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Dans une réanion préparatoire, la majorité des électeurs de l'arrondissement de Pontoise est convenue de porter pour député M. Berville, premier avocat général à la cour royale de Paris.

La cour d'assises d'Orléans a condamné, pour faits de chouannerie, les sieurs Aumont et Rideau aux travaux forcés à perpétuité, et le sieur Cailleau à cinq ans de réclusion. M. Sardin, caissier de madame la duchesse de Berry, traduit avec son épouse devant la mème cour, a été acquitté. On n'avoit pu trouver de témoins contre eux, et le ministère public avoit abandonné l'accusation.

Le 21 janvier, la cour d'assises de la Dordogne a tenu séance, pour juger M. de Josselin, gérant de la Gazette du Périgord. Le jury l'a déclaré coupable d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement, et d'attaque aux droits que le roi Louis-Philippe tient de la nation. La cour lui a fait l'application de la récidive, et l'a condamné à 6 mois de prison et 5,000 fr. d'amende.

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M. Ernest de Conny a été traduit le 24 janvier devant la cour d'assises de Moulins. Il a été assisté de son père, antrefois député du département, et tous deux out prononcé des discours qui ont produit beaucoup de sensation. M. de Conny fils a été acquitté, et le peuple en a témoigné hautement sa satisfaction. Un journal royaliste va ètre publié à Nîmes, sous le titre de : Gazette du Bas-Languedoc.

La 12 livraison du Momus normand, recueil littéraire et royaliste qui se publie à Caen, a été saisie, parce que l'imprimeur avoit oublié son nom au bas de la dernière page.

Des saint-simoniens qui se trouvoient depuis quelques jours à Avignon ont été poursuivis à coups de pierres, le 14 janvier, depuis la porte de l'Oulle jusqu'à celle du Rhône. Hommes, femmes et enfans les poursuivoient avec le même acharnement. Sans l'intervention d'un commissaire de police, les disciples de StSimon auroient été gravement maltraités.

- Il y a eu une émeute à Châteauneuf, près de Cognac, à l'occasion d'un droit de péage que l'on vouloit établir un jour de foire. Des projectiles ont été lancés contre l'autorité civile et la force publique. Le sabre même du commandant de la gendarmerie a été brisé.

Sur sept procès intentés à la Gazette du Midi par le procureur-général Borely, un seul a été déféré au jury, qui en a aussitôt fait justice, en rendant un verdict d'acquittement.

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Un employé supérieur de l'administration des télégraphes s'est rendu à Blaye, pour organiser, à ce qu'il paroît, une ligne télégraphique. Le télégraphe sera, dit-on, placé dans la citadelle même.

Il paroît certain que la Prusse négocie en ce moment auprès de la France et de l'Angleterre en faveur du roi de Hollande.

La Gazette d'Etat de Berlin publie, le 18, un avis officiel, portant que les motifs qui avoient déterminé le roi de Prusse à ordonner la formation d'un corps d'armée sur la Meuse ayant cessé, ce corps vient d'être dissous par ordre du Roi, et renvoyé dans ses garnisons.

Lord Hervey, premier secrétaire de l'ambassade anglaise à Madrid, quí s'est rendu à Lisbonne pour négocier en faveur de don Pédro, a reçu de M. le duc de Cadaval, chargé de tous les pouvoirs en l'absence de don Miguel, un refus formel à sa proposition de laisser le trône à don Pédro.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 28, sur la demande écrite du ministre de la guerre, et à cause de l'absence de 82 membres de la chambre, membres de conseils-généraux, la discussion du projet de loi sur l'état de siége est renvoyée au 15 février.

M. le ministre de l'intérieur présente plusieurs projets de lois d'intérêts locaux, et celui relatif aux vainqueurs de la Bastille.

M. Lepoitevin fait un rapport favorable sur le projet de loi concernant les récoltes pendantes par racine.

M. Cafarelli fait ensuite un rapport de pétitions. La commission propose le renvoi au conseil des ministres d'une réclamation ‘de huit pensionnaires de l'ancienne liste civile qui sollicitent l'arriéré de leurs pensions, et la présentation d'une loi qui assure leur sort. M. le ministre des affaires étrangères déclare que le conseil s'est déjà occupé de cette question, et qu'un projet de loi sera apporté sous peu de jours.

M. de Dreux-Brézé s'étonne qu'on ait autant tardé à remplir une promesse faite depuis si long-temps. Louis XVIII, trois mois après sa rentrée en France, → avoit donné des pensions à tous les serviteurs de l'ancienne maison impériale; l'orateur réclame ensuite contre le silence observé à l'égard des pétitions relatives à la captivité de madame la duchesse de Berry. Une nouvelle, signée de dix-sept cents personnes, vient encore d'être présentée à la chambre. Il demande quand sera fait le rapport de ces pétitions, qui concernent un acte non-seulement arbitraire, mais attentatoire à l'existence d'une princesse.

M. le président Pasquier assure que toutes les pétitions qu'il a reçues ont été sur-le-champ renvoyées à la commission des pétitions. M. le garde-des-sceaux répond avec aigreur à M. de Brezé. Il ne s'agit pas, dit-il d'établir de comparaison entre la restauration et le régime actuel. Pourquoi exciter des regrets sur un état de choses qui n'existe plus, dont la France ne veut plus, et qui ne reviendra jamais. L'orateur, continue le ministre, a trouvé ensuite moyen de parler de la duchesse de Berry. Falloit-il la laisser exciter la guerre civile et l'effusion du sang en Vendée ? M. de Brézé se borne à répliquer quelques mots sur le retard de la loi relative aux anciens pensionnaires. M. Barthe, reprenant ensuite, soutient qu'il est faux que le séjour de Blaye soit malsain.

Après cet incident, le renvoi au président du conseil est prononcé sans opposition.

La chambre passe ensuite à l'ordre du jour, attendu l'inconvenance des expressions, sur une pétition des sieurs Brissau, Dufey et Corréard, sollicitant des indemnités pécuniaires pour les condamnés politiques sous la restauration.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 26, M. Bérenger, qui occupe le fauteuil, lit une lettre d'adieux de M. Duhâtel, qui vient d'être nommé pair.

M. Martin propose, au nom d'une commission, l'adoption avec quelques amenHemens du projet de loi sur l'expropriation, pour cause d'utilité publique.

M. Taillandier fait le rapport de la proposition de M. Harlé fits, qui a pour but de prévenir l'agiotage à la Bourse par l'établissement d'une caisse de dépôts pour recevoir les effets publics à vendre et les sommes destinées à les acheter. Il pense que cette mesure entraveroit les opérations licites, et qu'il suffiroit qu'il y eût une semblable caisse facultative. Comme l'article 90 du Code du commerce laisse au gouvernement le soin de faire des règlemens sur la Bourse, la commission émet seulement le vœu qu'il soit rendu une ordonnance royale pour parer aux inconvéniens signalés par M. Harlé.

Le rapport des pétitions ne présente que deux réclamations remarquables : la première est adressée par les sieurs Krafft, Veiss et Butsch, anciens curés au département du Bas-Rhin, interdits en 1815 pour refus de rétractation du serment prêté en 1791 à la constitution civile du clergé, qui demandent à être réintégrés dans leurs droits. Cette pétition est renvoyée sans discusssion au ministre des cultes. Par la seconde, les fondateurs et directeurs d'un comptoir d'escompte à Paris, demandent qu'il soit établi à Paris un comptoir spécial d'escompte pour obtenir, en faveur du petit commerce, la réduction de l'intérêt de l'argent. MM. Chamaraule et Mauguin appuient le renvoi au ministre du commerce, proposé par le rapporteur.

M. le ministre de l'intérieur ne pense pas que la mesure puisse se réaliser. M. B. Delessert, sans s'opposer au renvoi, défend la Banque de France, M. le général Bertrand demande l'abolition du privilége de cet établissement et vote pour la liberté illimitée de la presse. (C'est le mot que répète toujours ce député chaque fois qu'il paroît à la tribune.) M. Laffitte soutient que la Banque de France ne mérite pas de reproches pour refus d'escomptes. On pourroit cependant apporter bien des modifications à son système. L'orateur croit d'ailleurs avantageux l'établissement de comptoirs d'escompte. Après quelques nouvelles observations de M. Mauguin, le renvoi proposé est ordonné.

La chambre achève la discussion de la loi départementale, dont il reste à voter le tableau de circonscription. Quelques débats s'engagent seulement sur l'arrondissement du Havre et sur le fractionnement de celui de Beaune. L'ensemble de la loi est ensuite voté au scrutin à la majorité de 205 contre 82.

Le 28, la chambre adopte des lois qui autorisent trois départemens à s'imposer extraordinairement.

M. Comte développe sa proposition, qui consiste à confier au président la nomination des commissions, sauf réclamation de la part de 50 membres.

M. Vérollo croit que le président ne peut satisfaire à la fois tous les membres

de la chambre. Il demande si la minorité, devenant majorité, adopteroit la proposition. M. Salverte affirme que, dans ce cas, ses amis respecteroient les droits et l'opinion de la minorité. M. Bugeaud repousse l'exemple invoqué de la chambre des pairs, ou les commissaires se choisissent parmi les différentes nuances d'opinions. Il faut, dit-il, que la majorité continue a nommer seule ses organes. La prise en considération est rejetée après une épreuve douteuse.

La proposition de M. de Corcelles est ensuite mise en discussion. Elle porte 1° qu'aucun député ne pourra faire partie de plus de deux commissions, 2" que les commissions ne pourront s'assembler pendant la durée des séances, 3o qu'il y aura trois rapports de pétitious par semaine. Les deux premières parties sont adoptées.

La chambre s'occupe en dernier lieu de la proposition de M. Harlé fils, relative aux précautions à prendre en matière d'achat et de vente des effets publics. M. Alby annonce que M. Harlé a entièrement refondu son système, et demande que son nouveau projet soit renvoyé à la commission. Adopté.

Sur un éloge de M. Cuvier.

M. Pasquier, président de la chambre des pairs, a lu dans la séance du 17 đẻcembre l'éloge de M. Cuvier. Cet éloge, asssez étendu et fait avec talent, offre plusieurs choses curieuses. M. Cuvier y est considéré successivement comme savant et comme homme d'Etat, et l'orateur apprécie avec justesse ses travaux sous l'un et l'autre rapports. Nous avons donné dans ce journal, no 1948, un essai de notice sur M. Cuvier; mais ce croquis, court et superficiel, demandoit un supplément. Nous le trouvons dans l'éloge prononcé par M. Pasquier, et qui a été imprimé. M. Pasquier étoit particulièrement lié avec le savant naturaliste, avec lequel il avoit eu surtout des rapports au conseil d'Etat, où ils siégeoient ensemble. Il est inutile de dire que nous ne prendrons de cet éloge que ce qui rentre dans le cercle des objets qui nous occupent plus particulièrement.

Dès le commencement de son éloge, M. Pasquier fait connoître l'esprit qui a présidé à la rédaction de son discours; et, après avoir dit que M. Cuvier n'avoit été presque que montré à la chambre des pairs, il ajoute : Eclatant témoignage de ce caractère de fragilité que la Providence imprime même à ses plus beaux ouvrages, et d'où jaillit la source inépuisable des utiles mais sévères leçons que l'année qui touche à son terme a tant prodiguées. En 1813, M. Cuvier fut envoyé à Rome pour y organiser aussi l'Université; c'étoit assurément un choix fort singulier que celui d'un protestant pour une telle mission, et on reconnoît bien là les boutades de Buonaparte. M. Pasquier affirme qu'où ne put s'apercevoir de la différence de religion par les actes de M. Cuvier pendant sa mission. Son respect pour les croyances qu'il ne partageoit pas, dit l'orateur, tenoit à des principes trop élevés pour qu'il pût jamais s'en écarter, et il étoit tolérant non pour obéir à tel système philosophique ou politique, mais par une conviction qui émanoit de la conscience. En parlant des éloges des

cadémiciens, prononcés par M. Cuvier comme secrétaire de l'Académie, M. Pasquier loue sa manière. «< De beaux modèles, dit-il, avoient déjà été offerts dans ce genre de production: les Fontenelle, les d'Alembert, les Condorcet, les Vicqd'Azir, avec des qualités différentes, y avoient tous marqué leur place. M. Cuvier, venu le dernier, a peut-être plus qu'aucun de ses devanciers possédé les qualités, du genre, cherchant moins que Fontenelle à produire ses effets par l'éclat des pensées et par la grâce étudiée du style; n'étant point, comme d'Alembert et Condorcet, atteint de cette irréligion dédaigneuse qui, vainement dissimulée, ôte presque toujours à leurs écrits le mérite de la franchise, et donne trop souvent à leur langage philosophique une fatigante sécheresse.... »

M. Fasquier n'a eu garde d'omettre dans son éloge le Discours préliminaire qui se trouve à la tête de l'Histoire des ossemens fossiles de Cuvier, et dont nous avons autrefois douné un extrait, no 768, tome XXX de ce journal. Voici son jugement sur ce discours:

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La rectitude des vues, l'étendue des conceptions s'y révèlent à chaque page. Quelle clarté d'exposition! quelle admirable revue de tous les systèmes entre lesquels l'esprit humain se débat, depuis tant de siècles, dans les plus hautes questions qui le puissent occuper, dans celles qui se rattachent au prodige de la création, ou au moins au premier état du monde sur lequel l'homme a été jeté ! Comme cette raison supérieure les oppose les uns aux autres, les déjoue souvent par le rapprochement des faits les plus simples! Comme elle montre ensuite tout ce qu'on peut espérer de la route qu'elle indique, et où l'ont conduite des recherches dont le point de départ cependant a été pris à une si grande distance du but qu'elles lui devoient découvrir! Mais ces recherches elles-mêmes reposent sur une conviction profondément morale et religieuse. M. Cuvier croyoit, comme tous les esprits supérieurs, à une cause première qui préside à toutes les destinations, qui les a toutes prévues et commandées. Partant de ce principe, il ne faisoit aucun doute que l'existence des êtres organisés ne fût due à une intelligence suprême, qui les a tous pourvus des organes propres à remplir le but pour lequel ils ont été créés; et de cette connexion nécessaire il a fait sortir le moyen, lorsque certaines parties d'un tout étoient connues, d'arriver avec certitude à celles qui restoient à découvrir. Dans cet admirable avant-propos, où il s'élève au-dessus de tous les préjugés, même ceux de la science, car elle a aussi les siens, la complète indépendance de son esprit se manifeste avec une égale vigueur, soit qu'il entreprenne de rendre aux anciens monumens de l'histoire, à celui de la Genèse, par exemple, la juste mesure d'autorité qui, plus d'une fois, leur a été trop légèrement contestée, soit qu'il s'applique à renverser l'édifice de ces conceptions bizarres et follement hardies, qui ont fait pendant long-temps de si grandes fortunes, et dont les auteurs se sont vus tant applaudis. ›

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L'orateur suit M. Cuvier dans ses missions universitaires en Piémont, en Toscane, en Hollande et dans les villes anséatiques, en 1809 et en 1811. Il célèbre ses vues et ses travaux sur l'organisation des études, et surtout son zèle pour l'instruction primaire. Il lui attribue l'institution des comités cantonnaux, et la principale part

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