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autorité repose. L'enseignement de la tradition, les décisions des conciles, les écrits des saints Pères, les travaux des commentateurs, sont autant de sources où l'on doit puiser. M. Frere a cité principalement saint Jean-Chrysostôme, saint Ambroise, saint Augustin, saint Jérôme, et parmi les modernes, Cornelius à Lapide, Menochius, Bossuet, etc. Il a parlé même avec éloge de la Bible de Sacy, qu'il estime sûre et approuvée. Quelle est la fin qu'on doit se proposer dans l'étude de la religion? C'est celle de l'esprit de vérité qui a révélé aux hommes ces salutaires paroles. Elles ont été données à Ja terre afin que l'homme en fît sa nourriture et qu'il se les appropriât, en y appliquant ses trois facultés distinctives, la mémoire, l'entendement et la volonté, que le professeur a appelée une trinité humaine intérieure, formée sur le modèle de la Trinité divine. La seconde fin de cette étude, c'est d'y découvrir le dessein de Dieu dans ces révélations successives. On y trouvera, en outre, des principes, des lois, des exemples; des principes qui sont la raison des choses telles que Dieu les voit; des lois qui ne sont que l'expression des rapports de Dieu avec l'homme; des exemples qui remontent à l'origine du monde et qui nous animent à marcher dans la même voie que les patriarches. Le professeur a parcouru ces diverses considérations d'une manière brillante et féconde. La troisième leçon du jeudi 13 a roulé sur la méthode pour étudier l'Ecriture sainte. Le professeur a considéré l'Ecriture comme renfermant une science complète, celle de la religion. La religion, qui tire son nom de religare, nous donne l'intelligence de ce que Dieu a fait pour nous manifester ses attributs et pour ramener l'homme à son état primitif. L'économie et le plan de cette science sont d'une perfection étonnante; il faut les découvrir dans saint Paul et dans les Pères qui les ont si admirablement saisis. Cette science est nécessaire; il est deux voies pour y conduire, la théologie positive et la scolastique l'une, invariable, embrasse la religion dans son ensemble, l'autre peut changer dans ses formes suivant le besoin des esprits. Toutefois, M. Frere reconnoît que la scolastique étoit nécessaire à l'époque où elle s'accrédita dans les écoles, et il la regarde comme très-utile encore pour les jeunes gens, mais il croit qu'elle ne convient plus aux esprits plus avancés. Les fondemens de la science de la religion sont dans la nature de l'homme, dans son aptitude et dans les progrès de l'esprit humain. Les moyens d'étudier cette science sont les saints Pères et les auteurs ecclésiastiques, parmi lesquels le professeur a cité spécialement saint Athanase, saint Grégoire de Nazianze, Lactance, saint Augustin. Il indique spécialement de ce dernier docteur les traités de Doctriná christiana, de Catechisandis rudibus, de Vera religione, l'Enchyridion, le traité de la Cité de Dieu. Parmi les modernes, il a recommandé l'Histoire universelle de Bossuet, ses Elévations sur les mystères et son traité de la Concupiscence, les Lois civiles de Domat,

et surtout sa préface, qui est un chef-d'œuvre; les Pensées sur la religion, de Pascal. Nous parlerons dans un autre article des leçons subséquentes de M. Frere et des tableaux qu'il a publiés, et qui offrent des vues neuves et des rapports dignes d'être médités.

Est-ce aux tribunaux ou aux conseils de préfecture qu'il appartient de juger la demande intentée contre une fabrique, pour dépenses faites à raison du service divin, et acquittées par la fabrique? Cette question a été débattue le 19 à la première chambre du tribunal de première instance, à Paris. Le tribunal a jugé que l'autorité administrative étoit seule compétente en pareil cas, attendu que l'art. 8 du décret du 30 décembre 1809 n'attribue aux tribunaux que les contestations relatives à la propriété des biens, et aux poursuites à fin de recouvrement des revenus. (Voyez, à cet égard, le Traité de l'administration des paroisses, par M. Affre (1), pages 220 et 224 de la 2o division.) L'auteur distingue très-bien la compétence des tribunaux et celle des conseils de préfecture, relativement aux fabriques, Carré, dans son Traité du gouvernement des paroisses, et Macarel, dans ses Elémens administratifs, ont aussi sur ce sujet une opinion consacrée par un décret du 22 juin 1811.

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MM. les grands-vicaires de Beauvais, par une circulaire dú 14 janvier, adressée aux curés du diocèse, ordonnent des prières publiques pour attirer sur le nouvel évêque les bénédictions du ciel. Ils se proposoient de réclamer ces prières, lorsque M. Lemercier, évêque élu, leur a exprimé à cet égard son désir. Ils en prennent occasion de faire l'éloge de ce prélat, dont l'unique ambition, disent-ils, sera d'opérer le bien, de réunir les esprits et de gagner les coeurs. Les prières se diront deux dimanches de suite, après la grand'messe.

On nous apprend que le vénérable abbé Guicheteau, ecclésiastique de la Vendée, dont nous avons parlé plusieurs fois, et dont nous avons, entr'autres, fait connoître, no 2001, les titres à l'estime publique; on nous apprend, dis-je, que cet ancien vicaire, qui avoit quitté son état, qui avoit essayé d'autres professions, et qui avoit même, dit-on, pris les armes l'année dernière contre les chouans, veut reprendre aujourd'hui les fonctions sacerdotales. Il s'est mis en tête de s'emparer de l'église de Pouillé, arrondissement de Fontenay-le-Comte. Il vouloit y établir un culte en français, à l'instar de Chatel; mais l'autorité civile n'a point souffert cette invasion, et, invoquant le même principe qu'à Clichy, elle n'a laissé à l'abbé Guicheteau d'autre ressource, pour établir son église française, que d'aller se nicher en quelque grange ou quelque écurie. Un tel local seroit bien digne d'un tel ministre.

(1) Un vol. in-8", prix, 5 fr. 50 cent. et 7 fr. 25 cent. franc de port. A Paris, au bureau de ce journal.

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Un curé du diocèse de Saint-Claude a été dernièrement traduit devant les tribunaux, pour avoir fait un enterrement contre la défense du maire. Les circonstances sembloient cependant lui offrir un motif d'excuse. M. le curé de Courlaoux, arrondissement de Lons-le-Saulnier, dessert en même temps la commune de Courlans, ancienne paroisse qui a encore une église, mais qui n'est pas comprise dans le nombre des succursales autorisées par le gouvernement. Le 24 décembre dernier, une petite fille mourut à Courlans, à six heures du matin, d'une fièvre putride vermineuse. Le curé vint le même jour à Courlans pour un service; et, comme c'étoit le lendemain la fête de Noël, il prévit qu'il lui seroit difficile de venir ce jour-là à Courlans, et souhaita faire l'inhumation le 24. Les parens demandèrent l'autorisation au maire, qui refusa, et qui fit signifier au curé défense de procéder à l'inhumation. Le curé s'adressa à l'adjoint, qui fut plus traitable, et qui donna la permission par écrit. Il procéda alors à la cérémonie. Le maire en fut instruit, et arriva pour l'empêcher. On étoit déjà au cimetière ; le curé ne crut pas devoir retourner, et acheva l'inhumation. Le maire dénonça au procureur du Roi de Lons-le-Saulnier cette infraction aux lois. On prétend qu'il vouloit seulement que le magistrat adressât une admonition sévère au curé; mais le procureur du Roi, par zèle apparemment pour l'ordre légal, fit assigner le curé en police correctionnelle. Le curé a paru à l'audience du 9 janvier; ses explications n'ont point calmé le ministère public, qui a conclu rigoureusement contre lui. Le pasteur a été condamné à 20 fr. d'amende et aux frais de la procédure.

— Plusieurs des abonnés de l'Ami de la Religion ont concouru à l'ornement intérieur d'une chapelle qui vient d'être érigée au quartier du Roule, à Cherbourg, sous l'invocation de Notre-Damede-Grâce. Nous nous faisons un plaisir de leur apprendre que M. l'évêque de Coutances, qui a élevé cette chapelle au titre d'église, y a autorisé la fondation d'une messe par mois pour les bienfaiteurs vivans, et d'un service solennel chaque année à l'intention des bienfaiteurs qui seroient morts dans le cours de l'année. Les personnes qui voudroient avoir part à la bonne œuvre et aux prières, en contribuant par leurs dons, ou en argent, en linges d'église, ou en ornemens, pourront les adresser au bureau du journal; nous nous empresserons de les transmettre à l'ecclésiastique chargé à Paris de recueillir les offrandes. On vend au profit de la chapelle une lithographie qui en offre la vue.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Une lettre du docteur Guilbert, publiée dernièrement dans quelques journaux, représentoit le séjour de Blaye comme fort malsain. L'inquiétude sur la santé de madame la duchesse de Berry s'est accrue lorsque l'on a vu, le 23 jan

vier, dans le Journal des Débats, que le gouvernement venoit de faire part pour la citadelle les docteurs Orfila et Auvity. M. Hennequin, que MADAME ave désigné pour son défenseur, s'est empressé le même jour de publier une énergi que protestation que nous insérons ici :

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PROTESTATION.

La nouvelle qui se répand en ce moment dans Paris porte la douleur et l'effro dans tous les cœurs français; MADAMx est atteinte d'un mal, grave sans doute puisque le ministère provoque et précipite le départ de deux médecins célèbres MADAME, contrainte d'échanger, tout à coup, les égards et les empressemeus d'une hospitalité respectueuse, contre les entraves et les outrages de la prison; MADAMI qu'environne une atmosphère insalubre, éveille, excite toutes les sollicitudes. I est évident pour tous que les efforts de la science ne contrebalanceront pas l'action incessante et délétère de la captivité.

» A côté de cette nécessité politique, de cette divinité de la peur, encensée naguère dans le sein de la chambre élective, il est une autre nécessité que l'humanité proclame, et que le droit des gens revendique, c'est celle de ne pas laisser périr une jeune femme, une jeune mère, une princesse qui n'associa sa vie à celle d'un fils de France que sous la foi de nos institutions.

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» Je suis peu de chose; mais je puise ma force dans la confiance dont MADAME a daigné m'honorer. N'est-ce pas de moi que Son Altesse Royale a dit, au moment du départ pour Blaye : « Je compte sur lui au besoin? Hé bien! dans ma pensée, le moment est arrivé, et dussé-je exciter les inimitiés les plus redoutables, dût cette démarche devenir, plus tard, un titre à la proscription, moi, AntoineLouis-Marie Hennequin, maintenu par la volonté des ministres, en dehors de toute relation avec l'auguste prisonnière; ne prenant conseil que de moi-même et des dangers qui menacent en ce moment sa vie, j'interpelle le pouvoir, je le somme, et s'il le veut, en mon privé nom, je le supplie de faire cesser promptement une captivité qui fut toujours arbitraire et qui commence à devenir homicide. Que le pouvoir y prenne garde : s'il hésite, il accepte une responsabilité terrible, et s'expose à devenir l'horreur de l'univers et de la postérité.

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La copie manuscrite de cette protestation, déposée au ministère de l'intérieur, étoit accompagnée de la lettre suivante :

- Monsieur le ministre, vous n'avez pas cru devoir m'excepter des mesures générales arrêtées en conseil et qui ont placé S. A. R. Madame dans un isolement absolu. Je ne m'exposerai pas à de nouveaux refus; mais j'ai l'honneur de mettre sous vos yeux une protestation que je fais insérer dans tous les journaux.

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Les manifestations de dévoûment à madame la duchesse de Berry ne se ralentissent point. Dans toutes les localités du royaume, des voix se fout entendre en sa faveur. Nous regrettons de ne pouvoir citer les nombreuses communes où il s'est encore signé des protestations et des adresses collectives. Nous mentionnerons seulement les villes d'Autun, Mamers, Thouars (Deux-Sèvres), La Ferté-Bernard, La Ferté-Macé (Orne), Viviers, Largentière (Ardèche), La Potherie (Maine-etLoire), Martres (Haute-Garonne), Concarneau (Finistère). Les dames de La Rochelle, de Moissac, d'Uzès et d'Autun, ont aussi signé des adresses à Madame. Des habitans du département de l'Allier ont fait une protestation collective. Ceux de Castelnaudary et de Limoux ont adressé de nouvelles pétitions aux chambres en faveur de S. A. R.

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Il seroit bien difficile de savoir au juste ce que les doctes de la révolution de juillet exigent des Bourbons de la branche aînée. Une princesse de cette famille a voulu esayer de revoir la France. Vous savez de quelle manière le gouvernement du Roi son oncle a pris la chose. Hé bien! cependant, le contraire de cela déplaît aussi aux casuistes de la révolution de juillet. C'est ce qui résulte de la manière dont M. le procureur-général Dupin s'est exprimé dans une occasion récente, devant la cour de cassation. En portant la parole contre M. Baudoin, conseiller à la cour royale de Rennes, et signataire d'une adresse en faveur de madame la duchesse de Berry, il a mis une sorte d'affectation à rappeler que les máles de la branche aînée, dans des circonstancès bien autrement favorables à leur cause, n'ont jamais osé en faire autant que cette foible femme. On se demande, d'après cela, si, aux yeux de M. Dupin, ce sont les mâles de la branche aînée ou la foible femme qu'il faut inculper. Il nous semble que le blâme et les reproches de M. le procureur-général tombent ici sur les premiers, pour n'avoir pas osé, dans des circonstances bien autrement favorables à leur cause, ce que l'héroïque mère du duc de Bordeaux a osé dans des circonstances moins favorables à la sienne. Il est possible que M. Dupin n'ait voulu que railler le courage des autres princes; mais, pour les dénigrer, il a été forcé de rendre hommage au caractère de madame la duchesse de Berry. S'ils ont eu tort, selon lui, elle a donc raison? S'il accuse les uns d'avoir manqué de cœur, il doit donc excuser l'autre de n'en avoir pas manqué? Qu'il choisisse; mais, qu'après cela, il nous dise franchement qui a raison.

Un des journaux du ministère annonce que tout va maintenant le mieux du monde dans la chambre des députés, et qu'à très-peu d'exceptions près, tous les sentimens y sont devenus monarchiques. Il ne reste plus qu'à savoir de quels sentimens monarchiques ce journal entend parler; car il y en a de deux espèces en France : les uns datent de quatorze siècles, les autres de trente mois. Comine personne n'a jamais douté que ce dernier sentiment monarchique ne dût se trouver dans la chambre des députés, puisque c'est elle qui l'a créé, il conviendroit de s'expliquer un peu sur la nature du changement qu'on dit s'être opéré en elle; car, pour devenir autre chose que ce qu'elle étoit en fait de sentimens monarchiques, il faudroit que son sentiment monarchique de juillet s'en fût allé.

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