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La chambre décide que la discussion aura lieu de suite.

La résolution de la chambre des députés est ainsi conçue : « La loi relative au deuil annuel du 21 janvier est abrogée, ›

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MM. Boyer et Cousin présentent chacun un amendement. Ils consentent seule ment à donner une qualification au jour en question. L'un propose de dire : L loi relative à la journée à jamais déplorable du 21 janvier 1793; l'autre, relative à l'évènement funeste du 21 janvier 1793.

M. Cousin, auteur du second amendement, croit que l'on doit abolir une loi de réaction, qui, sous le prétexte de flétrir un attentat, accuse la France, et n'es propre qu'à nourrir des divisions. Il ne pense pas que ce seroit porter atteinte a principe de l'inviolabilité royale. Au reste, l'épithète qu'il propose constatera l'im probation générale du crime du 21 janvier.

M. Villemain relève deux assertions du préopinant, qui auroit dit que tou anniversaire est un contre-sens, et que les nations n'aiment pas à consacrer leur fautes. On peut abolir l'anniversaire; mais ou ne peut pas effacer le souvenir, e c'est un des principes qui a dirigé la commission. M. Cousin répond qu'il n'y jamais eu d'anniversaire qui ne soit l'œuvre d'un parti. M. de Barante l'interromp alors, en lui faisant observer qu'il va attaquer les journées de juillet, pour le quelles on a institué un anniversaire.

M. le garde-des-sceaux pense que les chambres sont d'accord au fond, puisqu' y a unanimité pour flétrir l'attentat du 21 janvier. Ii exprime le désir que l'on se rattache aux deux nouveaux amendemens, afin de faire cesser entre les deux as semblées législatives un dissentiment que le gouvernement voit avec peine.

M. Phil. de Ségur soutient que la chambre ne doit pas, par une crainte de colli. sion, abandonner une résolution prise trois fois après un múr examen. MM. Re derer, de Montebello et Bérenger appuient l'amendement de M. Cousin. M. Mou nier se plaint de la chambre des députés, qui n'a pas daigné faire connoître le ́motifs qui l'ont dirigée dans le rejet des amendemens de la chambre des pairs.

La discussion générale étant close, MM. de Bastard, de Lascours et de Sacy de mandent que l'on introduise dans l'article le mot attentat. MM. de Montalivet el de Barante sont d'avis que l'on se borne à réunir les épithètes proposées par MM. Boyer et Cousin. Une proposition est déposée à cet effet, par M.Villemaiu dans les termes suivans:

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La loi du 19 janvier 1816, relative au jour funeste et à jamais déplorable Ju 21 janvier 1793, est abrogée.

Plusieurs membres réclament en vain la priorité pour l'amendement plus éner gique de M. de Bastard. On met aux voix celui de M.Villemain. Un grand nombre de pairs insistent pour que le vote se fasse au scrutin. Son adoption a lieu à a majorité de 93 (nombre remarquable) contre 65.

A l'autre tour de scruțin, auquel on procède suivant l'usage pour l'ensemble la loi, réduit cependant au seul article ci-dessus, il y a 88 billets portant ou et 63 portant non. La résolution est ainsi adoptée,

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 19, on fait le rapport de pétitions du samedi. Une réclamation du şieur Dalbet, pharmacien à Valençay, au sujet de la distribution des médicamens par les Sœurs de Charité, est renvoyée au ministre du commerce, la commission pensant que la législation sur la police sanitaire est incomplète.

MM. Piscatory, rapporteur, et de Schonen, appuient un mémoire du sieur Bernard, proscrit sous la restauration, sollicitant une loi en faveur des condamnés politiques de cette époque. Renvoi au ministre de l'intérieur,

Un créancier des emprunts des cortès demande la suppression de la cote du 3 pour 100 espagnol sur la cote authentique de la Bourse de Paris. La commission proposé l'ordre du jour, attendu que le gouvernement ne peut empècher cette publicité. MM. Garcias et Joly appuient la réclamation. M. le ministre des finances, après avoir confirmé ce qu'a annoncé le rapporteur, dit que ce qui donne la vogue aux fonds espagnols c'est l'intérêt usuraire qu'offre leur cours, el que, s'il se commet des fraudes, les tribunaux sont là pour en connoître.

M. Odilon Barrot croit que le gouvernement ne doit pas rester étranger à ce qui se passe à la Bourse, et qu'il faudroit bien qu'il intervint si, par exemple, un agent de Charles X s'y présentoit pour y négocier un emprunt tendant à fomenter ja guerre civile. Toute spéculation qui prête à la fra de ne sauroit non plus être tolérée. M. Humann soutient qu'à Paris la Bourse doit être libre comme dans les autres capitales, tant qu'il ne se passe rien de dangereux contre l'Etat. M. de Chamaraule se plaint de ce que le gouvernement espagnol ne veuille point reconnoitre les bons des cortès. La pétition est renvoyée au ministre des finances et au conseil des ministres.

En ce moment, les ministres reviennent de la chambre des pairs, qui a statué sur la proposition relative au 21 janvier. La séance est interrompue. On la reprend ensuite dans l'espoir de voir venir le message.

Dans le reste de la séance, la chambre a écarté par l'ordre du jour, malgré les instances de M. Garnier-Pagès, une pétition de 56 Espagnols réfugiés à Blois, se plaignant de ce qu'on ne leur accorde plus de secours depuis l'amnistie; et elle a adopté la résolution par laquelle l'affaire du déficit Kessner est renvoyée à, un nouvel examen.

Le 21,

M. de Corcelles lit une proposition relative à la nomination des commissions et aux rapports des pétitions.

M. le président Dupin donne lecture du message de la chambre des pairs sur l'abrogation de la loi relative au 2 1 janvier. M. B. Delessert pense que l'on doit répondre au dernier vote de la chambre des pairs, en adoptant sans discussion, et sur-le-champ, sa résolution. M. Salverte s'y oppose avec ses amis. M. Debelleyme fait de vains efforts pour que l'on mette aux voix la proposition de M. B. Delessert. La parole reste à M. Salverte, qui s'attache à critiquer l'épithète donnée par la chambre des pairs, attendu que l'événement du 21 janvier appartient maintenant à l'histoire seule.

La clôture est aussitôt prononcée. M. de Corcelles demande le retranchemen des mots à jamais déplorable. M. Berryer repousse ce sous-amendement et l'amendement lui-même de la chambre des pairs. L'orateur soutient, au milieu des interruptions, que la loi de 1816, au lieu d'accuser la France comme on l'a prétendu, est une protestation en son nom contre l'attentat du 21 janvier. La pensée de cette loi se trouve parfaitement exprimée dans le discours de M. Siméon, dont M. Berryer donne lecture. La loi de 1816 étoit un prificipe; l'abroger, c'est faire une déclaration d'opinion contraire au principe.

M. le garde-des-sceaux défend l'amendement de la chambre des pairs, comme peignant la pensée de tous les partis. Quant à la loi de 1816, il soutient qu'elle doit être abrogée comme réactionnaire et hypocrite. Ce n'est pas là, dit-il, un retour aux doctrines du régicide, argument spécieux dont on s'est servi en mainte occasion. M. Cabet prononce au milieu des murmures un discours dans lequel il critique les scrupules de la chambre des pairs, et cherche à justifier la Convention. M. de Grammont relève ces observations. M. de Corcelles se décide à retirer son sous-amendement.

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L'amendement de la chambre des pairs est adopté à une grande majorité, formée des deux centres et de quelques membres des extrémités, tels que MM. de Grammont et Duboys-Aymé. MM. Lafayette, Laffitte, Odilon-Barrot et plusieurs autres membres de l'opposition n'ont pris aucune part au vote. La résolution passe ensuite au scrutin, ‘à la majorité de 262 contre 82.

La séance se termine par l'adoption de plusieurs projets de loi qui autorisent des départemens à s'imposer pour l'achèvement des routes ou pour d'autres travaux.

On trouve chez His, éditeur, rue de la Harpe, no 119, une vue d'une partie de la ville de Prague et du Hradschin. Cette vue, qui sort des presses lithographiques de Kaeppelin, est bien exécutée. Elle est prise de l'autre côté de la Moldaw. Sur le premier plan est cette rivière et le pont qui la traverse. Plus loin est la basse ville, et sur la hauteur le Hradschin, où habite Charles X et sa famille. La façade de ce palais est fort imposante. Derrière est une grande église qui est sans doute la cathédrale. D'autres flèches et tours dominent par-dessus les maisons. Cette gravure, sur grand-raisin, est du prix de 1 fr. 50 c., et en papier de Chine

de 2 fr. 50 c.

COURS DES EFFETs publics.

Le Gérant, Adrien Le Clerc.

· Bourse du 21 janvier 1833.

Trois pour 100, jouissance du 22 déc., ouvert à 73 fr. 70 c., et fermé à 73 fr. 80 c. Cinq pour 100, jouiss. du 22 sept., ouvert à 101 fr. 60 c., ct fermé à 101 fr. 90 ̊c. Actions de la Banque.

.1665 fr. oo c.

IMPRIMERIE D'AD. LE CLERE ET COMP.

JEUDI 24 JANVIER 1833.

(N 205h.)

Sur les suites de l'Encyclique du

I

out.

les p

On avoit de fortes raisons de craindre que des doctrines signalées et condamnées par Encyclope dy 15 août ne fussent pas désabusés de leurs illusions.Uspetit nombre avoient désavoué ces doctrines; d'aures avoient déclaré seulement ne pas vouloir se mettre en opposition formelle avec le Pape. Du reste, plusieurs avoient dit hautement qu'ils n'avoient pas changé de sentiment, mais qu'ils s'abstiendroient d'écrire contre l'Encyclique. Puisque le Pape actuel. n'approuve pas mon sentiment, mandoit l'un d'eux, j'attendrai des temps plus favorables. Un autre écrivoit à un ami : L'Encyclique est adressée aux évêques, laissez-la lire aux évêques. Nous-même nous avons reçu des lettres qui prouvent à quel point l'engouement continue chez certaines gens. Dans une lettre qu'on nous écrit de Toulouse, pour nous exhorter à nous convertir et à ouvrir les yeux à la lumière, on nous dit que l'opinion est désormais irrévocablement fixée à l'égard du fondateur de l'Avenir, qu'à Rome même on est bien revenu sur son compte, et qu'on y est aujourd'hui un peu honteux d'avoir été dupe. Ainsi incessamment le Pape donnera une Bulle pour rétracter l'Encyclique. Ne faut-il pas avoir sur les yeux un bandeau bien épais pour se repaitre de pareilles illusions! La lettre suivante, que nous recevons de Rome, montrera ce qu'on y pense des partisans des nouvelles doctrines. Cette lettre, d'une personne bien instruite, et qui a puisé aux bonnes sources, mérite toute confiance; elle n'est pas l'avis d'un seul. La rédaction en a été approuvée, et la publicité en a été jugée fort utile. L'invitation qui nous a été adressée à cet égard étoit trop bien motivée, et partoit d'autorités trop graves pour que nous n'y déférassions pas. Voici la lettre :

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Rome, 5 janvier 1833.

Monsieur, l'Ency clique de notre saint Père Grégoire XVI a été un sujet de consolation pour tous les catholiques, et les évêques de France l'ont reçue avec autant de reconnoissance que de soumission. Depuis long-temps, ils attendoient et sollicitoient une décision du saint Siége sur les doctrines qui avoient semé la diviTome LXXIV. L'Ami de la Religion.

sion dans leurs diocèses. Ils espéroient que la voix du pastear commun seroit écoutée avec docilité et feroit cesser toutes les disputes. Leurs espérances ont été en partie réalisées; beaucoup de ceux qui s'étoient laissés égarer par les nouvelles doctrines out franchement reconnu leurs erreurs. Les rédacteurs de l'Avenir eux-mêmes ont vu qu'ils ne pouvoient continuer leur journal sans se trouver en opposition formelle avec le chef de l'Eglise, et out déclaré qu'il ne paroîtroit plus. C'étoit un premier pas, et, la promptitude avec laquelle ils l'ont fait, leur a mérité de la part du saint Père un témoignage de satisfaction. On auroit cru leur faire injure si on avoit pensé, qu'ayant reconnu l'opposition qu'il y avoit entre les doctrines de l'Avenir et celles de l'Encyclique, ils hésiteroient à renoncer aux premières pour embrasser les secondes, surtout après les solennelles protestations qu'ils avoient faites de vouloir imiter, selon le précepte du Sauveur, l'humble docilité des petits enfans par une soumission sans réserve au vicaire de JésusChrist. La bienveillance avec laquelle le saint Père accueilloit une soumission encore imparfaite, devoit être un nouveau motif de n'y mettre aucune réserve.

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Cependant, le contraire est arrivé. On a eu recours aux explications, aux interprétations. On croit pouvoir, sans manquer à l'obéissance due au vicaire de Jésus-Christ, conserver des opinions et des principes qu'il réprouve. On se soumet, dit-on, à la volonté du souverain Pontife. Mais cette volonté n'est-elle donc pas que tous les catholiques embrassent et défendent les doctrines exposées dans l'Encyclique, qu'ils réprouvent et condamnent les doctrines contraires?

L'Encyclique, dit-on, n'est point un jugement doctrinal, elle ne prononce point sur les doctrines de l'Avenir, on n'y trouve rien qui désigne l'intention de les condamner. Des écrits circulent qui contiennent des choses assez étranges; il est parvenu jusqu'à Rome une copie d'une lettre écrite, dit-on, de Toulouse par un des rédacteurs de l'Avenir, dans laquelle, entr'autres choses, on lit ces paroles: «Nous n'avons rien à rétracter, puisque le saint Père, en nous envoyant l'Encyclique, nous fit savoir par le car» dinal Pacca que nos doctrines n'étoient pas encore examinées ; » or, on ne rétracte pas ce qui n'est point condamné, et on ne condamne pas ce qui n'est point examiné.... Nous n'avons pu et dù » voir dans l'Encyclique qu'une chose; c'est que le Pape place l'Eglise dans un camp, dans une position toute différente de celle » où nous désirions la placer; et comme c'est lui, et non pas nous, qui est obligé de gouverner l'Eglise, nous nous soumettons res» pectueusement à sa volonté, sans pour cela renoncer à aucune » de nos opinions, à aucun de nos principes. » Cette lettre est-elle véritablement de celui à qui on l'attribue? Il est possible que non, quoique ce soient les amis qui la propagent et qu'on y reconnoisse

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