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était issue de Philips, vicomte d'Ypres, qui était lui-même, diton, descendant des comtes de Flandre. La grosse ferme dite du Kout-Hof existe encore aujourd'hui.

Gramay dit que « Godo, comte d'Arnêke, octroyant une lettre » ouverte à ceux de Bergues, la signa en cette qualité », marque certaine qu'autrefois Arnêke fut érigé en comté.

Jean Laurents, seigneur de Palsfart, St.-Légier et Lourfoy, avait son château a Arnêke. Ce château, connu sous le nom des Sept-Planètes, fait maintenant partie d'une ferme.

Le 5 septembre 1793, à trois heures du matin, une colonne d'infanterie et de cavalerie de l'armée du duc d'Yorck, avec trois pièces de canon, pénétra inopinément jusqu'à Arnêke. Deux bataillons français, qui y étaient cantonnés, se formèrent en bataille sur le cimetière pour empêcher sa marche. Une action eut lieu, mais les Français étant en nombre inférieur et n'ayant pas d'artillerie, durent se replier, laissant un officier et cinq soldats morts sur le champ de bataille et ayant plusieurs blessés. L'ennemi dépassa le village de deux cents toises environ; mais informé que les troupes du camp de Cassel marchaient à lui, il craignit d'être coupé dans sa retraite et se repliant précipitamment, emportant avec lui ses morts et ses blessés, il arriva en même-temps que les Français, sur une hauteur nommée Klytte-Klim, territoire d'Arnêke, à une demi-lieu au levant de l'église de ce village. Il y eut là un engagement assez vif à la fin duquel l'ennemi fut repoussé avec une perte considérable. On sait que ces combats partiels n'étaient que le prélude de la bataille d'Hondschoote; toujours est-il qu'ils ont été gravés dans la mémoire des paisibles habitans d'Arnêke.

La population de cette commune est de 1,493 habitans, dont 275 indigens secourus à domicile, et 9 mendians.

Son territoire contient 1,336 hectares, dont 837 en terres labourables, 402 en prés et pâtures, 12 en jardins, 34 en taillis, 1 en pépinières, 2 en étangs, 7 en superficie des propriétés bâties, 35 en routes et chemins, et 6 en rivières et ruisseaux.

Sa culture ordinaire consiste en froment, seigle, fèves, avoine, lin, pommes de terre et légumes.

Sa culture principale est le froment, les fèves et l'avoine. Sa principale industrie est, après l'agriculture, le filage et la fabrication du lin.

On trouve à Arnêke sept moulins à blé, dont 6 à vent et 1 à l'eau; 3 brasseries et une blanchisserie.

BAILLEUL, jadis Bailloul (en flamand Belle); ville ouverte, chef-lieu de deux cantons, située sur la route de Lille à Dun

kerque; longitude o° 23' 51", latitude 50° 44' 27"; à 19 kilomètres d'Hazebrouck et 29 kilomètres de Lille; cette ville est la plus considérable de l'arrondissement d'Hazebrouck, par sa population et l'étendue de son territoire.

Cette ville de la West-Flandre est fort ancienne; quelques histoires et chroniques du pays attribuent sa fondation à une colonie d'environ 16,000 habitans sortis de l'antique ville de Belgium ( Bavay), lorsque Jules-César se disposait à en faire le siège, 48 ans avant l'ère chrétienne, et disent que son château (dont l'emplacement est encore indiqué par la courbure de la rue du Vivier) a été saccagé et démoli par les Normands, l'an 882; que la ville a été fortifiée, l'an 948, par le comte de Flandre, Bauduin-le-Jeune, en même-temps qu'il fit construire les remparts de la ville d'Ypres, et que Robert-le-Frison a fait ajouter, en 1072, aux fortifications que les comtes ses prédécesseurs avaient faites pour la défense de la ville de Bailleul; la majeure partie des fossés qui entouraient la ville existent encore, ou sont indiqués par des bas fonds.

Bailleul était ci-devant le chef-lieu de la châtellenie de ce nom, composée de la ville et territoire de Bailleul et des communes de Berthen, Caestre, Eecke, Merris, Meteren, Nieppe, Steenwerck, St.-Jans-Cappel, Dranoutre, Westoutre et Neuve-Eglise. (Ces trois dernières font actuellement partie de la Belgique. )

En 1177, Bauduin de Bailleul, châtelain d'Ypres, se croisa avec Philippe d'Alsace; le fief du châtelain de Bailleul était tenu des châtelains de St.-Omer jusqu'en novembre 1291, que Watier de Reuenghe, seigneur de Morbecque, céda l'hommage du châtelain de Bailleul, de l'Ambacht ou territoire de Bailleul, de Meteren et de Flêtre, à Guy, comte de Flandre.

Philippe, comte de Flandre, qui épousa, en 1195, Mahaut, fille d'Alphonse, roi de Portugal, lui assigna pour son douaire, entr'autres biens, la ville de Bailleul.

En septembre 1244, Jakème de Bailleul concourut à un jugement rendu par un grand nombre de seigneurs de Flandre, lequel jugement adjuge à Thomas et à Jeanne, sa femme, comte et comtesse de Flandre et de Hainaut, les terres de Crèvecœur et d'Arleux, forfaites sur monseigneur Mathieu de Montmirail, pour les dommages qu'il avait causés au comte et à la comtesse, et le condamne à 1,000 marcs d'argent.

Par lettres du 23 janvier 1252, Marguerite, comtesse de Flandre, permet à tous les hommes de Bauduin de Bailleul qui habitent les biens qui sont tenus d'elle ou de Guy, son fils, de pouvoir juger tous ensemble.

En juillet 1259, cette même comtesse déclare qu'ayant donné

à feu Jean, son fils, sieur de Dampierre, pour sa portion d'héritage dans le comté de Flandre, 2,000 livres de revenu annuel à tenir d'elle et de ses successeurs à toujours, avec justice haute et basse, elle assigne à Jean, fils dudit Jean de Dampierre, et son petit-fils, pour sûreté du paiement de cette rente, Bailleul, de la valeur de 500 liv. de Flandre, Lécluse, estimé 1,000 liv., et Nieppe, estimé 500 liv.

Par lettres du mois de novembre 1278, Jean de Dampierre, vend aux abbé et couvent de Clairmarais, les rentes tant en blé qu'en avoine qu'il avait droit de percevoir sur 95 mesures et 20 verges de terre appartenant à cette abbaye, dans la paroisse de Bailleul, sous la justice du prévôt de Bruges, et dans le domaine du comte Guy, son seigneur, et ne s'y réserve pour lui et pour ses hoirs qu'une rente annuelle de 12 deniers, monnaie de Flandre , que cette abbaye sera tenue de leur payer à toujours, à Bailleul, le jour de St.-Remi.

Le 10 mai 1295, Bauduin, châtelain de Bailleul, chevalier, et dame Agnès, sa femme, vendent à Guy, fils du comte de Flandre, la châtellenie de Bailleul avec toutes les terres, revenus, hommages et autres droits qui leur appartenaient, ainsi que tout ce qu'ils possédaient dans les territoires de Cassel et de Bailleul qu'ils tenaient en fief du comte de Flandre, pour la somme de trois mille livres parisis.

Il existe un grand nombre d'anciens titres relatifs à Bailleul, tant dans les archives de cette ville que dans celles du département; nous rappellerons ici quelques-uns des principaux.

Sentence du 28 avril 1213, concernant le droit d'issue de la bourgeoisie de Bailleul.

Donation, en 1248, à Bauduin de Bailleul, seigneur de Doulieu, par Mabile, châtelaine d'Ypres et de Bailleul, de tous ses revenus de Merris.

Lettres de vente, de juillet 1263, par la comtesse Marguerite, à Raoul del Eskaghe, d'un fief de 100 houds d'avoine de rente à recevoir annuellement sur l'espier de Bailleul.

Lettres de vente, du mois de novembre 1266, par Pierre de Wittèke, chevalier, seigneur de Bailleul, au profit de la ville, de ses tonlieux en ladite ville, pour 200 liv. parisis de rente héritable

par an.

Acte du mois de septembre 1282, par lequel le comte Guy confirme l'échange que la comtesse Marguerite, sa mère, avait fait avec feu Bauduin de Bailleul, de la maréchaussée héréditaire de Flandre, au lieu de l'huisserie héréditaire qui appartenait audit Bauduin, pour en jouir par lui et par son hoir, à toujours, à condition que chaque jour que le maréchal sera dans l'hôtel du comte,

il aura de l'avoine pour cinq chevaux, trois sous, monnaie de Flandre, pour ses gages, dix coupons de chandelles, deux pots de vin, mesure de Flandre, sa nourriture dans l'hôtel, deux paires de draps par an, l'une à Noël et l'autre à la Pentecôte, où cent sous, monnaie de Flandre, pour chaque paire de draps.

Commission de Louis, comte de Flandre, en date du 14 juillet 1324, au sieur d'Axelle, son lieutenant dans le comté de Flandre, pour s'informer si le comte a la connaissance et justice de ceux qui se sont rendus coupables de trahison envers lui, en quelque lieu et juridiction que lesdits traîtres soient pris et exécutés, et s'il se trouvait que ladite connaissance n'appartint pas au comte, de ressaisir Robert de Flandre, seigneur de Cassel, de l'effigie d'un homme pris et exécuté à Bailleul, en la terre et justice dudit Robert, pour trahison envers le comte.

Lettres du 1er octobre 1348, par lesquelles Louis, comte de Flandre, de Nevers et de Rethel, maintient les habitans de la ville et châtellenie de Bailleul dans tous leurs privilèges, franchises et coutumes.

Lettres du 5 mai 1384, des avoué, échevins, conseil et communauté de la ville et châtellenie de Bailleul, par lesquelles ils se soumettent en la grâce, pitié et miséricorde du duc de Bourgogne, comte de Flandre, pour toutes les rébellions, conspirations, désobéissances, commises par le corps de ladite ville et châtellenie et les habitans d'icelle, contre défunt le comte de Flandre dernier décédé.

Sentence arbitrale du 31 mai 1392, par laquelle il est déclaré que l'hôpital St.-Jean de Lestrée, à Bailleul, n'a ni seigneurie, ni justice sur les terres et maisons situées à Bailleul, appartenant à cet hôpital ou tenues de lui en rente, et que la seigneurie et justice de ces terres et maisons appartenaient aux seigneurs de Bailleul.

Déclaration du comte de Flandre, du 10 mars 1427, portant que la ville de Bailleul est du nombre de celles qui sont privilégiées pour faire des draps.

Lettres du 25 juin 1436, par lesquelles Philippe, duc de Bourgogne, comte de Flandre, considérant l'ancienneté de Cassel, décide que lorsque l'armée est en marche, ceux de Cassel iront ⚫ avant ceux de Bailleul.

Compromis fait, le 11 février 1491, entre Charles, seigneur de Morbecque, et Antoine Dubois, seigneur de Flêtre, par lequel ils soumettent à la décision de la chambre des comptes de Lille, le différend qui existe entr'eux, au sujet du bailliage de Bailleul. Lettres d'octroi du mois de juillet 1501, par Philippe, archiduc d'Autriche, comte de Flandre, pour établir à Bailleul la franche foire du 9 septembre, durant trois jours.

Parmi les pièces que nous avons compulsées aux archives du département, une entr'autres a fixé particulièrement notre attention, c'est un certificat original écrit sur une demi-feuille de parchemin dont voici la copie textuelle :

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« Nous Lyon Benne et Omer Maes, hommes féodaux de nos » très-redoubtés seigneurs, messeigneurs le Roy des Romains et Philippe, son fils, de leur court, à Bailleul en Flandres. Certifions à tous et par espécial à mes très-honorés seigneurs messeigneurs les président et gens de la chambre des comptes, à Lille, » que Pierre Levos, soubz bailli dudit lieu de Bailleul, fist en notre présence et autres nos compagnons, le dixième jour de juin, anno » 86 derniers passé, mettre à exécution par le bourreau d'Ypres, » ung pourcheau en lui ostant la vie et ce faict fu mis sur une reuve » planté lez la justice de Bailleul, haut sur une estacque, et ce à » cause que ledit pourchau avait murdry et en partie mengié l'enfant » de Mathieu Ciex, demeurant en la paroiche de Meteren, dessoubz » la jurisdiction dudit Bailleul; et pour ce que raison veult et droit enseigne que l'on certifie toute chose véritable, sy est-il que nous certifions ce que dit est ainsi avoir esté fait au jour de susdit, en témoing de ce nous hommes des sus-nommés avons ces présentes » scellé chacun de nos propres seaulz. Fait le xij.o jour du mois de septembre l'an mil iiijc quatre-vingt et six. Signé O. Maes, avec » paraphe, et sur la double queue de parchemin, Lyon Benne. »

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En 1482, une grande peste désola Bailleul et ses environs; ce fléau reparut de 1646 à 1648 en cette ville et y enleva 3,600 per

sonnes en trente mois.

En août et septembre 1578, époque des troubles de Flandre, le cloître et l'église de Saint-Antoine-lez-Bailleul, fondé depuis plusieurs siècles, fut attaqué, pillé et démoli par les hérétiques.

La ville de Bailleul a souvent éprouvé de terribles désastres : saccagée ou brûlée en 1213, 1263, 1383, 1436, 1478, 1503, un accident imprévu la réduisit toute entière en cendres, en 1582; les Français y mirent le feu en 1653, mais elle souffrit davantage, en 1681, lors d'un incendie qui éclata dans une brasserie rue d'Ypres, et devint si violent qu'en moins de deux heures la ville entière et tous ses édifices publics étaient en flammes sans qu'il fut possible d'y porter secours.

En 1657, on commença à Bailleul et ailleurs à arrêter et justicier des sorciers et sorcières; il y eut peu de villes, bourgs et villages en Flandre où il n'en a été brûlé. Dans un procès dont le dossier se trouve aux archives, le bourreau de Dunkerque déclare, en 1659, avoir justicié cinq à six cents de ces individus qu'il avait trouvés marqués du stigma diabolique qu'il connaît très-bien. Une fois cette

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