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voulu. Deux des Soeurs sont mortes à l'hôpital de cette ville, les Sœurs Marie-Françoise et Marie-Georges. Le maire voulut suivre leur convoi et écrivit à la maison de Saint-Joseph une lettre pleine de témoignages de respect et de regrets. Le ton seul de cette lettre eût paru fort singulier à ces libéraux impies et farouches qui, en Europe, rougiroient d'honorer du moindre regard un dévoûment inspiré par la religion. Puisqu'ils aiment à prendre l'Amérique pour modèle, qu'ils sachent combien on y admire une héroïque charité. Aujourd'hui, le choléra a beaucoup diminué à Philadelphie, et à Baltimore on commence à s'en croire quitte. New-York a été la ville la plus maltraitée. Quand le choléra y commença, l'évêque catholique, M. Dubois, faisoit au loin sa visite dans son vaste diocèse; il avoit 30,000 catholiques à visiter sur la ligne frontière du Canada. Il parcourut seul plusieurs milles, passant les journées entières à entendre les confessions de ces pauvres catholiques abandor nés et à assister leurs malades, car le choléra se répandoit aussi sur sa route. Son ministère a été pénible, mais consolant, et nous espérons en recevoir des détails. Le prélat ne put arriver à New-York qu'après le plus fort de l'épidémie. Tous les prêtres de la ville avoient été accablés de fatigues; un y est mort et un autre à Rochester. Aux dernières nouvelles, le choléra, quoique diminué, exerçoit encore des ravages; il y avoit quinze à vingt victines par jour. Dans le Canada, le zèle du clergé n'a pas été mondre qu'ailleurs. Montréal a perdu un dixième de sa populaon, 2000 et quelques cents de ses habitans, du moins à en juger par les états qu'a publiés l'administration; car il se pourroit que le mal eût été encore plus grand. Pendant le fort de la maladie, les prêtres du séminaire avoient constamment des chevaux prêts jour et nuit, pour se transporter partout où on les appeloit. Îls ont été demandés par les protestans comme par les catholiques, et plusieurs des premiers se sont convertis. Les gazettes ont elles-mêmes remarqué le contraste de la conduite du clergé catholique et de celui protestant, et en effet tout le monde en étoit frappé. C'étoit le sujet ordinaire des conversations. On ne pouvoit s'expliquer l'extrême prudence des uns comparée à l'empressement des autres à braver tous les périls pour le salut de leurs frères. Mais, comment s'en étonner, quand un prélat protestant, l'archevêque anglican de Dublin, a dit formellement dans une lettre publique adressée à son clergé que, chez les protestans, les malades comme les morts n'avoient rien à attendre de leurs ministres, que les prières ne pouvoient rien pour eux, et qu'on étoit obligé de ne pas exposer son pasteur au danger de gagner la maladie en l'appelant auprès du lit d'un malade? Des maximes si froides, une religion si sèche et si dure, et des ministres si peu compatissans, ne sont sans doute pas dans l'esprit du bon pasteur qui a donné sa vie pour ses brebis. C'est la conclusion qu'on a tirée au Canada et aux Etats-Unis.

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NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. L'arrestation de madame la duchesse de Berry vient d'avoir lieu. Cette catastrophe paroissoit inévitable du moment où l'on ne reculoit pas devant l'idée de la réaliser, et puis, qu'au lieu de favoriser secrètement l'évasion de l'auguste prisonnière, on la tenoit bloquée par toutes les forces de la police. Car on n'a jamais cru qu'une personne de cette importance pût échapper à des recherches vraiment sérieuses, où rien ne seroit épargné. L'opinion contraire étoit si forte, qu'en voyant toujours manquer le malheureux succès qu'on vient d'obtenir, tout le monde s'accordoit à en faire honneur à la sagesse et à la modération du pouvoir, Hier encore, au moment où la rumeur publique annonça cette sinistre nouvelle, on continuoit de répéter que la retraite de madame la duchesse de Berry ne pouvoit avoir été ignorée si long-temps de la haute police; mais qu'on avoit été bien aise de faire coïncider cette catastrophe avec l'époque de la session qui va s'ouvrir, afin de pouvoir se présenter devant les chambres avec cette action d'éclat. Pour l'honneur du nom français et des hauts dépositaires de la puissance législative, nous osons espérer que ce n'est point sous de tels auspices que les deux chambres seront flattées de s'ouvrir, et que si elles avoient le choix des évènemens heureux pour patrie, ce n'est point celui-là qui les séduiroit. Jamais, nous en sommes sûrs, ce ne sera un besoin de nos mœurs et de notre caractère national, de voir une jeune et auguste veuve, amenée prisonnière, les mains liées, et les yeux encore humides du deuil qu'un assassinat lui fait porter. Si l'on veut interroger le sentiment public à ce sujet, qu'on laisse faire seulement comme pour Louis XVI : qu'on permette aux ôtages de se présenter. Nous verrons si, dans le royaume de Louis-Philippe, il en manquera pour sa nièce.

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A présent que c'est un mérite d'avoir conspiré contre la branche aînée en faveur de la branche cadette, tout le monde veut avoir été de la partie. Les réclamations arrivent de tous côtés, et c'est à qui se trouvera le premier en date. Moi, je conspirois en 1827, dit l'un. Et moi, en 1825, répond l'autre. Et moi, en 1823, ajoute celui-ci. Et moi, dès le commencement, réplique celui-là. Toujours est-il qu'il se présente beaucoup de réclamans et bien des mérites à récompenser. Les Mémoires de M. Cabet sur la révolution de 1830 ont éveillé une foule de prétentions et de rivalités de ce genre. D'après les explications auxquelles tout cela donne lieu, on conjuroit déjà ouvertement la ruine de la famille régnante, dans le temps où le général Foy s'écrioit à la tribune: La Charte! toute la Charte! rien que la Charte! et, dès-lors, M. le duc d'Orléans se seroit laissé mettre dans toutes ces confidences par des amis impatiens de faire écrire leurs noms sur ses tablettes. MM. Thiers, Madier de Montjau, Casimir Périer, Sebastiani, etc., auroient été des premiers à retenir place sous le feuillage de la branche cadette. Selon les mêmes versions, M. de Schonen ne seroit qu'un retardataire, qu'un traînard, qui auroit attendu jusqu'en 1828, pour chercher à détròner Charles X en vertu des ordonnances du 25 juillet 1830. Et M. le duc d'Orléans, encore plus prudent qu'eux tous, auroit eu la

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patience d'attendre le dénoûment de la comédie de quinze ans, sans se mêler de rien autre chose que de garder religieusement le secret à tous les conspirateurs qu'il savoit être occupés à le faire roi malgré lui.

De quelque côté qu'on regarde ou qu'on écoute, on trouve que ce sont deux entêtemens qui occupent partout l'attention publique; savoir, l'entêtement du roi de Hollande et celui de M. Dupin. On ne peut dire ce que l'un et l'autre a déjà coûté de messages, de négociations et de frais d'estafettes. Si les Grecs enssent fait le quart de ces démarches auprès d'Achille, lorsqu'il boudoit dans sa tente, le siége de Troie auroit certainement duré cinq années de moins. Quoi qu'il en soit, l'entêtement de M. Dupin commence à donner un peu d'espoir, et il paroît que c'est lui qui se laissera fléchir le premier. Déjà on est parvenu à le faire dîner aux Tuileries; et, du moment où la table s'en mêle, le reste viendra. Seulement, les journaux prétendent qu'il existe encore quelques points de discussion, entre Louis-Philippe et lui, au sujet de la meilleure des républiques. Mais enfin, ils dînent ensemble, et provisoirement cela suffit pour soutenir la rente. Quant au roi de Hollande, sa rancune paroît plus tenace; rien n'annonce que son entêtement diminue; et probablemeut il sera plus difficile de le faire dîner avec le roi Léopold, qu'il ne l'a été de faire dîner M. Dupin avec LouisPhilippe.

-Madame la duchesse de Berri est arrêtée... Le gouvernement a reçu le 8, à une heure, la nouvelle de cette arrestation, qui a eu lieu le 7, à 10 heures du matin, à Nantes, dans une maison de la rue Haute du château. La princesse y étoit retirée avec M. de Menars, mademoiselle de Kérsabiec et M. Guibourg, avocat, qui s'est évadé dernièrement. Les recherches ont duré plusieurs heures; la police a fini par découvrir une plaque de cheminée, qui, tournant sur ellemême, donnoit entrée à une petite chambre où se trouvoient les quatre personnages. Madame la duchesse de Berri a été transférée sur-le-champ au château de Nantes, où elle a été mise sous la garde de la garnison et de la garde nationale. Le conseil des ministres s'est réuni à l'arrivée de la nouvelle, et il a été rendu le même jour 8 une ordonuance qui porte qu'un projet de loi sera présenté aux chambres, pour statuer sur le sort de la princesse.

M. Jauge, banquier à Paris, a été arrêté au moment où l'on recevoit la nouvelle de l'arrestation de madame la duchesse à Paris. Il est accusé d'avoir entretenu des communications avec la princesse et avec les chefs de l'insurrection vendéenne. Les perquisitions dans son domicile ont duré plus de six heures; d'autres arrestations ont été opérées le même jour.

En conséquence du refus opposé par le cabinet de La Haye, à la demande des cours de France et d'Angleterre, conformément aux stipulations de la convention signée à Londres, le 22 octobre, le gouvernement français a envoyé le 8, dans tous les ports français, l'ordre de mettre l'embargo sur les navires hollandais; c'est un premier acte d'hostilité.

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Le duc d'Orléans et le duc de Nemours partent dimanche prochain, 9, pour l'armée du Nord. Le duc d'Orléans emmène avec lui ses aides-de-camp et ses

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officiers d'ordonnance. Il sera accompagé du général Flahaut, ancien aide-de-camp de Bonaparte; M. le duc d'Elchingen, second fils du maréchal Ney, et capitaine des carabiniers, sera attaché auprès des princes en qualité d'officier d'ordonnance. D'après les nouvelles dispositions arrêtées par le ministre de la guerre, la composition de l'armée du Nord est arrêtée ainsi qu'il suit : INFANTERIE. La brigade d'avant-garde, qui sera commandée par le duc d'Orléans, formée du 20° léger, du 1er régiment de hussards et du 1' de lanciers. Première division, commandée par le lieutenant-général Tiburce Sébastiani; 1o brigade, général Harlet, 11 léger et 5° de ligne; 2a brigade, général Rumigny, 8o et 19o de ligne. Deuxième division, commandée par le lieutenant-général Achard; 1o brigade, général de Castellane, 8 léger et 12° de ligne; 2o brigade, général Voirol, et 9 de ligne. Troisième division, commandée par le lieutenant-général Jamin; 1re brigade, général Zœpfell, 19e léger et 12e de ligne; 2a brigade, général Georges, 52e et 58e de ligne. Quatrième division, commandée par le lieutenant-général Fabre; 1re brigade, général Rapatel, 7o et 25o de ligne; 2o brigade, général d'Hincourt, 61o et 65o de ligne. Cavalerie. Brigade du général Lawoestine, 7 et 8e régimens de chasseurs à cheval. Brigade du général Simonneau; 4o de chasseurs et 5e de hussards. Division du lieutenant-général Dejean; 1re brigade, général de Kigny, 2o de hussards et 1er de chasseurs ; 2o brigade, général Latour-Maubourg, 5o et 10o de dragons. Divisi on du lieutenant-général de St-Alphonse (réserve); tre brigade, géneral Villatte, 1er et 3o de cuirassiers; 2o brigade, général Gusler, 9o et 10o cuirassiers.

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Une division de réserve d'infanterie va être organisée pour l'armée du Nord. Elle sera commandée par le lieutenant-général Schramm et aura deux brigades, qui auront pour chefs les maréchaux-de-camp Rulhière et Durocheret.

- M. Maurice, avocat-général à la cour royale de Douai, est nommé conseiller à la même cour, et est remplacé par M. Preux, substitut du procureur-général. MM. Gaillard et Merveilleux sont nommés avocat général et substitut à la cour royale de Poitiers, en remplacement de MM. Mesnard et Arnault-Menadières, appelés à d'autres fonctions. M. Poilleu est nommé président du tribunal de Montargis. MM. Legentil-Laurence, Boudet, Girardin et Garnier, sont nommés procureurs du Roi à Montmorillon, Château-Gontier, Luxeuil et Sarrebourg. Les colléges électoraux de la Linde (Dordogne), et Quimperlé (Finistère), sont convoqués pour le 30 novembre et le 1er décembre, à l'effet d'élire chacun un député, en remplacement de M. Valleton de Garraube, nommé colonel du 38e de ligne; et de M. de Kermorial, nommé lientenant-colonel du 54e.

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Le sieur Sugier, signalé pour avoir porté le drapeau rouge qui a été vu au convoi du général Lamarque, étoit poursuivi par contumace, pour attentat tendant au renversement du gouvernement : il a été condamné à la peine de mort.

Dans son audience du 7, la cour d'assises a condamné à cinq ans de réclusion le sieur Arnat, corroyeur, prévenu d'avoir tiré sur les troupes le 6 juin, rue Planche-Mibray; et elle a acquitté les nommés Saint, menuisier, et Metgé, cordonnier, arrêtés pour participation à l'insurrection.

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Le 7, la cour a condamné à mort le nommé Lacroix, commissionnaire, âgé de 18 ans, déclaré coupable d'attentat ayant pour but de renverser le gouverne. ment. Lacroix avoit tenté de tuer, le 6 juin, un garde national, de complicité avec le nommé Simonnot, cordonnier, qui a été acquitté. Un autre portefaix, nommé Charvet, qui avoit concouru au désarmement d'un poste, à la même époque, a été condamné à 31 mois de prison. Il s'est écrié, aussitôt le prononcé de l'arrêt: Vive la république! Deux autres individus, les sieurs Jusseret et Cheron, prévenus de l'envahissement du poste de la Galiotte, ont été acquittés.

M. Audry de Puyraveau, député, ne s'est pas présenté le 8 devant la cour royale, où il étoit cité, par suite de son appel du jugement qui le condamne à 3,000 fr. d'amende, pour avoir mis trois immeubles en loterie. L'affaire a été remise.

- La commission de la révision des livres élémentaires, établis au ministère de l'instruction publique, a repris le cours de ses séances.

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La répartition des attributions ministérielles entre M. Thiers, chargé de la police, et M. d'Argout, à qui est échue la garde nationale, a fait naître quelques embarras dans les relations. M. d'Argout a écrit circulairement aux préfets que, dans une foule d'affaires, surtout dans celles d'urgence, ils devoient s'adresser à la fois aux deux ministres.

- M. le comte Pozzo di Borgo, ambassadeur de Russie, est de retour à Paris depuis le 6.

Le Moniteur dément la nouvelle de la démission de M. Locquet, maire du 9 arrondissement.

Le chargé d'affaires de la Grèce a été présenté à Louis-Philippe jeudi dernier.

Il vient d'être mis à la disposition de l'autorité militaire de Lyon, pour les travaux de fortifications, une somme de 150,000 fr. Cette mesure permettra d'employer eet hiver un certain nombre d'ouvriers de la ville.

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– Les autorités de Lyon se sont opposées par la force à l'ouverture d'une nouvelle salle de spectacle, pour laquelle la permission n'avoit pas été même demandée.

- Le 28 octobre, les gendarmes de Bourg-Argental, près St-Etienne, ayant arrêté un retardataire, le conduisoient au lieu dit la République, pour le remettre à la gendarmerie de St-Etienne. Eu passant dans le Grand-Bois, à 5 heures du matin, ils furent assaillis par huit hommes masqués, et armés chacun d'un fusil à deux coups. Ils parvinrent à faire relâcher le prisonnier, qui s'évada

avec eux.

Cinq incendies ont eu lieu dans le département de la Somme depuis le 22 octobre jusqu'au 27 on en attribue trois à la malveillance.

L'Ami de la Charte, de Nantes, annonce que, le 4 de ce mois, il s'est

encore évadé des prisons de cette ville un détenu politique.

M. le vicomte de Gourgues, ancien maire de Bordeaux, est mort le 1 novembre, à Langon.

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