Images de page
PDF
ePub

procès, vouloit écarter un témoin, par le seul motif que c'é toit un catholique, et qu'on ne pouvoit, par conséquent, se fier à son serment.

Avant même la révolution américaine, il étoit venu des méthodistes s'établir dans le pays. Ils y sont aujourd'hui trèsnombreux; mais ceux de Wesley sé sont séparés de l'église anglicane, et ont des prêtres et des évêques distincts. Il est venu aussi des luthériens allemands, des baptistes, des indépendans, et en 1776 les anglicans étoient loin d'être les plus nombreux dans les Carolines et la Géorgie.

Vers 1786, un bâtiment destiné pour l'Amérique du sud relâcha à Charleston; il y avoit à bord un prêtre que l'on croit avoir été italien. Le peu de catholiques qu'il y avoit dans la ville l'invitèrent à dire la messe, ce qui eut lieu dans la maison d'un catholique irlandais. Il s'y trouva environ douze personnes. Les catholiques commencèrent à se connoitre, et on découvrit même qu'il y en avoit davantage. Un an ou deux après, un prêtre irlandais, M. O'Reily, passa quelque temps dans cette ville, et y exerça son ministère. Depuis, un autre ecclésiastique irlandais, le docteur Keating, vint à Charleston; et, en 1789, la petite congrégation fit un effort pour acheter un terrain près de la ville, où se trouvoit un local en fort mauvais état, qui avoit servi à des réunions de méthoa distes ou de quelque autre secte. Les catholiques, qui étoient presque tous des Irlandais, n'étoient pas riches, mais leurs concitoyens les aidèrent pour l'achat du terrain et pour les réparations de l'édifice. En 1790, dans une révision de la constitution de la Caroline du sud, la clause odieuse qui interdisoit toute place aux catholiques fut abolie, et en 1791 l'église catholique de Charleston fut reconnue par un acte de la législature. Mais le docteur Keating quitta Charleston, et passa. à Philadelphie, où il mourut.

Jusque-là les catholiques des Etats-Unis étoient toujours sous la juridiction du vicaire apostolique du district de Londres. Enfin, on établit un évêque à Baltimore, et il fut sacré en Angleterre le 15 août 1790. Son diocèse embrassoit les treize Etats-Unis. Les catholiques de Charleston s'adressèrent alui pour avoir un prêtre; il ne put leur en envoyer immédiatement. En 1794. M. Gallagher, prêtre irlandais, homme d'esprit et prédicateur, arriva à Charleston. Son talent pour

la parole fut utile aux catholiques; et, pour n'être pas à charge à sa congrégation, il prit une place de professeur au collège de Charleston. Dans le même temps, quelques catholiques du Maryland se retirèrent en Géorgie, près du lieu où l'église de Locust-Grove fut depuis bâtie; ils avoient demandé un prêtre à l'évêque, qui ne put leur en donner : ce fut là cependant le commencement de l'établissement de la religion catholique en Géorgie.

La révolution française fit refluer aux Etats-Unis plusieurs prêtres proscrits; mais il n'en vint pas dans les Etats du midi. Lors du désastre de St-Domingue, plusieurs colons se réfugièrent soit à Charleston, soit à Savanah, et à Augusta en Géorgie. Un prêtre de cette île s'établit à Maryland, petite colonie à 50 milles d'Augusta, et y exerça le ministère; il visitoit les colons réfugiés à Augusta et à Savanah, et trouva aussi quelques catholiques irlandais, qui commencèrent à se former en congrégation. Il abandonna ensuite sa résidence dans l'intérieur des terres, pour venir sur les bords de la mer, où le nombre des catholiques étoit plus considérable. Après quelques années, Savanah devint la résidence fixe d'un prêtre, deux ou trois missionnaires passagers étant morts ou ayant quitté le pays. La congrégation fut reconnue suivant les formes par la législature de Géorgie. Le conseil de ville donna un lot de terre pour bâtir une église. Le zèle des catholiques et la générosité des autres mirent en état d'en élever une en bois avec un petit clocher. La congrégation fut desservie par M. Lemercier, puis par M. Carles, aujourd'hui grand-vicaire de Bordeaux. Savanah étant à 120 milles au sud-ouest de Charleston, les deux pasteurs pouvoient se visiter. Augusta, qui étoit à peu près à la même distance au nord-ouest, étoit aussi visitée. En 1810, cette dernière congrégation eut un pasteur résidant, M. Robert Browne, religieux Augustin, qui avoit exercé le ministère à Dublin. Ce missionnaire visitoit aussi les catholiques de la partie supérieure de l'Etat. La législature de Géorgie incorpora les catholiques d'Augusta, et autorisa les trustees de l'académie de Richemond à leur céder un terrain dans une situation convenable, à une extrémité de la ville. On y éleva par souscription une église en brique, dédiée à la sainte Trinité, et 'qui a 50 pieds de long sur 25 de large. Quelques années après, sous le pasteur qui remplaça M. Browne, une maison fut bâtie tout auprès de l'église pour loger le missionnaire. Dans le

district supérieur, un membre de la congrégation donna un lot de terre de deux acres, sur lequel on a bâti une église en bois et formé un cimetière clos; le même a donné une ferme attenante à l'église, pour soutenir le prêtre.

A Charleston, le vieux bâtiment en bois fut abattu, et une église en briques fut érigée à sa place; elle a 60 pieds de long et près de 40 de large, avec une petite galerie où est une orgue; on y a placé depuis un portique. Le cimetière de cette église, qui est maintenant dans le centre de la ville, offre par ses inscriptions une chose curieuse : on y voit des catholiques de tous les pays du monde. L'église de la Caroline du sud a été retardée dans ses progrès par de malheureuses dissensions, dont M. England n'a pas voulu parler; nous en avons rendu compte, no 628, tome XXV. Le pasteur d'Augusta fut appelé à Charleston pour y travailler au ministère. La congrégation fut long-temps troublée; quelques membres cessèrent de paroitre à l'église, qui d'ailleurs étoit souvent fermée, et le pasteur, envoyé par l'autorité, fut plus d'une fois obligé d'officier dans une maison particulière. Au milieu de ces divisions, la fréquentation des sacremens étoit négligée, et il fallut qu'un émigrant, arrivé en 1809, encourageât par son exemple plusieurs à faire leurs pâques ; le nombre en étoit encore fort petit. Dans la Caroline du nord, un prêtre irlandais, M. Cleary, qui étoit chanoine de Funchal dans l'île de Madère, vint à Newbern pour recueillir un héritage; il y célébra la messe et administra les sacremens à quelques catholiques de la ville et des environs, mais il mourut lui-même à Newbern, peu de temps après.

Dans les autres Etats de l'Union, les progrès de la religion étoient bien plus rapides. En 1810, Baltimore fut érigé en archevêché et quatre siéges furent créés, Boston, New-Yorck, Philadelphie et Bardstown. Le docteur Carroll mourut à la fin de 1815, et fut remplacé successivement par MM. Neale et Maréchal. En 1817, la paix fut rétablie dans l'église de Charleston par les soins du Père Fenwich, Jésuite américain, aujourd'hui évêque de Boston. Ce missionnaire étoit assisté du docteur Wallace, du comte de Kilkenny, en Irlande. Par sa prudence, son zèle et ses manières conciliantes, il apaisa les troubles, l'église fut rouverte, et les sacremens furent fréquentés. La Géorgie étoit alors dans l'affliction. Le pasteur, qui avoit succédé à M. Browne à Augusta, après une assez

longue vacance, négligea ses devoirs, et finit par donner du scandale et par apostasier. Sa place fut remplie par un prêtre américain fort zélé, M. Cooper, qui étoit un protestant converti. Dans la Caroline du nord, deux petites congrégations à Washington et à Newbern étoient visitées par un prêtre irlandais, M. Nicolas Kearney, qui résidoit à Norfolk, en Virginie, où une église avoit été récemment bâtie par les soins du Père Lacey. Peu après la restauration des Bourbons, M. Carles quitta Savannah pour retourner en France. M. Gallagher se chargea de cette congrégation, qui s'étoit accrue, et M. Browne alla à Rome pour appuyer une pétition où, de concert avec l'archevêque de Baltimore, on demandoit que les Carolines et la Géorgie fussent distraites de son siége, et mises sous la juridiction d'un évêque qu'on établiroit à Charleston.

(La fin à un numéro prochain.)

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le 24 octobre, le commandeur Louis Mouttinho, chargé d'affaires de l'empereur du Brésil, a été présenté au saint Père, qui l'a accueilli avec bonté.

-Depuis son retour à Rome, Sa Sainteté visite chaque jour quelques églises et établissemens. Le 23 octobre, elle est allée à l'église Saint-Augustin faire sa prière, et de là est entrée dans le couvent des religieux; puis, après avoir visité la basilique du Vatican, elle se rendit à l'hospice Saint-Michel, et y examina les travaux en laine qu'elle y fait exécuter pour occuper des ouvriers: elle bénit les vieillards qui sont recueillis dans l'hospice, visita l'infirmerie, et encouragea les jeunes élèves. Le 24, le saint Père alla successivement aux couvens de l'Annonciade, de la Conception et des Paulettes. Sa Sainteté entra d'abord dans l'église pour prier, et visita les communautés; elle pria devant la dépouille mortelle de la vénérable sœur Françoise Farnèse, fondatrice du couvent Farnésien aux-Monts, qui est sous l'invocation de la Conception. Le 25, le souverain Pontife visita encore trois communautés, entre autres, les religieuses de la Visitation et les Ursulines. Dans cette dernière maison, les religieuses offrirent au Pape un tableau représentant le Sacré-Coeur, avec une bordure artistement travaillée. Le saint Père admit au baisement des pieds la communauté et la princesse Dorothée Czartoryski qui y demeure. Sa Sainteté voulut aussi visiter dans sa cellule la princesse Louise-Marie-Antoinette de Bourbon, de la branche de Parme, qui est religieuse dans ce monastère.

PARIS. Les questions qu'on nous adresse par la lettre suivante nous paroissent aisées à résoudre par la raison, par l'équité, et même

par la Charte. Celle-ci, en promettant une égale liberté et une égale protection à tous les cultes, n'en excepte pas apparemment les catholiques. Elle ne peut les priver du droit de pratiquer leur religion. Il est aisé aux chefs de la garde nationale de choisir pour leurs exercices des heures qui ne contrarient pas d'autres devoirs: ils outrepassent leurs pouvoirs quand ils empêchent leurs concitoyens de remplir leurs obligations comme chrétiens, et les conseils de discipline qui sanctionneroient par quelque peine cet abus d'autorité, iroient contre l'esprit et contre la lettre de la Charte. Une semblable vexation fut tentée l'hiver dernier; on voulut, dans plusieurs localités, faire les exercices de la garde nationale dans l'église. De justes réclamations s'élevèrent de tous côtés à ce sujet, et nous essayâmes de faire voir, no 1899, combien cette prétention étoit insoutenable. Depuis, nous avons cité une lettre du ministre des cultes qui la blâme formellement et qui ordonnoit de s'en désister. Les catholiques, en réclamant avec persévérance, obtiendront de même qu'on n'entrave pas l'exercice de leur religion sur un point essentiel.

Saint-Germain, 7 novembre 1832.

Monsieur, au moment où le conseil de préfecture du département de l'Aube vient de prononcer un arrêté, suspendant pour deux mois de ses fonctions le sieur Richard, chef de bataillon de la garde nationale du canton de Radonvilliers, pour s'être obstiné, contrairement à la liberté des cultes, à tenir les séances de son conseil de discipline pendant le temps de l'office, il est vraiment curieux de voir M. le préfet du département de Seine-et-Oise choisir précisément le jour de la Toussaint pour passer, pendant les offices, la revue de la garde nationale des cantons de Marly, de Saint-Germain et de Meulan. Qui pourra nous expliquer cette étrange contradiction entre les lois et les lois, entre les hommes du pouvoir et les hommes du pouvoir, entre l'administration et l'administration? La Charte de 1830 ne seroit-elle décidément qu'un mot, ou bien M. Aubernon auroit-il le privilége de la transgresser selon son bon plaisir ? Nous l'ignorons; mais, ce que nous n'ignorons pas, c'est que bon nombre de citoyens, chrétiens avant que d'être soldats, se condamnoient à être privés de l'agrément d'être passés en revue par M. le préfet, lorsqu'une pluie battante et continue força l'autorité à révoquer son ordonnance, et lui fit ajourner son inspection.

Cependant, comme il n'arrive que trop souvent que MM. les maires, chefs de bataillon, capitaines, etc., etc., se permettent, de leur autorité privée, de fixer dans les communes les revues ou exercices de la garde nationale les jours de dimanches et de fêtes, pendant le temps des offices, permettez-moi, M. le rédacteur, de vous demander dans les colonnes de votre excellent journal une explication précise sur cette conduite de nos magistrats. Au terme de la Charte, ces messieurs ont-ils le droit de contraindre les citoyens à manquer à l'observance de leur culte, pour se rendre à la parade ou aux évolutions militaires? et les conseils de discipline peuvent-ils réellement prononcer condamnation contre le garde na

« PrécédentContinuer »