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«Les hommes et les femmes qu'on ne peut qualifier de moindre titre, comme les paysans et les paysannes, ne se peuvent appeler que par leur surnom, ajoutant aux femmes seulement l'article la; Bothereau, la Botherelle; Roberdeau, la Roberdelle. » (Les plus belles lettres des meill. aut. franç., par P. Richelet, augmentées de tous les titres dont on qualifie toutes sortes de personnes par le sieur de Milleran, Paris, 1696.)

<< Il se trouve souvent chez la Aubry. (6) (Recueil, tom. IV. K, p. 95.) Par quoy fort elle asseure

A la Faifeue et bien fort la requiert.

(Ch. Bourd. p. 32.)

Je serais assez porté à croire que ce la fût non pas l'article comme en italien, mais l'ancien pronom possessif le, la, les, employé pour celui de, celle de, ceux de. (Voir Burguy, Gr. de la lang. d'oil, p. 57, IV.)

RÈGLE III.

L'article pluriel se met souvent devant les noms propres de famille pour désigner la famille tout entière; Ex.:

Léc Baggeroun dinen s'souéere cheux lée Deutarte (1).

Cet usage, très commun dans certaines provinces, a souvent été signalé par les romanciers modernes. V. Champfleury, les Bourg. de Molinchart, passim. Cf. Furii et Valerii.

CHAPITRE II.

Des substantifs.

Les substantifs, usités aujourd'hui dans le dialecte blaisois, peuvent se diviser en trois classes.

(6) Prononcez en dial. bl. la Oubry. Remarquez l'aspir. de l'o; Cf. ouate, p. 197 et 198. (1) Les Bergeron dinent ce soir chez les Dutertre.

1° Ceux qui, encore usités dans le français actuel, ont conservé dans la bouche de nos paysans l'ancienne prononciation.

2o Ceux qui ont conservé leur ancienne forme dans le dialecte blaisois et l'ont perdue dans le langage actuel.

3o Ceux qui sont formés par le paysan lui-même, et ne se retroudans l'ancienne langue.

vent pas

[re CLASSE.

SUBSTANTIFS QUI NE DIFFERENT DU FRANÇAIS

QUE PAR LA PRONONCIATION.

La différence de prononciation provient :

1° De la transformation d'une voyelle en une autre,

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4° A se transforme en e (ou ai); Ex.: glener, armena, etc.

Icelle Mabille avait emblé et fait ses glennes en temps d'août. (Gl. de Carpent. art. Glana.)

Chaircuictier, Thermopola.

(Féd. Morel.)

Hercules en sa fureur esracha ou arracha les arbres.

(Palsgr. p. 670.)

2o E se transforme en a: Farme, lantarne, acouter, astimer,

etc.

Jadis labouroye,

A par moi houoye,
Et seulet plantoye
En ses terres fermes;

De riens paour n'avoye,
Brigans ne voyoye,

Ne point je n'oyoye

Le bruit des gens d'armes,

Lances ou guysarmes,

Mais moines et carmes,
Bourgeoises et dames
Tousjours rencontroye.
Las! bon temps j'avoye,
Dont adès lermoye

A mout chaudes lermes.

(Martial de Paris, Vig. de la M. de Ch. VII.)

Pleurant à grosses larmes

Sans tenir autres termes.

(Ch. norm. anc.)

Qui tare a, guare a.

(Le Péd. joué, II, 2, p. 34.)

3° I se change en e (ou ei), rarement en u.

A l'ore de meie nuit.

(S' Bern.)

Lors fiert de grand angoisse pleine

Son espée dans sa poitrine.

(R. de la Rose, vs. 9052.)

De bon vin payez chopine

C'est bon loyer pour la peine.

(01. Bass. p. 19.)

Le roy, sçachant vos peines,

Vostre tourment

Fait arrêter Conchine

Tout promptement.

(Ch. sur la mort du marq. d'Ancre, 1607. Recueil Z, p. 56.)

Ton humeur est, Cathereine,

Plus aigre qu'un citron vard;

On ne sait qui te chagreine, etc. (1).

(Reproch. à Catherine; Ch. et chans. popul.)

4° U en i; Ex.: himeur, liméro (humeur, numéro).

Elle teignoit en rouge le brignon.
(Rec. des poèt. III, 339.)

Cf. limingon et lumignon.

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Lorsque tu me fais la meine
De ce que j'aime Colas
Et que ton himeur chagraine
S'oppose à tous nos ébats.

(Rép. aux reproch. à Cather. Ch. et chans. popul.)

TRANSFORMATION D'UNE VOYELLE EN DIPHTHONGUE.

1° E en eu:

Em preu.

(Th. fr. au moy.-âge, Buchon, p. 120.)

J'ai trouvé le gîte du glieuve (2)

Mais le glieuve n'y était pas,

Le matin, quand il se leuve,

Il emporte tous les draps, etc.

(Ronde du pays angevin.)

E sonne-t-il eu, ou eu e dans ces vers de la chanson de Roland

(Mull. vs. 676.)

E dist al rei : « Salvez seiez de Deu!

De Sarraguce ci vos aport les clefs. » (3)

(1) Cf. Péd. joué, II. 2. La vegne de la Courtille (p. 32); ous faites tant de menes

(p. 34); ce n'estet encore qu'une varmene (p. 36).

(2) Cf. le Péd. joué, p. 37: deux glieues.

(3) Cf. Hug. Salel, liv. V, p. CLV, trefve, abreuve.

2o O en ou:

Que tu escriz souvent en rithme et prose ;
Par ce te pry que ta main se dispouse, etc.
(Jeh. Lem. Dédicace, p. 1, col. 2.)
Laisser le bon, ouster le superflu.

3o U en eu:

(Id. id. col. 4.)

Qui (Sichée) les cruels autels, sauvegardes mal seures,
Luy monstre avec les mains, sanglans de ses blesseures.
(Les Dél, de la poés. p. 145.)

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1° Ai en a; pament, vrament pour paiement, vraiement.

Je ne trouve d'exemples de cette transformation que dans quelques expressions rustiques des comédies de Cyrano de Bergerac (') ou de Molière. C'est ainsi que j'aimaisse (amassem) est devenu j'aimasse, et déclairer déclarer, et braisier brasier.

Et le braisier beuvard.

(Jeh. de Montl. p. 42.)

Ses vaisseaux elle embraise

Et des encensemens mêle parmi la braise.
(Jeh. de Montl. p. 222.)

(1) Qu'en fera-je de dix?

(Le Péd. joué, II, 2, p. 33.)

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