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Cependant, le canon a cessé de tonner. La prière remplace les salves de réjouissance, les chants sacrés se mêlent à la prière; Pie IX, entouré de ses cardinaux et de ses prêtres, rend grâce au Dieu qui le ramène par la main de la France au trône de ses prédécesseurs. Après quelques minutes de recueillement à l'église et quelques instants de repos au palais qui lui est contigu, il monte dans sa voiture de demigala et se met en route pour Saint-Pierre. Au même instant, la bannière pontificale est hissée sur le fort Saint-Ange, et un salut de cent et un coups de canon se mêle au son de toutes les cloches. Les échos de ces bruits divers, roulant le long du fleuve, vont annoncer jusqu'aux montagnes de la Sabine l'heureux événement qui rend un père à ses peuples et des peuples à leur légitime souverain.

Le cortège s'avance au milieu des troupes françaises et romaines échelonnées de distance en distance sur son passage.

le

Un détachement de cavalerie ouvre la marche: viennent ensuite le général de division Guesviller au milieu de son état-major, le préfet de police, commandant Le Rousseau et son secrétaire-général M. Mangin;

Les trois cardinaux de la commission gouvernementale;

Un escadron de dragons pontificaux;

Un escadron de dragons français ;

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Un escadron de chasseurs à cheval, français;
Un détachement de gendarmerie française;
Le batteur d'estrade du pape ;

Les gardes-nobles à cheval;

La voiture pontificale tirée par six chevaux noirs et couverts de harnais dorés ;

Le général en chef Baraguay-d'Hilliers occupe une des portières; le prince Altieri, commandant en second la garde-noble, occupe l'autre ;

Un nombreux état-major;

Un détachement des gardes-nobles, les voitures des cardinaux et des ambassadeurs, un escadron de dragons français ferme la marche.

la

Cet imposant cortége s'avance lentement par grande rue qui descend de la place Saint-Jean au Colysée; puis, laissant ce monument sur la gauche, il rejoint le forum Trajan, traverse la place des SaintsApôtres, celle de Venise, s'engage dans la rue Papale et parvient au pont Saint-Ange.

Cent mille personnes sont échelonnées sur le passage du Saint Père, cent mille acclamations retentissent dans les airs, le bruit du canon Saint-Ange se mêle au son de toutes les cloches, les cris de: Vive le pape! vive la religion! Saint Père, bénissez-nous! éclatent de toutes parts. Ces cris universels sont une protestation contre les acclamations qui, du nom de Pie IX, avaient fait autrefois un signe de ralliement révolutionnaire. Tous les fronts sont courbés, tous les genoux se plient devant la majesté suprême du souverain. Les acclamations qui avaient accueilli

Pie IX à son arrivée sur la place de Saint-Jean de Latran se succèdent et s'élèvent sur toute la ligne, comme poussés par un courant électrique. Des nuages de fleurs tombent de toutes les croisées sur la voiture pontificale et sur les officiers qui l'entourent. Enfin, la tête du cortége arrive sur la place du Vatican, les transports d'enthousiasme redoublent, les dames agitent leurs mouchoirs, le peuple entier se prosterne; les soldats de la France, rangés en bataille, s'agenouillent et présentent les armes; un tapis de verdure, incrusté de fleurs jaunes et blanches, est

jeté sous les pas du pape; le clergé de Saint-Pierre

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reçoit le Saint Père avec le cérémonial usité, et il le conduit processionnellement dans la vaste basilique. An même instant, le commandement de: Genou terre! se fait entendre les genoux fléchissent, les baïonnettes s'abaissent, les tambours battent au champ et les artistes de la chapelle pontificale entonnent l'antienne Ecce sacerdos Magnus. L'émotion de notre armée est unanime, elle se révèle dans tous les yeux par des larmes d'attendrissement; ce n'est pas seulemeut un souverain illustre qui s'avance entre les lignes prosternées, c'est la plus grande puissance humaine, c'est la majesté du catholicisme, c'est le représentant de Dieu. Pie IX donne la bénédiction du Saint-Sacrement; puis, au chant du Te Deum, il se rend, suivi du corps diplomatique, dans les appartements qui lui ont été préparés au Va

tican.

Quelques heures après, Rome para son front d'un

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