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Je vous assure que je suis tout à vous.

M. DE POURCEAUGNAG.

Je vous ai beaucoup d'obligation.

SERIGANI.

C'est du fond du cœur que je parle.

M. DE POURCEAUGNAC.

Je le crois.

SBRIGAN I.

Si j'avois l'honneur d'être connu de vous, vous sauriez que je suis un homme tout-à-fait sincere...

M. DE POURCEAUGNAC.

Je n'en doute point.

SBRIGAN I.

Ennemi de la fourberie...

M. DE POURCEAUGNAC.

J'en suis persuadé.

SBRIGANI.

Et qui n'est pas capable de déguiser ses sentiments. Vous regardez mon habit, qui n'est pas fait comme les autres: mais je suis originaire de Naples, à votre service, et j'ai voulu conserver un peu la maniere de s'habiller et la sincérité de mon pays.

M. DE POURCEAUGNAC.

C'est fort bien fait. Pour moi, j'ai voulu me mettre à la mode de la cour pour la campagne.

SBRIGANI.

Ma foi, cela vous va mieux qu'à tous nos courti

sans.

M. DE POURCEAUGNAC.

C'est ce que m'a dit mon tailleur. L'habit est propre et riche, et il fera du bruit ici.

SBRIGANI,

Sans doute. N'irez-vous pas au Louvre?

M. DE POURCEAUGNAC.

Il faudra bien aller faire ma cour.

SBRIGANI.

Le roi sera ravi de vous voir.

M. DE POURCEAUGNAC.

Je le crois.

SBRIGANI.

Avez-vous arrêté un logis?

M. DE POURCEAUGNAC.

Non, j'allois en chercher un.

SBRIGANI.

Je serai bien aise d'être avec vous pour cela, et je connois tout ce pays-ci.

SCENE V I.

ERASTE, M. DE POURCEAUGNAC, SBRIGANI

É RASTE.

Ah! qu'est-ce ci? que vois-je? Quelle heureuse' rencontre ! Monsieur de Pourceaugnac! Que je suis ravi de vous voir! Comment! il semble que vous ayez peine à me reconnoître !

M. DE POURCEAUGNAG.

Monsieur, je suis votre serviteur.

É RASTE.

Est-il possible que cinq ou six années m'aient ôté de votre mémoire, et que vous ne reconnoissiez pas le meilleur ami de toute la famille des Pourceaugnacs!

M. DE POURCEAUGNA C.

Pardonnez-moi. (bas, à Sbrigani.) Ma foi, je ne sais qui il est.

É RASTE.

Il n'y a pas un Pourceaugnac à Limoges que je ne connoisse, depuis le plus grand jusqu'au plus petit; je ne fréquentois qu'eux dans le temps que j'y étois, et j'avois l'honneur de vous voir presque tous les jours.

M. DE POURCEAUGNA C.

C'est moi qui l'ai reçu, monsieur.

É RASTE.

Vous ne vous remettez point mon visage?

M. DE POURCEAUGNAC.

Si fait. (à Sbrigani.) Je ne le connois point.

É RASTE..

Vous ne vous ressouvenez pas que j'ai eu le bonheur de boire avec vous je ne sais combien de fois?

M. DE POURCEAUGNAC.

Excusez-moi. (à Sbrigani.) Je ne sais ce que

c'est.

É RASTE.

Comment appelez-vous ce traiteur de Limoges qui fait si bonne chere?

M. DE POURCEAUGNAG.

Petit-Jean?

É RASTE.

Le voilà. Nous allions le plus souvent ensemble chez lui nous réjouir. Comment est-ce que vous nommez à Limoges ce lieu où l'on se promene?

M. DE POURCEAUGNAC.

Le cimetiere des arenes?

É RASTE.

Justement. C'est où je passois de si douces heures à jouir de votre agréable conversation. Vous ne vous remettez pas tout cela?

M. DE POURCEAUGNA C.

Excusez-moi, je me le remets. (à Sbrigani.) Diable emporte si je m'en souviens!

SBRIGANI, bas; à M. de Pourceaugnac. Il y a cent choses comme cela qui passent de la tête. É RASTE.

Embrassez-moi donc, je vous prie, et resserrons les noeuds de notre ancienne amitié.

SBRIGANI, à M. de Pourcedugnac.

Voilà un homme qui vous aime fort.
ÉRASTE.

Dites-moi un peu des nouvelles de toute la parenté. Comment se porte monsieur votre... là..... qui est si

honnête homme?

M. DE POURCEAUGNAC.

Mon frere le consul?

Oui.

É RASTE.

M. DE POURCEAUGNAC.

Il se porte le mieux du monde.

ERASTE.

Certes j'en suis ravi. Et celui qui est de si bonne humeur? là... monsieur votre...

M. DE POURCEAUGNA C.

Mon cousin l'assesseur?

Justement.

É RASTE.

M. DE POURCEAUGNAC.

Toujours gai et gaillard.

É RASTE.

Ma foi,j'en ai beaucoup de joie. Et monsieur votre

orcle, le...?

M. DE POURCEAUGNAC.

Je n'ai point d'oncle.

É RASTE.

Vous aviez pourtant en ce temps-là.......

M. DE POURCEAUGNAC.

Non, rien qu'une tante.

ÉRASTE.

C'est ce que je voulois dire; madame votre tante, comment se porte-t-elle ?

M. DE POURCEAUGNAC.

Elle est morte depuis six mois.

ÉRASTE.

Hélas! la pauvre femme ! Elle étoit si bonne personne!

M. DE POURCEAUGNAC.

Nous avons aussi mon neveu le chanoine, qui a pensé mourir de la petite vérole.

ÉRASTE.

Quel dommage c'auroit été !

M. DE POURCEAUGNAC.

Le connoissez-vous aussi ?

É RASTE.

Vraiment si je le connois! Un grand garçon bien

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