LITTÉRATURE FRANÇAISE. LITTÉRATURE LATINE. LITTÉRATURE GRECQUE. PHILOSOPHIE. HISTOIRE CONFÉRENCES DE L'ODÉON Cours de M. Emile Faguet; leçons de MM. Gus- Cours de M. Alfred Croiset. Cours de M. Henri Lichtenberger; leçons de Cours de M. Emile Boutroux; leçons de Cours de M. Charles Seignobos; leçons de - VARIÉTÉS SOUTENANCES DE THÈSES. SUJETS DE DEVOIRS, LEÇONS ET COMPO- SITIONS. PARIS SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'IMPRIMERIE ET DE LIBRAIRIE ANCIENNE LIBRAIRIE LECÈNE, OUDIN ET Cle 15, RUE DE CLUNY, 15 1901 Tout droit de reproduction réservé Desportes fut aussi un poète satirique. Certes sa satire n'est jamais bien véhémente ni bien âpre comme celle de d'Aubigné. Mais elle a une certaine malice fine, pénétrante, spirituelle, qui est tout à fait agréable parce qu'elle nous repose des fadeurs, des longueurs et de la monotonie habituelles à ce poète. On vantait beaucoup en son temps sa diatribe contre le mariage. Je n'en citerai rien: elle est plutôt vulgaire et plate, et c'est surtout par une âpreté un peu grossière qu'elle a séduit des contemporains trop peu délicats. Mais la réplique à cette pièce, intitulée Chanson, est au contraire fort agréable et assez piquante. C'est une série d'épigrammes des femmes contre les hommes. Las que nous sommes misérables Les pensers des hommes ressemblent Leur amour est ferme et constante Comme la mer grosse de flots, Qui bruit, qui court, qui se tourmente, Ce n'est que vent que de leur tête, Ces soupirs, qui sortent sans peine Qui se fie en chose si vaine, Ils font des dieux en leur pensée, Et de voir bien souvent changer. Ceux qui peuvent mieux faire accroire Car ils prennent pour grand'louange Mais, las qui ne serait éprise, De leur cœur sort une fournaise, Mais cet ardent feu qui les tue Et rend leur esprit consommé, C'est un feu de paille menue, Aussitôt éteint qu'allumé. Et les torrents qu'on voit descendre Pour notre douceur émouvoir, Ce sont des appas à surprendre Celles qu'ils veulent décevoir. Ainsi l'oiseleur au bocage Prend les oiseaux par ses chansons, Et le pêcheur sur le rivage Tend ses filets pour les poissons. Sommes-nous donc pas misérables Plus que le feuillage des bois ? Voilà qui est distingué. Le tour est joli, et surtout la mesure est juste; rien d'étrange, ni rien de lourd ou de désobligeant, comme dans tant de pièces satiriques de ce temps-là. C'est à cette même veine de satire piquante et modérée que se rapporte le chef-d'œuvre de Desportes, le poème auquel son nom reste attaché dans toutes les mémoires. Il en est ainsi de beaucoup de poètes, dont le nom évoque aussitôt une seule poésie, comme s'ils n'en avaient pas fait d'autres. Cette chanson qui a eu une réputation immense au XVIIe siècle et qui est encore bien connue, est intitulée Villanelle, bien que ce n'en soit pas une à proprement parler. Je ne saurais parler de Desportes sans la citer: Rozette, pour un peu d'absence, Tandis qu'en pleurs je me consume, Maudissant cet éloignement, Vous, qui n'aimez que par coutume, Jamais légère girouette Au vent si tôt ne se vira; Nous verrons, bergère Rozette, Où sont lant de promesses saintes, Celui qui a gagné ma place, Voilà le vrai Desportes: de la grâce, de l'amabilité, de la finesse satirique, et puis un léger grain de sensibilité discrète, le tout fait un mé |