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Combats.
divers.
rivée de M. de Corcelles au camp.

Journée du 13 juin à Paris. — Ar

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Position stratégique de l'armée. - Affaire du 21 juin.- Bombardement. — Mauvais vouloir de l'agent consulaire anglais. - Manoeuvres hostiles à la France. prince de Ligne. - Expédition de Tivoli.

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Sang froid du

Il était écrit que la révolution de Rome, semblable au chaos, renfermerait dans une incroyable confusion tous les éléments, excepté ceux du bien. Les hommes qui avaient dépouillé la papauté de son pouvoir temporel voulurent encore usurper ses prérogatives spirituelles. Or, le 6 juin, les grands-prêtres de la démagogie, ceignant la tiare, sans toutefois déposer l'épée, décrétèrent ainsi la célébration de la FêteDieu :

<< Romains!

<< Demain est le jour consacré à fêter l'hostie de paix et d'amour. La cour romaine le célébrait avec une pompe solennelle et une grande démonstration de luxe. La guerre allumée sous vos murs empêche

l'accomplissement de cet acte religieux. Le peuple connait et condamne ceux qui en sont cause. Néanmoins l'acte de religion ne doit pas être omis. Que chaque curé, que chaque chapitre le célèbrent dans l'intérieur de leur église. Les humbles prières des chrétiens, s'élevant sans faste vers le ciel, en seront mieux accueillies, et pour l'expiation des péchés et le secours au peuple pieux et confiant en ce Dieu qui bénit et défend la cause des opprimés.

>>

Cette pièce, édifiante au point de vue révolutionnaire et signée par le ministre de l'intérieur, contenait une attaque indirecte contre l'auguste personne de Pie IX. La haine et l'hypocrisie servaient d'ostensoir à l'hostie de paix et d'amour. Quoi qu'il en soit, les fidèles plus ou moins consciencieux de la révolution célébrèrent la fête recommandée à leur dévotion. Les Lombards se firent remarquer par leur recueillement. Il appartenait aux plus vaillants défenseurs de Rome de donner l'exemple de la piété : la foi est toujours la compagne du courage. Depuis le commencement du siége, les Lombards en fournissaient la preuve. Les premiers, ces braves jeunes gens avaient protesté contre les saturnales anti-religieuses de Ciceruacchio. Dévoués au sanglant sacrifice d'une idée, ils marchaient à la mort, la poitrine couverte du signe de la rédemption; un chapelet servait de dragonne à leurs épées, l'image de la Vierge leur servait de cocarde. Les Lombards étaient les Vendéens de la révolution. L'erreur politique ellemême a ses martyrs.

Dans la journée du 8, les travailleurs français élargissent la tranchée de manière à faciliter les communications; ils tracent deux boyaux en avant de la parallèle, une batterie de mortiers est armée pour lancer des bombes sur le bastion 6; enfin, le brave général Morris, dirigeant sur la rive gauche du Tibre une forte reconnaissance de cavalerie, ramène au camp plusieurs convois chargés de matières combustibles et d'approvisionnements de toute

nature.

Un incident qui faillit coûter la vie au duc de Reggio signala cette journée. Le commandant en chef venait de quitter la Villa-Santucci, il s'avançait avec le général Vaillant, lorsqu'il aperçut plusieurs soldats du 36° de ligne menaçant de fusiller deux paysans qui pleuraient et sollicitaient leur grâce au nom de leurs femmes et de leurs enfants. « Quel est leur crime? demanda le général Oudinot.-Ils conduisent aux Romains deux charriots chargés de fascines pour gabionner des barricades, »> répondit un sergent de voltigeurs. Dans ce moment même un coup de canon se fit entendre, et un boulet s'enfonça dans la terre aux pieds du général. « Les ennemis m'ont épargné sans le vouloir, s'écria le général Oudinot; nous serons plus généreux. » Les deux paysans ne furent pas fusillés; ils rentrèrent assez à temps pour prendre leur part d'une proclamation que le général Avezanna venait d'adresser aux Romains. Ce document mérite d'être reproduit textuellement et en entier; le voici :

« Soldats!

« Pendant que j'accomplissais une mission périlleuse à Ancòne, vous avez, par des prodiges de valeur qui ont surpassé les actions héroïques, les faits homériques de l'antiquité, vous avez repoussé pour la quatrième fois les ennemis de la République ro

maine.

«

Malgré la foi jurée, ils ont, par un cri fraternel, surpris quelques-uns d'entre vous, qu'ils ont envoyés, après les avoir ainsi trahis, dans la terre étrangère, comme un trophée de leur victoire. Mais ils l'espéraient en vain cette victoire; car vous, élus du Seigneur pour briser la puissance des impies et la verge des dominateurs, vous avez vengé les victimes de la trahison et vaincu le fort, que l'on poussait au

fratricide.

• La lutte acharnée que vous avez soutenue le 3 juin pendant seize heures contre les soldats les plus aguerris de l'Europe, la charge à la baïonnette sept fois renouvelée contre d'épais bataillons, aidés d'une artillerie foudroyante, vous ont acquis l'admiration de l'Europe, la reconnaissance de la patrie, l'amour de tous les hommes de cœur.

« Soldats!

« Le sang qui coule de vos plaies rachète la terre en lavant les péchés d'une génération aux mains faibles, au cœur égaré,

« Dieu a levé l'étendard à la vue des nations; il a rassemblé à Rome les exilés d'Israël, il a réuni des

quatre coins de la terre les restes dispersés de son peuple.

« Cet étendard vous est confié. L'Italie et même la France le recevront de vous, consacré par le sang des nouveaux martyrs.

Symbole de la justice qui sera faite sur la terre, cet étendard du royaume de Dieu doit succéder à celui des despotes.

« Cette lutte est la dernière entre le génie du bien et le génie du mal. Vous mettrez fin à l'histoire des misères humaines par la victoire des peuples et le triomphe de Dieu. »

« Cette mission rend vos plaies dignes d'envie. Orgueil de vos mères, honneur de vos épouses, étonnement de vos fils, enfants chéris de la République, l'histoire de Rome vous décernera l'immortalité. Soldats, je suis heureux de me retrouver au milieu de vous pour partager vos dangers et mériter votre amour. Continuez et nous serons vainqueurs. »

Ainsi que nous l'avons déjà dit, Avezzana, pendant vint-cinq années marchand de cigares à NewYork, avait trouvé là sans doute le langage mystique des anciens puritains de Cromwell.

Le lendemain, ce moderne méthodiste publia un nouvel ordre du jour qui détruisait en quelque sorte la valeur de celui de la veille. Après avoir renouvelé les louanges les plus emphatiques pour le courage romain, il termine par ordonner aux commandants des corps :

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