carème et de dominicale, parce qu'on n'a rien trouvé qui put guider sûrement dans cette classification. Il y a des sermons pour toutes les grandes fêtes de l'année, pour les fêtes de la sainte Vierge, pour celle de quelques saints, pour le carnaval, sur les principales vérités de la religion, sur différentes vertus chrétiennes, etc. Les sermons remplissent cinq volumes de la présente édition.

Les réflexions chrétiennes occupent les deux tiers du t. VI, et roulent sur divers sujets de religion et de morale, sur des pratiques de piété, sur l'éducation des enfans, sur des vertus et des vices, etc. Ces réflexions peuvent servir de sujets de lecture dans les familles chrétiennes. Le tome VI est terminé par des méditations sur la Passion. Il y a dix méditations en tout

sur les différentes circonstances de la Passion. Ces méditations étoient destinées pour les vendredis de Carême, ct paroissent avoir été prononcées; elles ont plutôt l'air d'exhortations familières que de méditations proprement dites. Cependant, elles peuvent très-bien servir sous l'un et l'autre rapports.

La retraite spirituelle est le résultat de la retraite que fit le P. La Colombière, suivant l'usage de Jésuites, en commençant son noviciat du 3o an. Cette retraite doit être de trente jours. Le pieux auteur voulut se rendre compte à lui-même des grâces qu'il avoit reçues, des réflexions qui l'avoient frappé, des résolutions qu'il avoit formées. Depuis, il prit le même soin pour une retraite qu'il fit à Londres en 1677. Ce sont ces deux retraites qu'on a réunies ici. Les ames pieuses consulteront avec fruit ce récit naïf que fait La Colombière de ses pensées et de ses sentimens pendant ses exercices spirituels.

Le reste du tome VII est rempli par les Lettres spirituelles, écrites par l'auteur à différentes personnes, et particulièrement à des religieuses de la Visitation, dont il avoit été le directeur. Il avoit une sœur dans cet ordre, et plusieurs des lettres lui sont adressées : aucune lettre n'a de date. On voit seulement qu'il y en a un certain nombre qui ont été écrites d'Angleterre; peut-être auroit-on pu essayer de les ranger par ordre chronologique. On a cru sans doute que cela étoit peu important pour des lettres de direction et de piété, dont l'utilité est indépendante des temps et des lieux. Il y a en tout 139 lettres.

On ne peut que féliciter M. Seguin, d'Avignon, qui a imprimé tant de bons livres, d'avoir aussi réimprimé celui-ci. On remarque qu'il a une prédilection particulière pour les ouvrages des Jésuites, et, en effet, cette société en a produit tant de bons et d'utiles dans le genre de la piété, qu'on n'a que l'embarras du choix pour ceux qu'on veut reproduire. Ceux du père La Colombière sont des plus estimables en ce genre.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Un des plus anciens de MM. les curés de Paris vient d'être enlevé à sa paroisse et à ses amis; M. Louis-Joseph Leriche, curé de Saint-Paul-Saint-Louis, est mort le 16 janvier 1833. 11 étoit né à Paris le 17 janvier 1755 et étudia au collège Sainte-Barbe,` où il devint ensuite maître. Il reçut le sacerdoce aux quatretemps de la Trinité en 1779. Peu avant la révolution, il entra

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